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4.02 - Invisible Women - RESUME

Date : 26 octobre 2007

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Le début de l'année scolaire ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Mac et Veronica ont du mal à joindre les deux bouts et Wallace est toujours aussi distant avec la jeune détective. Mais celui-ci vient lui demander de l'aide. Une de ses nouvelles amies a disparu...

Ecrit par estel6317 

4.02 - Invisible Women

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

>> Vous pourrez réagir sur ce forum à la fin de votre lecture.

Bonne lecture!

 

 

 

Installées sur le canapé de leur salon, Veronica et Mac cogitaient en silence depuis quelques minutes. Leur tasse de café posée sur la table basse refroidissait doucement. Mac, une feuille dans les mains, se gratta la tête.

- Je ne vois pas comment on peut s’en sortir seules, grimaça Mac.

A ces mots, Veronica se laissa choir contre le dossier du sofa et soupira. Comme s’il avait senti que quelque chose ne tournait pas rond, Back Up quitta le palier pour rejoindre sa maîtresse. Il s’assit à ses pieds et posa sa tête sur les genoux de Veronica.

 

Elles venaient à peine d’emménager que déjà les problèmes les guettaient. Un sentiment certain s’empara d’elle. Cette année allait encore être épique.

 

Mais à quoi tu t’attendais d’autre au juste, Veronica ?

 

Une multitude de factures en tout genre jonchait la table basse. Veronica se saisit de la feuille couverte de calculs savants qu’elles avaient élaborée ensemble quelques minutes plus tôt et la déchiffra une nouvelle fois. 

 

- On va vraiment devoir payer 120 dollars par mois en plus du loyer ? s’inquiéta Veronica.

J’en ai bien peur, grimaça son amie en reprenant la facture prévisionnelle d’eau. Je crois que c’est la seule solution. On n’a pas tellement le choix. Il faut qu’on trouve quelqu’un.

- J’imagine que tu as raison, murmura Veronica. 

- A moins que tu veuilles retourner vivre chez ton père, se marra Mac.

 

L’idée n’était plus envisageable. Elle avait désormais un job à part entière et elle avait pris la décision de devenir indépendante. Tous ces efforts ne devaient pas être réduits à néant maintenant. Surtout qu’elle avait dû se battre avec son père pour obtenir la garde de Back Up.

 

A cette pensée, Veronica sourit et donna une tape affectueuse sur le flanc de son chien. 

 

- Ok ! lança-t-elle finalement. Mais tu t’occupes de l’annonce !

 

Elle se leva aussitôt du canapé et porta sa tasse dans la cuisine.

 

- Alors celle-là je ne l’avais pas vue venir, râla Mac devant sa naïveté.

 

Générique

 

Les cours avaient maintenant bien commencé. Mais en traversant le campus, Veronica put immédiatement distinguer les différentes catégories d’étudiants. Ceux de première année se démarquaient incroyablement des autres. Anxieuses de ne pas trouver la salle de cours avant l’heure, les petites abeilles s’agitaient dans tous les sens, dans un seul et unique but : obéir aux ordres de la reine. A l’inverse, les gros bourdons, eux, étudiants des années supérieures, flânaient en profitant encore du soleil. Freesbee, magazine, lunettes de soleil, crèmes autobronzantes, romans… Il y en avait pour tous les goûts.

Le sourire aux lèvres face à ce spectacle digne d’un scénario d’American Pie, Veronica admirait la nonchalance dont faisait preuve tout ce joyeux monde. Il n’y avait pas à dire. La fac était un univers bien à part.

 

Elle pénétra enfin dans les bâtiments de Venice Hall et grimpa les escaliers. Elle dut à maintes reprises s’écarter pour ne pas être heurtée par des garçons chahuteurs et parvint enfin à l’étage souhaité. On devait préparer une soirée car l’ambiance était déjà au rendez-vous.

 

- Hey poupée ! l’interpella-t-on. Tu fais quelque chose ce soir ?

 

Elle s’arrêta dans son élan et se retourna doucement vers la voix. Un type en tenue décontractée et à la coupe de cheveux soignée, se tenait sur le palier d’une des chambres et la dévisageait. En grimaçant, elle chercha à savoir si c’était bien à elle qu’on venait de s’adresser.

 

- Pardon ?

- On organise une petite soirée pour rassembler les nouveaux et les anciens. Je pourrais te faire découvrir le campus si tu veux, ajouta-t-il en souriant l’air entendu.

 

Veronica haussa les sourcils, scotchée.

 

Alors depuis tout ce temps, j’aurais réussi à préserver mon innocence ? C’est papa qui va être content !


- Tu étudies quoi ? Je pourrais peut-être t’aider, poursuivit-il sans la laisser en placer une.

 

Il venait de se rapprocher un peu en roulant des mécaniques.

 

- Criminologie.

- Wow, lança-t-il en mimant un mouvement de recul. Ca rigole pas.

- Pas trop, non.
- Il paraît que le nouveau prof de crimino est un idiot. Tu vas pas t’amuser cette année.

 

Veronica se força à sourire. La situation devenait assez drôle en fait.

- Vraiment ? Je doute pourtant que tu aies beaucoup d’amis dans un de ces cours. Tu as entendu ça durant une de tes soirées de rencontre entre « anciens et nouveaux étudiants » ?

- Hey ça va, moi ce que j’en dis…

- Justement, se marra-t-elle, tu causes trop !

- On dirait bien que tu n’as pas misé sur le bon cheval, Josh ! les interrompit une voix derrière elle.

 

Veronica ferma les yeux une seconde et soupira en reconnaissant Logan.

Il la dépassa et se plaça entre Josh et elle.

- Tu viens de tomber sur la pouliche la plus récalcitrante de Hearst, informa-t-il Josh. C’est pas ce soir que tu remporteras la course ! A moins que tu ne sois le jockey le plus mal fringué et que tu portes la raie sur le coté…

 

Logan détailla son camarade de la tête au pied.

 

- Non, t’es vraiment pas son style ! conclut-il avec une tape sur l’épaule.

 

Josh rit aux éclats et leur tourna le dos pour rejoindre sa chambre. Logan haussa aussitôt les sourcils, un sourire narquois sur les lèvres, avant de suivre son acolyte.

- Hey Logan, tu comptes battre à nouveau le record ce soir ?? hurla un étudiant au bout du couloir.

- Compte sur moi, répliqua l’intéressé.

 

Veronica secoua la tête et reprit son chemin sans perdre de temps.

 

Décidément, je ne regrette rien !

 

Un couloir plus loin, le calme était presque revenu. Alors qu’habituellement Wallace et Piz laissaient leur porte grande ouverte à cette époque de l’année, aujourd’hui elle était bel et bien close. La tradition était-elle rompue ?

Veronica frappa trois coups enjoués à la porte et entra sans attendre de réponse.

- Good Morning, Hearst ! claironna-t-elle en imitant Robin Williams.

- Ah, c’est toi.

 

Elle découvrit Wallace couché sur son lit, en train de lire un bouquin.

- Alors quoi ? On ne fait pas connaissance avec ses nouveaux voisins ? demanda Veronica interloquée.

- Je ne suis pas d’humeur.

- Piz n’est pas là ? demanda-t-elle pour tenter de commencer la conversation.

- En cours.

 

Ca n’allait pas être facile !

 

- Tu voulais quelque chose ? demanda-t-il en posant son livre sur ses genoux.

- Pas vraiment. Juste t’inviter à prendre un café, sourit-elle.

- J’ai du retard à rattraper, grommela-t-il en se levant du lit pour attraper ses manuels et les enfourner dans son sac à dos.

 

Au fond, Veronica se doutait qu’il refuserait. Depuis son retour d’Ouganda, il n’était plus le même et passait son temps seul. Elle n’arrivait même plus à le faire sourire.

 

- Juste un café, le supplia-t-elle en joignant ses deux mains en signe de prière.

Wallace la regarda un instant puis enfila son sac sur son épaule. Il fit enfin un signe de la tête en direction de la porte. Il abdiquait. C’était un premier pas.

 

Au Starbucks, le monde se pressait au comptoir pour acheter son gobelet de café à emporter. Wallace et Veronica, eux, s’étaient installés à une table. Après avoir passé commande, un ange passait régulièrement dans la conversation. Il s’immisçait subrepticement et parvenait parfois difficilement à s’effacer. La radio jouait Consolation Prizes de Phoenix. Une prédiction ?

 

- Mac et moi cherchons une colocataire. Les frais sont plus élevés que ce qu’on prévoyait. On ne pourra pas tout…

- L’argent, la coupa-t-il en soupirant. Vous n’avez que ce mot à la bouche en ce moment… Est-ce qu’ils vous arrivent de penser à autre chose qu’à vos petites personnes ?

 

C’est la phrase la plus longue que tu aies prononcée depuis ton retour, Wallace ! Je commence déjà à apercevoir la lumière !

 

Veronica porta sa tasse à sa bouche et but une gorgée de café au lait en observant son ami.

 

- Il y a un tas de filles qui vont défiler à l’appart’ dans les jours à venir, tu devrais passer jeter un œil et nous aider à choisir, s’amusa-t-elle en haussant les sourcils à plusieurs reprises.        

- Je doute d’avoir le temps…

 

Wallace remuait la cuillère entre ses mains sans jamais relever la tête de la table. Il semblait perdu dans ses réflexions et toute parole interférant avec ses pensées était aussitôt rejetée.

 

Veronica reposa sa tasse sur la table. Elle eut l’air triste tout à coup. Quelque chose ne tournait pas rond et elle commençait à sérieusement s’inquiéter pour lui.

 

- Ecoute, je vois bien qu’il y a un truc qui te tracasse. Depuis que tu es revenu, tu tournes en rond, tu ne parles pas. Je ne te reconnais plus. C’est bien simple, si je ne te connaissais pas, je penserais que tu es dépressif. Et je n’aime pas te voir comme ça.

 

Elle posa sa main sur le bras de son ami pour le forcer à la regarder.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

- Rien. Tout va bien, tenta-t-il de la convaincre en se composant un visage de circonstance.

- Wallace, le réprimanda-t-elle en souriant. Tu sais que si tu ne viens pas à Veronica, Veronica viendra à toi !

 

Wallace émit un timide sourire pour lui assurer :

- Je te le jure. C’est juste que le retour est dur. Ce que j’ai vécu là-bas, c’était… Mais je suis content d’être rentré, termina-t-il en forçant son sourire.

 

 

Veronica n’était pas dupe mais il n’avait visiblement pas envie d’en parler. Peut-être devrait-elle lui laisser le luxe de penser qu’elle le croyait…

 

- Il faut que j’y aille, dit-il en regardant sa montre. J’ai cours dans dix minutes. On se voit plus tard…

 

Veronica sourit tristement et le regarda quitter le café.

 

Quelque chose me dit que « plus tard » sera très loin… Peut-être que tu as simplement besoin de temps pour te ré-acclimater. Je te laisse le bénéfice du doute. Mais tu ne m’empêcheras pas de m’inquiéter pour toi.

 

Un peu plus tard, Veronica était sur le point de quitter la fac quand elle aperçut Weevil qui redonnait un coup de peinture sur un mur fraîchement tagué.

 

- Ca te rappelle des souvenirs ? dit-elle en se penchant par dessus son épaule.

- V., sourit Eli en la reconnaissant.

 

Il se retourna pour lui faire face.

 

- Je te ferai remarquer que je n’ai jamais aimé les tags. Quelques mots doux sur les portes des toilettes tout au plus mais….
- Non mais tu les effaçais déjà au lycée
, rit-elle.
- C’est vrai, admit-il. Il faut croire que c’était déjà inscrit dans mes gènes.
- On a tous nos faiblesses,
conclut-elle en haussant les épaules.
Weevil la regarda un instant en contenant un sourire puis reprit.
- Alors ? Que me vaut l’honneur? demanda-t-il enfin en refaisant face à l'oeuvre d'art.
- Ca te dirait de te faire 20$ facilement ?

 

Il s’arrêta de recouvrir le mur et tourna la tête en haussant un sourcil.

 

- Je savais que ça t’intéresserait. Ce cher Karl m’a appris que personne ne résistait au pouvoir de l’argent.

- Tu comptes m’en dire plus ou je dois deviner ? Parce qu’à force d’attendre, je risque de me faire des idées, dit-il en lui lançant son regard le plus coquin.

 

Veronica plissa le nez en souriant.

 

- Alors que l’idée de te voir dans le plus simple appareil avec ton marteau ne soit pas envisageable, ton marteau, lui, en revanche, serait le bienvenu.

 

Weevil explosa de rire devant l’aplomb de Veronica.

 

- Ok, les mots n’ont peut-être pas exactement traduit ma pensée et tu t’es probablement imaginé quelque chose de pire que ce à quoi tu pensais déjà …, réalisa-t-elle après coup.
- Ok ok, se calma-t-il, dis-moi simplement ce que tu veux que je fasse.
- Problème de plomberie
, se contenta-t-elle de dire pour éviter tout envenimement.

Weevil jeta un regard à ses chaussures pour éviter de se marrer à nouveau.

Pourquoi tu n’appelles pas un plombier ??
- On n’en a pas les moyens !

Son visage traduisit son étonnement.

- Je viens d’emménager avec Mac, lui expliqua-t-elle.

Elle lui tendit un papier avec son adresse en espérant qu’il accepte.

- 19h ce soir ? finit par dire Weevil.
Veronica lui sourit et hocha furtivement de la tête avant de reprendre son chemin.

 

Après avoir assisté à quelques cours – il fallait bien reprendre le rythme ! -  Veronica se rendit à la bibliothèque durant sa pause déjeuner.

 

Petit pèlerinage en terrain connu. Ce travail ne me manquera certainement pas, mais il faut bien avouer qu’il avait ses avantages :

- lien direct avec le client

- liberté d’action incroyable

- moyen de pression sur certains universitaires

- et connaissance parfaite du rayon « paléontologie » de la bibliothèque…

Aujourd’hui, exit les étudiants râleurs. Il s’adresseront dorénavant à …

 

- Windy ! déchiffra-t-elle sur le badge que sa remplaçante portait fièrement sur son gilet.

Veronica tapa un bref coup sur le comptoir et lui sourit ironiquement.

- Bon courage !

 

Elle remit son sac bien en place sur son épaule en respirant à fond et prit le chemin du rayon « système judiciaire ».

 

Pour Weevil, la rentrée universitaire était synonyme d’ennuis à venir. Un peu comme les moustiques avec l’été, ou les sauterelles avec la sécheresse. Le retour de l’élite de Neptune sur le campus n’augurait rien de bon pour lui. Surtout après avoir passé deux mois à travailler sans être inquiété par qui que ce soit. Il se serait volontiers passé des regards suffisants et des ordres irrespectueux de ces fils à papa.

 

En soupirant, il posa sa caisse à outils au pied du panneau d’affichage qui se trouvait au milieu du campus et observa les alentours. Des étudiants partout. Il était cerné ! Et le beau temps ne pouvait arranger son humeur puisque c’était justement ce qui les faisait sortir de leur terrier.
Exceptionnellement, pour la journée, il avait laissé son uniforme d’homme de la maintenance au placard mais il ne se sentait pas plus à sa place pour autant.

 

Comment l’aurait-il d’ailleurs pu ? Lui qui n’avait même pas pu obtenir dignement son diplôme de fin d’année au lycée. Weevil eut une pensée amère pour Lamb lorsqu’il revit le visage déconfit de sa grand-mère lors de la cérémonie de remise des diplômes.

 

Il soupira à nouveau et s’empara de son marteau. Des clous dépassaient du bois du panneau d’affichage et « risquaient de blesser les pauvres mains de ces chers étudiants. » C’était mot pour mot ce que lui avait dit Enrique, son chef. Il émit un rictus en y repensant. Ils avaient tous deux la même vision des choses quand il s’agissait de la population de Hearst. Maigre réconfort.

 

Il tapa quelques coups sur la planche et enfonça un premier clou. Mais une voix ne tarda pas à se faire entendre de l’autre côté du panneau.
- Hey ! Ho !

 

 

Surpris, Weevil s’arrêta et contourna le tableau pour voir ce qui se passait.

 

- Qu’est-ce que t’es en train de faire, là ? râla une étudiante d’origine hispanique.

 

Ses cheveux bouclés relevés en une queue de cheval, elle tenait dans sa main un stylo et un carnet.

 

- J’essaie de faire mon job, mami.

- Ne m’appelle pas « mami », entiendes ? Toi et moi, on ne joue pas dans la même cour.

- Oh excuse-moi, princesa, lança-t-il avec ironie, si j’avais su que tu étais là…

- J’étais en train de relever un numéro. Tu peux attendre 5 secondes avant de faire s’écrouler le panneau, s’il te plait ? demanda-t-elle énervée par le ton qu’il venait de prendre.

 

Weevil fit une petite révérence et s’écarta un peu.

 

- Mais tes désirs sont des ordres.

 

Les bras croisés, il la regarda griffonner des numéros et une adresse sur un calepin. Elle lui jeta un regard noir et s’en alla en maugréant :

 

- Merci !

 

Lorsqu’elle s’éloigna, Weevil leva les mains au ciel en secouant la tête. Même lorsqu’il faisait consciencieusement son boulot, on le lui reprochait encore. Un comble ! Aujourd’hui n’était définitivement pas une exception.

 

En milieu d’après-midi, Veronica rentra à l’appartement. Mac lui avait laissé un message l’implorant de venir vite.

 

Elle ouvrit la porte et se retrouva bloquée par la chaînette de sécurité.

- Mac, lança-t-elle dans l’embrasure. Mac !!

 

La jeune fille vint enfin lui ouvrir quand elle reconnut la voix de sa colocataire. Elle avait à la bouche un bâton de réglisse et dans la main un paquet presque vide.

- Aïe, comprit Veronica.

- Tu as jeté un œil à la foule de filles qu’on a sur le palier ? demanda Mac paniquée.

- Ah c’est pour nous qu’elles sont là ? joua-t-elle. Je croyais que le voisin s’était enfin décidé à organiser un casting pour reformer les Spice Girls.

- Il y a au moins une personne que ça fait rire, marmonna Mac.

 

Veronica sourit devant l’attitude paniquée de son amie tout en se débarrassant de ses affaires. Cette visite de l’appartement allait être drôle. Longue….mais drôle !

 

Pendant ce temps à Hearst, dans sa chambre, Wallace semblait absorbé par la lecture d’un document sur son ordinateur. L’en-tête du site qu’il visitait était aux couleurs de l’association Invisible Children. Lorsque Piz entra dans la chambre après une journée de cours et son émission de radio quotidienne, il ne releva même pas la tête.

- Qu’est-ce que tu fais ? demanda Piz en constatant qu’il ne quittait pas son écran des yeux.

- Je m’informe, lâcha Wallace après quelques secondes de silence.

- Ah… répondit Piz déçu par le manque de réaction de son ami.

 

Il fit quelques enjambées à travers la chambrée puis revint sur ses pas. Il effectua la manœuvre à deux ou trois reprises, hésitant à chaque fois à interrompre son colocataire.

 

- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda enfin Wallace après avoir fait pivoter son fauteuil alors que Piz repartait déjà vers son lit.

 

Ennuyé, ce dernier se gratta la tête puis entrechoqua son poing droit et sa main gauche à chaque pas qu’il faisait pour cacher son malaise.

 

- Tu… Tu as vu Veronica aujourd’hui ?

- Je l’aurais parié… dit Wallace en levant les yeux au ciel. Quand je suis parti, j’aurais pourtant juré que vous aviez dépassé le stade du chat et de la souris. D’après mes souvenirs, la cause d’une certaine bagarre en était la preuve.

 

Piz soupira en s’asseyant sur le lit de Wallace.

 

- Je ne l’ai quasiment pas revue depuis son retour de Virginie. Elle a été absente tout l’été pour ce satané stage au FBI, on n’a dialogué que par téléphone durant deux mois, et maintenant qu’elle est là, je l’ai vue quoi … deux heures ?

 

Piz marqua une pause. Il semblait chercher à comprendre.

 

- Elle ne t’a rien dit ? reprit-il.

- Je l’ai vue ce matin. Mais…

- …Vous n’avez pas parlé de moi, comprit Piz.

 

Wallace effectua un petit mouvement de tête signifiant qu’il avait vu juste.

 

- Je ne comprends pas ce qu’il se passe.

- Ecoute, vieux, dit Wallace plus énergiquement désormais. Il n’y a rien à comprendre. V est comme ça. Et quoique tu fasses, elle ne changera pas ! Si tu n’arrives pas à t’y faire…

 

Il ne finit pas sa phrase mais il savait que Piz avait compris ce qu’il voulait dire. Il fit alors à nouveau face à son bureau et reprit sa lecture où il l’avait laissée. Derrière lui, Piz l’observa en fronçant les sourcils.

 

 

Cela faisait près de trois heures que les filles avaient commencé les réjouissances et d’après ce qu’elles avaient vu, la normalité n’était pas de rigueur.

 

- Qu’est-ce que tu as mis dans l’annonce qui puisse pousser tous les vampires de la ville à se donner rendez-vous chez nous ? glissa Veronica à Mac tandis qu’une fille vêtue d’une robe en cuir à faire frémir Drusillavisitait la cuisine.

 

C’était la troisième fille aux lèvres noires à se présenter.

 

- La prochaine fois, tu t’en occuperas ! continua Mac sur le même ton de conspiration, un poil plus agressive.

- Et j’écrirai « Faisons passer interrogatoire pour trouver colocataire décente. »

- Tu veux que j’aille chercher du scotch et ma lampe de bureau ? demanda Mac, arrêtant la détective dans le couloir, en repensant aux techniques d’intimidation d’antan. 

 

Veronica rit et raccompagna Nosferatu à la porte.

 

- Tu te souviens de Hugo et de sa mallette ? enchaîna Mac. Tout allait merveilleusement bien au début et puis… BOOM ! J’ai vraiment pas envie de finir comme lui !!

 

La porte grande ouverte, Veronica et les filles suivantes dévisagèrent Mac. Alors que la première avait saisi l’allusion, la pompom girl qui entra dans le salon resta interloquée. Mac esquissa un sourire aussi bref que forcé à son encontre puis regarda Veronica avec intensité.

 

- Je sais que c’est à la mode mais je n’ai pas du tout envie de sauver le monde, Veronica !

 

La petite blonde haussa alors les épaules et adressa un sourire contrit à la jeune fille qui portait les couleurs de Hearst. Elle referma ensuite rapidement la porte et s’y adossa pour dire à Mac :

- Ok ! La prochaine personne sera la bonne. Je le sens. Ca ne pourra de toute façon pas être pire que ce qu’on a vu jusqu’à présent !

 

Mac inspira à fond en espérant que la chance soit avec elles et laissa son amie, un sourire de circonstance sur le visage, ouvrir une nouvelle fois la porte. Une fille en tailleur gris et chemisier blanc entra. 

 

Est-ce qu’il serait trop demander de trouver une fille tout ce qu’il y a de plus simple ? Sans conviction religieuse ou extraterrestre évidente ni tendance suicidaire. Normale quoi !

 

- C’était un coup pour rien, chuchota Veronica. Celui-ci ne compte pas !

- C’est évident ! assura Mac en ouvrant de grands yeux.

 

Tandis que Piz était sorti faire un tour pour s’aérer les méninges, Wallace, lui, était absorbé dans la lecture d’un mail qu’il avait reçu quelques minutes plus tôt. Sa main droite accueillant son front, il semblait outré par ce qu’il lisait. Une petite manipulation plus tard, l’imprimante s’était mise en route. Sans prévention aucune, il ferma d’un coup sec le capot de son ordinateur et attrapa sa veste au vol avant de quitter la chambre à son tour.

Dans l’appartement des filles, Mac était assise sur l’accoudoir du canapé, dépitée, et observait Veronica accompagner à la porte l’ultime prétendante au titre improbable de colocataire.

 

- Je ne soupçonnais pas une minute que Neptune était aussi mal fréquentée, râla Mac. Même un membre des PCH serait un enfant de cœur à coté de cette faune !

- Je crois qu’on va avoir du mal à faire notre choix. Tant de possibilités, ironisa Veronica, c’est déstabilisant !

 

Lorsqu’on frappa à la porte, cette dernière se rappela qu’elle avait demandé à Weevil de passer pour remettre en état de marche le robinet de la salle de bain. Elle alla alors ouvrir et découvrit une jeune fille essoufflée.

 

- Je suis désolée, réussit-elle à articuler entre deux respirations. Je sais que je suis en retard mais j’aimerais visiter l’appartement si vous n’avez trouvé personne.

- Oh c’est dommage, lança Veronica en se retournant vers Mac. Nous qui pensions pouvoir refaire l’expérience demain….

 

Mac sourit. La jeune fille portait un jean et un débardeur bleu. Rien de noir, pas de croix.

 

- Je suis Mac, dit la jeune fille en lui tendant la main après avoir quitté son sofa.

- Maria.

- Elle, c’est Veronica. Et on est ravies de te proposer la chambre !

 

Une fois l’étonnement de la rapidité avec laquelle Mac avait fait cette proposition passé, les trois filles s’étaient installées dans le salon pour discuter un peu des choses essentielles.

 

Veronica et Mac semblaient être tombées sur la perle rare du tout Neptune. Elles venaient de se mettre d’accord sur la date d’emménagement quand on frappa à nouveau à la porte. Cette fois-ci, cela ne pouvait être que Weevil.

 

Mac se dirigea dans l’entrée et ouvrit à un Wallace sans nul doute très nerveux. Surprise par son attitude, elle le laissa entrer sans un mot et le vit se diriger vers sa BFF. Cette dernière se leva de la table basse sur laquelle elle était assise et alla à sa rencontre lorsqu’elle le vit s’approcher.

 

- Tu arrives trop tard, Wallace. On a déjà fait notre choix ! plaisanta-t-elle en évoquant sa proposition de venir se rincer l’œil en participant au casting.

- J’ai besoin de ton aide, Veronica ! la coupa-t-il le visage sombre.

 

Inquiète, elle l’observa un instant en silence.

 

- Je vais voir les derniers détails avec Maria, dit Mac en se rapprochant de leur future colocataire pour laisser le champ libre à la détective.

 

Veronica entraîna alors Wallace dans sa chambre et ferma la porte derrière eux.

 

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

 

Il sortit une feuille pliée de sa veste avant d’ajouter :

 

- J’ai reçu ça tout à l’heure.

 

Veronica s’en saisit et la parcourut rapidement. Un froncement prononcé de sourcils ne tarda pas à arriver. Il s’agissait d’un mail envoyé par l’un des dirigeants de Invisible Children, directement adressé à Wallace.

 

Comment Wallace peut-il avoir un contact avec l’un des créateurs de l’association la plus réputée du moment ? Je crois que j’ignore définitivement beaucoup de choses sur ces deux mois passés en Afrique…

 

- C’est tout ce que tu as ? demanda Veronica en retournant la feuille recto verso.

- Ca m’a pourtant l’air bien explicite !

- Mais est-ce que tu peux être sûr de la fiabilité du mail ? Tu sais à quel point ce genre de falsification est facile.

- Est-ce que tu pourrais, pour une fois, me faire confiance et croire en la bonne foi des gens ?!

 

Bien joué, Veronica ! Tu le mets en rogne en un rien de temps. Ce n’est pourtant pas vraiment le moment de le vexer !

 

Dans ce mail, Jason Russell prévenait Wallace de la disparition de Sierra, traductrice Ougandaise recrutée sur place lors de leur première mission en 2OO3. Une jeune fille que Wallace connaissait visiblement. D’après ce même message, les soupçons de Jason Russell semblaient porter très fortement sur un réseau basé à Neptune dont il avait pris connaissance quelques mois auparavant. Réseau soumettant des femmes noires fraîchement débarquées d’Afrique à se compromettre dans le mannequinat, l’escorte ou encore la prostitution.

 

Neptune ?? Vraiment? Est-ce que par hasard nous nous serions installés sur la Bouche de l’enfer ?? J’ai parfois l’impression que nous n’avons plus rien à envier à New York ou Los Angeles. Notre taux de criminalité est de plus en plus élevé.

 

- Tu connais cette Sierra ? reprit Veronica en oubliant ses préjugés.

- Je l’ai rencontrée durant le séjour. Elle sert d’interprète et de pacificateur à tout le monde là-bas. Jason dit qu’elle a disparu depuis quelques jours maintenant alors qu’elle devait assister à une conférence médiatique à Los Angeles.

 

Retiens-toi de lui demander ce qu’il entend par « rencontrée ». Retiens-toi !

 

- Ecoute, s’il m’a envoyé ce mail, c’est qu’il est vraiment inquiet, reprit-il avec plus de vigueur. Sierra est la personne la plus fiable de l’association. Il faut que tu enquêtes et que tu la retrouves !

 

Veronica respira à fond en observant son ami. Il était plus que sérieux et son inquiétude se lisait sur son visage.

 

C’est pour toi que je le fais mon petit Wallace. Parce que je sais que ça te tient à cœur. Parce que j’espère que tu redeviendras un peu plus vivant. Et parce que je suis sûre que tu me caches quelque chose à propos de cette mystérieuse Sierra…

 

- Il va falloir qu’on aille voir ce Jason Russell. Tu crois que tu pourrais m’y conduire demain matin ?

 

Wallace relâcha la pression lorsqu’il comprit qu’elle acceptait de l’aider et soupira un coup.

 

- Je te revaudrai ça, dit-il en la serrant dans ses bras.

 

Si j’avais su qu’il fallait que je m’intéresse davantage au Ouganda pour avoir le droit à mon câlin

 

Dans la pièce d’à coté, pendant ce temps, Mac mettait Maria au courant de leurs activités respectives afin qu’elle n’ait pas de mauvaises surprises.

 

- Quelle fine équipe ! s’étonna Maria. Une détective aspirante agent du FBI et un as de l’informatique dans le même appartement…

- Tu vas changer d’avis ? demanda Mac inquiète quant à l’impact de ses révélations sur la jeune fille.

 

Maria rit.

 

- Je pense que je le supporterai…lui dit-elle sur le ton de la confidence.

 

Veronica et Wallace réapparurent à cet instant.

 

- Tu n’as pas encore fui ? s’étonna Veronica.

- Après avoir un peu rodé sur le campus, vous me semblez plus normales que la plupart des étudiants… lui révéla Maria. 

 

Wallace eut un rictus et attira alors tous les regards sur lui. Remarquant l’étonnement de Maria, Veronica combla ses lacunes.

 

- Je te présente Wallace. Mon meilleur ami, un poil sceptique.

- Enchanté, la salua ce dernier en lui faisant un petit signe de la main.

- Il y a des choses que je devrais savoir ? l’interrogea Maria en plissant les yeux.

- Des tonnes. Mais tu t’en rendras vite compte par toi-même, lui assura-t-il.

 

Maria rit une nouvelle fois. Ils étaient déjà tous conquis par son sens de l’humour.

Lorsqu’on sonna à la porte, Wallace s’installa sur le canapé tandis que Veronica alla ouvrir à Weevil. Il était enfin là.

 

- Tu es en retard ! l’accueillit-elle.

- Je peux repartir si tu veux ! dit-il sèchement en pointant les escaliers du pouce.

 

Veronica sourit et ouvrit la porte pour qu’il entre.

 

- Tu auras vu une bonne partie du groupe, confia Wallace à voix basse à Maria.

 

Weevil pénétra dans le salon.

 

- Sa…lut, termina-t-il avec moins d’entrain quand il aperçut Maria au milieu du groupe.

 

Mac leva la main en silence en voyant qu’il ne lui portait pas attention.

 

- Qu’est-ce qu’elle fait là ?

 

Veronica et Mac se regardèrent sans comprendre. Weevil ne mit en effet pas longtemps à reconnaître la jeune hispanique qui l’avait snobé un peu plus tôt dans la journée sur le campus. Maria sourit devant l’attitude du jeune homme, toujours sa boîte à outils à la main. Elle se leva et lui tendit la main.

 

- On ne s’est pas présentés je crois, lui dit-elle en lui serrant la main. Maria Lopez, ravie de te connaître.

 

Weevil lui avait tendu la main avec une lenteur telle qu’elle traduisait sans mal sa méfiance.

 

- Eli, grogna-t-il enfin pour se présenter à son tour.

 

Les trois autres compères avaient assisté à la scène avec interrogations puis Veronica brisa le silence.

 

- Maria est notre nouvelle colocataire.

- Eh ben, t’as peur de rien, grommela Weevil avant d’enchaîner. Bon, elle est où ta salle de bain ?

 

Le lendemain matin, Mac s’avança vers la fenêtre du salon qui donnait sur la rue et grommela :

 

- Qui est-ce qui klaxonne comme ça de bon matin ?

 

Les cheveux hirsutes et le regard vide, Mac avait du mal à émerger.

 

- Wallace, répondit Veronica en passant en coup de vent derrière elle.

- Est-ce qu’il ne peut pas se trouver une autre occupation comme tout le monde? Je ne sais pas, les jeux vidéo ou bien le basket tiens ! Un truc normal quoi !

 

Veronica rit tout en s’affairant à trouver ses clés.

 

- Mais à quoi il joue exactement ?

- Il m’attend, répliqua V le plus normalement du monde.

 

Mac se retourna doucement vers la jeune fille et lui lança des éclairs.

 

- Mais qu’est-ce que tu fais encore là alors ?? Dépêche-toi un peu qu’il arrête son tapage nocturne une bonne fois pour toute !

- Il est huit heures, Mac !! rit-elle.

- Et alors ? continua-t-elle de grommeler de mauvaise foi.

 

Tandis que Veronica haussait les épaules, Mac releva le battant de la fenêtre guillotine et jeta un coussin sur le pare-brise de la voiture de son ami. Celui-ci s’arrêta de klaxonner pour se pencher un peu en avant et lever les yeux sur la façade du vieil immeuble. Quand son regard tomba sur Mac, celle-ci lui fit visuellement part de son mécontentement auquel il répondit par un signe d’impuissance. Puis le bruit de klaxon reprit.

Mac grinça des dents et se dirigea vers sa chambre afin de se recoucher, un oreiller sur la tête.

 

Quelques minutes plus tard, un coussin dans les mains, Veronica pénétra enfin dans la voiture.

 

- C’est pas trop tôt ! râla Wallace en démarrant.

 

Veronica ne répondit rien mais un petit sourire s’installa sur son visage alors qu’elle le regardait du coin de l’œil.

 

Dire que je l’ai fait exprès serait un peu fort. Mais soyons honnête, je ne me suis pas non plus pressée. Il faudra bien qu’il se rende compte, un jour où l’autre, que je suis comme ça. Superficielle et futile.

 

 

En route pour San Diego, Wallace ne décrocha pas un mot. La musique se chargeait de combler le silence entre eux.

Les yeux baissés sur un bout de papier, Wallace cherchait en même temps le nom et le numéro de la rue.

 

- 1524 Sunset Street. On y est.

 

Il gara la voiture le long du trottoir et descendit, suivi de près par Veronica. Ils pénétrèrent dans un immeuble qui laissait facilement deviner l’essor qu’avait connu l’entreprise en quatre années.

 

Wallace présenta son badge de volontaire au gardien qui leur indiqua aussitôt le chemin à suivre. Un petit séjour en ascenseur et trois étages plus tard, ils frappaient à la porte de Jason Russell.

 

- Wallace ! Je suis content de te voir, le salua chaleureusement le jeune homme en lui donnant l’accolade.

 

Vêtu d’un jean et d’une veste à capuche, le créateur de Invisible Children avait assurément privilégié le look du réalisateur à celui de président d’une association.

 

- Tu dois être Veronica, continua-t-il en serrant la main à la jeune fille.

- C’est ça, lui sourit-elle. J’aurais quelques questions à vous poser si ça ne vous dérange pas.

 

De ses mains, Jason leur désigna les deux fauteuils et les invita à s’asseoir tandis qu’il s’installait de l’autre coté de la table basse. 

 

- Je suis là pour ça. Wallace m’avait prévenu.

 

Veronica sortit son calepin de son sac et lança le processus.

 

- Quand Sierra a-t-elle disparu?

- Il y a une semaine. Après avoir travaillé pour nous ces 4 dernières années, elle a eu envie de quitter l'Ouganda pour vivre le rêve américain. Qui le lui reprocherait ? En remerciement pour les services rendus, Invisible Children l’a aidée à financer son voyage jusqu’aux Etats-Unis. Elle pensait pouvoir repartir de zéro et oublier ce qu’elle avait vécu jusque–là.

- Pourquoi penses-tu qu'elle a disparu ?

- Sierra devait nous rejoindre à l’association le lendemain de son arrivée. Mais elle n’est jamais venue. Bobby, Laren et moi, on avait l’intention de lui proposer un poste au siège afin de garder un contact privilégié avec l’Ouganda. Malheureusement, on n’en a pas eu le temps.

 

Jason soupira, il semblait vraiment inquiet pour la jeune fille.

 

Après quelques secondes de silence, Veronica reprit le cours de ses questions.

 

- Est-ce que tu sais si elle avait planifié son arrivée ? Trouvé un appartement, pris des contacts ?

 

Jason se lança  à nouveau dans la conversation sans rechigner à répondre au moindre sujet évoqué, Wallace intervenant également parfois.

 

L’entretien dura plus d’une heure et Veronica avait noté consciencieusement chaque parole de son interlocuteur sur son carnet.

 

- Je pense que j’ai tout ce qu’il me faut.

 

Ils se levèrent d’un même mouvement et, après s’être dirigé vers son bureau, Jason tendit à la détective une photo récente de la disparue.

 

- J’espère que je me trompe et qu’il ne lui est rien arrivé. Tiens-moi au courant…

 

Veronica hocha la tête et devança Wallace pour sortir de la pièce tandis qu’il parla quelques secondes avec Jason. 

 

Je comprends mieux que Wallace se soit senti aussi bien au sein de cette association. Ce Jason a l’air très proche de ses volontaires et très préoccupé par le sort de tous.

Evidemment qu’il l’est, idiote ! Sinon pourquoi aurait-il créé une telle structure ?

Toujours est-il que tu vas avoir du pain sur la planche ! Et une fille à retrouver !

 

Jason avait donc confirmé ses soupçons sur cette organisation dont il avait entendu parler. Malheureusement, à part le nom d’un club privé qui servirait de QG, il n’avait pu lui donner plus d’informations.

Veronica allait donc devoir commencer par là…

 

Lorsque Wallace la rejoignit, un petit sourire s’était, comme par magie, dessiné sur son visage. Infime mais tout à fait perceptible compte tenu du nombre de fois où ça lui était arrivé ces derniers jours.

 

Savoir combien de temps tu vas le garder celui-ci…

 

Veronica eut l’air triste un court instant et se ressaisit presque aussitôt.

 

- Très sympathique ce Jason, dit-elle pour faire la conversation en rejoignant l’ascenseur. Combien de fois tu l’as rencontré ?

- C’était la troisième fois, se contenta-t-il de répondre en appuyant sur le bouton du rez-de-chaussée.

 

Veronica regarda son ami en coin et se tut à nouveau.

 

Tu n’as visiblement, encore une fois, pas envie d’en parler…

 

Si Jason Russell avait tout de suite crié au loup lorsque Sierra avait manqué à l’appel, c’était parce que la jeune fille lui avait dit avoir trouvé un appartement à Neptune, il avait alors fait le rapprochement entre sa disparition et le siège du réseau de traite des Noires.

 

Sur le chemin du retour, tandis que le paysage défilait à grande vitesse et que la radio diffusait A Movie Script Ending de Death Cab For Cutie, Veronica réfléchissait en relisant son bloc-notes.

 

L’enquête s’annonçait plus lourde que prévue. Et Dieu sait que Wallace comptait sur elle. Elle poussa un léger soupir et se concentra à nouveau sur ses écrits. Il lui fallait d’ores et déjà  organiser son investigation.

 

Un peu plus tard, Wallace la déposait au bas de son immeuble. Alors qu’elle était déjà sortie de la voiture, elle se pencha avant de refermer la portière.

 

- J’irai faire un tour dans la journée à l’adresse que Sierra avait donnée à Jason.

Si jamais je trouve quoi que ce soit, je te tiendrai au courant…

- Ok, répondit-il avec un hochement de tête.

 

Elle ferma alors la porte et regarda la voiture s’éloigner, son coussin sur le ventre.  

 

Après quelques heures de cours, Veronica s’assit dans l’herbe du campus et sortit son ordinateur. Après s’être connectée au réseau sans fil de la fac, elle entra l’adresse du supposé appartement de Sierra dans la base de données afin de la situer sur un plan de la ville. Elle avait beau vivre à Neptune depuis 20 ans, elle ne connaissait pas chaque centimètre de cette ville.

 

Avec une certaine appréhension, Veronica montait les escaliers en bois de l’immeuble dans lequel Sierra était censée avoir emménagé. Considérant le grincement et l’état de décrépitude, elle aurait parié que les résidents se faisaient des courbettes pour savoir lequel devait passer en premier. A condition que quelqu’un vive encore dans ce taudis…

 

Arrivée devant la porte 15C, elle frappa trois coups et patienta.

 

Quel idiot commencerait une enquête sans vérifier la disparition lui-même ?

 

Après quelques secondes d’attente dans le silence, alors qu’elle allait se résigner à faire demi-tour, sur le même palier, un homme d’une trentaine d’années sortit la tête d’un appartement.

 

- Vous venez visiter ?

 

Veronica se retourna et répondit, surprise :

 

- Oh…Non, je venais voir une amie, sourit-elle ingénument. Mais elle n’a pas l’air là. Je repasserai.

- C’est étonnant, l’interrompit l’homme en faisant un pas sur le paillasson, parce qu’il n’y a personne dans cet appartement depuis un moment… Vous êtes sûre que c’est ici qu’elle vit?

 

Veronica sortit alors son calepin et relut.

 

- 422 Amber Street, 15C.

 

Elle releva la tête en direction de son interlocuteur qui lui confirma la justesse de ses propos en opinant du chef.

 

- Vous l’avez peut-être vue. Mon amie s’appelle Sierra. Elle est d’origine africaine et a 23 ans… Ca ne vous dit rien ?

 

L’homme grimaça et secoua la tête.

 

- Non…, réfléchit-il, non, ça ne me dit rien.

 

Veronica soupira puis lui adressa un sourire contrit en guise de remerciement avant de le saluer. Il referma alors la porte.

 

Si Sierra n’est jamais venue ici, c’est qu’elle a été interceptée avant. Autrement dit, au sortir de l’avion…

 

Dehors, elle marcha d’un pas rapide jusqu’à sa voiture et traversa la ville pour rejoindre Mars Investigations.

 

Elle était devant son bureau depuis quelques minutes, tapant adroitement sur son clavier d’ordinateur à la recherche d’informations sur les vols  Kampala - LAX des deux dernières semaines.

 

Elle constata rapidement qu’une place au nom de Sierra Makobé avait bel et bien été achetée, et l’embarquement justifié. Par conséquent, Sierra était désormais forcément en territoire américain.

 

Mais où… ?

 

En fin d’après-midi, après avoir parcouru tout le campus, en long, en large et en travers, Weevil se rendit à l’appartement de Mac et Veronica pour finir le travail de la veille.

 

Il toqua à la porte et patienta. Lorsqu’on vint enfin lui ouvrir, ce fut dans un vacarme d’enfer.

 

- Woow, s’étonna-t-il avec un mouvement de recul… Est-ce que tu me suis ?

- C’est presque ça. Figure-toi que pour me rapprocher de toi, j’ai emménagé avec tes amies, répliqua Maria du tac au tac.

 

Vêtue d’un marcel blanc et d’un pantalon en toile noire, la jeune fille était en sueur.

 

- Alors ce n’était pas une blague, elles t’ont vraiment choisie… réalisa-t-il.

- Faut croire… Dis-moi, est-ce qu’il t’arrive de te séparer de ton amie ?

Weevil parut ne pas comprendre.

- Petite, lourde, carrée et toujours pendue à ton bras !

- Oh…dit-il en plissant les yeux et en penchant la tête en arrière lorsqu’il comprit où elle voulait en venir, mais c’est que tu fais aussi des jeux de mots.

 

Le ton qu’il venait d’employer était des plus sarcastiques.

 

- Quand tu en auras assez de t’amuser, tu pourras peut-être me laisser entrer… reprit-il plus sèchement.

 

Maria se dégagea du chambranle et lui fit un signe de la main pour lui indiquer le chemin.

 

- Mais je t’en prie, ironisa-t-elle à son tour, fais comme chez toi !

 

Mac était en train d’essayer de soulever un carton pour le porter jusqu’à la nouvelle chambre de Maria.

 

- Ah Weevil, tu tombes bien…

- N’y compte même pas, l’interrompit-il en passant devant elle sans la regarder pour se rendre directement dans la salle de bain.

 

Mac, les bras ballants, le regarda passer, médusée.

 

Après avoir écouté ses messages, donné quelques coups de fils et envoyé un message à Wallace, Veronica quitta son antre pour retrouver sa tanière. Lorsqu’elle arriva chez elle, Maria terminait de s’installer.

 

Je suppose que je vais devoir m’habituer au fait qu’il y ait toujours quelqu’un à la maison désormais…

 

- J’arrive juste quand il faut, n’est-ce pas ?

- On vient de terminer, sourit Maria.

 

Veronica perçut quelques bruits de marteau provenant de la salle de bain.

 

- Mais Weevil m’aura remplacée.

- Oui, rit-elle, il faudra que je pense à le remercier !

 

Puis elle tourna les talons pour aller dans la cuisine. Veronica ne comprit pas exactement ce qu’il s’était passé mais saisit l’ironie. Un sourire naquit alors sur ses lèvres.

 

Appuyée contre le cadre de la porte, les bras croisés, elle observait Weevil qui s’affairait sous le lavabo.

 

- Alors comme ça, tu joues les goujats avec les petites nouvelles ? Ce n’est pas comme ça que tu vas te faire des amis, se moqua-t-elle.

 

Il se redressa et lui jeta un regard noir.

 

- Je vois. Jennifer Lopez s’est déjà plainte à toi ?!

- Elle n’a rien dit. Je sens ces choses-là, dit-elle en explorant sa boule de cristal et en empruntant la voix de Mme Irma.

- Si tu avais bien regardé, tu y aurais vu les ennuis arriver !

 

Il se leva péniblement, grimaça un peu puis balaya tout ça en lançant son chiffon sale sur son épaule.   

 

- De vieilles douleurs te rappellent à l’ordre ?

- Seulement quand le temps change… ou quand je me fais exploiter.

- Je te proposerais bien de rester manger mais…quelque chose me dit que tu es retenu ailleurs.

- Absolument. Une course urgente à faire très loin d’ici.

- Tu vas finir par me vexer.

- Il fallait y penser au moment où je t’ai lancé cet ultimatum et que tu l’as choisie elle plutôt que moi ! joua Eli.

 

Il s’affaira alors à ranger ses outils.

 

- Oui mais je t’ai déjà expliqué pourquoi on ne pouvait pas se marier.

- Satané vœu de chasteté !

 

Veronica rit et il attrapa sa boîte à outils. 

 

- Tu as pu tout réparer ? demanda-t-elle

- Tu verras bien si ta salle de bain se transforme en Spa et qu’elle t’offre soudainement un bain de boue…

 

Il lui lança alors un clin d’œil.

 

- Pourvu que ça fasse aussi hammam, pria Veronica en levant les yeux au ciel et en tapant dans ses mains comme une enfant.  

 

Dans le salon, alors qu’elle cherchait son porte-monnaie dans son sac, elle en profita pour tenter d’éclaircir un point.

 

- Est-ce que tu connais le club The Lagoon ?

- C’est une question piège ?

 

Veronica releva la tête et le fixa avec incompréhension.

 

- C’est un club privé, lâcha-t-il alors en levant les yeux au ciel.

- Merci, ça je le savais déjà… Que peux-tu me dire de plus ?

- Que ce n’est pas un club pour toi, se marra-t-il. Bon, tu me le donnes ce billet ? Les tarifs vont subir une inflation si tu traînes trop. 

 

Elle sortit 20 $ et les lui tendit. Mais lorsqu’il voulut attraper le billet vert, elle fut plus rapide que lui et l’empêcha de s’en saisir.

 

- Est-ce que tu peux m’y emmener ? demanda-t-elle avec charme et malice.

- Ce n’est pas loyal, V. Je l’ai gagné ce billet !

 

Elle cligna des yeux à plusieurs reprises et lui fit son plus beau sourire.

 

- Weevil…, minauda-t-elle.

 

Il inspira et souffla bruyamment, tentant de contenir son humeur.

 

- Tu ne pourrais pas entrer de toute façon. C’est un club pour hommes, si tu vois ce que je veux dire Et il faut avoir une carte de membre…

- Je vois que ce genre de commerces n’a aucun secret pour toi, Weev’, le taquina-t-elle.

- Tu m’as demandé, non ? râla-t-il contre sa mauvaise foi.

 

En souriant, elle lui rendit l’argent et ajouta 10 billets.

 

- Et si je t’offrais la possibilité d’avoir ta propre carte…

Weevil leva un sourcil. Essayait-elle de le corrompre ?

- Et toi, comment comptes-tu entrer ?

- J’observerai tout ce petit monde de l’extérieur, se réjouit-elle d’avance.

 

Weevil soupira. Il comprenait déjà où elle voulait en venir. Un seul mot clignotait dans sa tête : COBAYE.

 

- Et qu’est-ce que ce sera cette fois ? Lunettes avec caméra miniature intégrée ? Cravate enregistreuse ? Que t’a offert Q pour ton anniversaire ?

 

Elle haussa les sourcils et tenta de le convaincre.

 

- Je te paie ton premier costard !

 

Il eut alors un petit mouvement de tête sur le coté, l’idée semblait lui plaire.

 

En quelques minutes, Veronica le briefa sur l’intérêt de cette enquête ainsi que sur ce qu’il devait rechercher avant tout. Elle lui conseilla de passer inaperçu et d’essayer subtilement d’en savoir un peu plus sur les Africaines de ce club. Pour le reste…elle lui lassait le choix. 

 

Quelques temps plus tard, Veronica et Weevil étaient dans le salon de Keith.

 

- Tu avais dit que tu me paierais un costume. Pas que j’hériterais celui de Papa Mars !

- Estime-toi heureux, tu vas pouvoir l’emporter chez toi !

- Tu parles ! lança Weevil en fermant sa veste de costume. Ce truc doit dater des années 80, je vais avoir l’air ringard.

- Ca tombe bien, tu es comptable ! N’oublie pas tes lunettes.

Il secoua la tête. Il s’était encore une fois fait avoir par cette petite blonde. 

 

Si le quartier des PCH est réputé malfamé, celui de la Willie's Street, surnommé Waste Area à juste titre, l’est encore plus. Pas étonnant donc qu’un tel club se trouve dans les environs. Ni même que cela donne lieu à des agissements encore plus graves.

 

Veronica venait de déposer Weevil au coin de la rue afin de le laisser se rendre au Lagoon tout seul. Elle ne tenait pas à briser sa couverture en le déposant à la porte du club comme une mère déposerait son fils à l’école. Elle lui avait au préalable fait toutes les recommandations nécessaires - le mettant même en garde contre certains tics trahissant souvent les personnes en infiltration – et offert sa première carte de membre officiel au Parti des Voyeurs. (Enfin, elle imaginait que c’était sa première carte… !)

 

Après s’être garée un bloc plus loin, elle alluma son ordinateur portable, brancha ses écouteurs et se les colla dans les oreilles. L’espionnage pouvait commencer !

 

Weevil venait d’entrer. Après une petite vérification en bonne et due forme de ses papiers par le gorille de l’entrée, il fit un premier tour des divers salons du club pour se faire une idée et offrir un tour de piste gratuit à Veronica grâce à une microscopique caméra embarquée, accrochée à son épingle de cravate. Vestige de son stage au FBI. 

 

Après quelques minutes gênante pour Veronica, somme toute plutôt agréable pour Weevil, elle fut surprise par Wallace qui entra sans prévenir dans la voiture pour s’installer sur le siège passager.

 

- J’aurais pu le faire !

 

Soulagée que ce soit son ami, elle soupira.

 

- Tu es trop impliqué. Et puis regarde-toi. On te donnerait le bon dieu sans confession. Tu crois vraiment qu’on t’aurait laissé entrer ?!

- Tu sous-estimes toujours tout le monde, V, lâcha-t-il en tournant la tête vers la vitre.

- Je te protège, Wallace. C’est différent ! répondit-elle, un peu blessée.

 

Un silence s’installa de lui-même dans le véhicule.

 

Après quelques heures de planque entre deux poubelles, le regard rivé sur son écran d’ordinateur, à écouter Weevil raconter des âneries, ce dernier décida d’arrêter là. Sa mission avait beau être visuellement plaisante, sa situation n’était pas particulièrement agréable. Il savait Veronica derrière lui à chaque seconde…

Malgré de nombreuses tentatives, l’entreprise était restée vaine. Pas le moindre indice, pas une seule porte suspecte ni même une conversation ambiguë. De simples filles dénudées et pas une seule proposition dégradante.

 

De son pas viril et saccadé, Weevil marcha cinq minutes avant de monter dans la voiture.

 

- Chou blanc ! lança-t-il en refermant la portière.

 

Veronica abattit le capot de son ordinateur et soupira.

 

- Je crois que cette piste est sans issue…

 

Dire que je ne m’en doutais pas depuis le début serait un mensonge. Mais comment le faire comprendre à Wallace sans le blesser ?

 

- Alors tu vas t’arrêter là ? se réveilla Wallace.

- Rends-toi à l’évidence, je ne suis rien contre une organisation d’une telle envergure. Si vraiment ce réseau existe, comment veux-tu que je le démantèle ? Je n’ai rien d’une Angelina Jolie

- Et à tous points de vue ! dit Weevil avec sarcasme depuis la banquette arrière.

 

Elle leva les yeux sur le rétroviseur et constata le sourire narquois du jeune homme.

 

Ca relève du FBI. Pas d’un détective privé, poursuivit-elle.

- Je croyais que le FBI c’était toi ! lui lança Wallace amer.

Veronica sentit la pointe de reproches de son ami, ce qui lui vrilla le cœur.

- J’étais stagiaire, Wallace. Et tu le sais très bien.

Assis dans le noir, Weevil défit le nœud de sa cravate avant d’étendre ses bras sur le dossier de la banquette :

- Moi aussi je suis ravi de vous revoir les amis ! lança-t-il pour leur faire remarquer la tension qui régnait. Réveillez-moi quand on sera arrivé.

 

Sans un mot, mais les dents serrées, Veronica mit le contact et démarra.

 

Pourquoi essayer d’être diplomate quand votre meilleur ami ne se donne plus la peine de l’être ? Ce que vous ne donnez pas, la vie vous le rend parfois au centuple…

 

Un quart d’heure plus tard, le SUV de notre petite blonde s’arrêtait enfin devant le campus. Le silence avait fait paraître le trajet durer une éternité. Lorsqu’elle tira le frein à main, Wallace ouvrit la portière et posa le pied sur le bitume avant de ralentir sa sortie

 

- Merci quand même, marmonna-t-il.

 

Il sortit enfin et prit le chemin du bâtiment Venice Hall sans se retourner.

Il s’était visiblement un peu calmé, mais pour Veronica, il était trop tard pour le rattraper.

 

Le moment est mal choisi pour une conversation sur notre amitié…

 

Elle le regardait marcher dans la pénombre quand un raclement de gorge provenant de l’arrière de la voiture la rappela au présent. Elle l’avait presque oublié celui-là.

- C’est que vous seriez presque mignonnes toutes les deux ! On aurait cru voir un épisode de The Simply Life.

 

J’avoue ne pas avoir envie de savoir qui de Wallace ou moi ressemble le plus à Paris Hilton.

 

- Tu as quelque chose de prévu maintenant ? demanda-t-elle en évinçant volontiers la référence.

 

Weevil s’avança et s’accouda aux sièges.

 

- Pourquoi ? l’interrogea-t-il en haussant les sourcils. Tu comptes te remonter le moral avec le latino que tu as justement sous la main ? Ou bien tu comptes juste me passer à la casserole après m’avoir mis en appétit ?

- Je compte te demander un service. Encore. 

- Tu vas vraiment finir par m’être redevable !

- J’en ai bien peur, mais pour l'instant je vais vraiment avoir besoin de ton aide.

 

Weevil soupira et se laissa retomber contre le dossier.

 

- Ca m’a l’air nettement moins drôle, mais tant qu’on y est….

 

Hang Me Up to Dry, de Cold War Kids.

 

- Quand tu parlais d’aide. J’étais loin de me douter que ce serait pour fracturer une porte…

 

Accroupi devant l’entrée de l’appartement que Sierra n’avait jamais occupé, Weevil tentait de faire céder le loquet sous ses mains expertes. Veronica, elle, s’était appuyée contre le mur et lui donnait de la lumière, les bras croisés.

Malgré ce qu'avait pu pensr Wallace, elle n'avait pas eu l'intention d'abandonner l'enquête. Mais sa présence sur les lieux n'était pas recommandée.

 

- Tu es le seul Gentleman Cambrioleur que je connaisse murmura-t-elle.

 

A ces paroles, la serrure lâcha enfin prise et la porte s’ouvrit lentement. Sans perdre une seconde, Veronica s’engouffra dans l’appartement plongé dans le noir.

 

- Il n’y a pas de quoi… bougonna Weevil en se relevant.

 

Il sortit sa lampe torche de la poche arrière de son jean et entra à son tour, puis referma délicatement la porte derrière lui.

 

- Qu’est-ce qu’on cherche exactement ? murmura-t-il.

 

Veronica s’était arrêtée dans la pièce principale de cet appartement exigu et laissait le faisceau de lumière se balader sur les quelques cartons empilés et pas encore déballés. Des volets clos et pas un seul meuble.

 

- Qu’est-ce que c’est que ce truc ? s’étonna Weevil devant le spectacle.

- Un emménagement interrompu…, comprit-elle.

 

Veronica s’approcha d’un carton et décolla le scotch pour jeter un œil à ce qu’il comportait. 

 

Vêtements de filles ? Objets africains ? Beaucoup de coïncidences pour un seul carton…

 

Veronica se décala très vite d’un pas sur la droite et défit le scotch d’un autre carton. Elle retrouva considérablement les mêmes choses. L’espoir de trouver des papiers offrant quelques précisions sur l’identité de la personne susceptible de s’installer ici était mince mais elle espérait tout de même.

 

- Qu’est-ce que tu cherches ? demanda Weevil en la voyant s’activer davantage.

- Quelque chose qui nous donnerait des indices…peut-être même un nom.

 

Il s’approcha alors d’un carton à son tour et l’imita. Soudain, Veronica s’arrêta et tira lentement un cadre d’un carton défait. Il s’agissait d’une photo de famille. Sierra, qu’elle avait très vite reconnue, était au milieu, entre ses parents et celui qu’elle pensait être son petit frère.

 

- Tu as trouvé quelque chose ? comprit Eli.

- Ces affaires sont à elle ! Elle est venue ici, à poser ses cartons et s’est faite embarquer.

 

Aussitôt, elle lâcha le cliché dans un carton et se dirigea d’un pas rapide sur le palier. Avec sa lampe, elle éclaira le chemin qui la mena jusqu’à l’appartement du type auquel elle avait parlé l’après-midi même et leva l’éclairage sur la plaque grisâtre qui ornait la porte. Il lui avait menti.

 

L.B Jeffries. Photographe professionnel… Encore une sacrée coïncidence dans cette affaire… un photographe. Pourquoi m’avoir dit que Sierra n’avait jamais emménagé ici, L.B ?

 

Ni une ni deux, elle frappa trois coups à la porte et patienta. Weevil passa la tête dans l’embrasure.

 

- Mais qu’est-ce que tu fous ?

- Mon boulot !

 

Comme aucune réponse ne se faisait entendre, Veronica réitéra son action. Mais toujours rien. Eli la rejoignit sur le paillasson et la dévisagea, incrédule.

- Tu peux me refaire le coup de la serrure ? lui demanda-t-elle.

- Et tu comptes entrer dans combien d’appart’ au juste ?!

- Juste celui-ci. Fais-moi confiance !

 

Il secoua la tête et s’accroupit à nouveau au pied de la porte. Quelques secondes plus tard, le verrou cédait et la porte grinçait.

 

- Quel professionnalisme, s’amusa-t-elle en lui tapotant l’épaule.

- Si tu le répètes…

 

Pas de risque, elle était déjà entrée dans l’appartement. Une odeur de renfermé ne tarda pas à les saisir. L.B ne devait pas souvent aérer sa garçonnière.

Un fil d’étendage occupait toute la longueur du salon. Intriguée par ce qui pendait, Veronica décrocha une pince à linge et s’empara d’un premier papier rectangulaire et blanc. Elle la retourna et eut un incontrôlable mouvement de recul. Après avoir repris ses esprits, elle décrocha une dizaine d’autres épingles et jeta un rapide coup d’œil à sa découverte. Des photos plutôt choquantes si l’on en croyait les positions prises par les jeunes femmes sur les clichés. Une centaine d’autres photos du même acabit pendaient dans tout l’appartement.

 

Encore une drôle de coïncidence ! Toutes les femmes semblent être d’origine africaine. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Mr Jeffries, vous m’avez prise pour une débutante !

 

- Dios mío, quel genre de personne peut faire des trucs pareils ?

 

Sur la photo que regardait Weevil avec un air dégoûté, une femme dénudée tentait de se cacher de l’objectif. De rage, le jeune homme jeta le cliché sur le bureau et s’assit sur le fauteuil à roulettes. Il fouilla ensuite dans les tiroirs et en sortit alors une demi-douzaine de passeports reliés par un élastique.

 

- Ca sent pas bon du tout, réalisa-t-il.

 

Veronica se précipita à ses cotés et lui prit le paquet des mains. Elle les ouvrit tour à tour à la première page. Et lorsqu’elle tomba enfin sur celui de Sierra Makobé, elle s’arrêta de respirer. 

 

- Il faut qu’on la retrouve.

 

Weevil regarda l’appartement dans son ensemble.

 

- Tu as déjà entendu parler des domestiques clandestins ?

 

Veronica comprit tout de suite où il voulait en venir et observa alors la pièce à son tour. Ils fouillèrent tous les placards et moindres recoins. Des toilettes à salle de bain. Rien !

 

Après réflexion, entre deux pièces, Weevil passait la tête tantôt d’un côté tantôt de l’autre. Ses sourcils froncés interrogèrent la jeune fille.

 

- Tu as quelque chose ?

- Comment se fait-il qu’il y ait un écart d’environ un mètre entre la cloison de la salle de bain et le mur du salon ? On dirait qu’il y a une pièce condamnée entre les deux…

 

Il commença à taper sur les murs du salon et de la salle de bain qui lui renvoyèrent un son assourdi, tandis que lorsqu’il cogna contre la partie du mur qui reliait les deux pièces, un son creux s’éleva.

 

- Il doit y avoir un passage quelque part ! dit Veronica en se précipitant dans la salle de bain.

 

Elle regarda partout, allant même jusqu’à essayer d’actionner des manettes imaginaires, mais lorsqu’elle entendit une plaque de bois coulisser, elle se retourna et vit Weevil à quatre pattes sous le lavabo. Il avait trouvé la trappe !

Avec sa lampe torche, il éclaira l’intérieur du trou à rat et découvrit une jeune fille recroquevillée sur elle-même, les genoux enserrés de ses bras, totalement apeurée.

 

- Je m’appelle Eli, et voici Veronica, dit-il doucement tandis qu’elle se penchait aussi pour constater l’horreur. On est des amis de Wallace. Tu vas pouvoir sortir de là.

 

Des larmes coulaient sur les joues de Sierra. Veronica était outrée. Incapable de parler. Sachant pertinemment que ce n’était pas correct, Veronica se saisit malgré tout de son appareil photo. Il fallait qu’elle le fasse, qu’elle récupère des preuves de l’atrocité qu’elle avait vécue.

 

Après deux ou trois flashes, ils l’aidèrent à sortir de son trou. L’acclimatation à la lumière fut d’abord délicate. Puis Veronica réconforta la jeune femme comme elle put après lui avoir montré sa carte de détective privé.

 

En passant devant le bureau, elle récupéra le passeport de Sierra, remit les autres à leur place et se contenta d’embarquer les photos qu’elle avait décrochées. Quelques preuves pour le shérif Van Lowe. (Elle avait toujours l’impression qu’elle allait s’étouffer en disant ces mots.). Il passerait ensuite avec un mandat de perquisition et ses menottes !

 

Encore du travail mâché ! Heureusement que la famille Mars est là !

 

Dehors les lumières clignotantes bleues et rouges fendaient la nuit et maculaient les murs du district du shérif ainsi que les visages.

 

 

Alors que Sierra, assise sur un banc à l’intérieur, avait été enroulée dans une couverture chauffante et que les ambulanciers s’occupaient de la soigner, Vinnie Van Lowe était déjà interviewé par les journalistes locaux.

 

- J’étais au courant qu’un trafic de ce genre s’opérait dans les environs de Neptune. Cela faisait déjà quelques mois que j’enquêtais et cherchais à y mettre fin. Ce genre de choses est intolérable dans notre société actuelle. Il n’est pas normal que des hommes exploitent des femmes et leurs faiblesses…Je suis outré, affirma-t-il en mettant le ton.

 

« Exploitent des femmes et leurs faiblesses » ? Mais qu’essaies-tu de nous dire Vinnie ?

Ta réussite a bon dos. Dix minutes plus tôt, tu ne te doutais même pas que ce genre de procédés pouvait exister !

 

- Comment avez-vous su que cette jeune femme se trouvait chez ce photographe ?demanda une voix féminine derrière un micro.

 

Oui, shérif, dites-nous comment vous avez su !

 

- L’expérience madame ! Et une très forte intuition. Au fond de moi, je sentais que ce n’était pas loin. Mes soupçons ont toujours porté sur Jeffries, il n’en est pas à son coup d’essai. Mais vous comprenez bien que pour intervenir, des soupçons et des intuitions ne suffisent pas. Il me fallait des preuves.

 

Les bras croisés contre sa poitrine et la mâchoire serrée, Veronica écoutait toutes les idioties que Van Lowe pouvait livrer à ses journalistes crédules. Elle attendait avec impatience l’énormité qui donnerait l’alerte et ferait comprendre aux médias qu’il n’était qu’un imposteur.

 

Lorsqu’il eut terminé de s’inventer son rôle de super-héros, Vinnie-Super-Sourire se tourna vers Veronica et lui décocha un clin d’œil. L’agacement se lut alors davantage sur le visage de la jeune fille qui n’aimait définitivement pas se faire prendre pour une poire.

 

On ne m’y reprendra pas deux fois ! La prochaine affaire portera mon nom !! Si même les crétins parviennent à se faire connaître, je dois pouvoir le faire aussi…

  

Weevil qui se tenait à coté de Veronica, lui tapota l’épaule en guise de soutien.

 

- Cabrón ! lâcha-t-il en grinçant des dents.

 

Veronica sourit faiblement et fit demi-tour.

 

- Allez Robin. Prenons la Batmobile et rentrons chez nous !

 

Weevil grimaça de dégoût.

 

- Les collants, très peu pour moi !

 

Puis, pour la réconforter, il passa son bras droit autour des épaules de son amie et l’accompagna jusqu’à la voiture. Veronica avait gardé les bras croisés.

 

Le lendemain, l’émission matinale de Piz était consacrée à un nouveau sujet d’actualité. La pornographie et les conséquences que cette atrocité parfois appelée « art » pouvait engendrer.

 

- Dans notre studio avec nous, une jeune femme que nous appellerons Samantha pour des raisons d’anonymat, accepte de nous livrer son témoignage. Samantha bonjour !

 

En face de Piz, se trouvait en réalité Sierra qui, après avoir connu l’horreur durant ces derniers jours, tenait à mettre les femmes en garde et faire ouvrir les yeux aux autorités. Elle avait d’ailleurs eu une conversation à ce propos avec Wallace et Jason Russell jusque tard dans la nuit après avoir été interrogée par les adjoints du shérif. C’était important pour elle de le faire; même si l’événement était encore frais.

Pour Piz, cette interview était une occasion en or de se démarquer du lot des animateurs de radio.

 

L’entrevue en direct dura plus d’une heure et les appels téléphoniques de soutien ne cessèrent de se faire entendre.

 

A quelques pas de là, Veronica venait de faire la queue pour boire son premier café de la journée et prenait la direction d’une table quand Logan l’interpella oralement.

 

- Tiens, le Saint-Bernard a oublié sa gourde de liqueur ? Pas de Piz pendu à ton cou aujourd’hui?

 

Pas le temps de s’asseoir que les attaques fusaient déjà. Veronica regarda sa montre.

 

Neuf heures et quart ! Trop tôt pour rester zen. Dommage Echolls !

 

Elle posa alors son gobelet sur la table la plus proche et leva des yeux noirs sur Logan.

 

- Ca commence à faire avec le vocabulaire animalier. Petit conseil pour toi, Echolls, dit-elle en lui tapotant l’épaule, le jour où tu voudras faire le beau devant une fille, évite de la traiter de chienne ou de cheval. Je t’assure que ça passe moyennement à ses oreilles. Surtout quand elle t’a déjà dit une fois qu’elle ne tenait plus à te voir…

 

Ils se regardèrent quelques secondes en se défiant puis Logan fendit son visage d’un sourire sarcastique.

 

Depuis la cabine, Piz observait Veronica tandis que Sierra répondait à un ultime auditeur. Son regard s’attrista aussitôt quand il la vit parler longuement avec Logan. Il respira profondément et souffla fortement. Lentement son regard se porta alors sur une enveloppe blanche qu’il avait, en arrivant ce matin-là, placée à coté de ses feuilles de préparation pour l’émission. Il posa sa main dessus et reprit la parole lorsque Sierra eut fini.

 

- Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. C'est sur ces dernières paroles qu'on se quitte. Merci de nous avoir suivi. Et merci à Samantha de nous avoir fait partager son expérience. On se retrouve demain même heure, même endroit. Et on se quitte avec The Bravery - Fistful Of Sand.

 

La matinée avait été longue. Entre les cours et les remous provoqués par la séquestration de Sierra, Veronica n’avait pas eu une seule minute à elle. Seul Van Lowe restait silencieux. Pas un seul mot de sa part à ce sujet.

 

En milieu d’après-midi, après avoir mangé un morceau sur le campus avec Mac et Maria, elle rentra chez elle. Ereintée, elle se dirigea comme un zombie jusqu’à sa chambre et se laissa tomber sur son lit. Back Up ne tarda pas à la rejoindre. La gueule posée sur son ventre, elle lui caressa le haut de la tête en silence.

Soudain, un gros soupir se fit entendre. Back Up semblait aussi en avoir lourd sur le cœur. Amusée, Veronica se redressa sur ses coudes.

 

- Quand ça ne va pas, expliqua-t-elle à son chien, rien ne vaut une petite promenade.

 

A ces mots, Back Up se redressa d’un coup et sauta du lit. Il revint aussitôt avec sa laisse entre les dents. 

 

Rogue Wave – Eyes

 

Quelques minutes plus tard, Veronica et son fidèle compagnon étaient sur Dog Beach. Ses lunettes de soleil sur le nez, elle avança sur le sable avant de décrocher le mousqueton du collier du chien. Elle quitta ensuite ses chaussures et les porta à la main.

 

Tandis que Back Up gambadait librement, sa maîtresse se rapprocha un peu de l’eau avant de s’asseoir par terre. Les bras posés sur ses genoux qu’elle avait relevés, elle se perdit un instant dans la contemplation des vagues. Un peu de calme après toute cette agitation.

 

Quoique j’aie pu dire auparavant, si je partais définitivement de Neptune, cette fichue ville finirait par me manquer.

Quant aux Neptuniens, ils me regretteraient bien trop… car quelque chose me dit qu’ils auront vraiment besoin d’un détective pour rattraper les erreurs du shérif !

 

Veronica sortit doucement de sa torpeur lorsqu’elle entendit Back Up aboyer dans son dos. En prenant appui sur une main, elle se retourna et sourit tendrement en voyant Wallace accroupi à coté du chien, lui donnant quelques caresses.

 

Il aura finalement suffi d’un chien pour réussir à arracher un vrai sourire à Wallace…

 

Elle baissa les yeux sur le sable, puis refit face à l’océan. Ces quelques jours en sa compagnie avaient été durs. Elle les avait vécus comme la perte de son meilleur ami. Perte qu’au fond d'elle, elle espérait bien temporaire.

 

- Cette place est réservée ?

 

Veronica sourit à nouveau en levant la tête vers lui.

- Tu es en retard Wallace, le film a déjà commencé !

 

Wallace fendit à son tour son visage d’un sourire et prit place à coté d’elle. Il contempla alors le même spectacle que son amie sans un mot.

 

- Je crois que j’ai un peu merdé dernièrement, finit-il par dire en baissant la tête pour jouer avec le sable. Je sais qu’on n’était pas vraiment sur la même longueur d’onde ces temps-ci… Mais je te remercie de m’avoir aidé sur ce coup-là.

 

En silence, Veronica respira à plein poumon profitant du retour de son ami. Elle remua ses orteils dans le sable et, pour cacher sa gêne, lança en imitant le style afro-américain:

 

- Pas de problème, mon frère. La famille c’est fait pour ça.

 

Peu surpris par ses paroles, Wallace la regarda en secouant la tête.

 

- Hey !! J’adore Kool and The Gang ! lui assura-t-elle avec force pour justifier le ton fraternel employé.

 

Wallace rit en silence. Elle le prit alors par le cou et colla sa tête contre la sienne.

 

- Ah ! C’est comme ça que je te préfère. Quand tu rigoles à mes mauvaises blagues… !

 

Un ange passa, puis il le brisa d’un murmure.

 

- Tu m’as manqué.

 

Episode écrit par Vertigo

Toutes les photos de l'épisode ! 

 
Ecrit par Spydinette 
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5 participants prennent part actuellement à la chasse aux gobelins sur doctor who, y aura-t-il un sixième?

chrismaz66, 18.04.2024 à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

Viens chatter !