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4.05 - DISCLOSURE

Date : 07 décembre 2007

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Après les événements malheureux des derniers jours, la vie reprend son cours normal à Neptune. Enfin presque... Les sequelles de l'accident poussent Veronica à accepter une enquête qui la conduira à affronter deux rousses sulfureuses...

Ecrit par babou31 

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

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Bonne lecture!

 

 

L’amphithéâtre grouillait d’étudiants. Les places libres étaient rares et donc chères… Le cours de Management et Economies des Entreprises était de loin le cours le plus populaire de Hearst… La qualité du cours y était certes pour beaucoup mais à bien regarder les étudiants présents ce n’était pas la seule raison.
En effet certains, sans papier ni crayon devant eux, riaient et se faisaient des messes basses en se donnant des coups de coude.

En bas sur l’estrade, Meredith Johnson les rappela à l’ordre.
Comme le Professeur Landry, le Professeur Johnson usait de son charisme pour rendre son cours passionnant.
Comme le Professeur Landry, elle adorait son métier et comme le Professeur Landry, elle avait de l’emprise sur ses élèves.

La jeune femme, dans son tailleur impeccablement coupé et dont la couleur mettait en valeur son teint de rousse, toisa du regard le groupe de jeunes gens dissipés, qui se tut immédiatement. Il n’était pas difficile à la voir ainsi de comprendre quels étaient ses atouts : une beauté envoûtante associée à un caractère bien trempé.

La cloche résonna. Un grand sourire illumina son visage
« Pour la prochaine fois, j’attends de vous une étude de cas de quatre pages minimum. Merci ! »

Dans un brouhaha général, les élèves sortirent de la salle. Un petit attroupement joyeux se forma près de la porte pour contempler encore quelques instants le délicieux spectacle et poursuivre ainsi la séance de reluquage offerte par l’université.

Meredith aimait ce moment où l’adrénaline tombait et où elle savourait ses victoires et son emprise sur les autres.
Elle essuyait doucement le tableau, perdue dans ses pensées. Une voix masculine la ramena à la réalité.

« Mrs Johnson ? »

Elle se retourna et se retrouva face à un jeune étudiant. Son œil habitué le catalogua immédiatement dans les élèves peu attentifs de son cours mais au demeurant charmants. Elle sut immédiatemment la stratégie à adopter et un sourire séducteur se dessina sur ses lèvres.

« Oui ?
-On m’a dit que vous pourriez m’aider à gagner des points…


Meredith le regarda surprise, cette question était particulièrement incongrue un mercredi matin en ce début d’année.

« Gagner des points ? s’étonna-t’elle avant de poursuivre, les examens sont dans plusieurs mois, vous avez tout le temps de vous en préoccuper, de  réviser … et d’être un peu plus attentif à mes cours.
- Oh mais je ne parlais pas de votre matière … enfin pas de celle que vous enseignez officiellement…"


Il se tut un instant.

« Je vous laisse y réfléchir … je reviendrai, j’ai des arguments de taille », ricana-t-il avant de la saluer de la main, fier de sa répartie.

Meredith Johnson, une fois n’est pas coutume, resta sans voix et regarda partir interloquée l’étudiant.

***


L’étonnement fit soudain place à l’affolement. Meredith Johnson rangea à la hâte le dernier classeur qui traînait sur son bureau et se précipita dans les couloirs, ses pas rapides la menant au cœur de la cible. Arrivée devant le secrétariat, elle s’arrêta, reprit son souffle et, après avoir replacé une mèche de cheveux derrière son oreille, arbora un sourire affable. Elle frappa à la porte et, sans attendre la réponse, entra.

« Bonjour Nancy !
- Oh ! Bonjour Mrs Johnson ! bafouilla une secrétaire à lunettes derrière son bureau.
- Je t’ai déjà dit de m’appeler Meredith voyons… Tu as passé de bonnes vacances ?
- Excellentes, je suis allée avec ma tante dans le Wisconsin chez…
- Très bien, très bien…
la coupa le professeur ennuyé et pressé. Dis-moi, as-tu déjà imprimé les dossiers scolaires des étudiants ?
- Oui oui, bien sûr Mrs Johnson
, bredouilla Nancy. Un problème avec l’un d’entre eux ? demanda-t-elle gentiment.
- Oui. Enfin, je n’espère pas… C’est compliqué. Merci Nancy » conclut-elle pour couper court.

Elle se dirigea vers une pièce adjacente et s’arrêta devant le casier où étaient placés les dossiers des étudiants. Elle marqua une pause, leva les yeux au ciel comme si elle lui adressait une supplication, et farfouilla le tiroir. Enfin elle en sortit un dossier avec un soupir. Elle murmura pour elle-même :

« Ce n’est pas possible… »

Reprenant immédiatement son aplomb, elle parcourut le dossier et s’arrêta à la page où figurait l’emploi du temps du mystérieux étudiant. Elle replaça le dossier et, refermant d’un coup sec le tiroir, se précipita à l’extérieur.

« Au revoir Mrs Johnson ! »

Mais le professeur ne prit pas la peine de répondre à la secrétaire, elle était déjà dans le couloir. La cloche annonçant la fin des cours, son pas se fit encore plus rapide. Mais au détour d’un couloir, elle se heurta à une étudiante brune et tomba à la renverse.

« Oh excusez-moi Mrs Johnson ! rougit Mac, tout en tendant une main salutaire au professeur.
- Vous ne pourriez pas faire un peu attention ? » marmonna Meredith en s’agrippant à la main de Mac. 




Mac arqua un sourcil. Ses parents lui avaient certes appris le respect, mais ça marchait dans les deux sens ce genre de choses… Mais bon, mieux valait se taire car Mrs Johnson n’avait pas son sourire enjôleur aujourd’hui ; et ça, ce n’était pas bon signe !

« Est-ce que ça va Mrs Johnson ? Vous n’avez pas l’air bien… » insista-t-elle donc poliment tandis que Mrs Johnson époutissait sa jupe.

Le professeur s’arrêta et la dévisagea.

« Melle Mackenzie, vos parents auraient-ils omis de vous apprendre à ne pas vous mêler des affaires des grandes personnes ? »

Cette fois-ci c’en était trop, Mac ouvrit la bouche pour lui clouer le bec quand un grand dadet blond s’interposa.

« Oh oh, mais qui voilà ? Mia et Nicole se rencontrent, ça promet ! Mais ça me pose un problème tout ça… J’ai jamais su choisir entre Isabelle Adjani et Sharon Stone moi, vous me prenez au dépourvu les filles ! » rouspéta Dick.

Mac leva les yeux au ciel et reprit sa route vers sa salle de cours. Avec tout ça, elle allait arriver en retard… Et puis à quoi bon prendre la peine de lui répondre ? Dick et sa vulgarité légendaire allaient sans nul doute se faire remonter les bretelles par une Meredith Johnson plus remontée que jamais. Au loin elle entendit Dick brailler :

« Hé ! Les Pi Sigs organisent une petite sauterie le week-end prochain, toi et ton PQ êtes les bienvenus ! Ca se passe au… »

Mais il ne put finir sa phrase, entraîné violemment dans une salle de cours déserte par Mrs Johnson qui le tirait par le col de son tee-shirt. Quoique surpris, il se laissa faire et lança à la beauté fatale qui refermait déjà la porte de la classe :

« Oh oh ! J’ai toujours rêvé de faire ça sur un bureau… Surtout avec le professeur le plus sexy de l’université… »

Meredith fronça les sourcils.

« Tu savais donc que j’étais professeur à Hearst… morigéna-t-elle.
- Hé hé, bien sûr ! rigola Dick. Qu’est-ce que tu crois petite chérie, ça fait deux ans qu’aucune prof n’arrive à te détrôner du haut du classement ! »

L’air de Meredith signalant son incompréhension, Dick expliqua :

« Les Pi Sigs font chaque année le classement des dix profs les plus sexy… Et ça fait deux ans que tu arrives en tête ! triompha-t-il, avant d’adopter une attitude songeuse. Reste à savoir si le fait de coucher avec un membre de la confrérie va te démystifier ou au contraire te rendre encore plus chaude. Le vote est prévu dans deux semaines, je te tiendrai au courant et si tu gagnes je…
- Ca ne va pas du tout ! »
le coupa Meredith.

La jeune femme d’ordinaire si enjouée était devenue rouge de colère. Tout en elle transpirait la rage : les yeux brillants, les lèvres tremblantes, les poings serrés… Janus avait changé de face : l’ange était devenu démon.

« Je ne savais pas que tu étais étudiant à Hearst ! Tu sais que je pourrais me faire renvoyer si ça s’apprenait ?
- Tu t’attendais à quoi en sortant avec un mec de vingt ans ?
- Tu m’avais dit que tu étais rentier, que tu ne travaillais pas !
- Ben c’est vrai ! L’université c’est plutôt… Comment dire ?
réfléchit-il. Un loisir ? Nan… Un passe-temps ? Nan… Le moyen d’appartenir aux Pi Sigs et d’emballer les filles ? Ouais... rigola-t-il.
- Tout s’explique… murmura Meredith.
- Hein ?
- Tout à l’heure, un de tes petits camarades est venu me voir pour un « gain de points ». Il parlait des points de votre confrérie…
siffla-t-elle entre ses dents serrées, avant d’exploser. Je t’interdis formellement de parler de nous ! Tu entends ? Tu vas voir tes petits copains et tu leur dis que tout ça n’était qu’un mensonge, c’est bien compris ?
- Oh oh, j’aime quand tu prends tes airs de dominatrice… Mais désolée, nos petites parties de jambes en l’air m’ont rapporté 1250 points, si tu crois que je vais laisser passer l’occasion de finir en tête du palmarès…
- Ne me cherche pas Dick
, souffla Meredith, tu ne sais pas ce dont je suis capable…
- Oh que si je le sais, et tu te débrouilles plutôt bien d’ailleurs !
rit-t-il, très fier de son insinuation. Sur ce Mrs Johnson, si vous voulez bien m’excuser… »

Et il sortit de la pièce, non sans lui avoir décroché un clin d’œil avant de sortir. Le sang de Meredith ne fit qu’un tour, elle se précipita dans le couloir, mais dans la direction opposée à celle qu’avait prise Dick.

                                                       ***

La porte de Mars Investigation s’ouvrit doucement. Une jeune femme de type asiatique s’arrêta sur le pas de la porte, jeta un coup d’œil dans le bureau vide, hésitant à entrer. Elle allait tourner les talons quand Veronica fit son apparition à travers la porte de son bureau, le téléphone à l’oreille.

En apercevant Shona, elle sourit et l’invita à entrer d’un grand mouvement de bras.

« Oui Monsieur Sumner, je vous assure que je vais  m’occuper personnellement de cette affaire. J’ai bien noté … votre femme Connie joue au tennis à 16h, je commencerai par là. A bientôt Monsieur Sumner »

Elle raccrocha et soupira…

« Encore une histoire d’adultère ! J’en peux plus ! Je vais finir par pouvoir revendre mes photos à Playboy à force… » fit-elle en désignant l’appareil photo traînant sur son bureau

Shona rougit légèrement. Veronica, embarassée, l’invita à s’asseoir.

« Pardon je suppose que tu n’es pas venue pour m’entendre me plaindre comme Calimero. Tu as du nouveau ?
- J’ai trouvé ceci..


Shona fouilla énergiquement dans son sac et en sortit avec triomphe un petit carnet noir qu’elle se mit à tordre avec anxieté.

« C’est l’agenda d’Hamilton. Je pense qu’il y a peut-être une piste ... enfin je crois … mais je ne suis pas sûre.
- Dis-moi ce que tu as remarqué"
répondit Veronica en posant sa main sur celles de sa cliente.

Shona lui tendit le précieux calepin qu’elle ouvrit à la dernière semaine noircie : celle en cours. Elle regarda interrogative la jeune femme qui pointa vers elle la journée du jeudi : le dernier rendez-vous inscrit.

Veronica lut à haute voix :
« 15h30 : S.Q. Moonlight... Le Moonlight je connais de nom mais tu sais qui est S.Q. ?"

Shona secoua la tête

« Non je ne connais pas de S.Q. mais ce qui est le plus suprenant c’est qu’Hamilton la rencontrait toutes les semaines, dit-elle en feuilletant les pages du carnet. C’est sûrement une femme. Hamilton culpabilisait peut-être vis à vis d’Emma.. »

Les larmes lui montèrent aux yeux  

« Ca pourrait expliquer  pourquoi il a commencé à se droguer non ? »

La détresse de Shona, tout en retenue, émut Veronica

"Oui tromper provoque des cas de consience …"

Le doux sourire de V s’estompa.

"Enfin pour certains… Je vais me renseigner et je vais découvrir qui se cache derrière ces deux lettres… S.Q. ...
- Je suis désolée c’est encore une histoire de lapin rose"
répondit Shona, un sourire en coin.

Veronica sourit à l’évocation du lapin qui depuis quelques semaines lui faisait immanquablement penser à Evelyn Foster.

« Ne t’inquiète pas pour cela .. Je t’ai promis de découvrir pourquoi Hamilton a agi ainsi… Et puis c’est bien connu, les hommes sont tous des lapins en moins performants… » railla Veronica pour détendre l’atmosphère

Shona la remercia d’un sourire et se leva.

« Encore merci Veronica… »

Veronica acquiesça et regarda partir Shona, pensive, le calepin toujours en mains.

Oui qu’est-ce qui peut pousser un étudiant brillant et pugnace à baisser les bras et à tomber dans l’enfer de la poudre blanche? A mourir d’une overdose avec sa petite amie… Sans raison apparente... au premier regard.

***


Meredith Johnson, après quelques minutes d’une marche rapide, s’arrêta devant la porte d’un bureau. Dessus était inscrit un nom et une fonction : « Evelyn Foster, doyenne ». A l’intérieur du bureau, pas un bruit. Mrs Johnson sortit un petit miroir de son cartable, vérifia que tout était en ordre, et demanda :

« Miroir, mon beau miroir, qui est la plus maligne ? »

Un sourire diabolique naquit sur ses lèvres. Elle replaça le miroir dans son cartable et s’apprêtait à toquer lorsqu’elle entendit du bruit dans le bureau de la doyenne. Bizarre, elle aurait juré que le silence était total une minute plus tôt… La porte s’ouvrit et fit place à un Keith Mars surpris.

« Bonjour Meredith…
- Bonjour Keith
, sourit-elle en lui tendant la main. Comment allez-vous ?
- Très bien, très bien… Veuillez m’excuser, je suis pressé. »


Il se tourna vers l’intérieur du bureau, laissant Meredith contempler son crâne dégarni tandis qu’il saluait la doyenne.

« Je vous remercie une fois encore pour vos conseils Mrs Foster… Je vous tiens au courant du cas de cette étudiante les jours prochains… »

Il se retourna et, avec un sourire, s’éclipsa. Meredith le suivit des yeux, pensant qu’un ancien shérif pourrait être une belle prise une fois qu’elle en aurait fini avec Dick Casablancas… Certes, le bonhomme n’entrait pas dans les canons de la beauté, mais à y regarder de plus près, il avait un certain charme…

« Vous vouliez me parler Mrs Johnson ? »

La voix orageuse de la doyenne la sortit de sa rêverie.

« Oui, excusez-moi Mrs Foster… »

Elle entra et referma la porte derrière elle.

« Je dois vous annoncer quelque chose… »

***

Générique

***

Dans son nouveau bureau réagencé avec soin depuis le départ de Keith, i-pod sur les oreilles, Veronica se dandinait au rythme de la musique.

 

Boyfriend - Ashlee Simpson


En chantonnant, elle faisait le tri dans le matériel nécessaire à son escapade au Moonlight puis à la planque qui s’annonçait éventuellement ensuite : pc, appareil photo, barres chocolatées, thermos. Il ne lui manquait qu’une chose…
L’arrivée de celle–ci se manifesta sous la forme d’une vibration de son téléphone. Elle  le sortit de sa poche et sourit à la lecture du nouveau message :

« Encore le jet lag ou tu comptes me poser un lapin ... rose ? Je t’attends. W ou le BFF désabusé »

Elle attrapa vivement son sac, se précipita vers la porte et se heurta au visiteur qui venait de surgir derrière elle.

« Aie, s’écria Veronica en retirant ses écouteurs.
- Ouch, tu veux vraiment me tuer ou quoi ?


D’abord furibonde, Veronica aperçut le bras en écharpe de son visiteur et la colère laissa la place à une gêne teintée de surprise.

« Logan ! Mais que fais-tu ici aussi ?
- En tous cas vu ta douceur innée, c’est pas pour te recruter en tant qu’infirmière,
grimaça-t-il en se frottant l’épaule
- D’après mes souvenirs récents au clair de lune, tu as un faible pour les brunes, répondit-elle  sur la défensive
- Jalouse ? demanda Logan, un sourire narquois aux lèvres.

Veronica haussa les épaules et ne prit pas la peine de répondre.
Elle n’avait pas revu Logan depuis qu’elle lui avait tiré dessus. En proie à la culpabilité, sous le regard accusateur de la communauté de Hearst, elle n’avait néanmoins pas su mettre sa fierté de côté pour aller lui présenter ses excuses immédiatement. Et maintenant, elle ne savait comment réagir. Avait-elle vraiment crû que ce serait possible d’éviter Logan Echolls durant toute sa vie universitaire ?

"Non tout ça c’est fini, sorti de notre vie pour toujours."

Logan se tut un instant et fixa Veronica qui ne réagit pas.

"Non à défaut d’infirmières, j’aurais besoin des services d’un bon détective.
- Une histoire sans fin ... Comme quoi, les années se suivent et se ressemblent irrémédiablement, soupira Veronica en regardant sa montre.

« D’ailleurs je suis débordée et Wallace m’attend »
- C’est vrai que toi derrière les barreaux ça devient récurrent ... mais  si je suis ici c’est pas pour moi ! Si c’est pas une nouveauté ça ! ironisa Logan

Veronica n’avait vraiment pas le temps d’aborder cet incident maintenant. N’avait-elle pas d’ailleurs prouvé son innocence?  
Elle lui jeta un regard noir et alla pour le contourner mais Logan s’interposa.

"Veronica s’il te plait, Dick a merdé.
- Décidément rien de nouveau sous le soleil d’Hearst!
- C’est sérieux… Il a eu une liaison avec une prof … il s’en est vanté, la meilleure défense étant l’attaque, c’est elle qui l’accuse de harcèlement sexuel. Une enquête est en cours et il a été renvoyé provisoirement de l’université … en attendant de l’être définitivement si tu l’aides pas. C’est pas pour ce qu’il aime les études mais il est innocent…
- C’est sûr qu’on lui donne le bon dieu sans confession à ton ami ... qui a même pas le courage de venir lui même,
ricana Veronica
- Je le crois !
- Evidemment !"
répondit-elle agacée en réajustant son sac sur l’épaule

Logan retint le mouvement du bras de Veronica de sa main valide.

-Ecoute-moi pour changer ! Je le crois car Meredith...

Veronica tiqua à l’évocation du prénom d’une des plus belles et  plus brillantes femmes de l’université.

" ... est mon prof depuis l’an dernier et je peux t’assurer qu’il y a des regards et des petites phrases qui ne trompent pas.
- Meredith , intimes je vois !,
railla Veronica.
- C’est elle qui m’a demandé de l’appeler comme cela lorsqu’elle m’a raccompagné chez moi…
- Ah oui très intimes …
l’interrompit-elle, piquée au vif.

Logan ignora sa remarque et poursuivit, ravi néanmoins de la tournure que prenait la conversation.

"J’ai bien hésité à t’appeler pour que tu me raccompagnes quand ma voiture est tombée en rade mais j’étais pas sûr que Piz apprécie que je te fasse le coup de la panne"

Il l’observa quelques instant et sourit à la mine renfrognée de Veronica.

"D’ailleurs je ne regrette pas … j’ai toujours préféré les femmes en cabriolet rouge aux tireurs d’élite en SUV !" la taquina-t-il

Veronica, meutrie, pâlit sous la remarque mais, sans lui laisser le temps de répondre, Logan enchaîna sérieusement :

« Aide-le Veronica »

Le téléphone de Veronica vibra de nouveau . Veronica jeta un coup d’œil au nouveau message qui venait d’arriver :  une beuglante de Wallace qui en avait marre d’attendre

- Faut que j’y aille.

Le visage fermé, elle se dirigea en silence vers la sortie suivie de Logan qui leva les yeux au ciel.
Sur le pas de la porte, elle ajouta sans se retourner:

"Ok j’accepte. De toute façon, j’ai pas vraiment les moyens de refuser des affaires non plus.

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Logan.

                                                      ***

Quelques heures plus tard, Veronica et Wallace entraient au Moonlight, bar estudiantin fréquenté principalement par la classe moyenne de Neptune.

« Là-bas, il y a une place » proposa Veronica en pointant une table du doigt.

Trop tard, Wallace s’était déjà installé à une autre table, certes couverte de détritus, mais qui avait l’immense avantage de se situer juste au-dessous d’un téléviseur branché sur MTV. Veronica jeta un œil à l’écran et poussa un petit soupir.

Forcément, pourquoi s’embêter à discuter avec sa meilleure amie lorsqu’on peut reluquer Rihanna se pavanant sur Unfaithful ?

Elle rejoignit donc le jeune garçon et s’installa à ses côtés. Elle l’observait avec un sourire amusé et, au bout de quelques secondes, Wallace sentit le regard de sa meilleure amie sur lui.

« Quoi ? lui demanda-t-il en tournant la tête.
- Je me demandais juste si ça te plairait qu’on ait une conversation de mecs. Tu sais du genre… »

Elle contracta son visage pour se donner un air dur et continua d’une voix tornitruante :

« Tu la trouves pas chaude toi la Rihanna ? Moi j’la mettrais bien dans mon lit… Tu veux une bière ?
- C’est avec Piz que j’avais ce genre de conversations
, répondit Wallace. Malheureusement pour moi, quelqu’un s’est chargé de l’envoyer à l’autre bout du pays… »

Le visage de Veronica se défit et elle regarda avec tristesse et incompréhension Wallace. Se rendant compte que l’ironie de ses propos avait accidentellement blessé son amie, il poursuivit plus sur un ton nettement plus explicite :

« Mais bon, l’avantage c’est que maintenant je l’ai pour moi tout seul la Rihanna ! »

Et il lui fit un clin d’œil. Veronica, soulagée, gloussa. A cet instant, une jeune serveuse s’approcha d’eux et commença à débarrasser leur table.

« Qu’est-ce que vous voulez ?
- Deux cafés s’il vous plaît … et un renseignement. »


La serveuse désagréable ne prit pas la peine d’interrompre sa tâche ; elle se contenta de demander :

« De quel genre ?
- Du genre, reconnaissez-vous le garçon sur cette photo ? »


Veronica tendit une photo d’Hamilton et Emma à la serveuse. La réponse fut immédiate :

« Ouais, j’le connais. C’était un régulier. Il venait tous les jeudis après-midi avec une fille, mais pas celle de la photo. Mais là ça fait quelques semaines que j’les ai pas vus.
- Une fille ? Sa petite amie ?
- J’sais pas. J’suis pas du genre à épier les clients moi. Bon, deux cafés alors ?
- S’il vous plaît »


La serveuse récupéra son plateau et s’éloigna. Veronica plissa les yeux, perdue dans ses pensées.

Un rendez-vous hebdomadaire dans un café avec une fille qui n’était pas sa petite amie officielle… Ca sent effectivement la tromperie tout ça… Est-ce là ce qui faisait culpabiliser Hamilton et ce qui l’a poussé à se droguer ?

Elle remarqua alors que Wallace n’avait toujours pas détaché son regard du téléviseur.

« Wallace, s’il te plaît, remonte mon estime pour les hommes en me montrant que tous ne sont pas guidés purement et simplement par leurs hormones…
- Ah les clichés…
soupira Wallace. Tu vois, c’est pour ça que j’aime bien cette chanson, parce que c’est un pas un vieux stéréotype créé de toutes pièces par les suffragettes
- Et accessoirement parce que Rihanna s’y dandine
, se moqua la jeune fille.
- Non, ça c’est dans « Umbrella » !
- Si tu le dis… Je ne suis pas spécialiste !
confessa Veronica avec une pointe d’ironie.
- Mais pourquoi vous les filles pensez-vous que ce sont les mecs qui trompent leur copine ? Regarde, est-ce que j’ai déjà trompé quelqu’un moi ?
- Oui mais toi tout le monde sait que tu es une race en voie d’extinction….
- Bon alors cite-moi un gars qui ait trompé sa copine dans notre entourage ! »
la défia-t-il.

Instantanément, le regard de Veronica s’assombrit, ce qui agaça Wallace.

« Ah non, me parle pas de Logan ! Il a peut-être couché avec Madison Sinclair, mais vous étiez plus ensemble, y’a pas eu tromperie !
- Pas au sens propre en tous cas…
- Il pourrait dire la même chose de toi et Duncan alors !
- Ca n’a rien à voir !
s’anima-t-elle. Bon, passons.
- Ok ! Alors vas-y, cite-moi un autre gars qui ait trompé sa copine ! »


Veronica fit le tour de ses connaissances masculines dans sa tête.


Donc Logan ne compte pas… Duncan ? Fidélité incarnée. Enfin autant que je sache… Wallace ? Idem. Weevil ? Je ne connais pas grand-chose de sa vie sentimentale, donc… Dick ? Lui il les enchaîne, c’est différent…

Se rendant parfaitement compte qu’elle était dans une impasse, elle s’agaçait toute seule sous le regard amusé de Wallace qui reprit :

« Passons aux filles maintenant… Jakie est sortie avec Dave au début de notre relation… A ce que j’ai compris, Lilly faisait plus de cochonneries avec ses amants qu’avec Logan ! Et, excuse-moi, mais il ne faudrait pas non plus oublier ta mère où on n’est pas sûr que…
- Stop ! »
le coupa Veronica, légèrement agacée.

Il y a bien longtemps que je n’ai plus une once d’estime pour ma mère… Mais inutile de raviver les sujets douloureux.

« Je m’avoue vaincue, quelle récompense veux-tu ? demanda Veronica pour détendre l’atmosphère.
- Juste le droit de savourer le clip jusqu’à la fin, sans être interrompu j’entends! » plaisanta Wallace

Veronica abdiqua et laissa donc Wallace replonger dans le décolleté de Rihanna. Soudain, une illumination fit naître un sourire triomphant sur les lèvres de la jeune fille.

"Mais au fait, tu n'aurais pas embrassé Jackie pendant que tu sortais avec Jane toi?"

Wallace grimaça et leva les yeux au ciel.

"J'ai vraiment crû l'espace d'un instant que tu avais oublié..."


                                                      ***

Après avoir jeté un coup d’œil à droite puis à gauche, Veronica glissa la clé dans la serrure et se glissa discrètement à l’intérieur du bureau. Elle referma doucement la porte sur laquelle on pouvait lire "Evelyn Foster".

Grâce à Weevil, Veronica savait que la doyenne partait tôt le jeudi et du coup les femmes de ménage s’empressaient de nettoyer cette pièce avant de s’attaquer au reste de l’établissement... Ou plus exactement d'en profiter pour prendre une longue pause... Ses yeux remarquèrent immédiatement un chariot abandonné, ce qui confirma une fois de plus la fiabilité des informations de Weevil.

Le chat parti, les souris dansent ... soit ! Mais y’a du relâchement dans l’air !

Elle se dirigea en habituée vers le meuble derrière le bureau. C’était là que des générations de O'Dell et de Foster classaient avec beaucoup de soin les dossiers administratifs de leur fief. Elle ouvrit le tiroir marqué J/K et après avoir passé quelques dossiers, en retira un, un sourire de satisfaction aux lèvres. Elle le compulsa rapidement et s’arrêta net sur un feuillet rose. Elle fronça les sourcils, perplexe devant ce qu’elle lisait.

Le bruit de talons claquant dans le couloir sortit Veronica de sa réflexion. Elle repoussa hâtivement le tiroir et observa  paniquée la pièce à la recherche d’une échappatoire. Elle vit la poignée tourner. Elle eut juste le temps d’attraper le chariot.
Evelyn Foster était sur le pas de la porte, le détaillant de la tête aux pieds.



« Que faites-vous là ? » tança la doyenne
- Que voulez-vous que je fasse ? Le ménage pardi ! Ca ne se voit pas ? répondit Veronica en haussant les épaules
- Dans cette tenue ???? Vous vous moquez de qui Mademoiselle je-n-ai-pas-appris-la-politesse ? s’insurgea Evelyn Foster
- Oh ! fit Veronica en mettant sa main devant la bouche et en roulant des yeux. Figurez-vous qu’on a osé me voler ma tenue de travail… Alors je me suis dit : Ma petite, c’est pas une blouse qui va t’empêcher de remplir ta mission !

Veronica se tut un instant puis reprit d’une voix craintive :

"Vous auriez préféré que je laisse votre bureau sale comme il était ?"

Evelyn Foster se pinça les lèvres sous la remarque désobligeante.

"Vous allez me faire renvoyer pour cela ?"

La peur que put lire la doyenne à ce moment-là dans le regard de Veronica n’avait rien de feinte. La jeune femme se demandait vraiment comment elle allait pouvoir se sortir de ce mauvais pas. Evelyn Foster n’était pas le genre à se faire duper facilement.

C’est alors qu’une mélodie s’échappa du sac qu’elle portait à l’épaule. Elle regarda dubitative Veronica et d’un geste de la tête la congédia.

Veronica ne demanda pas son reste, elle tourna les talons prestement et sortit du bureau en poussant son chariot salvateur.

                                                      ***

A peine la porte passée, Veronica poussa un soupir de soulagement.

« Hey Paquita ! »

Elle se figea et tourna lentement sur elle-même en mettant les mains dans ses poches.

« Paquito ! Quelle bonne surprise !
- Ma dernière enquête t’a tellement epoustoufflée que tu as décidé de jeter l’éponge ! Enfin la ramasser … 1 seul P.I pour Neptune c’est ça?
- Mmmm... j’ai décidé de me mesurer à toi sur ton propre terrain, enfin propre façon de parler..."

Ils se regardèrent en souriant.

« Tu peux m’expliquer ce que tu fais avec ce bolide ? » questionna-t-il tout en jetant un coup d’œil vers la porte du bureau de la doyenne.
- Secret professionnel … si je te le dis tu vas me battre ! lui repondit-elle en mettant son index sur la bouche.
- En tous cas, je suis content de voir que tu te féminises avec les années… Je commençais à m’inquiéter pour toi… Comment trouver un mari quand on manie mieux le taser que le balai ?
- Ah je croyais qu’il suffisait de s’inscrire à l’université et que c’était le cadeau bonus attaché au diplôme ?
- Publicité mensongère ! Faut trimer Paquita ! Y’a que ça de vrai !
- C’est toi qui me dis ça ?
railla Veronica.
- Eh oui regarde-moi … lui dit-il en lui montrant sa tenue de maintenance… Allez je pense qu’il doit te rester un amphithéatre à faire par là en lui adressant un petit clin d’œil.

Veronica lui sourit, reconnaissante, en poussant le chariot dans la direction indiquée par Weevil. Il baissa la tête et répondit à son sourire puis partit dans la direction opposée.

Aucun des deux n’avait remarqué Kenny qui les observait, tapi dans l'ombre du couloir.





***

En sortant de voiture, Veronica s’arrêta quelques instants afin de contempler le coucher de soleil sur l’océan. Vivre sur la marina avait définitivement ses avantages… Veronica jeta un œil à sa montre et esquissa une grimace.

17 heures ! Je ne sais pas pour vous, mais moi, sortir à peine de cours et devoir aussitôt affronter la pénombre, ça me fout le bourdon…

Elle poussa un soupir et s’empressa de rentrer. Sur le bar de la cuisine américaine, Mac était totalement absorbée par la découverte d’un nouveau logiciel. Veronica avait déjà retiré manteau et bottes lorsque sa colocataire daigna remarquer sa présence.

« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Mac.
- Rien ! s’étonna Veronica en s’affalant sur le canapé. Pourquoi ?
- Tu as mauvaise mine…
Because you had a bad day ? »

Veronica rigola.

« Quoi ?
- Rien, ça me rappelle des souvenirs, c’est tout… Pour répondre à ta question, pas une mauvaise journée. Enfin, pas vraiment… Disons juste qu’il est 17 heures et que j’espère vraiment avoir eu ma dose d’adversité et de ridicule pour la journée…
- Veronica, tu parles chinois là…
- C’est bien, comme ça tu vois un peu ce que je ressens lorsque tu commences à parler informatique ! »


Les deux filles éclatèrent de rire. Veronica entreprit alors d’éclaircir son propos et raconta à sa meilleure amie comment elle s’était introduite dans le bureau de la doyenne, avait imité une femme de ménage lorsque cette dernière l’avait découverte, et s’était finalement parée de ridicule face à Weevil. Elle croisa alors les mains et demanda, suppliante, à Mac :

« Crois-tu qu’il me reste une ultime petite chance, même minime, même infime, pour que je ne sois pas convoquée dans le bureau de la doyenne d’ici la fin de mes études ? Histoire qu’elle ne réalise pas le pot aux roses ?
- Hum… Tu veux vraiment que je réponde à cette question ? Parce que notre coloc’ se passait plutôt bien jusqu’à maintenant… »


Et elles rirent à nouveau. A les voir, il paraissait évident que leur colocation se passait mieux que « bien ».

« Et pour quels beaux yeux t’es-tu fourrée dans cette galère ? interrogea Mac.
- Ah bon, tu trouves qu’il a de beaux yeux toi maintenant ? »
sourit Veronica.

Face à la perplexité de son amie, elle soupira :

« Tout ça, c’était pour Dick Casablancas… »

Mac en resta coite quelques instants. La surprise passée, elle pouffa de rire. Veronica leva les yeux au ciel, désespérée.

Et voilà, je me suis une fois de plus tournée en ridicule....


***



Les mains sur le volant, Veronica regardait l’entrée de l’immeuble. Rencontrer Logan et Dick dans leur antre n’était certes pas inédit mais c’était la première fois qu’elle venait au nouveau loft des garçons. Elle observa quelques instants le standing de l’immeuble et secoua la tête.

« Décidément, nous n’avons vraiment pas les mêmes valeurs »

Après une petite tape sur le volant, elle sortit et traversa la rue en courant.

Quelques instants plus tard, elle frappa énergiquement à la porte. Elle entendit des rires masculins puis la porte s’ouvrit laissant apparaître Dick qui s’arrêta net en la voyant.

« Ah c’est pas le dessert que j’avais commandé ! » se contenta-t-il de dire .
- Ah y’a aussi un room service ici ? dit-elle en rentrant dans le salon de l’appartement.

Logan vautré en face d’elle dans le canapé lui adressa un petit sourire en la saluant de la tête. Elle répondit par un petit sourire contraint.

« Hum simplement pour les petites douceurs digestives… » répondit Dick en s’asseyant à coté de Logan.

Dans un soupir, elle prit place en face des deux hommes.



« Bon alors Dick, raconte-moi tes exploits »
- Comme ça sur un divan, c’est fou tout ce que tu sais faire Veronica. Une vraie Tracy ...

Logan tapa du coude son ami qui se mordit les lèvres
-Si tu n’as pas besoin de moi Dick, je m’impose pas! dit-elle en se relevant.
-Excuse-moi, murmura Dick entre ses dents. Je suis dans la merde… Que veux tu que je te dise ?
-Commence par le commencement  …
-Tout a débuté au Moonlight…

Dick s’agita sur le canapé tandis qu’il essayait de se remémorer cette soirée arrosée.

 Accoudé au bar, il racontait à ses acolytes d’un soir le choix de sa nouvelle voiture. Tout y passait : la couleur, les options, le prix et surtout le critère de choix suprême, la jolie vendeuse.

« La couleur de l’argent, c’est celle que je lui donne. »

Au bout du bar, une jeune femme rousse le regardait attentivement.

« Tournée générale » cria-t-il.

Il prit un nouveau verre et au moment où il allait le porter à ses lèvres, il l’aperçut lever son verre en sa direction pour porter un toast. Après un court instant de surprise, il répondit tout sourire à son geste.

Des jeunes gens se bousculèrent devant le bar et la jolie rousse disparut de son champ de vision. Il la chercha du regard et fut agréablement surpris de la découvrir juste devant lui…
Elle s’accouda à côté de lui.

« Merci  pour ce verre… Geste généreux… »
- Offrir un verre à une belle femme … j’aime être généreux
- Et l’offrir à tout un bar ?
- Quand on a les moyens…
- Vous n’êtes pas un étudiant qui a du mal à joindre les deux bouts alors ?
- Pas vraiment non, je suis un dilettant qui aime profiter de la vie…


Meredith sourit discrètement et se tourna vers lui.

- Ah... et que faites-vous alors… le jour ?
- Je suis un entrepreneur,
dit-il en se penchant un peu plus vers elle… Je gère mes plaisirs et je paye un banquier pour qu’il fasse en sorte que j’ai à me préoccuper de rien
- J’aime les entrepreneurs ,lui chuchota-t-elle, les yeux plongés dans les siens, un sourire mutin sur les lèvres. /


« Tu savais que c’était Meredith Jonhson ? » lui demanda Veronica à la fin de son récit.
- Bien sûr ! Quel mâle normalement constitué à Hearst ne connaît pas le prof le plus sexy de de toute la cote Ouest, hein Logan ?"

Veronica jeta un coup d’œil réprobateur à son ex qui leva les yeux au ciel.

"Et tu lui as jamais dit que tu étais étudiant ?
- Bah, elle a pas demandé et finalement nous parlions assez peu
… dit-il tout sourire en bombant le torse, savourant les images qui affluaient devant ses yeux.

Les bras sous la nuque, il récupérait son souffle allongé à côté de Meredith.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
- Et si nous nous évadions ?
susurra Meredith.
- De cette jolie cellule ? répondit-il en observant la chambre de Meredith
- Pour prendre encore plus de plaisir… Un petite virée en tête à tête dans la ville de tous les vices …lui murmura-t-elle à l’oreille.

Veronica soupira en voyant le sourire béat de Dick à l’évocation de ses parties de jambes en l’air et continua son interrogatoire.

" Vous avez été à Las Vegas ?
- Oh oui… Jackpot ! Ca, elle sait jouir de la vie… Champagne à flot, machines à sous et Kamasutra comme livre de chevet… Que veux-tu V, je suis l’homme de tous les plaisirs … irrésistible !"

Logan ricana, ce qui agaça Veronica.

"A part ton compte en banque Dick, je vois pas ce que tu as d’irrésistible…
- V. vénale ? Tu m’avais caché ça!"
grinça Logan entre ses dents.

Une idée venait de germer dans l’esprit de Veronica

" Don Juan, tu es sûr que la décapotable c’était sa voiture ?"

Logan acquiesça de la tête

" De ce que j’ai vu de sa feuille de paye, et de celle de mon père, un prof n’a pas les moyens de se payer un tel bolide. Je vais voir ce que je peux trouver sur ses comptes" réfléchit-elle à voix haute.

Elle sortit son PC pour lancer ses recherches. Ce qu’elle trouva sur le train de vie du jeune professeur était édifiant. Et un quart d’heure plus tard, la preuve était faite : Meredith Johnson vivait bien au-dessus de ses moyens.

« Dick je suis désolée mais tes atouts auprès du corps professoral sont de l’ordre financier … et tu ne dois pas être le seul pigeon à t’être fait plumer… Mais pour sauver ta peau, reste à le prouver… »

Un silence pesant tomba sur les trois étudiants. Ce fut Logan qui le brisa.

"J’ai une idée"
.



                                                       ***

Le lendemain matin, lorsque Veronica pénétra dans la cuisine en se frottant les yeux, Mac et Maria étaient déjà en train de petit-déjeuner. Elles étaient toutes deux fin prêtes pour une nouvelle journée de cours, si bien qu’elles lancèrent un regard noir à Veronica, encore en pyjama.

« Hé ! s’exclama Veronica. Ok j’ai pas cours le vendredi matin mais qu’est-ce que j’y peux ? Et puis vous voyez, je suis déjà debout, alors que je me suis couchée il y a seulement cinq heures !
- Ne compte pas sur moi pour avoir pitié d’une fille qui fait la java le jeudi soir et qui se plaint de devoir se lever pour promener Back-Up sur la plage !
maugréa Mac.
- Je n’ai pas fait la « java » comme tu dis, et je vais pas me balader sur la plage… se défendit Veronica. Et je vais à Hearst ce matin, alors rentrez les griffes Cat’s Eyes !
- Tu vas à Hearst ? s’étonna Maria tandis que Veronica se versait des céréales dans un bol. Tu vas bosser à la bibliothèque ?
- Non.
- Ne me dis pas que tu vas retrouver ton chevalier servant ? Tu nous le dirais hein ?
- Sûrement pas, j’aurais trop peur que tu me le piques ! »


Face à la mine outrée de Maria, Mac et Veronica sourirent. La belle hidalgo saisit la plaisanterie et se détendit.

« En parlant de chevalier servant, reprit Mac, j’ai vu Logan ce matin sur la plage…
- Ah ah… Fais attention Mac, c’est ton sens de l’humour qui risque de gâcher la coloc’…
- Non mais je te rassure, il a visiblement changé de bord ! »


Veronica avala sa cuillérée de céréales de travers. Mac rit et avoua :

« Je plaisantais Ronnie ! C’était juste histoire de dire que je l’ai vu surfer ce matin, avec un type que je n’avais jamais vu. Enfin je crois… »

Veronica fronça les sourcils.

« De quoi avait-il l’air ?
- Il était loin, je l’ai seulement entraperçu… Je peux juste te dire qu’il était plutôt grand et qu’il avait les cheveux châtains. »


Veronica sourit et murmura :

« Il y est allé…
- Quoi ? demanda Mac.
- Non rien, je parle toute seule…
- Mais si, ça m’intéresse ! »


Heureusement, le ciel vint en aide à Veronica : son téléphone portable se mit à sonner. Elle fit un clin d’œil espiègle à Mac.

« Tu ne t’en sortiras pas comme ça ! Là on doit filer, mais tu me raconteras tout ce soir, de gré ou de force ! » avertit Mac en saisissant sa veste.

Veronica sourit et décrocha.

« Bonjour chérie ! lança une voix familière. Dis donc, tu ne donnes plus beaucoup de nouvelles à Papa Oiseau ces derniers temps !
- Peut-être parce que Papa Oiseau n’est pas venu voir Petit Oiseau Blanc lorsqu’il était en cage ?
- Veronica, je me suis déjà expliqué à ce sujet… J’étais en train de gérer le problème, mais autrement.
- Je sais, je sais… Tu faisais marcher tes relations…
- On peut dire ça comme ça, oui.
- En tous cas, on ne peut pas dire que ça ait marché. Hearst ne comptait pas retirer sa plainte jusqu’à ce que je lève le voile sur l’accident…
- Il y avait de gros enjeux derrière tout cela Veronica. Il fallait préserver l’image de l’université coûte que coûte… Mais je peux t’assurer qu’ils auraient retiré leur plainte tôt ou tard, une fois que les parents fortunés auraient oublié toute cette affaire…
- Tu me l’as déjà dit,
soupira Veronica. De toute façon je plaisantais, je ne t’en veux pas. C’est juste que j’ai beaucoup de travail ces temps-ci…
- Trop pour venir dîner à la maison ce soir ? J’aimerais te présenter quelqu’un…
- Quelqu’un ou quelqu’une ?
taquina Veronica.
- Quelqu’une… »

Un voile couvrit les yeux de Veronica. Même à vingt ans, cela lui faisait encore un petit quelque chose lorsque son père se lançait une nouvelle histoire… Sérieuse, visiblement, puisqu’il voulait la lui présenter. La différence par rapport à ses dix-sept ans, c’est qu’elle n’espérait désormais plus retrouver une famille traditionnelle. Surtout pas, d’ailleurs… N’importe quelle femme plutôt que sa mère !

« Mariée ?
- Non.
- Bon, à quelle heure ce dîner ? »

***
Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? - Lady Marmelade

Assise derrière son bureau, Evelyn Foster étudiait le dossier Jonhson/Casablancas. Elle hésitait sur la manière la plus appropriée pour approfondir cette enquête. En effet, elle ne voulait pas jeter de discrédit sur aucune des deux parties.

Elle aperçut une ombre massive à travers la porte.

Avant que le visiteur n’eut le temps de toquer, elle répondit:

« Entrez ! »

L’ombre marqua un temps d’arrêt avant de pousser la porte.

« Ah M. Casablancas, je ne suis pas sûre que cette visite soit opportune avant la commission de la semaine prochaine
- J’ai quelque chose à vous montrer qui peut aider à prouver mon innocence.

Il sortit une cassette. La doyenne le regarda dubitative puis jeta un coup d’œil au dossier qu’elle avait sous les yeux. Peut-être que finalement c’était le signe qu’elle attendait ? Elle ferma prestement la chemise cartonnée.

"Soit, nous allons regarder cela."

Elle lui indiqua le placard où se dissimulait la télé léguée par le précédent locataire des lieux. Mais cette fois-ci ce n’était pas pour regarder de la boxe mais un échauffement d'un sport plus répandu...

Dick inséra la vidéo et après quelques instants, l’image apparut à l’écran.

On pouvait y voir Logan Echolls boire un verre accoudé à un bar. Une femme s’approcha de lui et l’accosta. Les voix grésillaient mais les paroles étaient audibles.

« Bonjour Logan
- Mrs Johnson.
- Tu sais bien que tu peux m’appeler Meredith."
 

Elle posa sa main sur son épaule bandée.

"Ca ne te fait pas trop souffrir ?"

Logan grimaça légèrement et la regarda intensément dans les yeux.

"Ca va, il me faut juste des soins et de la douceur
- Ah … tu as trouvé une infirmière à ton goût ou la place est encore à prendre ?
- La personne qui s’est dévouée fait de son mieux..."

Meredith grimaça.

" ... mais je dois dire que la douceur n’est pas son fort … un peu trop viril pour moi.

Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle se rapprocha de lui et lui murmura quelque chose à l’oreille. Logan rit et répondit:

"Vraiment mais ce n’est pas une proposition indécente ? la questionna-t-il droit dans les yeux.
- Je nierai te l’avoir dit si cela était révélé", répondit-elle dans un rire de gorge

Logan enlaça la jeune femme et ils se dirigèrent vers la sortie.

Dick arrêta la diffusion et se tourna satisfait.
Mais Evelyn Foster le toisa du regard.

« Et alors ? Ce n’est pas parce que Meredtih Johnson est  professeur qu’elle n’ a pas le droit d’avoir une vie privée !
- Mais, mais...
bredouilla Dick surpris, mais c’est Logan Echolls ! C’est un de ses élèves ! Vous pouvez vérifier. Elle était déjà son professeur l’an dernier ! s’insurgea-t-il

Devant l’émotion de Dick, le doute s’insinua dans l’esprit de la doyenne. Sans un mot, elle  se dirigea vers le meuble derrière son bureau et après avoir fouillé quelques minutes, en sortit le dossier de Logan Echolls .

Elle l’ouvrit et fronça les sourcils à la lecture de celui-ci.
Dick l’observait en silence, n’osant bouger, de peur de se faire décapiter par l’épée de Damoclès suspendue au dessus de sa tête.

« Très bien vous dites vrai … mais en quoi cela peut-il vous aider ? »
- Logan est mon meilleur ami. Il a accepté de lui tendre un piège pour prouver mon innocence... Elle lui tourne autour depuis que sa fortune est parue dans un magazine l’an dernier…."

Il déglutit.

" Elle s’est intéressée à moi quand j’ai évoqué mes folles dépenses et mon compte en banque garni … vous pourrez vérifier mes dires … tout bon détective privé vous le confirmera : Meredith Jonhson vit bien au dessus de ses moyens…

                                                      ***

Dick referma la porte derrière lui et, penaud, fit quelques pas dans le couloir. Au croisement, deux bras l’agrippèrent et l’entraînèrent dans un coin obscur.

« Alors ? »
demanda Logan, visiblement anxieux.

Mais Dick regardait ses chaussures avec obstination.

« Alors ?
s’impatienta Veronica.
- Alors…
murmura Dick, les yeux rivés au sol. Alors c’est bon ! » exulta-t-il en faisant un bond en l’air.

Les deux jeunes gens se tapèrent dans les mains tandis que Veronica soupirait en levant les yeux au ciel. Depuis la veille, elle était contrariée.

« C’est malin…
rouspéta-t-elle.
- Mars, ne gâche pas l’élan d’estime que j’ai pour toi en ce moment…
- Qu’a dit la doyenne ? »
interrogea Logan.

Dick fronça les sourcils pour se donner un air dur et adopta une voix sèche :

« Monsieur Casablancas, les preuves s’avèrent tangibles et aucun doute ne plane plus sur votre innocence. Les poursuites sont suspendues, vous êtes réintégré. Et vous pouvez compter sur moi pour rendre à Meredith Johnson la monnaie de sa pièce… »

Il reprit sa voix naturelle et s’adressa à Veronica :

« En fait, ça veut dire quoi « tangible » ? »

Veronica soupira à nouveau, mais les idées de Dick voguaient déjà ailleurs. Il prit son meilleur ami par l’épaule, ne réalisant pas que Logan grimaçait sous la douleur, et lui dit mi-sérieux mi-plaisantin :

« Merci mec, je sais pas ce que j’aurais fait sans ton aide. Je te revaudrai ça tu sais !
- Tu m’étonnes… »
le coupa Veronica.

Surpris, Dick tourna vivement la tête vers la belle détective. Logan en profita pour se défaire de son étreinte et se massa frénétiquement l’épaule. Veronica reprit, farouche :

« Tu ne me feras pas croire que se laisser séduire par une splendide jeune femme est le pire des sacrifices sur l’autel de l’amitié…
- Vous êtes allés à l’hôtel ensuite ?
se récria Dick en fixant Logan. Tu me l’avais pas dit ça ! Mais bon, je t’en veux pas, je crois qu’on peut officiellement dire que Meredith et moi c’est terminé ! Mais fais gaffe : les « supers secrets », ça peut être dangereux…
- Merci pour ton indulgence et tes conseils Dick, mais un « autel », c’est la table sur laquelle on fait les sacrifices… »  
expliqua Logan avec un sourire moqueur.

Le sourire de Dick s’évanouit :

« Ah... »

Il retrouva son attitude joviale :

« Mais les tables c’est pas mal non plus tu me diras ! »

Veronica gonfla ses joues d’air, qu’elle expira peu à peu entre ses lèvres avec un petit bruit. Logan la regarda, amusé, puis se tourna vers Dick.

« Je suis vraiment très heureux pour toi Dick. Mais tu ne devais pas rejoindre une fille là ?
- Bah non ! »
s’étonna le jeune surfer blond.

Logan pencha un peu la tête, ouvrit grand les yeux et le fixa intensément.

« Ah si, c’est vrai !
s’exclama Dick d’un air convenu, tout en hochant la tête. Bon, ben j’y vais… »

Il s’éloigna mais, juste avant de tourner dans le couloir, il s’arrêta et fit volte-face :

« Au fait, merci Mars ! »

Il disparut. Veronica secoua la tête : Dick Casablancas était définitivement un cas incurable… Mais elle ne put approfondir davantage ses réflexions sur ce personnage haut en couleurs, car Logan se planta face à elle. Il avait ce regard si particulier, ce regard qui la transperçait de part en part. Ce regard sous lequel elle se sentait totalement nue, sans protection aucune.

« Merci Veronica »
dit-il simplement.

Elle rougit et tourna un peu la tête pour masquer sa gêne.

« De rien. De toute façon, tu ne m’as pas tellement laissé le choix…
attaqua-t-elle.
- Pourtant tu l’avais, le choix.
- « On a toujours le choix », c’est ça ? Mais que veux-tu, la culpabilisation marche bien sur moi : Lilly, le bus, Parker… »

Elle hésita avant de chuchoter :
« Le paint-ball…
- Tu n’as pas à culpabiliser pour le paint-ball... Et tu l’as brillamment prouvé.  
- Vraiment ?
se gaussa-t-elle en le dévisageant férocement. Pourtant, lorsque tu es venu me trouver à Mars Investigations, tu ne m’as pas vraiment donné l’impression de croire en ma bonne foi…
- J’y ai toujours crû,
murmura Logan. Bien avant que tu n’éclaircisses l’affaire... »

Le visage de Veronica se défit sous cet aveu. Logan et elle se regardèrent un instant et ils baissèrent les yeux au même moment.

« Mais ce n’était pas pour Dick que je te disais merci… »
reprit Logan en se donnant une contenance.

Veronica arqua un sourcil.

« Tu sais… Il m’a dit que c’était toi qui l’avais appelé pour qu’il vienne à mon chevet… Que tu l’avais appelé aussitôt sortie de prison… »

Veronica comprit et sourit.

« Je n’étais pas sûre qu’il pourrait, ni voudrait… Il y a un tel passif entre vous… Mais Mac m’a dit qu’elle t’avait vu surfer avec un inconnu aux cheveux châtains ce matin, et je me doutais bien qu’il s’agissait de lui…
- Oui, c’était bien lui…
- Qu’est-ce que tu as pensé lorsque tu l’as vu ? »

Le visage de Logan rayonna à la pensée de cet instant heureux. Il replongea dans ses souvenirs…



Le torse semi bandé et l’épaule immobilisée, les traits tirés, il était allongé sur le canapé, zappant de chaîne en chaîne grâce à sa main valide. On cogna trois fois fermement à la porte. Il se leva avec difficulté : chaque mouvement lui donnait l’impression qu’on lui arrachait un peu plus l’épaule. Il se dirigea vers la porte et l’ouvrit péniblement, grimaçant de douleur sous l’effort fourni. Il stoppa cependant net son geste en reconnaissant son interlocuteur. Sous l’effet de la surprise, il le dévisagea sans pouvoir articuler un mot. Puis, progressivement, l’expression de douleur s’effaça de son visage pâle et un demi-sourire naquit sur ses lèvres.

« Entre. »

Soulagé, le véritable Charlie Stone, son demi-frère, entra.



Logan revint à lui et regarda Veronica.

« Pas grand-chose, c’était tellement … irréel ! »

Il resta encore quelques secondes à sourire lorsqu’il réalisa combien il avait mis son âme à nu face à Veronica. Il n’avait pas prévu ça…

« Donc voilà, tout est dit »
conclut-il sèchement.

Veronica, surprise par ce retournement de situation, acquiesça lentement.

« Bon, eh bien peut-être à un de ces jours !
reprit Logan en s’éloignant à reculons. Mais bon, peut-être que cette fois-ci est la bonne : peut-être allons-nous vraiment sortir de la vie l’un de l’autre pour toujours !
- Espérons-le !
contre-attaqua Veronica, tandis qu’il tournait dans le couloir de droite.
- J’allais le dire ! 
l’entendit-elle crier.

***


Veronica regarda sa montre : 15h30.  Elle jeta un coup d’œil à l’intérieur de la salle du Moonlight. Plusieurs jeunes femmes patientaient seules à leur table. Elle se dirigea vers le bar et montra la photo d’Hamilton à la serveuse. Celle –ci lui montra une jeune femme blonde assise au fond de la salle qui tournait machinalement une paille dans son verre.
Elle s’approcha doucement et se râcla la gorge pour éviter de la surprendre

« Excusez-moi mademoiselle… »  

Malgré les précautions prises, la jeune femme sursauta. Veronica s’assit en face de la jeune femme.

« Connaissez vous ce jeune homme ? » demanda Veronica en lui tendant la photo.

Ses yeux s’embuèrent à la vue du cliché et dans un souffle à peine audible, elle murmura :« Hamilton »

" Qui êtes vous ? demanda-t-elle en triturant sa paille.
- Je suis Veronica Mars. Je travaille pour Miss Sho. Vous aviez rendez-vous avec Hamilton ?
- Cela risque d’être difficile désormais"
dit-elle la voix brisée

Veronica lui tendit un mouchoir.

" Vous savez donc…"

Elle acquiesça de la tête.

"J’ai l’agenda d’Hamilton .. Il avait rendez-vous régulièrement ici avec vous, S.Q ?
- Oui c’est moi Suzie Queen… Mais pourquoi travaillez-vous pour Shona ? Je ne comprends pas"

La jeune détective la regardait étonnée .

« Shona ? Vous connaissez Shona ?
- Bien sûr !

Veronica la regarda perplexe, ne comprenant pas pourquoi Suzie Queen connaissait Shona alors que Shona ne connaissait pas S.Q.

"Nous jouions ensemble enfants. J’ai grandi avec Hamilton. A l’époque je m'appelais Higgins.
- Hamilton et vous étiez proches ? Enfin je veux dire…"

Suzie se redressa vivement.

« Mais non qu’allez-vous imaginer, je suis mariée ! Non nous étions juste restés proches et nous avions conservé ce lien entre nous, ce rendez-vous ici pour parler"

Elle retint un sanglot.

"J’ai rien pu faire pour l’aider. J’ai bien vu qu’il était tracassé, nerveux … mais il voulait pas en parler … Il était anti drogues... Je comprends pas »

Elle regarda dans le vide, désespérée, en proie à la culpabilité.

« Shona non plus ne comprend pas… C’est pour cela qu’elle m’a embauchée. Pour expliquer… J’étais au lycée avec Hamilton… Je… Si quelque chose vous revient, je vous donne mon téléphone »

Veronica lui tendit sa carte que Suzie rangea dans son portefeuille avant de se lever.

« Je ne vois rien qui puisse vous aider. Il me disait juste que la vie ne faisait pas de cadeaux. Je pensais qu’il ruminait sa bourse perdue. Mais quand nous en parlions il me répondait toujours qu’il ne regardait pas en arrière. Et il ponctuait ses phrases de citations en latin.

Elle se tut, perdue dans ses souvenirs.

« Il adorait le latin. »

Elle rit doucement nerveusement.

« Vous voyez je ne peux vraiment rien pour vous… Que des souvenirs sans importance »

Veronica la remercia d’un sourire

« Je crois que je n’ai plus rien à faire ici désormais. Je passerai voir Shona quand ca ira un peu mieux. Au revoir »

Veronica regarda la jeune femme se faufiler entre les tables puis soupira en sortant son téléphone.

Encore une fausse piste …

Elle composa le numéro de Shona.

« Allo c’est Veronica … »

***


Dans un crissement de roue, Dick gara sa voiture à côté de Mac qui fut obligée de se pousser pour éviter que le bolide ne l’écrase.
Mac posa ses mains sur les hanches, visiblement agacée et attendit que Dick descende.

Comme à l’accoutumée, Dick s’avança vers elle, fier de sa plaisanterie.

- Pour une fois, tu ne pourrais pas faire quelque chose d’intelligent ?
- Quoi ? Tu m’insultes là ! Tu ne sais donc pas que mon cerveau est mon second organe préféré?
- Justement en parlant de ton organe numéro un … J’ai appris que tu étais obligé de payer maintenant ?
- Très drôle… On m’avait dit que la sorcière était de retour, je ne crois que ce que je vois. C’est bon je peux désormais porter la bonne parole.


Mac rougit. Le terme de sorcière l’avait blessée. Cela faisait-il écho aux années lycées où elle avait été souvent traitée, comme Veronica, comme une pestiférée ?
Une lueur de tristesse passa dans ses yeux tandis qu’elle se retourna pour monter dans son véhicule.

- Défoule-toi Saint Thomas, tes disciples t’attendent ! Tu vaux pas mieux que cela de toute façon !

Dick la regarda partir,les bras ballants le long du corps, ne sachant que dire pour la retenir.



***


Assise dans la cuisine du domicile parental, Veronica maugréa :

« C’est une mauvaise idée…
- Non ça ne l’est pas,
répondit Keith tout en continuant à découper ses légumes.
- Tu penses que ça ne l’est pas juste parce que c’est ton idée ! s’emporta la jeune femme.
- Réfléchis, comment ça pourrait être une mauvaise idée ? C’est des maths chérie : moi + idée = bonne ! »

Veronica se leva pour jucher le plan de travail.

« Je persiste à dire que les poivrons avec des carottes, ça ne passe pas ! conclut Veronica. Mais bon, c’est toi qui passeras pour un idiot face à ta « quelqu’une »… D’ailleurs, tu ne veux toujours pas me dire comment elle s’appelle ?
- Non.
- Son prénom au moins ?
- Non.
- Un indice alors ?
- Non. »

Veronica soupira.

« C’est nul…
- Chérie, tu es la digne fille de ton père… Si je te donnais un indice, tu réussirais à coup sûr à la démasquer…
- Ah ah ! Ca veut dire que je la connais alors ?
- Non, enfin pas que je sache. »


On frappa à la porte. Veronica joignit les mains, suppliante, et son père lui dit :

« Tu veux bien mettre tout ça au feu s’il te plaît chérie ? »

Veronica lui tira la langue. Les yeux rieurs, Keith s’essuya les mains et alla ouvrir la porte. Il embrassa furtivement sa compagne et lui chuchota quelques mots. Veronica se mit sur la pointe des pieds afin de voir l’inconnue, mais cette dernière était totalement cachée par son père. Elle secoua la tête et commença à cuire les légumes dans un wok.

Mon père s’ennuie visiblement de son ancienne vie, c’est lui qui créé les mystères maintenant…

Enfin, Keith libéra l’embrasure de la porte afin de laisser la voie libre à son amie. Le visage des deux femmes se défit au même instant.

Oh oh…

Sur le pas de la porte, un bouquet de lys à la main, Evelyn Foster semblait aussi surprise que Veronica.

« Evelyn, je te présente Veronica. Veronica, voici Evelyn. Evelyn Foster, c’est la doyenne de l’université. Voilà pourquoi je ne voulais pas te dire avant de qui il s’agissait : pour ne pas que tu ne t’inquiètes… »

Pour ne pas que je m’inquiète ? Dans environ trente secondes, je serai officiellement renvoyée de Hearst, et je ne dois pas m’inquiéter ?

« Veronica ? Est-ce que tout va bien ? demanda Keith, la tête inclinée.
- Oui, heu oui… Tout va bien papa. »

A cet instant, la doyenne reprit ses esprits et s’approcha de Veronica à larges enjambées.

Elle ne va quand même pas me frapper ? La vilaine marâtre, c’est uniquement dans les contes de fées, hein ?!

La doyenne s’arrêta à quelques centimètres de Veronica mais, au lieu de lui administrer un soufflet, lui tendit la main :

« Enchantée de te connaître Veronica. Ton père m’a beaucoup parlé de toi. »

Elle se tourna vers Keith et sourit :

« Elle a bien changé depuis ses cinq ans ! »

Keith sourit et expliqua :

« Je n’ai que des photos de toi petite dans mon portefeuille… Et la photo que tu as donné à l’université…
- ... est celle de Lilly, oui je sais…
finit Veronica. C’était la seule que j’avais sur moi le jour de l’inscrïption à Hearst, se dédouana-t-elle face au regard en coin de la doyenne.
- Evelyn, laisse-moi te débarrasser ! » les coupa Keith afin de détendre l’atmosphère visiblement tendue.

Mrs Foster ôta son élégant manteau et Keith alla le ranger dans la chambre. Pendant ce temps, la doyenne ne détachait pas son regard de celui de Veronica. Keith revint et Evelyn se dirigea vers lui. Troublée, Veronica retourna à ses fourneaux.

Merci mon Dieu ! Elle ne compte pas me dénoncer…

Derrière elle, Evelyn demandait :

« Qu’y-t-il au menu ce soir ?
- Poivrons et carottes à l’échalote…
répondit Keith.
- Hum, ça ne m’étonne pas de toi mon lap… Keith, se rattrapa-t-elle. Enfin en tous cas, ça sent très bon Veronica. »

Veronica se retourna :

« Merci Mrs Foster… »

La doyenne poursuivit alors, avec un petit sourire ironique que seules Veronica et elles pouvaient comprendre:

« Mais je suis certaine que tu es une parfaite petite femme de ménage, non ? »


                                                                           Episode écrit par Hermione et BraveHeart

 

 

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Ecrit par babou31 
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