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4.06 - Save Madison, Save The World

Date : 26 décembre 2007

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Alors que Neptune retrouve son "calme", celui de Veronica est à nouveau mis à rude épreuve. Elle se rend en effet très vite compte qu'être détective n'est pas forcément que plaisir. Quand il s'agit d'enquêter pour son ennemi, dans quel intérêt faut-il agir?

Ecrit par estel6317 

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

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Bonne lecture!


               


Young Folks – Peter Bjorn & John 

Assises dans la cuisine de leur appartement, Veronica, Mac et Maria prenaient leur petit déjeuner ensemble avant d'attaquer leur dernière journée de cours de la semaine. Un calme week-end s'annonçait. Tout était rentré dans l'ordre depuis quelques temps. Elles avaient réussi à instaurer une certaine complicité entre elles et une espèce de routine s'était alors installée, plongeant ainsi les trois colocataires dans un bien-être appréciable et apprécié.  
Au programme de ce week-end entre filles, rien de plus que de la glace et des vidéos à volonté.
Chacune leur tasse de café dans les mains, elles rigolaient en évoquant leur voisin de palier.
Tandis que ses amies terminaient de prendre leur petit-déjeuner, Veronica se débarrassa de sa tasse dans l'évier et partit se préparer. Comme d'ordinaire, elle avait prévu de passer à Mars Investigations avant de se rendre en cours. Mac et Maria, elles, iraient à Hearst de leur côté.

En sifflotant, Veronica pénétra dans son antre et alluma les lumières. Tout en se rendant dans son bureau, elle tria son courrier au rythme de l'air qu'elle chantonnait. Sans se soucier du trajet à effectuer, perdue dans sa lecture, elle fit le tour de la table en bois pour s'installer sur le fauteuil dans lequel son père avait l'habitude de s'asseoir.

Lorsqu'elle eut fini d'éplucher ses missives, elle se leva et s'accroupit pour ouvrir le coffre-fort dont elle avait tant de fois violé le code. Elle embrassa le chèque qu'elle venait de recevoir d'un client satisfait et le rangea dans la petite boîte vide prévue à cet effet.
Derrière elle, quelqu'un frappa à la porte de son bureau. Cachée par la table, Veronica se releva vivement et resta stupéfaite en découvrant l'identité de son visiteur. Dans sa tête, le disque se raya.


Générique.


A Hearst, seule dans un couloir étroit, assise sur une chaise, Mac patientait. Son sac sur les genoux, elle le tapotait d'un mouvement frénétique. Cela faisait bien un quart d'heure qu'elle observait le mur d'en face. A tel point qu'elle en connaissait maintenant les moindres détails.  

- Cindy MacKenzie?

- 17!
lança la jeune fille en levant la tête vers son interlocuteur, comme prise sur le fait.

L'homme qui venait de l'interrompre dans ses calculs la dévisagea, visiblement perdu. Gênée, Mac se racla la gorge pour tenter de compenser son rougissement et baissa la tête en quittant son siège. Elle adressa un timide sourire au jeune homme en question et enfila son sac sur son épaule. Elle ne tenait vraiment pas à lui avouer qu'elle venait de passer ces dernières minutes à compter le nombre de cloques sur le papier peint jauni. Elle entra alors dans le bureau sans plus un mot tandis qu'il lui laissait le passage libre.




Refermant le coffre-fort d'un coup de main, Veronica s'avança vers l'angle de son bureau et fit mine de remettre un peu d'ordre dans ses papiers.

Ne jamais tourner le dos à un serpent…

- Je voudrais voir ton père, dit Madison Sinclair de sa voix sèche.

- Alors... tu prends la première à droite et tu poursuis la nationale toujours tout droit sur trois kilomètres. Quand tu tombes sur le panneau Hearst University, tu passes au secrétariat et tu t'inscris au cours de Criminologie. Ou tu peux aussi ne pas t'arrêter du tout et t'en aller très très loin! termina Veronica en souriant gracieusement.

La jeune détective fit le tour de son bureau et se posta à côté de la porte. Elle indiqua alors à l'ancienne pompom girl le chemin de la sortie à l'aide de ses deux index.

- Maintenant si tu veux bien m'excuser, j'ai du travail!


La tête toujours très haute, Madison se mordit l'intérieur de la joue et remit son sac à main en place sur son épaule avant de quitter la pièce.
Lorsque cette dernière eut passé le chambranle, Veronica soupira en fermant les yeux et fut comme parcourue d'un frisson. Le dégoût pouvait se lire sur son visage.
Le bruit de la porte se refermant se fit entendre et elle parcourut alors quelques pas en direction de son fauteuil. Elle ne put cependant atteindre le secrétaire sereinement.  

- J'ai besoin d'un détective. Et tu es la seule de la ville désormais.

Le ton de Madison avait changé en quelques secondes. Sa voix perchée avait dégringolé quelques marches et semblait bien moins sûre d'elle.
Le dos à la porte, Veronica soupira en se maudissant.

J'aurais dû me méfier !!

Elle se retourna doucement et ne prit plus la peine de se parer d'un sourire hypocrite.
Son silence poussa sans doute Madison à expliciter son cas car elle se lança dans une tirade.

- Je reçois des mails anonymes d'un maître chanteur depuis plusieurs mois, commença-t-elle en sortant un paquet de feuilles imprimées de son sac. Quelqu'un cherche à me soutirer 15.OOO dollars sous couvert de révéler un certain secret. Je veux savoir qui il est et de quel secret il s'agit.

Madison termina son exposition en tendant les mails à la détective.
Veronica manqua alors de s'étouffer et toussota en se tapant le haut du buste.

- Pardon, rit-elle. J'ai cru un instant que tu ne me laissais pas le choix.

Madison observa le silence.

- Oh mince alors! Tu pensais vraiment que j'allais le faire, hein! railla la petite blonde.

Veronica eut un rictus puis elle reprit:
- 15OOO dollars, c'est le prix que te coûterait la simple recherche de tous ceux qui pourraient te vouloir du mal, Madison. Alors un conseil: paye et tu sauras enfin "qui il est et de quel secret il s'agit"! l'imita-t-elle en reprenant ses propres mots.

Madison cligna les yeux et respira calmement tout en remettant sa liasse de feuilles dans son sac. Comme elle le faisait jadis lorsqu'elle supportait les Pirates de Neptune High avec toutes ses copines, elle bomba la poitrine et redressa la tête avec fierté avant de quitter définitivement le cabinet.
Effarée par la situation, Veronica se laissa tomber sur son fauteuil. Puis fière d'elle, elle croisa ses pieds sur le bureau et plaça ses deux mains derrière sa tête. Si elle avait eu un cigare à proximité, elle l'aurait allumé avec triomphe.


- Alors Cindy, dis-moi un peu pourquoi tu postules pour un poste dans l'équipe informatique de Hearst.

Mac lâcha son sac et se tritura les doigts. Devait-elle avouer tout de suite qu'à l'époque déjà elle était la seule à pouvoir pirater tout le système de Neptune High? Qu'elle avait également réussi à entrer dans les données du Castle? Et devait-elle aussi ajouter à son curiculum vitae ses exploits en matière de commerce de tests de pureté? Finalement, il était difficile d'étaler en toute honnêteté ses compétences au grand jour.

- Je suis… débrouillarde, se contenta-t-elle de dire avec un sourire ingénu.

- J'ai peur que ça ne suffise pas, répondit le jeune homme en lui rendant son sourire.

Si Mac avait décidé de tenter sa chance dans l'équipe informatique de l'université, c'était pour subvenir à ses besoins. Mais ça non plus elle ne pouvait pas le dire ainsi. La vie à trois était certes plus simple mais les fins de mois étaient tout de même un peu serrées. Il était évident pour elle que ses capacités en la matière étaient la meilleure solution pour se faire de l'argent facilement.

- Je faisais partie de l'équipe technique de Neptune High. Mon professeur m'a fait une lettre de recommandation.

Elle marqua un temps et se reprit en grimaçant.

- En réalité, J'ETAIS l'équipe technique…

Jack Russel – comme c'était inscrit sur la porte du bureau- rit devant l'aveu de la jeune fille et son attitude. L'homme au jean et à la chemise bleue se dérida et parut aussitôt plus sympathique au petit génie de l'informatique. Il s'empara du papier qu'elle lui tendait et le parcourut en diagonale.

- J'imagine que tu sais te servir d'un mulot, s'amusa-t-il.*

Elle sourit. L'homme, qui avait dû être à sa place quelques années plus tôt, avait de l'humour. Jack semblait jeune, il avait l'allure d'un étudiant, peut-être l'était-il encore.
Mac se reprit et se concentra un peu sur l'essentiel. Elle lui énuméra alors la liste des logiciels qu'elle savait maîtriser et les projets avouables qu'elle avait élaborés ces dernières années. Elle n'avait pas le droit à l'erreur.  




Modest Mouse – float on



Assise sur un muret, les jambes pendant de chaque côté et le dos posé contre un mur en vieilles pierres grises, Veronica attendait en regardant passer les étudiants. Ils sortaient du bâtiment généralement par petits groupes. Les regards dans la direction de la jeune fille ne manquaient pas, mais elle y accordait peu d'importance. Les messes basses ne la dérangeaient plus, elle avait l'habitude. Même plusieurs semaines après l'incident du week-end d'intégration et la preuve formelle de son innocence, elles ne cessaient pas.

A ce bon vieux temps du lycée qui ne me quitte pas! Quelle joie de pouvoir rester la même.

Cela faisait près de vingt minutes qu'elle patientait en prenant le soleil. Ses lunettes noires sur le nez, les rayons caressaient son visage. Lorsque enfin l'homme qu'elle attendait sortit de la bâtisse, Veronica plaça son pouce et son index droits dans sa bouche et siffla en un bruit rond et sec. Wallace sursauta et se retourna sur le sifflement. Lorsqu'il aperçut sa meilleure amie, il roula les yeux et relâcha la tension provoquée par la surprise. Veronica sauta sur ses deux pieds et le rejoignit. Elle passa son bras autour du coup de son BFF et le poussa ainsi à reprendre sa marche.

- Je peux porter tes bouquins? demanda-t-elle en imitant le bruit du chewing-gum mâché.  

- Dany Zuko aurait-il quelque chose à me raconter…? demanda Wallace en imitant alors Sandy.

Il aurait été capable de déchiffrer l'attitude de Veronica même les yeux bandés.  

- C'est possible, poupée!

- Est-ce qu'il faut que je me dandine aussi pour que tu lâches enfin le morceau?? s'impatienta-t-il.

Veronica lui adressa un sourire qui lui laissa alors facilement entendre la réponse.

- N'y pense même pas! lâcha Wallace en s'arrêtant, la main levée.  

Veronica lui lança son regard de cocker mais rien n'y fit. Le nouveau Wallace ne céda pas. Les bras croisés, il la regardait avec détermination. Elle rit finalement et ce fut elle qui céda. Elle reprit son chemin entraînant son ami avec elle encore une fois.

- J'ai eu de la visite ce matin. Une sacrée surprise!

- V, tu sais que je n'aime pas les devinettes!
la pressa-t-il.

- Madison Sinclair est venue au bureau. Elle voulait que j'enquête pour elle. Tu imagines ça? Même pour tout l'or du monde je ne le ferais pas. Et Dieu sait pourtant que j'en aurais besoin en ce moment!

- C'est marrant, je pensais qu'en tant que détective diplômée tu avais le devoir d'aider les gens
, lui fit-il remarquer avec sérieux tout à coup.

- Tu veux me casser tous mes effets, Sandy?! maugréa Veronica.

- Je prends simplement mon rôle à cœur. En tant que fille je me dois de te remettre les idées au clair.

Veronica détourna la tête et observa alors le bâtiment qu'ils longeaient.

Quelque part, Wallace a raison. Comme les médecins et leur serment d'Hypocrate, les détectives font à leur manière le serment d'aider leurs clients quelques soient les circonstances. Mais dans le cas de Madison-Ste-Pouf, ce serment est-il encore recevable??


Arrivés au croisement de leurs chemins, Veronica reprit son aplomb et embrassa Wallace sur la joue.

- Travaille bien à l'école! lui lança-t-elle en lui faisant coucou alors qu'elle partait à l'opposé.

Le jeune homme, alors impuissant, la fusilla du regard tandis que le rose lui montait aux joues. Après un regard aux alentours pour s'assurer que son honneur était toujours sauf, il remit brièvement son sac à dos en place et se dirigea vers son cours de mécanique, le regard bas.



A quelques blocs de là, Maria pliait déjà ses affaires. Comme de coutume, ce cours d'anglais était le dernier de la journée. Le vendredi, elle terminait tôt dans la matinée. Son emploi du temps avait été ajusté.
Après avoir rangé ses stylos et son bloc-note dans son sac, elle descendit les escaliers de l'amphithéâtre avec entrain jusqu'au moment où Weevil pénétra dans la pièce. Le voyant entrer par la porte qu'elle devait emprunter pour sortir, elle ralentit considérablement sa cadence et soupira.
Devait-elle vraiment tomber sur lui maintenant? Fallait-il vraiment qu'il la mette de mauvaise humeur MAINTENANT?
Weevil ne l'avait pas ratée non plus. Coupé dans son élan, il s'était arrêté net. Si bien que sa caisse à outils n'avait pas eu le temps de suivre le mouvement.  

Après une courte seconde de réflexion, et malgré l'agacement provoqué par la mine de l'homme à tout faire, Maria avait continué son chemin à regret. Elle ne pouvait pas se permettre d'être en retard, il fallait donc qu'elle parte tout de suite.

- Je ne te harcèle pas. Je le jure, se défendit Weevil d'entrer de jeu en levant sa main gauche comme pour prêter serment alors qu'elle avançait vers lui.
- Je suis pressée, dit-elle déjà lasse.

Weevil et sa boîte métallique bloquaient le passage.

- Parce que j'ai l'air de me tourner les pouces? rit Weevil.

- Tu fais ce que tu veux…tant que tu me laisses passer.
 
Après avoir observé le silence durant quelques secondes tout en l'observant, incrédule, il fit un pas sur le côté afin de se dégager du chambranle. Il esquissa une révérence à sa façon et murmura:

- Mais bien sûr, altesa!

 L'air las de Maria s'accentua et elle poursuivit sa route avant que Weevil ne se rende sur l'estrade en secouant la tête. Cet air hautain qu'elle se donnait l'agaçait au plus haut point. Comment pouvait-elle se supporter?! Il posa sa caisse sur le bureau et l'ouvrit pour en sortir le matériel nécessaire. Le rétroprojecteur n'allait pas se réparer tout seul.




Alors qu'elle venait de terminer par un laborieux cours de criminalité financière, Veronica emprunta l'escalier principal du bâtiment et traversa quelques couloirs avant d'entrer dans une nouvelle salle.
Tout en bas, Keith était en train de conclure son cours sous le regard bienveillant de ses élèves.

- … ne l'oubliez jamais! On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle partie de Cluedo. En attendant, passez un bon week-end, lança-t-il enfin en souriant.

Lorsque les étudiants se levèrent pour quitter les lieux, Veronica descendit les escaliers et s'approcha du bureau de son père.

- Cluedo? Vraiment? Mais dans quel siècle vis-tu?

- Quoi? Ce n'est déjà plus à la mode?

- Au moins depuis que les jeux électroniques existent!


Keith rit du petit jeu que sa fille et lui avaient l'habitude de jouer.

- Tu viens surveiller ton vieux père? Tu vérifies qu'il ne fasse pas de bêtises devant ses élèves?

- Je suis venue m'assurer de ta côte de popularité. J'en ai vus quelques uns se marrer tout en haut. S'attaquer à la calvitie d'un homme de ta trempe ce n'est vraiment pas loyal!
lâcha-t-elle sur le ton de la conspiration avec son sérieux légendaire.

- Tu crois que des heures de colle feraient l'affaire?

- On n'est plus au collège, papa!

- Dans ce cas, je les emmènerai boire un verre. Ils verront quel mec cool je suis
, dit-il en lui adressant un clin d'œil et en faisant claquer sa langue.

- T'y es presque, papa! se marra-t-elle en voyant son père imiter la jeunesse de Hearst.

Keith débarrassa son bureau et rangea ses effets dans sa serviette en cuir marron.

- C'était vraiment indispensable le cartable? s'enquit-elle, le sourcil relevé.

- Premier élément indispensable du parfait professeur. C'était indiqué dans le livre que tu m'as offert à la rentrée!

Veronica rigola.

- On mange ensemble? demanda-t-elle finalement. J'ai un peu de temps avant mon prochain cours.

- Oh désolée, chérie. J'ai déjà un déjeuner de prévu.


Veronica sourit devant l'attitude de son père. Il se comportait comme un adolescent depuis qu'il sortait avec la doyenne.

- Dans ce cas je passerai peut-être ce soir… A moins que... s'interrompit-elle, faussement gênée.

- Non, comprit aussitôt Keith. Je serai seul à la maison!

- Alors à plus tard
, rit-elle.

Elle embrassa son père sur la joue et prit le chemin de la sortie.

- C'est vraiment tout ce que tu avais à me dire? la héla-t-il avant qu'elle ne passe la porte.

- Papa, j'ai passé l'âge de te dire que tu es mon héros, répondit-elle en se retournant.

- Ca, on en parlera à un autre moment si tu veux bien. Pour le moment, j'ai la sensation qu'il y a autre chose que tu ne me dis pas…

Veronica détourna le regard un instant. Un sourire se forma sur ses lèvres.

Contente de voir que ce lien ne s'est pas rompu.


Elle revint doucement sur ses pas en grimaçant.

- Est-ce qu'il t'est déjà arrivé, lorsque tu étais détective, de te retrouver coincé entre ta fierté et ta rancœur?

- Je n'ai pas la moindre idée de ce que tu me demandes, chérie
, lui assura Keith en s'appuyant sur son bureau.

- Admettons que quelqu'un vienne te voir et qu'il te demande d'enquêter pour lui. Admettons aussi que ce quelqu'un soit la seule personne sur Terre et dans toute la stratosphère que tu ne puisses vraiment pas supporter. Et admettons enfin que tu sois sûre de vouloir refuser mais que ta conscience s'amuse à te torturer…

Les bras croisés, l'ancien détective écoutait avec attention.

- Sacré dilemme… Tu te retrouves confrontée à la partie la moins amusante du boulot, ma fille.

- Moi qui croyais que c'était la paperasserie…

- Il fallait bien que tu t'en rendes compte un jour ou l'autre,
sourit Keith.

- Tu m'aides beaucoup, là! râla-t-elle.

- Ecoute, reprit-il avec sagesse. Même s'il n'est pas officiellement inclus dans le diplôme de détective privé, il existe un code de l'honneur. Une éthique. Tous ne le respectent pas, c'est certain. Il n'y a qu'à voir comment Vinnie bossait pour s'en rendre compte. Mais les bons privés en font leur fierté.

La mine de Veronica se décomposa.

Je savais que je n'aurais pas dû poser la question! Ce que l'on ignore nous rend plus fort, n'est-ce pas? …


- Désolé de te décevoir, Veronica, conclut-il en constatant que ce n'était pas la réponse qu'elle espérait.

A ce moment-là, un jeune homme frappa deux coups brefs à la porte du bas de l'amphithéâtre.

- Excusez-moi de vous déranger, dit-il en entrant, les bras chargés de photocopies.

Le regard de Veronica se noircit et sa mâchoire se crispa instantanément.

Lui??

- Ah, chérie, je ne vous ai pas présentés je crois. Voici Kenneth Barby, mon assistant. Kenny, voici ma fille Veronica. C'est fou les avantages qu'on a quand on est prof! J'ai ma propre secrétaire désormais, rit-il en remettant son col de chemise en place. Plus besoin d'exploiter ma fille.

Mais la blague n'amusa pas Veronica.

-Salut, lança Kenny à la jeune fille en haussant les sourcils.

Contrairement à elle, il avait l'air de prendre ça à la rigolade. Mais comment aurait-elle pu se réjouir que l'assistant de son père soit également l'homme qui avait accentué sa caution et fait prolonger sa détention en cellule après avoir rapporté des paroles détournées de leur contexte?

Et cet air suffisant!!



- Quelque chose me dit que vous allez bien vous entendre. Kenny est très doué. Ses connaissances en droit et en criminologie sont impressionnantes. Il pourrait t'être utile de travailler avec lui. Son flair est insensé.

- Je n'en doute pas
, marmonna-t-elle.

Pire qu'une fouine!

- Oui Veronica, s'amusa Kenny tout en gardant un sourire angélique. Je pourrais t'aider à faire tes devoirs…

Le sang de la jeune détective ne fit qu'un tour. Il se foutait ouvertement d'elle et ce, devant son père!
Elle se tourna vers ce dernier et, face à lui, reprit son air doux.

- Je crois que tu es pressé d'aller manger alors je vais y aller. A plus tard.

Elle adressa un ultime regard mauvais à Kenny et sortit par la porte qu'il avait empruntée quelques minutes plus tôt.

Sale journée! Comment pourrait-elle être pire?





Death Cab For Cutie – Soul meets body.  

A la cafétéria, assise à une table à l'extérieur, Veronica mangeait seule. Son père ayant refusé son invitation et ses trois amis étant tous débordés le vendredi, elle n'avait d'autre choix que de déjeuner en sa propre compagnie. Dans un bol en plastique transparent, sa salade lui faisait de l'œil mais l'appétit n'y était pas. Elle savait au fond que son job de détective finirait par lui provoquer des déconvenues. Mais elle ne s'attendait pas à ce que ça concerne Madison Sinclair! Son père et Wallace avaient peut-être raison, mais comment vous résigner à changer d'avis quand, une bonne partie de votre vie, vous aviez rêvé du moment où vous la verriez s'effondrer comme un château de cartes?



L'image de Madison, vêtue de sa jupette verte et jaune et de ses pompons, dégringolant du haut de la pyramide humaine… Tout simplement jubilatoire!! Et si vous me pensez trop dur, rappelez-vous donc du coup du dentiste!

Sa fourchette tournant et retournant une feuille de salade, elle n'avait encore rien avalé. Ce qui la tracassait le plus en réalité dans cette histoire, c'était qu'il existait une infime possibilité que le secret de Madison concerne aussi directement Mac. Et dans ce cas-là, qui de mieux placé qu'elle pourrait protéger les arrières de son amie?
Cependant rien ne laissait encore penser à la détective qu'il s'agissait bien de cette affaire d'échange de bébés. Mais comment en être sûre sans mener l'enquête? Et comment accepter de mener l'enquête sans revenir sur sa position auprès de Madison?

Veronica poussa un soupir. Elle s'était embourbée dans un cercle vicieux. Mais après tout, le vice, ça connaissait Madison! Elle lâcha sa fourchette et croisa les bras sur la table en fixant les feuilles vertes, le regard morne. Avait-elle vraiment le choix?

Ethique professionnelle + Amitié envers Mac VERSUS Haine de Madison Sinclair? La balance n'est pas très équilibrée et le poids aurait facilement tendance à pencher du côté de l'amitié… Il faut être réaliste Veronica!



Toujours à sa réflexion, une ombre la cachant du soleil lui fit relever la tête. Ses yeux durent s'habituer au contre-jour avant de pouvoir démasquer l'opportun.
Devant elle, son plateau repas dans une main, il se tenait immobile.

Evidemment…

- Tu ne devrais pas sanctionner Madison à cause de ce qu'on a vécu, Veronica.

Le ton posé et le regard amical, Logan avait déposé sur la table le plateau, trop lourd pour son seul bras valide. Veronica leva les yeux, pas dupe quant à l'exagération dont il faisait preuve pour sa blessure.

Belle entrée en matière Captain America! Je vais bien merci. Bonjour à toi aussi. Mais pourquoi ne suis-je pas étonnée de te voir débarquer après avoir vu cette chère vipère ?

- Il faut te réveiller, Echolls. Ca fait bien longtemps qu'on a découvert que la Terre ne tournait pas autour de Logan. Copernic, ça te dit quelque chose? On parle d'héliocentrisme maintenant.

Et accessoirement d'égocentrisme aussi. Désormais je pense à MOI d'abord.

- Mets ta fierté de côté pour une fois, V. Si elle te demande de l'aide, imagine-toi qu'elle doit vraiment en avoir besoin.

Pourquoi tout le monde tient-il autant à ce que je me préoccupe d'elle? N'y a-t-il que moi pour me souvenir de tout ce qu'elle a de mauvais?

- Cette discussion me fatigue déjà. Ne pourrait-on pas en rester là? lança Veronica en se levant.

Alors que Logan ouvrait déjà la bouche, elle l'interrompit aussitôt.

- Je n'attendais pas de réponse!


Elle attrapa son sac sur la chaise voisine et laissa sa salade et Logan en plan. Ils n'avaient vraiment plus rien d'appétissant.
Le pas rythmé, la jeune fille quitta la cafétéria pour rejoindre le campus. S'allonger quelques minutes dans l'herbe. Voilà ce à quoi elle aspirait.

J'avais réussi à me convaincre que je faisais le bon choix jusqu'à ce qu'il vienne ajouter un poids du côté négatif de la balance? Le seul fait qu'il pense être à l'origine de mon changement d'avis est une raison suffisante pour laisser Madison se dépêtrer seule…
Il va adorer cette sensation de victoire. Et je vais détester qu'il pense avoir gagné!





Etendue au milieu des étudiants dans l'un des parcs de Hearst, Veronica regardait le ciel, les bras croisés derrière sa tête. Elle avait encore un peu de temps devant elle. Les quelques nuages qui traversaient le ciel avançaient à grande vitesse. Tout comme ses pensées traversant son esprit. Elle n'aimait décidément pas le vendredi!
Veronica se redressa pour s'asseoir et s'emparer de son téléphone portable. Assise en tailleur, elle fit une recherche de numéro par le biais du réseau internet. Elle respira profondément et porta le combiné à son oreille. On décrocha très rapidement à l'autre bout du fil.

- J'accepte de prendre l'enquête. Mais on va devoir établir quelques règles avant. Premièrement, je dirige tout et on fait ça à ma façon. Deuxièmement, si je t'entends faire la moindre réflexion à n'importe quel sujet ou s'il y a le moindre problème, j'arrête tout. Je ne fais ça ni pour toi ni pour l'argent. J'ai mes raisons. Retrouve-moi à 15h à mon bureau. Si tu es en retard, ne t'attends pas à ce que ma porte reste ouverte!


Essoufflée par ce monologue, Veronica raccrocha sans plus de cérémonie et se maudit aussitôt d'avoir accepté.

Idiote!

Elle se leva enfin et prit le chemin de sa salle de cours. Le dernier de la journée…




Veroncia était installée à son bureau depuis une vingtaine de minutes maintenant. Faisant semblant de s'occuper d'une manière ou d'une autre, elle jetait en permanence un œil à l'horloge au dessus de la porte. Il ne restait que quelques minutes à Madison pour respecter l'échéance. Des minutes qui lui parurent une éternité. Elle avait rangé son secrétaire trois fois, classé son courrier par ordre chronologique, puis alphabétique pour finir par les trier par thèmes. Elle avait enfin arrosé toutes les plantes vertes que son père lui avait laissées en guise de compagnie. Elle ne s'en était encore jamais occupé. L'occasion ou jamais.
Maintenant assise à son bureau, elle cherchait l'attitude exacte à adopter au cas où elle viendrait. Se tourner les pouces? Les pieds sur le bureau? Les bras croisés? Elle se leva de son fauteuil et alla fermer la porte de la pièce. Elle voulait avoir l'avantage. Elle retourna vers son bureau et se rassit avant d'ouvrir une chemise en carton devant elle. Elle étala quelques feuilles, déboucha un stylo et le posa sur le papier. Elle posa enfin ses avant-bras sur le bois et entremêla ses doigts. Elle fit claquer sa langue contre ses dents et patienta en visualisant une image bien précise. Madison Sinclair en haut de la pyramide humaine.

Lorsque la porte d'entrée de Mars Investigations se fit entendre, Veronica décrocha le téléphone et feignit d'être en plein milieu d'une conversation d'une importance capitale.
Elle vit l'ombre de Madison et de son mini sac à main se dessiner sur la porte vitrée puis s'éloigner. Puis reparaître pour à nouveau s'effacer.
Un sourire se forma instantanément sur le visage de la détective.

Puérile, vous dites? C'est vrai… Mais la vie est faite de petits plaisirs.

- Shérif, je sais ce que je fais. Le fugitif sera dans votre cellule demain soir! Sans faute. Je n'ai qu'une parole!

Après avoir passé deux ou trois coups de fils fictifs et fait patienter Blondie, Veronica ouvrit vivement la porte de son bureau et sortit en regardant sa montre. Madison s'était assise sur le canapé, les jambes croisées et son sac serré contre elle.

- Entre. Je n'ai pas beaucoup de temps.


Veronica avait gardé au fond d'elle l'espoir fou que Madison serait assez fière pour ne pas se présenter au rendez-vous et ainsi revenir d'elle-même sur sa demande. Alors l'éthique aurait été sauve et son intégrité avec. Mais le destin semblait vouloir jouer avec ses nerfs visiblement. Et elle était prête à relever le défi.

- Tu as amené les mails? demanda Veronica comme si la conversation du matin n'avait jamais eu lieu.

Elle s'installa derrière son bureau, un stylo dans la main pour prendre des notes, et regarda Madison s'asseoir en face. Sa jupe remonta bien au dessus de ses genoux faisant alors lever les yeux de Veronica au ciel.

- On aurait gagné du temps si tu les avais…

Mais Madison ne termina pas sa phrase, interrompue par le regard noir de la détective. Elle tendit alors simplement la liasse de papiers.

C'est plus fort qu'elle. Même sous la menace, elle trouve encore le moyen d'ouvrir la bouche. Milady Of Winter est une enfant de chœur à coté.


Veronica déplia les lettres et les parcourut rapidement.

- La première lettre date du 12 août. Est-ce que ça pourrait correspondre à un quelconque événement? s'enquit-elle.

- Quel genre d'événement? répliqua Madison ne voyant pas à quoi elle faisait allusion.

- Réfléchis Madison! Quelqu'un t'en veut. Alors demande-toi si ces lettres ont commencé à arriver après avoir joué un de tes tours à quelqu'un en particulier? Dépoussière les vieux dossiers, fouille dans les archives. Tu dois bien avoir quelques souvenirs…

- Contrairement à ce que tu insinues, je ne suis pas désagréable avec tout ceux que je croise, Veronica,
tenta de se défendre Madison, un peu agacée.

- Oh, alors tu devais me réserver un traitement de faveur. Parce que je n'ai jamais eu le droit qu'à cette image de toi! rétorqua Veronica avec aplomb.

Madison avala sa salive et garda la tête haute. Elle décida de passer outre cette remarque pour ne pas compromettre l'enquête et poursuivit:  
- Quelques temps avant que je reçoive la première menace, mes parents avaient renvoyé un de leurs domestiques.

Voilà! Nous y sommes!

- Dans ce cas je commencerai par là.

Veronica se leva signalant ainsi à la O9er que leur entretien était terminé.

- Ne m'appelle pas. Si j'ai quoi que ce soit, je te contacterai.

Elle se dirigea vers la porte et l'ouvrit. Sa cliente attrapa son sac et se leva à son tour. Elle passa devant Veronica sans un regard.

- Au fait, c'est 1000 $ par jour, plus les extras.

Madison s'arrêta et se retourna.

- Je croyais que ce n'était pas pour l'argent, lui rappela-t-elle pas dupe de la hausse subite des prix.

- Ca ne l'est pas, lui assura Veronica en souriant.




Timmy Curran – Daylights Coming.  

  Au volant de sa Mustang, les cheveux au vent et le son de la musique dans les oreilles, Veronica réfléchissait à la façon dont elle devait prendre les commandes de l'opération. Se rendre dans le quartier des O9ers était une étape en soi. Comme un mauvais pèlerinage. Les enquêtes qu'elle s'était vu confier jusqu'à présent l'avait toujours gardée éloignée de ce voisinage si particulier. Une chance en somme. Sa principale enquête actuelle, celle d'Hamilton Cho, n'était pas ce qu'on pouvait appeler le jackpot puisqu'elle ne lui rapportait rien. Sa poule aux oeufs d'or en revanche désormais s'appelait Madison Sinclair! Il n'y avait pas de doute.

Les laboratoires ont l'habitude de verser un dédommagement à leurs patients en cas d'effets secondaires. Bizarrement, je ressens déjà les méfaits de Madison Sinclair sur moi: nausée et crise d'urticaire très poussée! Une petite compensation s'impose…


En consolation, Veronica se délecta à la pensée de ce qu'elle allait pouvoir s'offrir avec cet argent si "honnêtement" gagné!

Quelques minutes plus tard, elle garait sa décapotable noire devant le garage des Sinclair.
Devant la porte d'entrée de la grande maison blanche, elle défroissa la chemise qu'elle avait mise pour l'occasion.

Au FBI, on parle de tenue de camouflage. Dans le quartier ni treillis ni kaki, mais tailleur et col Claudine. Tout un programme.

Si Veronica avait fait l'impasse sur le tailleur, son pantalon noir et son chemisier bleu feraient tout aussi bien l'affaire.
Après avoir remis ses cheveux en place, elle sonna au carillon et attendit qu'une domestique vienne lui ouvrir.

-Bonjour, puis-je vous aider? demanda une jeune femme vêtue d'un ensemble traditionnel noir et blanc.

Finalement, papa a raison. Le Cluedo n'est peut-être pas si démodé que ça. Et la soubrette est un suspect idéal. Son uniforme est à lui seul un mobile suffisant!

- J'ai rendez-vous avec Mme Sinclair, répondit Veronica avec un sourire angélique.

Assises dans le salon, devant une tasse de thé, Veronica et la mère de Madison discutaient.

- Je vous remercie d'avoir accepté de m'accueillir. Madison m'avait prévenue de votre hospitalité.  

- Les amies de ma fille sont toujours les bienvenues
, dit Mme Sinclair avec un sourire amical.

A ces mots, la jeune fille se força à sourire à son tour et but une gorgée de thé pour masquer son mensonge.
La femme qu'elle avait en face d'elle n'avait absolument aucun point commun avec la garce qui, depuis le lycée, lui en avait voir de toutes les couleurs. C'était à se demander comment une femme aussi douce avait pu élever un tel monstre. Ses longs cheveux bruns rappelèrent immédiatement Mac à Veronica. Cette sombre histoire d'échange à la naissance était vraiment incroyable. Et il avait fallu que ce soit avec Madison Sinclair!

- Mon professeur de sociologie nous a conseillé de nous adresser directement à des employeurs afin d'obtenir les réponses les plus précises possibles.  

- Je suis tout à ton écoute
, lui assura la femme en reposant sa tasse sur sa soucoupe.

Veronica sortit alors son bloc-note et donna un petit coup de pouce à son stylo pour en faire sortir la mine.

C'est parti!

- Depuis combien de temps employez-vous des hommes de maison?

Mme Sinclair parut chercher aux confins de sa mémoire.

- Depuis que je n'ai plus le temps d'entretenir la maison moi-même.

Elle calcula en comptant sur ses doigts.

- Je dirais une quinzaine d'années. Mais nous n'en avons pas tant que ça, lui assura-t-elle.

- Quels sont ceux que vous employez à l'année?

- Nous avons une femme de ménage qui vient quatre jours par semaine. Tu l'as croisée en arrivant. Nous employons aussi un jardinier qui passe tous les mardis et enfin quelqu'un nettoie la piscine tous les quinze jours. Tu vois, s'amusa-t-elle, pas de cuisinière, de gouvernante ou de majordome.

Veronica rit poliment.

- Le rapport avec ces employés est-il évident? continua Veronica en orientant ses questions.

La pertinence de ses questions devait être légitime car la femme ne tiqua pas une seconde.  

- Jusqu'à présent oui. Nous n'avons pas trop à nous plaindre.

- Vous n'avez encore jamais eu à renvoyer quelqu'un?


Mme Sinclair marqua un temps.

- En réalité si. Notre précédente femme de ménage avait la fâcheuse tendance de mettre le nez dans ce qui ne la regardait pas. Nous avons alors dû nous séparer d'elle il y a quelques mois.

Tiens tiens! En voilà un beau motif...

- Comment l'avez-vous remplacée?

- Des voisins nous l'ont recommandée.

Veronica s'octroya une petite pause et porta à nouveau sa tasse à ses lèvres. Il lui fallait réfléchir aux bonnes questions.

- Ce thé est vraiment délicieux...

- Je te remercie. Ma fille ne l'a jamais apprécié
, sourit la femme l'air désolée.

Etonnant! Gageons que Mac le trouverait exquis!

La jeune fille reprit son stylo et la parole. L'enchaînement était idéal.

- A ce propos, comment la présence d'une personne étrangère à la famille est-elle vécue par les enfants?

- Ca s'est toujours très bien passé avec Lauren et Madison. Elles n'ont jamais été étonnées par la présence de Maggie. Et le courant passe aujourd'hui très bien avec Sylvia. Quant aux autres personnes, elles ne les croisent pas vraiment.

- Je sais que ma demande va vous paraître saugrenue mais pour avoir un bon échantillon, il faudrait que je puisse interroger vos employés. Pour que d'un point de vue sociologique, je puisse faire le parallèle. Cela vous embêterait-il de me communiquer leurs noms?

- Je n'y vois aucun inconvénient
, répondit Mme Sinclair en attrapant le stylo.

Pas le moindre indice! Rien dans ce que la mère de Madison lui avait appris ne laissait penser qu'un des domestiques pouvait être l'auteur de ses lettres de chantage. Il allait donc falloir explorer chaque piste une à une.

Après une heure de discussion pour rien, alors que la femme avait ouvert la porte d'entrée et que Veronica était sur le point de quitter les lieux, Mme Sinclair lui donna finalement le coup d'estocade.

- Il faudra venir manger à la maison un de ces soirs. Madison sera ravie!

La jeune détective eut subitement un haut-le-coeur.

- Avec plaisir, madame, répondit-elle malgré tout.

Après un dernier sourire forcé, Veronica s'éloigna d'un pas rapide et soupira une fois installée derrière le volant de sa voiture. Se faire passer pour son amie était déjà au delà du raisonnable. Faire plus relevait du suicide!




Yofo – Molotov


A Hearst, la bibliothèque ne désemplissait pas. Le jour commençait pourtant à décliner mais les étudiants avaient l'air de vouloir travailler. Etonnant pour un vendredi. Preuve que les premiers examens allaient bientôt pointer leur nez.
Les mains dans les poches, Weevil pénétra dans l'antre du savoir en jetant un œil tout autour de lui. Il y avait bien trop de monde à son goût dans les environs. Mais avait-il seulement le choix?
A la recherche d'une destination bien précise, il leva la tête vers l'étage supérieur et remarqua qu'une rangée d'ampoules avait claqué. Encore du boulot!
Pour l'heure, on lui avait parlé d'une pancarte. Il s'avança alors vers la réception tout en continuant d'observer les lieux. Mais il s'arrêta bien avant d'avoir à demander son chemin. Il avait trouvé de lui-même.



Installée à une table ronde, Maria patientait en tapotant la table de ses doigts. Elle aurait déjà dû être chez elle à cette heure. Mais, dans un élan de sympathie, elle avait accepté de remplacer son collègue. L'excuse que ce dernier lui avait fournie semblait d'ailleurs, à la lumière de cet instant, beaucoup moins crédible à ses yeux. Mais qu'importe. Elle avait accepté, elle devait donc assurer le remplacement. Encore fallait-il que son rendez-vous soit à l'heure. Cet après-midi, elle avait aidé trois étudiants coup sur coup. Stéréotype oblige, tous des sportifs dont les notes étaient si basses que leur bourse risquait de sauter s'ils ne remontaient pas leur moyenne dans les matières principales.
Pour Maria, le tutorat était une manière d'assurer sa propre bourse. Elle n'avait vraiment pas les moyens de passer à côté.

Elle regarda sa montre une dernière fois et décida que cela suffisait. Trente minutes de retard était bien plus que supportable. Elle se leva et attrapa son sac. Elle en extirpa rapidement son petit miroir et jeta un regard à son reflet. Elle passa son index sous son œil droit et referma la glace.



- Princesse Fiona se repoudre le nez!

Surprise, Maria se retourna et fit face à Weevil. Après un instant de désolation, elle fourra ses ultimes affaires dans son sac.

- J'en ai terminé avec les cas désespérés pour aujourd'hui. J'ai assez donné… rétorqua-t-elle avant qu'il ne la fatigue davantage.

- D'ailleurs qui aurait pu croire que tu sois du genre à offrir de ton temps à des inconnus! s'étonna Eli.

Enfilant son sac à main noir sur son épaule, Maria le toisa du regard:
- Je ne te retiens pas. Il doit sûrement y avoir un truc qui t'attend quelque part.

- En réalité, c'est toi qui m'attendais.

Weevil s'empara de la petite pancarte sur laquelle était inscrit "Tutorat" et la plaça brièvement près de sa tête comme ces hôtesses en bikini présentant leur tube de dentifrice.

- Mais je crois qu'on va en rester là en fait, continua le jeune homme. Je préfère mourir idiot que de m'instruire en ta compagnie. Il y a des limites à ne pas dépasser.
Il reposa alors l'objet sur la table et prit le même chemin en sens inverse.

A peine son boulot terminé –il n'avait même pas eu le temps de se changer! -, il avait dû se faire violence pour ne serait-ce que venir au rendez-vous. Le fait de se retrouver au milieu des étudiants normaux le mettait affreusement mal à l'aise. Mais il souhaitait vraiment se remettre à jour et prendre des cours de gestion. Rester homme à tout faire n'était pas une carrière envisageable! Il souhaitait plus.
Enfin, il aurait au moins essayé...

- Eli, attends! entendit-il derrière lui.

Il s'arrêta et tourna la tête. Elle n'avait pas bougé mais son regard avait changé.

- Tu es en retard! lui signala Maria.

- J'ai un travail moi, madame!

Ils s'adressèrent un regard de défi qu'aucun des deux ne semblait vouloir baisser.

- Ecoute, je suis payée pour aider les étudiants. Et tu es là pour avancer. J'imagine que si on met certaines choses de côté, on doit pouvoir y trouver notre compte…

Un silence s'installa durant lequel, du coin de l'oeil, Weevil regarda une nouvelle fois autour de lui. Son regard trahissait légèrement son malaise.

- Ok… Mais à une condition, imposa-t-il. On fait ça ailleurs.

Après tout, son envie de s'en sortir était peut-être plus forte. Quant à sa réputation, il tenait bien à la préserver.




De retour à Mars Investigations, Veronica avait passé un temps fou au téléphone. Elle avait joint toutes les personnes dont Mme Sinclair avait fait la liste, se présentant comme une des dirigeantes du SDEM. Syndicat Des Employés de Maison, inventé de toute pièce bien évidemment!
Toujours au point mort lorsqu'elle raccrocha le combiné après avoir rayé le dernier nom qui figurait sur le papier, elle jeta un œil à sa montre et se résigna.

Soit l'un des suspects est un excellent menteur, soit je fais fausse route. Dans tous les cas, ce n'est pas ce soir que je le découvrirai.

Madison ne figurait pas en haut de ses priorités. Il y avait bien des choses qui passaient avant. Comme de sortir son chien par exemple!
Elle comptait bien profiter de sa soirée avec ses deux colocataires sans se prendre la tête sur le cas Madison. Et Dieu sait qu'il était gros…

Veronica rangea alors ses papiers et tira quelques stores. Elle éteignit les lumières et ouvrit la porte d'entrée quand son portable sonna. Elle le sortit de la poche arrière de son jean et gonfla ses joues d'air lorsqu'elle reconnut le numéro.

- Je croyais qu'on était d'accord sur le fait que JE te contactais! râla-t-elle aussitôt qu'elle eut décroché.

- J'ai reçu un nouveau mail, Veronica, répliqua Madison, agacée par ses commandements.

La détective ferma brièvement les yeux, déçue de ne finalement pas pouvoir rentrer chez elle, et referma la porte après avoir rallumé les lumières.

- Lis-moi ce qu'il dit.

Elle jeta ses clés sur la table basse et s'affala sur le canapé.
Un bruit de papier se fit entendre à l'autre bout du fil.

- "Méfie-toi des apparences. Tu n'es pas celle que tu crois. 15.OOO dollars, souviens-toi!"


Si jusqu'à présent, le doute sur l'implication de Mac dans cette affaire était encore possible, désormais il ne l'est plus. Quelqu'un fait bel et bien référence à l'échange dont ont été victimes les MacKenzie et les Sinclair.
Conclusion: Je vais devoir prendre l'affaire au sérieux.




Dans un salon de thé de Neptune, Weevil et Maria étaient attablés devant une foultitude de feuilles et de livres de cours. D'abord réticent, Weevil s'était laissé convaincre par la pertinence de l'idée de la jeune fille. Pas d'étudiants, de musique ou de billard pour les distraire. Rien que des petites vieilles. Un endroit neutre où la discrétion était assurée.
N'était-ce pas ce qu'il souhaitait avant tout?

Il lui avait fallu quelques minutes pour s'adapter à l'environnement et au public puis, plongé dans ses exercices et les explications de Maria, il avait réussi à faire abstraction de tout ça. Même de leurs différends! Du moins … pour le moment.

- Dans la gestion, investir est le facteur principal. En investissant, tu assures une rentrée d'argent derrière.

- Comment tu peux être sûr que l'argent que tu auras investi est forcé de te rapporter?
demanda Eli sceptique.

- L'idée est simple. Imagine le contexte autrement. Imagine qu'il y ait deux groupes et que tu aies besoin qu'un gars soit de ton côté plutôt que de l'autre. Pour que tu en retires des bénéfices, tu vas t'assurer qu'il obtienne une chose dont il a besoin. Tu vas la payer et en retour il t'assurera son "amitié". On ne t'a pas appris ça en prison? rit-elle.

Bien que l'image fût plus claire à ses yeux, le ton employé ne plut pas à Weevil.

- Ne me juge pas, s'emporta-t-il. Tu ne sais rien de moi. Ce n'est pas le genre de chose sur lesquelles on peut plaisanter. Surtout que niveau prison j'ai cru comprendre que tu en connaissais un rayon.

D'abord surprise par sa réaction, la mâchoire de Maria se crispa petit à petit.

- Qu'est-ce que tu veux dire exactement? s'enquit-elle sur les nerfs.

- Rien, répliqua Weevil de la même manière en se replongeant dans son livre. Laisse tomber.

- Si, vas-y. Je t'écoute. Maintenant que tu as commencé, va au fond de ta pensée!


Weevil tapota nerveusement la gomme de son crayon de papier contre la table puis releva la tête et la défia du regard.

- Je sais que ton frère est en prison. En fait… je sais tout.

Le visage de Maria se décomposa. Puis la colère prit le pas sur la surprise.

- Qu'est-ce qui t'a donné le droit de fouiller dans mon passé? s'énerva-t-elle en se levant brusquement.

Sa chaise faillit basculer. Autour, les discussions cessèrent aussitôt et les yeux se tournèrent sur les deux latinos. Weevil parut gêné de devenir le centre de l'attention. Il lui attrapa doucement la main pour l'inciter à se rasseoir mais Maria la retira prestement.

- D'où est-ce que tu le tiens? réitéra-t-elle sous l'emprise de la colère.

- Veronica m'a demandé d'enquêter sur toi lorsqu'elle était accusée de tentative de meurtre contre Echolls. Comme tu avais été la dernière à toucher l'arme avant elle, elle voulait s'assurer que tu n'étais pas responsable d'un coup monté. Je n'ai fait qu'aider une amie. Et V. ne pensait pas à mal.

La respiration de la jeune fille était rapide. Un silence s'installa. Tous deux se dévisageaient avec agressivité.

- Assieds-toi, la pria-t-il énergiquement en observant à nouveaux les clients de la boutique.

Soudain erreintée, Maria se laissa tomber sur sa chaise et calma sa respiration. Elle fixa un moment la table couverte de papiers en cachant partiellement ses yeux d'une main. Toutes ces années à se battre pour préserver ce secret.
Weevil comprit alors très vite que ce qu'il pensait être de la fierté n'était en fait qu'une façade pour se protéger d'une partie de sa vie qu'elle ne souhaitait pas évoquer. Elle avait honte.

- Ce que tu cherches à cacher n'est pas si terrible, reprit-il en connaissance de cause.

Elle respira profondément et dégagea sa main de son front.

- Je ne tiens pas à finir comme ma mère, lâcha-t-elle en retour, le regard toujours bas.

Weevil eut un rictus amer.

- Oui je comprends! Travailler pour les riches et passer le balai, ce n'est pas gratifiant.

Navrée, Maria réalisa la bourde qu'elle venait de faire. Weevil avait pris la réflexion pour lui. Et c'était légitime après tout.

- Ecoute, fit-il malgré son agacement, cacher toute cette histoire ne changera rien à ta vie. Bien au contraire. Tu passes ton temps à la dissimuler et tu mens alors à tout le monde. Ce n'est pas toi qui es en tort. C'est ton frère. Et tu n'es pas responsable des erreurs de ta famille. Personne ne l'est!

- Si, je le suis!
répondit-elle vivement.

Weevil marqua une pause et la dévisagea. Elle se mordait l'intérieur de la joue et semblait réfléchir. Les mots avaient du mal à sortir.

- Je l'ai laissé tomber... J'ai cessé d'être sa sœur lorsqu'il est entré dans ce foutu gang, avoua-t-elle, la voix affectée.  

Elle observa le silence quelques secondes. Weevil patienta.

- Il était différent et je ne le reconnaissais plus. J'aurais dû être plus présente et l'aider.

Elle n'avait parlé de ça avec personne jusqu'à présent. Elle n'en avait jamais vu l'intérêt puisque personne n'était au courant. Mais voilà qu'en quelques minutes seulement tout avait été bouleversé. Le masque était tombé. Elle se sentit soudain fragile.

- Je sais que c'est stupide mais la culpabilité m'aide à tenir. Je ne veux pas vivre la même chose que ma mère ou mon frère. Tout perdre et dépendre de trois boulots. Je veux réussir. Je veux m'en sortir. Je veux vivre ma propre vie et oublier l'idée que si je n'avais pas existé, mon père et ma mère seraient toujours ensemble et auraient empêché mon frère de faire toutes ces conneries... Réussir ... C'est tout ce que je demande.

Les vannes étant ouvertes, Maria vidait enfin ce qu'elle avait sur le cœur, surprenant Weevil au passage.
Assis côte à côte, il portait un regard triste sur la jeune fille pendant qu'elle détournait le sien, gênée de s'être laissée aller. Eli, lui, comprenait finalement ce qu'elle ressentait. Sans doute dans un élan de sensiblerie, ou bien de consolation, il attira le menton de Maria vers lui et se pencha lentement pour poser ses lèvres sur les siennes.
Quelques secondes plus tard à peine, Weevil, les sourcils froncés, s'éloigna doucement de son tuteur comme s'il espérait ainsi limiter les dégâts. Secouant la tête pour remettre les éléments à leur place, il ne mit pas longtemps à se ressaisir tandis que Maria était encore sous le coup de la surprise.  

- Je suis désolé. Ca n'arrivera plus! lui assura-t-il. Pour ma défense, je crois que j'ai entraperçu un léger réchauffement climatique sur ton iceberg de cœur. Ca a dû me perturber... Du coup, j'ai paniqué en réalisant qu'Al Gore avait peut-être raison au final.

Etonnée par ce geste si spontané, elle avala sa salive avec peine. Tout aussi stupéfait par son action, il poursuivit sur le même ton pour tenter de détendre l'atmosphère.

- On a qu'à dire que j'ai investi pour être sûr de recevoir, dit-il sans trop savoir comment elle allait le prendre.

Maria rit.

- Je vois que ça commence à rentrer! J'étais sur le point de désespérer, conclut-elle alors.

Soulagé, Weevil rit à son tour et reprit son livre à la page qu'il avait laissée.
Chacun conscient qu'il y avait des choses à ne plus évoquer, ils reprirent leur activité sur un ton beaucoup moins académique.




Lorsque Veronica ressortit de son bureau, les lampadaires étaient désormais les seules sources de lumière de la ville. A se creuser les méninges, elle en avait perdu la notion du temps.
En arrivant chez elle, elle lança son trousseau de clés dans le vide-poche, laissa tomber son sac au pied de la commode et fila se coucher sur le sofa.
Mac, qui était installée dans le fauteuil adjacent jeta un œil étonné sur son amie.

- C'est à cette heure-ci que tu rentres?

- Ne m'en parle pas…

- Est-ce que je suis la seule à m'être rappelée qu'on avait programmé une séance intensive de "Sopranos" ce soir??*

- Maria n'est pas rentrée?
réalisa Veronica en se redressant pour s'asseoir correctement.

- Je crois qu'elle commence à prendre exemple sur toi. C'est mauvais signe!

La petite blonde rit et s'empara de la télécommande.

- Tu as vu à quoi vous m'avez contrainte. Ca fait une heure que je m'abrutis devant cette débilité de America's Next Top Model. Comme si de voir des femmes maigres comme des fils de fer était ce qu'il me fallait!

- Pfff! Il faut te surveiller comme le lait sur le feu,
joua Veronica.

Elle changea alors de chaîne.

- J'ai quelque chose à te dire, reprit-elle finalement sans que son regard ne quitte l'écran.

Son ton de voix avait subitement changé. Plus grave, moins sûr.
Mac la regarda alors avec plus d'appréhension tout d'un coup.

- J'ai vu Madison Sinclair ce matin. Elle voulait que je l'aide.

Mac éclata de rire. Sa réaction était légitime compte tenue de l'affection que Veronica lui portait.

- Elle ne manque pas de culot, tiens!

Les yeux de Veronica quittèrent enfin la télévision pour se poser sur son amie. Et ce regard inquiéta aussitôt Mac.

- Tu vas le faire???? s'égosilla-t-elle en se redressant sur son fauteuil.

- Dans l'intérêt de tout le monde j'ai dû accepter, lui assura Veronica désolée.

- J'ai l'impression que la Terre tourne à l'envers, murmura Mac en portant sa main droite à son front.  

- Quelqu'un la fait chanter….

- Grand bien lui fasse
, l'interrompit la petite brune, amère. Elle pourra toujours tenter de se présenter à American Idol.

Malgré la touche d'humour, Veronica n'eut pas le cœur à rire. L'instant était trop grave.

- J'ai bien peur que tu sois impliquée.

Mac s'arrêta alors de ruminer et observa sa colocataire. Elle comprit aussitôt.

- Merde, lâcha-t-elle après un silence.

Elle se pelotonna au fond du fauteuil, un genou remonté contre sa poitrine, et posa son coude sur l'accoudoir afin de maintenir sa tête. Le monde venait de s'écrouler. Après tout ce temps passé à oublier cette histoire, voilà qu'elle revenait au galop.
Veronica souffrit avec elle.




Samedi matin, dans la cuisine, Veronica avalait son traditionnel bol de céréales en solitaire. Le week-end était le seul moment de la semaine durant lequel elle pouvait prendre son temps. La maison dormait encore malgré l'heure avancée du matin. Mac et elle n'avaient pas entendu rentrer Maria la veille. Sans doute était-elle réapparue tard. Quant à Mac…


   

- Salut, dit-elle l'air maussade.

Mac traîna les pieds jusqu'à la table et s'assit bruyamment sur une des chaises. Le spectacle amusa Veronica.

- Ne te marre pas! lui défendit Mac.

- Je  n'oserais pas, rit-elle.

- Ca ne te dirait pas de partir loin? De changer de ville? J'en ai marre de Neptune et de ses embrouilles. J'ai l'impression de vivre dans une série télé. Dallas, à coté, c'est de la pacotille! se plaignit la petite brune.

- T'aurais pu me proposer ça avant que je reprenne l'entreprise familiale!

Mac laissa tomber sa tête sur la table et soupira fortement, poussant Veronica à rire davantage. Lorsque Mac était mal en point, tout le quartier était au courant et cela amusait énormément son amie.
Devant son désarrois, Veronica tendit une cuillère de céréales vers sa tête.

- Une petite bouchée?

Mac releva légèrement la tête et grimaça à la vue de la mixture détrempée par le lait puis reposa sa tête sur le bois.

- Il faut que je te pose une question, Mac. Juste par conscience professionnelle.

La jeune fille concernée se redressa péniblement.

- Est-ce que c'est toi qui envoies les mails à Madison? continua Veronica en se retenant de rire.

Le visage de Mac se décomposa davantage puis elle secoua la tête dépitée sans ajouter un mot avant de se lever pour quitter la pièce.

- Ecoute, rit Veronica, il fallait que j'en ai le cœur net. Ca m'aurait facilité la tâche!




Un peu plus tard dans la matinée, Veronica frappait à la porte des Sinclair. Ce dernier mail méritait d'être regardé de près. Et si, comme sur les lettres précédentes, l'adresse était encore différente alors elle aurait ensuite besoin de l'aide éclairée de Mac.
Une adolescente d'environ quatorze ans vint lui ouvrir.

- Bonjour, je suis Veronica. Je viens voir Madison, dit-elle cordialement.

- Bien sûr! Qui d'autre?! lança la fille en laissant la porte grande ouverte pour monter aussitôt à l'étage.  

Veronica resta bouche bée. Devait-elle entrer ou bien attendre que quelqu'un prenne le relais?

Ravie de te connaître aussi !

- Il y a quelqu'un? demanda-t-elle en avançant finalement d'un pas dans la maison.

Madison déboula aussitôt en trombe dans les escaliers qu'avait empruntés sa sœur quelques secondes plus tôt.

- Loren! Je promets de te raser le crâne durant ton sommeil!

Une porte claqua à l'étage faisant alors sursauter Veronica.

- Désolée, s'excusa Madison en refermant la porte d'entrée. Qu'est-ce que tu fais ici?

- J'ai besoin de jeter un œil à…

- Attends
, l'interrompit-elle. Allons dans ma chambre.

Mme Sinclair était quelque part dans la maison et elle ne tenait pas à ce qu'elle soit au courant de tout ça.
Veronica suivit alors l'ex pompom girl.
La chambre était exactement comme elle l'avait imaginée. Rose et très "gentille fille". Ses parents ne pouvaient décemment pas être au courant du caractère réel de leur fille!

Sans qu'elle le demande, elle vit Madison ouvrir un tiroir de commode et fouiller sous les pulls pour en ressortir le mail imprimé. Elle le tendit ensuite à la détective.

- Je vais essayer de remonter à la source par les adresses mails. Peut-être que l'identification sera possible de cette manière.

- Je me fiche pas mal de la façon dont tu le fais. Fais-le, c'est tout!
lança Madison en s'asseyant sur le bord de son lit à baldaquin.

Veronica la regarda froidement et respira à fond pour calmer son instinct de meurtre. Justement au moment où elle essayait de faire des efforts, la pimbêche reprenait le dessus!

- Tu as réfléchi à la liste des suspects potentiels? s'enquit-elle alors sèchement pour changer de sujet.

- Je ne vois personne.

- Une idée du secret en question?

- Je croyais que c'était toi le détective!!


Retiens-toi, Veronica! Retiens-toi!

Peine perdue…

- Ecoute, Madison, si tu tiens tant que ça à ce que je te laisse en plan, dis-le moi tout de suite! On gagnera du temps toutes les deux! Figure-toi que j'ai autre chose à faire que de sauver les fesses de la cheerleader pendant mes week-ends!

Bon sang ce que ça fait du bien!

- Maintenant, si tu veux bien m'excuser, poursuivit-elle en quittant la chambre, j'ai du travail qui m'attend!

Veronica laissa alors Madison seule au pays de Barbara Cartland, redescendit les escaliers et quitta la maison sans un au revoir, les mâchoires serrées.
Une fois à sa voiture, elle remarqua que Loren s'était installée sur un banc de jardin. Ses écouteurs sur les oreilles, la jeune fille semblait chercher à s'isoler.
Veronica reporta son regard sur sa voiture et se laissa finalement tenter. Elle fit sauter son trousseau de clés dans sa main et éteignit son téléphone portable.

Les mains dans les poches, elle s'approcha de Loren.

- Tu as le wi-fi là-dessus? demanda-t-elle avec un sourire sympathique en désignant d'un coup de menton l'ordinateur portable qu'elle avait sur les genoux.

- Ouais, répondit l'adolescente après un bref regard par-dessus l'appareil.

- Qu'est-ce que tu fais?

Loren s'arrêta de taper sur son clavier et regarda Veronica, intriguée.

- Je discute avec une amie, dit-elle simplement.

Sentant qu'elle était peu encline à dialoguer, la détective essaya une autre approche.

- Elle est pas commode ta sœur, continua-t-elle sur le ton de la confidence.

Elle espérait qu'en se mettant de son coté, elle la pousserait à parler un peu.

- C'est même la reine des garces! Mais personne n'a l'air de le voir, lâcha Loren avec virulence. Et je parie que d'ici quinze secondes tu vas essayer de me faire changer d'avis!

Si tu savais…


- On n'est pas amies, lui expliqua simplement Veronica.

- Ah bon? Qu'est-ce que tu fais là alors?

- Je devais lui emprunter quelque chose.

- Quoi? Son maquillage? Parce que je doute que ce soit pour les cours!


Veronica rit. La petite avait de la répartie. Pas étonnant qu'elle soit la sœur de Mac.
Le contact étant établi, elle regarda sa montre et fit mine de s'inquiéter. Elle sortit aussitôt son téléphone de son sac et pesta:

- Mince! Plus de batterie. Je vais encore me faire tuer!

- Y a un problème?


Bingo!

- J'avais rendez-vous avec ma meilleure amie il y a un quart d'heure. J'ai complètement oublié de la prévenir. Il faut que je la contacte. Ca t'embêterait de me prêter ton ordinateur dix secondes? la pria-t-elle en en rajoutant des tonnes. Je pourrais lui envoyer un mail sur son téléphone …

Loren n'hésita pas une seconde et lui passa aussitôt son mac.
Veronica fit alors le nécessaire pour adresser le message à Mac.

- Merci beaucoup, Loren. Tu viens sans doute de me sauver la vie.

Elle lui adressa un dernier sourire et se rendit à sa voiture.





- J'étais sûre de te trouver là!

De retour chez elle, Veronica devina Mac allongée sur le canapé.

- Allez! Debout! J'ai du boulot pour toi!

Mais elle ne répondit pas.

- Je t'ai envoyé un email. Tu l'as lu? demanda la jeune détective en se postant devant l'écran de télévision.

- Hum… grogna l'autre, comateuse.

- Mac! J'ai vraiment besoin de ton aide. Et Loren aussi. J'ai le sentiment que sa rancœur pourrait bien lui avoir fait faire quelque chose de complètement démesuré…

A l'évocation du prénom de sa "petite sœur", Mac tiqua.

- Loren?

- Oui! Petite, brune, sarcastique…
s'amusa Veronica.

Après un cours laps de réflexion, le génie de l'informatique se leva du sofa et revint quelques secondes plus tard dans le salon avec son ordinateur.
Elles s'installèrent alors devant la table.

- Rancœur tu dis? demanda Mac, un petit sourire aux lèvres.

Veronica s'amusa du revirement de situation et sortit la totalité des mails de son sac.

- Chaque lettre de menace a été envoyée sous une adresse différente. Est-ce qu'il t'est possible de remonter la piste à partir de celui que je t'ai envoyé de l'ordinateur de Loren?

- Tu m'as même mâché le travail
, dit Mac, déjà plongée dans les méandres de l'informatique.

En se jetant dans la bataille, elle ne savait pas vraiment si elle tenait à démontrer que sa soeur de sang était bien responsable de toute cette histoire ou si au contraire elle tenait à prouver son innocence. Mais elle ne mit pas longtemps pour se décider. Peut-être espérait-elle au fond que sa soeur ait découvert le pot-aux-roses dans l'espoir de partager ce secret pesant avec quelqu'un d'autre qu'elle même.


Quelques temps plus tard, alors que Veronica feuilletait un magazine dans un fauteuil, Mac sortit vivement de sa transe:

- Je l'ai! lança-t-elle en tapant sur la table.

- Et?

- Et notre sang doit comporter quelques gènes propices à une intelligence rare.


Veronica rit et se rapprocha de son amie.

- J'en déduis qu'il y a bien un lien entre Loren et les mails, comprit alors la blonde.

- Plus que ça! Elle en est l'auteur. Tout du moins, l'ordinateur et la connexion dont proviennent les mails sont bien les siens. Reste à définir si c'est bien elle qui les a écrits…  

- Et là c'est à moi de jouer!
lança-t-elle en se levant pour se diriger dans l'entrée.

Mac referma doucement le capot de son ordinateur et se mordit la lèvre inférieure.

- Est-ce que… Est-ce que je peux venir? demanda-t-elle avec incertitude.

Veronica, qui enfilait sa veste, s'arrêta dans son élan et l'observa.

- Bien entendu.

Elles se sourirent puis quittèrent leur appartement.




C'était la troisième fois en très peu de temps que Veronica se rendait dans le O9. Ca commençait à devenir une habitude. Et elle ne tenait vraiment pas à s'y éterniser!

Pourvu que ce soit la dernière!

Garées à proximité de la maison des Sinclair, Veronica envoya un message depuis son portable et patienta, tapotant ses doigts contre le volant.

- Qu'est-ce qu'on attend exactement? l'interrogea Mac.

- Que le loup sorte du bois…

Les yeux rivés sur la porte de la maison blanche, Veronica ne bougeait plus. A côté, Mac l'imitait sans savoir pourquoi.

Soudain, la première s'agita. Madison sortait en courant de chez elle pour grimper dans sa décapotable et filer à toute vitesse.
Mac leva un sourcil intrigué devant le sourire de son amie.

- Qu'est-ce que tu as fait?

- Je l'ai juste envoyée faire un tour loin de mon terrain de jeu
, rit-elle en réponse.

Elle descendit alors du véhicule et traversa la rue en petites foulées. Mac la suivit une poignée de secondes plus tard.

Je n'ai pas prévu de plan B au cas où la mère de Madison viendrait m'ouvrir la porte. Je n'ai, à vrai dire, pas de plan A non plus. Il va donc falloir parer au plus pressé.

Devant la porte d'entrée, Veronica briefa Mac au pied levé.

- Mme Sinclair pense que je suis amie avec Madison. Si je lui dis que je viens pour voir Loren, ça ne passera pas. Donc ça va être à toi de jouer. Si Loren ouvre la porte je prendrai le relais.

Mac respira profondément et fit face à la porte. L'idée que la mère de Madison la reconnaisse l'effrayait. Mais Veronica n'était pas au courant de l'épisode où deux ans auparavant elle était retournée dans cette gigantesque maison pour récupérer son sac, ni même de l'échange qu'elles avaient eu, sa vraie mère et elle, lors de son départ en camping-car. Comment le lui avouer maintenant qu'elle se trouvait sur le perron?
Tant pis, elle prenait le risque...
Elle frappa trois coups à la porte tandis que Veronica sautait derrière un buisson pour se cacher. Elle retint son souffle jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur une jeune fille brune.
Un sourire en coin apparut alors sur le visage de Mac.

- Salut Loren, dit-elle en se rappelant la première fois qu'elle l'avait rencontrée.

- Mac! sourit l'adolescente en retour.

- Alors, tu as fini Vipère au Poing? demanda-t-elle en rigolant.

- Le lendemain.

Elles s'observèrent en silence.

- Ecoute, j'aurais besoin de te parler, reprit Mac d'un ton plus sérieux. Est-ce que tu es seule?

- … Oui
, répondit Loren en restant sur ses gardes.

C'est à ce moment que Veronica réapparut.

- Vous vous connaissez? demanda la plus jeune des trois, surprise de la voir débarquer.

- On est amies, lui expliqua Mac.

- Ecoute, on sait que tu as envoyé des lettres de chantage à ta sœur.  

Paniquée, Loren posa son regard en alternance sur les deux visiteuses sans savoir quoi répondre.

- On veut juste parler, tenta de la rassurer Mac.

Devant leurs regards amicaux et après un moment d'hésitation, elle céda et les laissa entrer.  Elles s'installèrent alors dans le salon et entamèrent la discussion.


Astair- Matt Costa

Lorsque le problème des lettres avait été réglé avec Loren, Veronica s'était éclipsée afin de laisser les deux sœurs faire plus ample connaissance et bavarder un peu. Ce n'était pas tous les jours qu'on avait la chance de se découvrir un nouveau lien de parenté. La présence d'une étrangère n'était donc pas très opportune.


- Comment tu l'as découvert? demanda Mac tandis que Loren et elle se trouvaient assises dans des fauteuils face à face.

- J'avais des doutes… Je sentais que je n'avais rien de commun avec Madison. Je pensais avoir été adoptée.

Mac sourit en constatant que la jeune fille avait parcouru exactement le même chemin qu'elle trois ans plus tôt.

- Mais au fil de mon enquête, j'ai découvert que tout ça remontait à bien avant ma naissance. Et j'ai compris que c'était en fait Madison l'erreur!

Mac éclata de rire.

- Je t'assure qu'elle est le diable! lui assura Loren avec de grands yeux.

- Je le sais…

- Elle m'en a fait bavé… A tel point qu'un jour, j'en ai eu marre et j'ai décidé de lui rendre la monnaie de sa pièce!

- Ecoute, je sais qu'être la petite sœur de Madison ne doit pas être gai tous les jours. Je l'imagine. Mais pense à tes parents et au mal que tu leur ferais si toute cette histoire était dévoilée. Ils pensent te préserver en gardant le secret. Alors fais-le au moins pour eux…

Même si l'idée d'humilier Madison était plus que tentante, il fallait savoir rester raisonnable.

- Je ne comptais pas le rendre public, avoua Loren avec un sourire machiavélique.


Mac rigola face à l'attitude de sa petite sœur puis un silence s'imposa. La fin des retrouvailles se faisait sentir.

- Il faut que j'y aille… Madison doit être folle de rage, dit Mac en haussant les sourcils.


Loren rit à son tour. Puis les traits de son visage devinrent plus tristes.

- On va se revoir?

- Je te le promets, la rassura Mac.


Elles se levèrent en même temps de leur fauteuil et se prirent dans les bras l'une de l'autre. Leurs yeux brillaient d'émotion.
Après un dernier sourire silencieux, Mac rejoignit enfin Veronica à la voiture. Cette dernière l'attendait, assise sur le capot de sa Mustang, un immense sourire sur le visage.

- Tu es fière d'elle, n'est-ce pas?

- Plus que ça! rit Mac avant de monter dans le véhicule.

Veronica observa son amie, ravie que le dénouement de cette histoire soit positif, puis descendit de son perchoir pour reprendre la route.




A Mars Investigations, Veronica et Mac discutaient, installées sur le sofa de l'entrée. Elles attendaient le grand retour de Madison.
Lorsqu'elle fit enfin son apparition, Veronica regarda sa montre.

- Bon sang tu étais où? lança la O9er visiblement en pétard.

- J'ai eu une urgence…

- C'est elle ton urgence? demanda la furie en désignant Mac. Ca fait deux heures que j'attends au Starbucks!

- Mais mes amis passeront toujours avant toi, Mady! lui expliqua Veronica, un petit sourire aux lèvres.  

- Je te paie pour faire ce travail!

- Mais seulement parce que je le veux bien… ironisa-t-elle en haussant les épaules, une moue enfantine sur le visage.


Madison pesta intérieurement mais sa colère se lut sur son visage, amusant alors les deux spectatrices au passage.
Veronica profita de ce temps mort pour se lever et se diriger vers le bureau d'accueil afin d'attraper quelques papiers.

- Ton message disait que tu avais du nouveau, reprit Madison.

- En effet. J'ai résolu ton affaire. Je connais désormais le maître chanteur ainsi que le terrible secret. D'ailleurs, c'est pas joli joli … la réprimanda-t-elle pour la faire maronner.

- On peut en parler en privé? demanda l'intéressée, soudain plus nerveuse.

- A vrai dire, Mac est aussi concernée.

- C'est elle? se précipita Madison.


Mac eut soudain envie d'acquiescer pour faciliter les choses. Mais après réflexion, elle réalisa que Loren n'y trouverait pas son compte. Madison ne cesserait pas l'enfer qu'elle lui faisait vivre. Elle laissa alors Veronica poursuivre comme elles l'avaient convenu un peu plus tôt.

- Non. Mais vous êtes en quelques sortes connectées.
Madison ne comprenait rien. Comment pouvaient-elles être liées si elle n'était pas la coupable.

Mac quitta le canapé pour céder sa place à la jeune fille.

- Assieds-toi, tu risques d'en avoir besoin, dit-elle en profitant de la situation.

Madison s'exécuta sans rechigner mais tout de même très intriguée.

- Figure-toi que le renard était dans le poulailler, se lança enfin Veronica. C'est Loren qui t'envoyait tous ces mails.  

Madison sembla tomber des nues mais en une fraction de seconde, l'éternelle pimbêche était de retour.

- La petite garce! Elle va me le payer.

- Avant de t'en prendre à elle, écoute ce que Veronica a à ajouter. Tu changeras peut-être d'avis…


Appuyée contre le pilier qui jouxtait la cuisine, Mac la toisait, les bras croisés.
Madison tourna alors son regard vers Veronica qui s'approchait justement avec la photocopie de la coupure de presse annonçant le dédommagement fait aux deux familles.

- Qu'est-ce que je suis censée comprendre? demanda Madison, perdue, après y avoir jeté un oeil.

- Rien! répliqua Veronica du tac au tac. J'avais prévu de t'expliquer …


Mac sourit discrètement.

- Tu n'es pas la fille biologique des Sinclair.

- J'ai été adoptée?? paniqua-t-elle.

Mac se tapa le front avec sa main.

- Mac et toi avez été échangées à la naissance, Madison! reprit Veronica plus vivement. L'hôpital a reconnu son erreur et sa responsabilité dans l'histoire quatre ans plus tard. Vos parents respectifs ont alors touché une compensation.

Madison resta coite. Ses yeux ronds trahissaient son effarement.

- Alors je suis… pauvre…

   Mac et Veronica s'adressèrent un regard las.

- Et tu as un petit frère qui s'appelle Ryan, tenta de l'informer Mac.

Mais cela l'importait peu.
Madison se redressa vivement du canapé et renfila son sac à main sur son épaule nerveusement.

- Si l'une de vous raconte ça à qui que ce soit, elle le paiera cher!

Mac, plus qu'amusée, fit semblant de trembler. Si quelqu'un désirait que cette histoire reste secrète, c'était bien elle. Qui voudrait étaler un quelconque rapprochement avec Madison Sinclair au grand jour? Cette histoire était un supplice pour elle ...

- Je te conseille aussi de ne pas t'en prendre à Loren. Rappelle-toi qu'elle n'a rien à perdre dans l'histoire, elle. Dévoiler la vérité lui causerait plus de bien que de tort…


Madison regarda Mac dans les yeux et prit ses mots en considération.
De rage, elle tourna les talons et claqua la porte.

- Je t'envoie la note ce soir! lança Veronica avec triomphe.

Mac soupira de soulagement.




Free – Jack Jonhson & Donovan Frankenreiter



Après un week-end fort en émotion, et un dimanche soir passé finalement entre colocataires devant la télévision, les cours revinrent plus vite que prévu.
Le même cérémonial s'opérait tous les matins(ou presque). La course à la salle de bain, le petit déjeuner alterné et l'embarcation dans la Mustang de Veronica pour finalement prendre la route de Hearst. Pour Mac cependant, c'était un jour différent car elle s'apprétait à rencontrer l'équipe multimédia de Hearst.

Dans la voiture, les plaisanteries allaient bon train, comme d'habitude. Maria y assistait en spectateur, comme la plupart du temps.
Se garant sur le parking du campus, Veronica répliqua à une attaque de Mac.

- Hey! Ne prends pas peur si tout d'un coup en cours tu ne comprenais plus rien… Rappelle-toi simplement que tu devrais être à la place de Madison aujourd'hui!

Mac, qui était déjà sortie de la voiture, plissa les yeux et regarda son amie avec un mépris feint. Elles avaient pris l'habitude d'en plaisanter depuis.

- Ah! C'est vraiment mesquin de taper sur la parenté.

Veronica rigola franchement et ferma la voiture à clé. Maria, elle, ne comprenait pas vraiment où était la plaisanterie car les deux filles avaient préféré ne pas la mettre au courant de toute cette histoire.  

- Il faudra bien que tu assumes tes origines un jour. C'est le sang d'une O9er qui coule dans ces veines! persista Veronica en lui attrapant le bras après les avoir rattrapées.

- Qu'est-ce que j'entends?? s'éleva une voix derrière elles.
Les filles s'arrêtèrent dans leur marche et se retournèrent. Dick marchait à leur rencontre, le pas cadencé comme celui d'un rappeur.

- Manquait plus que ça, marmonna Mac.


Veronica grimaça puis après réflexion sourit avant de tapoter l'épaule de son amie pour s'éclipser en compagnie de Maria. Finalement la plaisanterie pourrait durer un peu plus longtemps...
Mac regarda ses amies s'éloigner tandis que Dick posait son bras droit sur ses épaules.

- Comme ça tu serais de la famille de Madison Sinclair! plaisanta-t-il en faisant de grands gestes de son autre main.

Mac regarda aux alentours dans l'espoir que cette affirmation s'évapore. Ses parents lui avaient appris à ne pas mentir… Quelle idée!!
Les rares fois où elle s'y était risquée, on l'avait démasquée dès qu'elle avait ouvert la bouche.
Face au silence de la jeune fille, Dick se dégagea de son étreinte et l'arrêta pour lui faire face.

- Attends, c'est vrai?!

Mac essaya de se limiter à un petit haussement d'épaules mais…

- Tu plaisantes!! Alors tu aurais pu être ma belle-sœur… Yeah!! réalisa-t-il après coup.

Mac leva les yeux au ciel. Elle savait exactement ce qu'il s'imaginait à cet instant et cette image ne lui plaisait pas du tout!

- On n'est pas sœur, le corrigea-t-elle simplement.

- Alors quoi? Cousines?


Mac soupira. Après tout, s'il le répétait à quelqu'un, personne ne le prendrait au mot. Dick racontait tellement d'idioties…

- Je suis elle et elle est moi.

- J'ai jamais été très passionné par la philo, déclara-t-il perdu.  


- Ok! Ce que je vais te dire, il faut me promettre de le mettre dans un coin de ta tète et de t'asseoir dessus.

Dick rit en secouant la tête, l'expression devait lui parler.

- Je ne plaisante pas Dick.

Il reprit alors son sérieux.

- Ok. Je le promets.

Mac respira profondément puis se lança.

- On a été échangées. A la naissance, les infirmiers se sont plantés et je ne suis jamais rentrée dans la maison à laquelle j'étais destinée, lâcha-t-elle l'air fataliste.

Dick leva à nouveau un sourcil.

- En d'autres termes, tu ne serais certainement jamais sorti avec Madison? continua-t-elle pour être plus claire.

Un sourire en coin naquit doucement sur les lèvres du surfeur. Il prit alors Mac de nouveau par l'épaule et l'invita à marcher.
 
- Mais toi tu serais à coup sûr tombée dans mes filets! dit-il en haussant les sourcils.  

Mac sourit en secouant la tête. Dick n'avait définitivement jamais la réaction à laquelle on s'attendait.
Côte à côte, ils traversèrent le campus. En se chamaillant, comme d'habitude.

 


Episode écrit par Vertigo

Toutes les photos de l'épisode ici



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Ecrit par Bzzbzz 
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