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4.07 - Mars'6

Date : 18 janvier 2008

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Un vent de fête souffle sur Neptune. Les congés permettent à Veronica et à ses amis de s'offrir deux jours en dehors de tous repères californiens.
Le travail fait aussi partie du voyage et Veronica devra sortir le grand jeu dans une affaire de petits sous.

Ecrit par estel6317 

FELICITATIONS, VOUS ETES ARRIVES A BON PORT!

Une dernière image pour un p'tit bonus plaisir? Contactez lili59 par mp!

 

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

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Bonne lecture!





Naive : The Kooks


Remettant en place une étoile qui était tombé du sapin qui trônait au salon, Mac caressa la tête de BackUp qui mordillait tranquillement son os en plastique. Le sapin et quelques guirlandes électriques étaient les seuls excès de décoration de Noël que les filles s'étaient accordées vu leur emploi du temps chargé et ne voulant pas passer des heures à tout défaire.

- J'espère qu'ils ne seront pas en retard. J'ai déjà l'eau à la bouche, annonça Mac en approchant du comptoir de la cuisine où Maria s'activait d'une casserole à une autre.
- Les vacances ne commencent que dans deux jours donc si tu venais plutôt m'aider à dresser la table au lieu d'errer sans but dans l'appartement. Ca te fera patienter, l'interpella Veronica de la salle à manger.

Mac eut une moue un peu renfrogné qui se changea en un immense sourire quand la sonnette à la porte d'entrée retentit.

- J'y vais, s'écria-t-elle sous le regard amusé de ses amies.

Elle ouvrit la porte et Wallace lui offrit son plus beau sourire en entrant dans l'appartement. Un gâteau a la main, il écarta les bras pour saluer les jeunes filles.

- Ho! Ho!, commenca-t-il en imitant le père Noël mais son dernier ho se transforma en cri étouffé quand Back Up, alléché par l'odeur du gâteau, lui sauta dessus et le fit tomber à la renverse.  

Veronica et Mac éclatèrent de rire alors que Back Up, occupé à dévorer tous les morceaux de gâteau qu'il trouvait, se mit à lécher furieusement le visage de Wallace, l'empêchant ainsi de se relever.

S'essuyant les mains dans son tablier sur lequel était imprimée l'expression "Kiss the cook", Maria arriva de la cuisine, alertée par tout ce vacarme et à son tour éclata de rire, devant la vision grotesque du chien et du jeune homme par terre.

- Quelle entrée !
arriva-t-elle à prononcer. Tu sais te faire remarquer.

C'est alors que Weevil entra à son tour, un bouquet de fleurs à la main. Lui aussi, amusé par la scène, sourit :
- On ne risque pas de s'ennuyer avec toi ce soir, dit-il à Wallace, en s'avançant pour l'aider à se relever.




Après avoir salué Weevil d'un simple signe de tête, Maria retourna à ses fourneaux. Le bouquet de fleurs à la main et un vase dans l'autre, Mac la retrouva à la cuisine.

- Charmante attention, dit la jeune Latino d'un ton sarcastique.

Disposant les fleurs dans le vase rempli d'eau, Mac lui jeta un regard étonné.

- Je croyais que aviez fini par enterrer la hâche de guerre, tous les deux ?

Maria ne répondit pas et continua à tourner la sauce. Mac partit rejoindre Wallace qui tentait de se débarbouiller dans la salle de bain.
Voyant Maria seule à la cuisine, Weevil en profita pour la rejoindre. Ils avaient continué à se voir depuis leur baiser, mais n'en avaient parlé à personne. Cependant, la jeune femme esquiva instinctivement la brève étreinte que Weevil espérait obtenir. Elle ne quittait pas la sauce des yeux mais le jeune homme ne se laissa pas décourager.

- Le tablier? C'est en mon honneur? demanda-t-il un petit sourire au coin des lèvres.

Elle ne daigna pas lui répondre et Weevil commençait à s'interroger sur l'attitude distante de la jeune femme.

- Je me demandais si tu continuais les cours pendant les vacances. Je suis devenu un étudiant très studieux, murmura-t-il d'un ton complice.

Maria s'éloigna encore plus de lui en faisant semblant de chercher des épices dans un des placards.

- En fait j'ai pris un nouvel élève. Tes horaires ne correspondaient pas avec les miens, finit-elle par répondre.

Il l'observa attentivement quelques secondes et quitta la pièce sans un mot. Veronica et Mac échangèrent un bref regard étonné face à la mine sombre que Weevil arborait désormais. Wallace revint de la salle de bain en lançant :

- Mauvaise nouvelle ! Mon voyage à D.C. est annulé et tout le plan pour Invisible Children tombe à l'eau.

Weevil, qui ne comprenait pas, interrogea Veronica du regard.

- A son retour d'Ouganda, Wallace voulait continuer à aider l'association. Donc je l'ai mis en relation avec un ancien client de mon père, un chef de développement d'une entreprise textile.

Elle se leva et passa le plat de biscuits apéritif à Weevil, pendant que Wallace servait à boire à tout le monde.

- Le plan était d'ouvrir une filiale de cette boîte en Ouganda afin d'améliorer l'image de l'entreprise qui se lancerait dans de l'humanitaire, de réduire les coûts de production et surtout d'apporter son soutien financier et logistique à Invisible Children.
- Wouah les cours de marchés financiers de Neptune High t'ont réussi, Veronica !
s'exclama Mac.
- Et alors? Ca ne marche pas ? dit Weevil en se retournant vers Wallace.
- L'ami de Keith m'a apellé pour me dire que ce n'était pas la peine que je vienne, le comité exécutif de sa compagnie a refusé le projet. Trop cher selon eux, répondit-il en soupirant.
- A table, assez de conversation d'affaires, on mange ! lança Maria de derrière le bar.

Elle posa les plats sur la table et s'assit en face de Weevil.

- Weevil, d'autres travaux de plomberie en perspective? Cette fois tu pourras peut-être te faire payer, ajouta-t-elle avec un sourire.
- J'aime bien cette façon de me rémunérer. Je me fais nourrir, j'apprends des trucs comme ce machin des marchés financiers, là.

La conversation dévia alors sur le nouveau travail de Mac. La jeune fille prit beaucoup de plaisir à raconter quelques anecdotes de jeunes premières années dépassées lors de l'installation de nouveaux systèmes informatiques. Il était visible que le job lui convenait parfaitement.

- Et c'est ce que tu comptes devenir plus tard? Dépanneuse informatique? demanda Weevil
- En fait je fais des études pour, mais je vise plus haut. Je prends des cours d'ingénierie.
- Mieux payée?


Mac, embarrassée, répondit par l'affirmative. Tout le monde n'était pas sans savoir que l'avenir de Weevil était assez limité. C'est à ce moment-là que la voix de Maria se fit entendre:
- Et toi Weevil tu comptes faire plombier plus tard ?

Veronica manqua de s'étouffer et fixa Maria de ses yeux bleus. Weevil lui lança un regard inquisiteur et répondit, très sûr de lui :

- Je ne fais pas que de la plomberie. Homme à tout faire veut bien dire ce que ça veut dire.

Maria le regardait impassible. Pas un sourire, pas d'expression de mépris non plus, neutre. Il ne la reconnaissait plus.

Wallace, pensant dérider la table, intervint à son tour:
- C'est électrique ce soir. Si vous continuez comme ça, je vais finir par croire que ce n'est pas qu'un simple béguin mais le véritable amour entre vous ! On dirait Logan et Veronica avant qu'ils ne sortent ensemble.

Veronica lui donna un coup de coude.

- Sauf que je n'ai pas le compte en banque qui va avec, répliqua froidement Weevil en fixant Wallace du regard puis Maria avant de se replonger dans son assiette.

Pour tenter de réchauffer l'ambiance, Veronica quitta la table un instant et alluma la chaîne hi-fi.

Katie Melua - Ghost Town

Le silence s'installa. Maria et Weevil ne se regardaient pas et Veronica et Mac s'empêchaient de parler pour éviter d'envenimer une situation qui n'était décidément pas sous leur contrôle.

Maria alla dans la cuisine chercher un dessert qu'elle avait fait au cas où Wallace oublierait le gâteau - ou le fasse tomber -.

- Tu as tout fait? Sympa !, essaya de dire Weevil avec un ton enjoué un peu forcé.
- Oui, à côté de mes études, j'ai le temps de découvrir d'autres choses. Je suis une femme moderne, répliqua-t-elle regrettant immédiatement ses mots.
- Enfin je ne voulais pas dire que...tu ne faisais rien... tenta-t-elle de s'excuser mais sa voix se brisa et le silence reprit sa place.

Veronica et Mac essayèrent d'attirer Maria vers le sujet de ses études. Mais elle était devenue peu loquace tout à coup.
Le dîner se termina dans une ambiance de malaise. Sans un regard accordé à Maria, Weevil quitta l'appartement en souhaitant de bonnes fêtes de fin d'année aux filles et Wallace.

Lorsque la porte se referma sur lui, Wallace s'adressa à Maria:

- Je croyais que le courant passait entre le plombier et toi...?
Pour toute réponse, Maria quitta la pièce et commença à débarasser la table sans un mot. Wallace partit à son tour, laissant Veronica et Mac, perplexes.

******

WHAM : Last Christmas

Assise à une table de la cafétéria, Veronica écoutait pour la dixième fois de la journée ce classique de Noël que diffusait la radio de l’université.

Aïe, Piz, je peux t’accorder ça … tu n’aurais pas rediffusé la même chanson encore et encore, et surtout pas choisi cette "œuvre" des années 80 pour illustrer ce repas de Noël.

La jeune détective regarda son plateau garni des mets «exceptionnels» du menu festif, et décida que les seuls aliments qu’elle se risquerait à manger, seraient l’orange pour le dessert et le yaourt classique. Le reste avait l’air ou trop cuit, ou bien trop plongé dans une sauce bizarre. Au moment où elle allait se lever pour ranger son plateau, son portable se mit à vibrer :

- Miss Mars, j'ai ici un Mr Kaplan qui souhaite vous parler. Il dit avoir eu vos coordonnées par votre père le shérif Mars.

Ou plutôt le répondeur de Mars Investigations. Papa y a laissé un message indiquant qu'il se retirait du métier et demandant de contacter tel numéro si besoin d'un détective compétent et efficace. Tout moi, non?

- Mon père a perdu les élections l'été dernier, il n'est plus shérif. C'est à quel sujet ?

- Je suis l'officier de permanence, Scott, du commissariat de Las Vegas. Mr Kaplan m'a fait comprendre qu'il souhaitait un détective privé. Je vous le passe.

- Vous êtes la personne que je recherche ?
commença Mr Kaplan

- Si vous avez besoin d'un détective privé. Oui je peux vous aider. Je suis Veronica, la fille de l'ex-shérif. J'ai repris Mars Investigations au départ de mon père.Que puis-je faire pour vous ? reprit-elle.

En l'espace de quelques secondes, Veronica apprit que Mr Kaplan avait été arrêté pour tricherie dans un casino, et qu'il acceptait de lui payer le voyage qui l'amènerait à Las Vegas, en échange de ses services.

Veronica raccrocha en lui disant qu'elle allait prendre le temps de réfléchir et le rapellerait dans l'heure suivante.

Noël à Las Vegas ? c'était pas dans mes plans ... mais au moins c'est original .. et puis si je me débrouille bien, je pourrais être de retour pour la dinde  ! Avec des marrons par milliers qui sait ?

C’est alors qu'elle vit Mac et Wallace à l'entrée de la cafétaria. Tous deux avaient l'air de deux âmes errantes. Ils s'avancèrent vers Veronica qui entama la conversation :

- Hé bien vous faites une belle paire de désespérés. Alors toi je sais pourquoi ! dit-elle en pointant Wallace.
Mac que se passe-t-il ?
- L'histoire avec Madison m'a fait réfléchir. La vie que j'aurai eu, les universités rénommées dans lequelles j'aurai pu être acceptée sur un coup de fil de mon père. Et puis avec Noël et cette fichue chanson, j'ai un petit coup de blues je crois.
- Mais tu n'aurais pas été Mac, ma colloc,
répondit Veronica.
- Immanquable en effet. Ne t'inquiète pas ce n'est qu'un coup de blues, ça va passer.

Elle partit se commander un café à emporter. Veronica pensa à ses deux amis. Tous les deux avaient franchement besoin de se changer les idées. S'ils allaient à Vegas ils pourraient se détendre pendant qu'elle s'occuperait de son tricheur. En plus si elle se débrouillait bien et que l'affaire n'était pas trop compliquée, elle pourrait tout aussi bien s'accorder un break, loin de Neptune et de toutes ses histoires.

Voyant les mines déconfites de ses deux amis qui s'étaient assis en face d'elle, elle proposa :

- Est-ce qu’un petit tour dans la ville des jeux vous mettrait en appétit avant de revenir nous gaver des vrais mets de Noël ?  
Wallace lui rétorqua :
- Qu’est-ce que tu racontes, V ? Tu veux aller à Vegas maintenant ? C’est bien ! au lieu de donner de l’argent on va en dépenser … C’est beau l’esprit de Noël !
- Allez ! arrête le rabat-joie ! tu viens et Mac et Maria aussi, comme ça moi je pourrai bosser et elles te surveilleront. C’est réglé, j’appelle mon client.



Après des pourparlers de quelques minutes avec ce dernier, Veronica obtint quatre billets aller-retour pour elle et ses amis, en guise de paiement. Mac paraissait enchantée et s’empressa d’appeler Maria qui finissait sa séance de tutorat à la bibliothèque. Wallace fut plus dur à dérider mais en voyant la joie de ses amies, il finit par accepter.

Veronica se leva pour déposer son plateau, en regardant ses amis heureux de la nouvelle et ne vit pas arriver vers elle, son ex petit-ami ainsi que son meilleur ami.

- Alors Mars, qu’est-ce que j’entends ? Tu comptes faire le remake de l’Inconnu de Las Vegas ? Mais tu sais que Danny Ocean est déjà passé par là … et à ce que j’ai lu dans USA Today, il n’est pas question qu’il adopte un quatorzième compère.
- Attends,
l'arrêta Veronica en faisant mine de s'arrêter de respirer, tu veux dire qu'en plus de lire la chronique financière et la rubrique people, tu trouves aussi le temps de t'intéresser à la culture et au cinéma! Tu es en net progrès, Echolls!

Logan eut un sourire en coin.

- Allez, Soyons sérieux! Qu'est ce que tu viens faire là Logan ?
- Elle vole comme le papillon et pique comme l'abeille !
, lança Logan pour lui même. Mais toi, Que vas-tu faire à Vegas ? Voir Céline Dion au Caesar Palace ?
- Let's talk about loooooove,
essaya de chanter Dick avec sa voix de casserole.
- J’ai une affaire et j'en profite pour passer du temps avec mes amis, reprit Veronica, ignorant le chanteur.
- Donc, Dick et moi ne sommes pas tes amis… Décidément ! Tu sais si bien me parler, ironisa Logan… Mais ce n’est pas grave ! Moi, un petit week-end à jouer George Clooney, ça m’intéresse aussi. Qui sait, on trouvera peut-être la Julia de Dick là-bas!... Et puis, te voir suivre d’autres mecs, ça m’intéresse aussi.
- Hey! Pas si vite, pour ton animal de compagnie c'est soute et vaccins obligatoires.
lui lança-t-elle en jetant un coup d'oeil vers Dick.
Alors que ce dernier allait rétorquer, elle continua :
- En plus je suis sûre que vous ne trouverez plus un hôtel pour vous accueillir le week-end de Noël !
- Qui t’a dit qu’on aurait besoin de chambre d’hôtel … vous êtes quatre, nous ne sommes que deux : c’est facile à caser …
conclut Logan.

Les deux garçons rejoignirent la queue de la cafétaria en laissant une Veronica abasourdie.

*****

Générique

*****

Keith gravit les marches qui menaient à son appartement. Il cherchait ses clés depuis qu’il était sorti de sa voiture, sans succès. Ses journaux maintenus contre sa poitrine à l’aide de son menton, il put libérer ses deux mains et parvint ainsi à retrouver son trousseau, perdu dans la doublure de son pardessus.

Lorsqu’il ouvrit, la première chose qu’il vit fut Backup. Il fronça immédiatement les sourcils. Pourquoi donc Veronica l'avait-elle ramené ici ?
- C’est à cette heure-ci que tu rentres, Homme ? Veronica était assise dans son fauteuil et faisait mine de ne s'intéresser à lui que de manière distraite, tout en lisant ses cours.
- Depuis quand Harriet Oleson a-t-elle usurpé l’identité de ma fille aimante qui se serait précipitée au secours de son Papa ?
- Voyons ! Si j’étais venue t’aider, où serait passée ta virilité ? Tu es l’homme de la maison, je te le rappelle !
- Oui ! Quelque chose comme l’androgyne, même, depuis que tu es partie ! D’ailleurs, en parlant de ça, puis-je te demander, Femme, tes compétences pour recoudre la poche de mon pardessus ?

Veronica sourit. Elle aimait revenir ici, de temps à autres, et tant pis si son père trouvait toujours le moyen de lui confier une tache : elle le faisait avec plaisir.

Certes ! Un plaisir un peu intéressé, aujourd’hui, mais l’essentiel n’est-il pas de s’entraider, dans une famille ?

- Veronica !

La jeune fille sursauta.

- Veronica ! Pourquoi as-tu ramené la gamelle de Backup, et un sac de croquettes qui lui permette de tenir au moins un mois ? Il me semblait que nous avions convenu d’une garde alternée… et nous ne sommes pas dans la semaine paire du calendrier !

Veronica sourit: son père était toujours bon observateur, toujours en alerte.

- Vois-tu, pour son bon développement, son psychologue m’a conseillé d’avoir une figure masculine dans son entourage ! Je crois qu’il a été traumatisé par nos séances d’épilation, à l’appartement !... Puis accessoirement, je dois partir à Las Vegas rejoindre l’un de tes anciens clients, Gabe Kaplan  et trouver des preuves pour prouver son innocence.
- L'innocenter? A Las Vegas? Mais Gabe ne quitte jamais New York!
La voix de Keith traduisait sa surprise.
- Eh bien disons qu'il a été attiré par le gain facile! il me restera à découvrir à quelle facilité il pensait!
- Et Mac avait peur de se retrouver devant ce bon vieux représentant de la gente masculine?
- Non! les filles viennent avec moi... Wallace, Logan et Dick aussi... Ca fait partie du marché que j'ai passé avec Kaplan.

Keith sourit : sa fille prenait vraiment la relève ! Elle ne se contentait plus de Neptune ! Le Monde était à elle ! Il éprouva le besoin irrépressible de la serrer dans ses bras. Il ne se faisait toujours pas à cette séparation, ni au fait qu’elle puisse être appelée à partir aussi souvent. Mais qu’il était fier d’elle, malgré tout !

*****

Après une dure après-midi écoulée à sécher les cours dans leur bar préféré, Logan et Dick rentraient chez eux. Depuis leur rencontre avec Veronica et ses amis, ils n'arrêtaient pas d'échaffauder des plans pour le déroulement du week-end. Ils ne manquaient pas d'idées et s'imaginaient même draguant les plus jolies filles de Vegas.

Arrivés au loft, ils tombèrent sur Charlie qui était venu squatter la connexion internet. Assis dans le confortable canapé en cuir, il était en conversation téléphonique.

Voyant arriver les deux jeunes habitants il prit congé de son interlocuteur. En s'avançant vers eux, il s'exclama:

- Encore un démarchage pour savoir si je veux changer de forfait de téléphone. Décidément, ça ne les embête pas d'enquiquiner les gens en fin de journée.
- Oh! comme si tu avais passé une journée épuisante !
lui rétorqua son frère.
- Et vous donc ? repartit Charlie
- Ok, un point partout, s'amusa Logan. En tous cas c'est pas ce week end que nous allons nous épuiser... ou alors à ne rien faire, enchaîna-t-il en regardant Dick d'un air complice.
- Ouais, on part à Vegas, s'écria Dick en se dandinant.
- Las Vegas ? Ce week-end ? Je suppose que c'est comme ça que s'amusent les "jeunes" de nos jours, répondit Charlie avec une pointe de sarcasme. Ils décollent pour la ville de tous les vices du jour au lendemain.
- Les "jeunes" ? Mais tu t'entends ? On dirait que t'es un vieux balai. En plus je suis sûr que si tu venais, tu t'amuserais tout autant que nous!
- Ce week-end, non Logan, je ne peux pas. J'ai une chose importante à faire. De toute façon, on se retrouvera pour le réveillon ?
- Et comment !
lui assura son petit frère
- Ok, donc c'est réglé ! conclut Charlie

Charlie commençait à rassembler ses affaires pour partir lorsqu'il releva la tête :

- Au fait, Logan! Ce n'est pas parce que tu es milliardaire que tu dois tout claquer.
- T'inquiète, c'est Dick qui régale ce week-end !


Tous les trois partirent dans un éclat de rire.

*****

ZZ Top : Viva Las Vegas

La porte vitrée de l'aéroport s'ouvrit, laissant aux six voyageurs tout le loisir d'admirer la ville dont ils avaient tant parlé pendant le voyage.
- Las Vegas me voilà! Prépare-toi à vivre les nuits les plus torrides de ton histoire, s'écria Dick.
- En tous cas, ce n'est sûrement pas comme ça que tu arriveras à sortir avec une fille, lui rétorqua Maria.

Cette attitude cassante de la jeune femme ne différait pas avec celle qu'elle avait eue toute la durée du voyage. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés à l'aéroport, Maria avait été désagréable avec Dick. Veronica lui jeta un regard interrogateur que Maria fit mine d'ignorer.

Arrivés au Circus Circus, le palace du casino dans lequel Kaplan avait été arrêté, les jeunes gens s'approchèrent du comptoir d'accueil et découvrirent une mauvaise surprise.
En effet, Veronica avait réservé deux chambres: une pour elle et Wallace, l'autre pour ses deux colocataires. Mais Dick et Logan avaient appellé pour modifier la réservation de Veronica et la remplacer : trois chambres avec des lits doubles pour trois couples, les attendaient.

- Nous on prend la 376. Un grand lit suffira peut-être à me faire apprécier d'avantage, lança Dick en s'accrochant au bras de Maria.
- Même si tu étais le dernier homme sur Terre, tu n'aurais toujours rien de moi, lui répondit-elle.
Dick parut amusé et lui adressa un sourire narquois.

- Il est clair que les trois chambres ne conviennent pas. Trois mecs, trois filles, ça ne va pas aller! Autre solution ? lança Veronica à la cantonnade. Maria remercia Veronica en souriant.
- Si je prends une grande suite, ça règle la question? On pourra peut-être enfin aller s'amuser, demanda Logan qui commençait à ne plus trouver la blague amusante.

L'employé de l'hôtel, soulagé leur tendit des clés. Les six amis montèrent dans l'une des plus belles suites du palace. Elle était spacieuse, au-delà de ce qui pouvait être imaginable. Un grand canapé en L trônait au milieu avec un meuble portant un écran plasma de cent cinquante centimètres.
Une grande baie vitrée donnait sur les palaces les plus connus de la ville, MGM Grand, Bellagio, Montecito... Le Circus Circus était décidément bien placé.

Les deux chambres étaient presque aussi spacieuses que le salon qui les séparait.

Ayant envie d'en finir au plus vite et de sortir découvrir la ville et ses plaisirs, Logan procéda lui-même au partage:
- Ici c'est les garçons, dit-il en désignant la chambre dans laquelle il venait d'entrer. Là-bas celle des filles.
- Pourquoi est-ce que ce partage ne me surprend pas, commenta Veronica, en désignant la console de jeux.

Elle ne fit cependant aucune difficulté, mais Wallace n'était pas tout à fait d'accord pour dormir une seconde fois en compagnie des deux 09'er.
- Ne t'inquiète pas, je n'ai pas encore appelé  de strip-teaseuses pour ce soir, dit Dick en s'asseyant sur le matelas avec un sourire goguenard.

Enfin seules dans leur chambres, Veronica s'adressa à Maria:
- Maintenant, tu nous dis ce qui ne va pas.

Voyant que Maria allait objecter, elle ajouta:

- Si quelque chose ne va pas ! La façon dont tu t'es comportée avec Dick, tout le voyage...
- Toi aussi, tu le trouves insupportable.
- Bien sûr mais là c'est à la limite de l'acharnement. Alors ou tu nous as déclaré une guerre éternelle contre Dick, ou tu l'utilises comme défouloir. Mais je pencherais pour la seconde option,
finit Veronica.

Mac s'assit sur le lit à côté d'elle et ajouta:

- Je suis d'accord. Il y a un truc louche...

Maria ferma la porte et prit une chaise. Elle s'installa face à ses deux amies.

- Au courrier de jeudi, j'ai reçu une lettre de Yale, commença Maria. Mac, tu m'as même demandé ce que c'était. Je t'ai répondu :...
- Une lettre d'information sans importance,
se rapella Mac.
- Oui, mais c'était faux. En fin d'année dernière, j'ai fait une demande de transfert. J'avais besoin de quitter la Californie. La situation avec ma mère et mon frère devenait insupportable. Il fallait que je change d'air.
- Pourquoi ne pas être partie à l'étranger ?
demanda Veronica.
- Parce que c'est cher, plus cher que d'obtenir une bourse pour une université du pays. Et puis la demande pour un semestre à l'étranger se fait plus d'un an à l'avance. J'avais largement dépassé la date.
- Et donc Yale, le courrier ?
insista Mac.
- Ils m'attendent au retour des vacances. Ma demande a été acceptée.

Veronica et Mac se regardaient, conscientes que la moindre des choses serait de féliciter leur amie. Mais les mots attendus ne sortaient pas.

- Donc tu vas partir ? demanda Veronica.
- Je ne sais plus trop, répondit Maria, hésitante. C'est une très belle occasion pour moi, mais je me trouve bien à Neptune. Je me sens enfin revivre depuis que j'ai quitté ma mère.
- Et Weevil dans tout ça ?
osa Mac.

Surprise, Maria regarda ses amies. Elle baissa les yeux un instant. Quand elle releva la tête, Veronica crut percevoir des larmes dans ses yeux noirs.

*****

Laissant toute la bande à leur suite, Veronica demanda au réceptionniste s’il connaissait l’adresse du Shérif Bosco. L’homme, grand brun aux yeux noisette, leva péniblement les yeux de son match de hockey, mais lorsqu’il vit Veronica, son sourire se fit charmeur.

- Le Shérif Bosco ? Je l’ai vu il y a un instant !

Le visage de Veronica s’illumina. Elle venait à peine de débarquer que la chance lui souriait déjà.

Après tout, j’ai été assez malheureuse en amour, ces temps derniers, non ?


- Pourriez-vous m’indiquer où il était s’il vous plaît ?
- Oui, bien sûr ! Il courait après les frères Duke !


Le visage de Veronica s’assombrit. Avec un nom comme celui du Shérif, elle aurait dû s’attendre à une telle plaisanterie. Elle toisa le jeune homme de toute la hauteur de son mètre cinquante cinq et sortit le plus dignement qu’elle pût. Elle entendait encore le jeune homme rire de sa plaisanterie.

Toi, mon coco, tu ne l’emporteras pas au Paradis !

Elle héla un taxi qui l’emmena heureusement à bon port. Elle entra alors dans l’imposant bâtiment, et se trouva devant ce qui semblait être la version vegassienne de Inga. Elle lui expliqua donc qui elle était, lui sortit sa plaque de détective pour confirmer ses dires. Le shérif étant absent pour le moment, elle demanda à voir son client, permission qui lui fut accordée. Un officier la fit donc passer par une série de corridors, et Veronica manqua se perdre dans le dédale. Enfin, cette course s’arrêta devant une salle, la salle d’interrogatoire qui avait été laissée à disposition de la jeune femme. Elle en fut gré à l’officier, lui sourit et entra.

L’homme assis en face d’elle avait tout de William Fichtner : brun, un grand front intelligent, des yeux bruns. La seule différence résidait peut être dans la taille, son client semblant être de petite taille. Cette impression lui fut d’ailleurs confirmée lorsqu’il se leva pour lui serrer la main.

- Gabe Kaplan ?
- Mademoiselle Mars, je suppose. Veuillez excuser ma curiosité, mais vous me paraissez quelque peu jeune pour être détective, non ?
- Disons que je suis l’alchimie parfaitement féminine entre Mike Stone et Steve Keller.


Son client la regarda, indécis. Veronica, devant l’insuccès de sa plaisanterie, toussota pour se donner une contenance, et se plongea dans le dossier qu’elle avait amené avec elle. Il était composé des notes qu’elle avait prises suite à leur discussion téléphonique, de quelques recherches sur Internet, et des informations que lui avait données son père avant de prendre l’avion.

- Donc Monsieur Kaplan, pourriez-vous m’expliquer votre situation dans le détail, s’il vous plaît ? Essayez d’être le plus précis possible.
- Alors, ma situation… Je suis en garde à vue depuis hier, comme vous le constatez. Il paraîtrait que, par un tour de passe-passe inconnu de moi, j’aie volé le casino de l’hôtel Circus - circus, celui situé au nord du Strip.
- Ce qu’évidemment, vous n’avez pas fait…


Il foudroya Veronica de son regard.

- Je ne savais pas que Paris Hilton avait une deuxième soeur! Inspirant profondément, il poursuivit. Mais non, je ne l’ai pas fait, bien sûr que non ! Comment voulez-vous que j’aie prévu une arnaque dans un casino où je n’étais jamais allé avant, où je ne devais même pas me trouver !

A ces mots, Veronica leva vers lui des yeux interrogatifs. Nelson expliqua patiemment :

- Vous savez au moins qui je suis?
- Vous dirigez une multinationale à New York.
- Mon collaborateur devait venir ici signer un contrat, mais il a eu l’excellente idée de faire un malaise à l’aéroport. Il m’a donc appelé avant d’être emmené à l’hôpital. Et je hais prendre l'avion!!

Veronica se retint de lui dire que c'était dommage pour un chef d'industrie de composants d'aéronautique. Mais son client poursuivait:

- et voilà comment je me retrouve dans cette satanée ville. A la suite de la signature du contrat, j’ai voulu me détendre. Or, à Las Vegas, c’est péché que de ne pas aller jouer quelques dollars dans un Casino. Je suis donc descendu à celui de l’hôtel.

Veronica prenait des notes, au fur et à mesure que l’homme parlait. Elle finissait sa phrase lorsqu’elle demanda :

- J’imagine que si vous êtes ici, c’est tout de même qu’il y a des preuves, non ?

L’homme rit amèrement.

- Quand je vous parlais de tour de passe-passe ! Le shérif, quand il ne fume pas son tabac - ou quoiqu'il fume d'ailleurs, daigne me parler de ce dont il dispose contre moi. En l’occurrence, deux vidéos où je suis avec un homme et où je gagne au poker! à part ça, rien! Mais je n’y peux rien, moi, si je gagne à ce jeu-là ! Ce n’est tout de même pas un crime, si ?

Il s’énervait, en prononçant ces mots, et frappa du poing sur la table. Veronica lui indiqua de se calmer car l’officier avait passé la tête à la porte, pour voir de quoi il retournait.

- Cet homme, vous le connaissiez?
- Non! C'est ça, le plus fort! On est entrés ensemble, et comme on n'arrêtait pas de se croiser, on a discuté un petit peu, mais pas davantage... Encore une fois, ce n'est pas interdit, de discuter avec un inconnu, quand on est adulte, si?
- Eh bien, jusqu’ici, je pense que non.
Veronica rassembla ses affaires et se leva. Je vous recontacte.
- Je ne vous laisse pas de carte de visite : vous savez où me trouver.


Veronica était déjà vers la porte lorsque Kaplan l'arrêta:

- Encore une chose! Si vous retrouvez l'homme au manteau jaune, conseillez-lui au moins de s'acheter un autre pardessus! Qu'au moins son vol ait servi à quelque chose d'utile!

Parvenue dans le hall, elle revint vers la personne chargée d’accueil. L'employée prit un air ennuyé en reconnaissant la détective, qui ne se démonta pas pour autant.
- Le Shérif est-il revenu ?
- Non, mademoiselle. Puis-je lui laisser un message ?
- Non, merci, je repasserai demain.


Veronica allait repartir, lorsqu’elle sentit une odeur de tabac envahir ses narines. Elle sourit à l’hôtesse d’accueil et fonça vers les bureaux derrière elle. Lorsqu’elle eut trouvé le nom qu’elle cherchait, elle entra sans frapper, la femme protestant sur ses talons. Le Shérif, quelque peu bedonnant, les cheveux blancs, un double menton, fit signe que tout allait bien, et, se carrant dans son fauteuil, détailla Veronica de la tête aux pieds.

Celle-ci chassa le nuage de fumée qui l’enveloppait et s’assit à son tour, sans que le Shérif ne l’y ait invitée.

- Je suis la détective engagée par Monsieur Kaplan, et je voudrais vous voir pour parler de son dossier.

Le ton de sa voix était clair, ferme. La démarche sembla amuser le Shérif Bosco, qui prit son temps pour formuler sa réponse.

- Mademoiselle Mars, donc, je suppose… Et vous êtes ici pour l’affaire du Casino ?... Vous savez que vous perdez votre temps ?
- Vous me laisserez user de mon temps comme il me convient, Shérif. Je souhaiterais voir les vidéos dont vous avez fait mention à Monsieur Kaplan.


Décidément, cette jeune personne semblait amuser le Shérif, et ce sourire suffisant commençait à prodigieusement agacer Veronica. Elle tenta de rester la plus professionnelle qu’elle put, et lui lança un regard impérieux. Nouveau sourire du Shérif, qui se leva néanmoins et se dirigea d’un pas lourd vers un bureau jouxtant le sien. Il en ressortit une minute plus tard, la vidéo dans les mains. Il ouvrit alors un meuble et inséra la vidéo dans l’appareil.

Au bout d’un temps interminable, les images défilèrent devant leurs yeux. On y voyait effectivement Gabe Kaplan, arrivant avec un homme. Ils riaient ensemble au moment où ils passaient les contrôles de carte d’identité. L’un des employés se saisit des manteaux.

- Une chose est claire : votre client a meilleur goût que son complice.

Veronica ne pouvait qu’être d’accord avec cette remarque. Le manteau jaune, particulièrement criard, était véritablement de mauvais goût. Elle décida d’ironiser.

- C’est sûr que quand on cherche à arnaquer un Casino, on choisit ce type de couleur, pour être certain de ne pas être remarqué.
- Oh ! Vous savez ! Les goûts et les couleurs… Vous croyez que les Dalton n’étaient pas repérables, vous ?

Veronica regarda son vis-à-vis, atterrée. Pouvait-il exister un Lamb plus bête qu’un mouton ?

- dites moi que vous ne cherchez pas un homme dans une ville aussi grande que Las Vegas, demanda Veronica, inquiète.
- Mais si!

Veronica soupira. Quand rencontrerait-elle enfin un Shérif compétent?

- Et sinon, comme preuve direct, vous avez quelque chose, quand même ?
- Ce n’est pas à vous de les découvrir, Détective ?


Fier de lui, le Shérif daigna tout de même expliquer qu’ils n’avaient rien trouvé de probant, et qu’il ne s’agissait que de preuves indirectes. Ils recherchaient toujours l’homme au manteau jaune qui avait dérobé 347$. Il en était là de ses explications lorsque le téléphone sonna. Il indiqua à Veronica la porte de son bureau et lui dit :

- Je pense que vos talents vous permettront de revenir jusqu’à mon bureau si nécessaire.

Veronica sortit perplexe du bureau du Shérif. Elle se retrouvait avec une enquête dont la résolution paraissait évidente. Toutefois, elle avait été employée pour prouver l’innocence de son client. Or, quel intérêt aurait-il eu à perdre de l’argent avec une détective ?

Veronica, ma vieille, ne commence pas à faire ta blonde.

S'étant ainsi réprimandée, Veronica prit son téléphone. Un sourire flottait sur ses lèvres.

*****

Veronica attendait ses amis depuis de nombreuses minutes, déjà. Elle était entrée dans la salle de jeux, avait fait des repérages, et puisque la seule preuve qu’elle avait était la vidéo, elle avait cherché à voir laquelle avait filmé son client. Elle n’avait pas pu la trouver.

Décidément, je vais être très chanceuse, ce soir.

Soudain, une main s’abattit lourdement sur son épaule. Elle manqua étouffer sous un bras qui l’enserrait vigoureusement.

- Veronica, ma petite Veronica, je sens que ce soir, nous allons faire des merveilles.
- Dick, grogna la petite blonde, si tu n’ôtes pas ton bras, je me charge de te faire visiter l’hôpital le plus proche, service andrologique.



Méfiant, Dick lâcha Veronica. S'il ne connaissait pas la signification du mot andrologique, il savait en revanche ne pas sous-estimer cette blonde bizarre. Au surplus, son regard était attiré par le spectacle qu’offraient Mac et Wallace, la seconde trainant son ami bougon, affublé d’un bonnet à l’effigie de Grincheux.

- Mac, tu ne veux pas décorer mon sapin, plutôt ? Le mien s’appelle Costaud.
- Dick… menaça Veronica.

Pourtant, la jeune femme ne put s'empêcher de sourire à la vue de  Wallace. Elle vint alors à leur rencontre, et passa un bras autour de leurs épaules.

- Maria n'est pas là? S'étonna-t-elle.
- Merci de t'inquiéter pour moi!

Logan arrivait, un sourire goguenard aux lèvres. Veronica l'ignora, et ce fut Mac qui la renseigna:

- Elle est restée à l'hôtel: elle a dit qu'elle avait mal à la tête.
- Ca, c'est pas une excuse qu'on a l'habitude de donner dans ce cas précis.

- Dick!!

*****

A l'intérieur, toute la bande se précipita sur les machines à sous. Veronica les laissa rapidement pour continuer ses investigations. Une coupe de champagne à la main, elle finit par se rapprocher de l’entrée, là où les joueurs devaient laisser leur manteau au vestiaire et présenter leur carte d’identité pour accéder aux machines.

Elle prit une mine désabusée et sourit au chargé d’accueil, un jeune blond avec des lunettes rectangulaires. Veronica poussa un soupir à fendre l’âme.

- Les jeux ne vous plaisent pas, mademoiselle ?

Veronica eut un sourire un peu contrit.

- C'est-à-dire que je suis de Las Vegas. Ce Casino, c’est mon préféré, mais bon... J’adore le décor, ici, les jeux sont sympa, et j’y ai donc amené mes amis, qui viennent de Neptune. Ils sont en vacances ici, alors comment ne pas les emmener au casino, n’est-ce pas ?... enfin, bref ! J’aimerais bien un peu de nouveauté, quoi !... Je m'ennuie, en fait!
Elle rajouta, sur le ton de la plaisanterie : la prochaine fois, je m’essaierai à la triche !

L’homme, dont le badge indiquait qu’il s’appelait Rufus, éclata de rire.
- Vous pouvez toujours essayer !
- Hey quoi ! Au moins, si je suis prise, je verrai l’envers du décor, les bureaux, je serai menottée… Wouuuh ! Mais bon ! J’ai beau être blonde, j’ai quand même des bases en matière de tricherie.


Elle cligna de l’œil pour appuyer son propos, puis ajouta d’un ton plus confidentiel, en posant son verre sur le comptoir.

- J’ai déjà repéré trois caméras !


Rufus sourit. La personne qui lui faisait face avait visiblement trop bu.

- Il y en a bien plus que ça, vous savez ! Nous sommes tout de même un casino ! Nous aussi, on en connaît un rayon, en matière de surveillance !
- Et je parie que vous ne me direz pas où elles sont !


L’homme lui sourit en secouant négativement la tête. Veronica partit, semblant déçue. Elle rejoignit ses amis à la table de poker. A la fin de la partie, elle attira discrètement Mac aux toilettes.

- Mac, j’ai besoin de toi !
- Veronica ! Toutes ces journées passées dans un même appartement, et tu me déclares ça dans des toilettes d’un Casino…
- Je te parle de me rendre un petit service.
- Vénale !
- Mais non ! Tu auras droit de me demander n’importe quoi, en échange.
- En mariage aussi ?


Mac était tout sourire. Veronica l’attrapa par les épaules.
- J’ai besoin que tu attires l’attention sur toi, dans le hall d’accueil. Il faut que je puisse entrer vers les vestiaires.
- N’importe quoi, hein ?


Mac sourit mystérieusement et se dirigea vers l’accueil. Veronica la suivit quelques secondes plus tard. Soudain, un cri strident résonna vers la porte de sortie. Aussitôt, tous les regards convergèrent vers une jeune femme brune, visiblement terrifiée par quelque chose.

Veronica profita de ce moment d’inattention pour se faufiler vers les vestiaires. Elle chercha son manteau, se saisit de son téléphone, puis se coula contre un gros manteau vert pomme. Elle se pencha suffisamment sur sa gauche pour observer cinq écrans, correspondant à cinq caméras différentes dont deux braquées sur la table de poker, précisément celle où étaient ses amis. Elle filma rapidement les écrans avec son téléphone portable.

Ayant obtenu ce qu’elle voulait, elle risqua un œil sur sa droite. L’employé chargé des vestiaires était revenu. Veronica grimaça. Comment allait-elle pouvoir sortir ? C’est alors qu’elle entendit la voix de Wallace, inquiet. Il semblait vouloir rassurer Mac et lui parlait comme à une enfant. Il demanda de l’eau, et le préposé aux vestiaires lui indiqua le bar. Il observa le couple avec sollicitude. C’est le moment que choisit Veronica pour se glisser vers la sortie et se retrouver de l’autre côté du comptoir.

Lorsque Veronica parvint à la table de poker, elle y trouva Mac et Wallace, toujours dans la partie, aux prises avec un homme. Logan et Dick avaient dû se coucher, et étaient alors revenus à leurs premières amours : les machines à sous. Dick venait de toucher une jolie somme, à en juger son air triomphant et le seau qu’il emplissait de petites pièces métalliques.

Et voilà ! Veronica ! Encore une fois ! l’argent n’aime que les riches !

La jeune femme reporta son attention sur ses deux amis. Pour ne donner aucune indication à aucun des trois joueurs restants, elle se plaça en bout de table, en face d’une des caméras. Toutefois, Veronica avait beau faire un effort, elle ne parvenait pas à se concentrer sur la partie que jouaient ses amis, et son esprit se remit à vagabonder dans la salle. Il s'attarda ensuite sur un tableau qui faisait face à la table de poker, représentant une piste de cirque sur laquelle évoluaient un cheval blanc et divers saltimbanques. Une nouvelle fois son regard revint vers Logan et Dick, avant d’être ramenés à la table à laquelle elle se trouvait. En effet, le ton de la voix du croupier avait changé.

Le visage de Mac était devenu littéralement rouge écarlate, et elle semblait chercher à se cacher, alors que Wallace, lui, éclatait de rire. Veronica demanda quelques explications, histoire de montrer qu’elle s’intéressait un peu à ce qu’il se passait autour d’elle. Le croupier lui sourit et lui expliqua que Mac s’était retrouvée avec des jetons non-conformes, ce qui arrivait régulièrement dans les casinos.

- Moi, dans ces cas-là, quand je m’en rends compte, plutôt que de créer un scandale, je change les jetons en question. Je n'ai alors plus qu'à prévenir la caisse, et elle se charge de retenir ces faux jetons... et de ne pas les rembourser, bien évidemment!... Un peu comme des faux billets dans une banque, quoi! C'est d'ailleurs ce qui vous arrivera, dit-il en s'adressant à Mac.
- Mais comment de faux jetons peuvent-ils permettre une tricherie quelconque ? demanda Veronica, intriguée.
- Ils peuvent être marqués, par exemple, et telle marque peut avoir une signification obscure, sauf pour un autre joueur complice à une même table, qui chercherait en fait à empocher une mise faite par un autre joueur. Il y aurait ainsi association de malfaiteurs, en quelque sorte, pour employer de grands termes.

Veronica était véritablement surprise d’entendre parler de telles machinations. N’ayant jamais mis les pieds dans aucun casino, elle ne s’attendait pas à rencontrer de telles pratiques aussi simples de trucage. Mac, pour sa part, était parvenue à se ressaisir et à enchaîner; mais, déstabilisée, elle se coucha rapidement à son tour.. Ne restaient plus que Wallace et l’autre homme, mais Wallace dut s’incliner : il s’était vu pourtant proche de la victoire, avec une paire de Rois, mais l’homme avait abattu son jeu, dans lequel figurait un brelan d’as.

- Wallace ! la croupière de Casino Royale te l’avait déjà dit, non ? Les as gagnent ! Les as ! Pas les Rois !

Veronica et Mac partirent en riant, alors que Wallace, dépité, hochait la tête en signe d’abattement. Il les rejoignit près des garçons, accoudés au bar, et préféra s’installer près de Veronica.
- Tu sais ! j’ai perdu pas mal d’argent à la roulette, ce soir, aussi ! Pourtant, je voulais faire fructifier ce que j’avais, et j’aurais mis cet argent dans les caisses de l’association.

Veronica posa son bras sur l’épaule de son ami.

- Ne t’inquiète pas, Wallace ! Mon client est riche, je verrai comment arranger ta situation… N’oublie pas que c’est bientôt Noël !
- Tu avances, de ton côté ?
demanda Wallace, pour changer de sujet.
- Pas vraiment, mais je ne désespère pas ! Il faut que je retourne voir mon client en prison dans la matinée... Au fait! Mac! C'était quoi, ce cri, tout à l'heure?


Mac se tourna vers son amie et lui expliqua sur le ton de la confidence:
- Je vois des gens qui sont morts.
- Et quand je suis arrivé, elle m'expliquait comme une dingue qu'elle venait de voir sa soeur Madison. Du coup, j'ai compris que c'était une blague, alors j'ai joué le jeu,
enchaîna Wallace. La prochaine fois, les filles, essayez de me mettre au courant avant!

Mac échangea un regard de connivence avec Veronica, mais Wallace avait déjà porté son attention vers les machines à sous, vers lesquelles il se rendit en se frottant les mains.

*****

Veronica, partie en avance du Casino, s’était couchée suffisamment tôt pour pouvoir se lever le lendemain de bonne heure. Elle n’avait pas pu voir Maria, et ayant supposé qu’elle dormait, n’avait pas osé faire trop de bruit. C’est tout aussi discrètement qu’elle quitta l’hôtel pour se rendre à la prison.

Malgré le fait qu'il soit dimanche matin, il ne lui fut opposé aucune difficulté pour rencontrer son client, qui parut surpris de la voir. Elle s’installa en face de lui, et se tint la plus droite possible.

- Monsieur Kaplan, je suis allée au casino, hier.
- Oui, c’est plutôt pas mal, ça, pour un détective, de commencer par le lieu du crime… Logique, non, somme toute ?


Veronica ne se démonta pas pour autant :

- Voici une petite vidéo que j’ai prise hier soir. Je voudrais savoir si vous avez vu les mêmes écrans, placées sensiblement aux mêmes endroits.

Elle lui tendit son téléphone, et Gabe Kaplan se concentra sur l’écran, puis secoua la tête négativement.

- Non ! pas du tout ! Il y en a deux qui ne sont pas orientées de la même manière. Dans celles de l’autre soir, il y en avait une qui orientait sur le bar, et l’autre vers l’entrée du casino.

Veronica fronça les sourcils.

On a donc affaire à des caméras mobiles… Ce qui en soit innocente déjà bien ton client… mais ça n’explique pas tout, quand même… Allez, Mars ! Connecte tes synapses !

- Petite question, poursuivit elle, s’adressant à son client. Vous n’aviez jamais mis les pieds dans un casino, c’est bien ça ?
- Et en plus ! Une bonne mémoire ! Bien, Melle Mars !
- N’est-ce pas ! Alors expliquez-moi comment vous avez pu avoir une telle chance au poker ? Tout de même ! Gagner quelques fois, de temps en temps, ce n’est rien, mais gagner plusieurs fois de suite, et de grosses sommes, ça me fait douter un peu.
- Peut-être êtes-vous heureuse en amour, vous, Mademoiselle Mars.
- Peut-être… Ou peut-être aussi que quand je joue, je ne triche pas, moi.
- Eh bien ! avec vous, plus besoin de procureur général !
- Il faut dire que j’en connais quelques uns qui font particulièrement mal leur boulot...
Veronica s’accorda quelques secondes pour repenser à l’affaire Echolls, puis poursuivit. Mais revenons-en à notre affaire. Vous aviez triché ce soir-là.

Veronica avait énoncé ceci d'un ton plein de certitudes. L’homme soupira et émit un petit rire sourd.

- Je confesse ! Oui, j’ai triché. C’est comme dans les affaires, ça ! Connaître le jeu de l’adversaire et établir une stratégie en conséquence, c’est véritablement le seul plaisir, dans une négociation.
- Comment avez-vous fait ?


La question surprit le détenu. Il regarda la détective, indécis.

- Eh oui… Vous savez ce qu’il y a de plus intéressant, dans le poker ? Le bluff ! Savourant quelques secondes sa petite victoire, Veronica enchaîna. Donc, la triche, comment vous y êtes-vous pris ?
- Vous êtes allée à la table de poker, c’est bien ça ? Vous n’avez pas remarqué le bar, situé juste derrière ? Il devait y avoir un miroir ou un objet quelconque qui se reflétait précisément sur le mur face à nous, là où il y avait un tableau, et la légende du tableau était en métal poli... Un Georges Seurat, je crois… Malheureux concours de circonstances pour le casino, car cela reflétait le jeu de cartes de mon voisin de gauche. Forcément, je ne voyais pas tout parfaitement, mais différencier un Roi d'un deux de coeur, c'était possible… Quoiqu’il en soit, j’ai triché au poker, je l’admets, mais je n’ai jamais volé d’argent… ou du moins, je n'ai fait que tricher,
rectifia-t-il, d'un ton véhément.
- C'est-à-dire ?
- Eh bien ! Mon voisin perdait un peu, mais il ne me semblait pas que c’était une grosse somme : à peine une centaine de dollars… Pour un casino, c’est assez minime, j’imagine… Enfin bref ! C’est le croupier qui lui a conseillé d’arrêter. Le croupier s'appelle Tom, si ça peut vous aider. Un petit, brun, frisé.


Veronica était au moins aussi surprise qu’avait pu l’être son client à la salle de jeux. Elle mit fin à l’entretien, mais décocha une dernière flèche avant de partir.

- Entre nous soit dit, Monsieur Kaplan : continuez de vous moquer de moi ainsi que vous le faisiez au début, et je ne vous garantis pas une troisième visite.


Ayant dit, elle partit rejoindre ses amis à l’hôtel.

*****

Sur le chemin du retour, Veronica se demandait pourquoi un casino empêchait ses clients de perdre de grosses sommes. Lorsqu'elle atteignit la suite, Veronica se mit à la recherche de Wallace. Elle le trouva dans la chambre des garçons: il jouait à la console vidéo, prêtée par l’hôtel, en compagnie de Logan, Dick et Maria. Mac, dans la chambre des filles, consultait ses emails.

- Game Over, amigo ! s'écria Logan en pointant le bff de la jeune détective. Tu t'es même fait avoir par une fille !
- Ca tombe bien, il fallait que je te parle,
dit Veronica en s'adressant au perdant.
- Hey Ronnie ! lança Logan. Je ne savais pas que tu possédais une console chez toi. Maria ne se défend pas mal. Elle a mis Dick au tapis en deux minutes.

Dick assis sur son lit, maugréa:
- Mouais, c'est la manette qui déconnait alors que je n'y touchais même pas!
Maria sourit et lui rétorqua :
- Excuse facile quand on sait que le jeu est à partir de 10 ans. Tu nous aurais menti sur ton âge, Dick ? ajouta-t-elle en rigolant.

Veronica laissa les garçons avec Maria et invita Wallace à la rejoindre sur le canapé.

- Dis-moi, Wallace, tu veux bien m'expliquer comment tu as perdu à la roulette, hier ?
- Je n'ai pas eu de chance, c'est tout,
répondit Wallace en prenant un cracker. J'ai commencé à miser des petites sommes au début, puis comme je gagnais à chaque fois le double, voire le triple, j'ai augmenté ma mise. J'avais gagné pas mal d'argent. J'ai vraiment cru que j'obtiendrai ce que j'étais venu chercher pour Invisible Children, mais là, la roulette m'a fait faux bond. En deux tours, j'ai perdu 500$.
- Et pourquoi n'as-tu pas cherché à rejouer pour te refaire?
- A cause du croupier... Ou plutôt, grâce à lui,
rectifia Wallace.
- C'est lui qui t'a conseillé de te retirer du jeu?? s'écria Veronica.
- Exactement ! Comment tu sais ça ?
- Il est arrivé la même chose à mon client,
lui répondit-elle, songeuse tout à coup.

Elle se leva du canapé, fit le tour de la pièce en se parlant à elle-même.

Wallace la regardait, toujours aussi intrigué, même après toutes ces années passées à ses côtés.

- Un croupier qui se soucie des clients. De ce qu'ils perdent... Ca n'enrichit pas un casino!

Elle continuait à parler, lorsque les joueurs de console et Mac entrèrent dans la pièce. Tous observaient les allers et venues de Veronica.

Dick lança alors:
- Mars! Si tu as besoin d'activité, Dick peut te proposer ses services!

Maria le foudroya du regard, et demanda à son amie si elle avait une piste.
- Pas vraiment. Seulement une intuition... Je pense en effet que le casino n'est pas ce qu'il parait.

Elle s'arrêta de tourner dans la pièce et se retourna vers ses amis.

- Dick, prépare ton porte-monnaie, ce soir on joue. Et je veux du grand jeu. Celui avec les gouttes de sueur sur le front des joueurs. Elle se rassit sur le canapé. Ce soir, je veux gagner, et par tous les moyens! reprit-elle en savourant les regards confus de ses amis.

Maria la regarda, incertaine.
- Quand tu dis gagner par tous les moyens, tu entends quoi, exactement?
- Mon client m'a dit ce matin que le plus sûr moyen de gagner était de tricher...
- Dis-moi, Bristow, tu sais que les Casinos sont filmés, hein ?
s'inquiéta Logan.
- Mais oui, j'ai même observé ça de près. Par contre, je vais avoir besoin d'un Dixon, sur cette affaire-là. Veronica élaborait son plan au fur et à mesure qu'elle parlait.

Dick se tourna vers son meilleur ami:
- Tu ferais mieux de te méfier, mon vieux. Là elle disjoncte complètement ! Tu te souviens de ce qu'il s'est passé la dernière fois ? Tu n'as plus de joker dans ta manche! Plus de copain qui se jettera sur toi au moment où elle te tirera dessus.
- Dick laisse-la tranquille,
lança Logan, elle est aussi pleine de promesses. Fais-lui confiance.

Veronica tiqua à l'emploi du terme "promesse", elle croisa le regard de Logan qui dévia.

- Dick, qu'est-ce que tu viens de dire? s’exclama tout à coup la jeune femme... Ses yeux s'éclairèrent. C'est ça! Bien sûr!... Puis, fébrilement: Maria! Tu veux bien être mon Dixon?
- Je préfère Vaughn, si ça ne te dérange pas!
répondit l'intéressée.

Les garçons abandonnèrent l'espoir d'en apprendre davantage et sortirent, laissant Wallace, Veronica, Mac et Maria à la suite. Il était convenu qu'ils se retrouveraient dans la salle de jeu à partir de 19h.

En attendant, l'heure H, Veronica repensait à son plan, en se persuadant que c'était la meilleure façon d'arriver à ses fins : Kaplan devait être lavé de tous soupçons demain et elle, rentrée à Neptune, pour Noël.

*****

Veronica était décidée à faire la lumière sur les agissements de ce casino. Elle descendit donc dans la salle de jeux. Ce n’était pas le même homme qu’elle avait rencontré la veille, à l’accueil. Elle se présenta donc cette fois-ci en tant que détective privé et demanda à parler au Directeur de l’établissement.

Celui-ci arriva rapidement dans le hall d’entrée, et Veronica commença à lui exposer ce qui l’amenait. Il la fit entrer dans son bureau, et chemin faisant, la jeune détective lui expliqua qui était son client, ses doutes quant à sa culpabilité. Le Directeur se montra tout aussi défaitiste qu’avait pu l’être le shérif, mais Veronica le coupa dans sa démonstration :

- Depuis quand vos croupiers s’occupent-ils d’éviter de faire perdre de l’argent aux joueurs ?

Le Directeur la regarda, abasourdi. Veronica profita de ce moment de répit pour lui exprimer ses premiers soupçons quant à certains de ses employés.

- Honnêtement, Monsieur, je ne saurais vous dire au juste ce qu’il se passe dans votre établissement, mais il y a certaines choses que je trouve parfaitement incompréhensibles. Je n’ai malheureusement qu’une intuition, pour le moment, et je souhaiterais que vous me laissiez la vérifier à mon aise.

Le Directeur opina silencieusement du chef. Veronica reprit avec une voix plus douce.

- Pouvez-vous me photocopier le planning de vos employés, s’il vous plaît ? J’aimerais savoir qui était présent le soir où mon client a été arrêté.
- Naturellement.
- Sauriez-vous vous souvenir d’autres incidents du même genre, c'est-à-dire de joueurs ayant triché pour de petites sommes ?


Le Directeur leva les yeux au ciel.

- Ce n’est pas ce qui manque ! Rien qu’encore la semaine dernière… Samedi, je crois ! Vous savez, ça fait longtemps que j’exerce dans le métier, eh bien ! je ne comprendrai jamais pourquoi les joueurs prennent de tels risques pour de si petites sommes.

Ce fut au tour de Veronica de lever les yeux au ciel. Cet homme avait-il entendu un mot de ce qu’elle avait dit ?
Elle se contint néanmoins, réclama les photocopies au Bureau du Personnel et prit congé. Elle avait élaboré un plan qu’elle entendait bien mettre à exécution le soir-même.

*****

Alors que les six voyageurs prenaient leurs marques, à quelques centaines de kilomètres de là, sur le campus de Hearst, Keith discutait avec son assistant, intrigué par l'attitude hostile de Veronica à son encontre.

Ils discutaient en se promenant sur le campus.

- Donc comme ça vous n'avez pas étudié dans cet Etat ? Mais alors, à quelle université étiez-vous?
- Je viens de la côte Est, New Heaven, plus exactement,
lui répondit Kenny.
- Mais c'est Yale, ça ! s'étonna Keith. Pourquoi être parti de l'une des meilleures universités du pays, pour venir dans une petite ville comme Neptune ?
- Hé bien, le professeur Landry est très réputé vous savez. Et comme mon objectif était de me spécialiser en criminologie, je me suis dit qu'il valait mieux apprendre avec le meilleur.
- Hmm...
reprit Keith d'un air assez dubitatif.

- Pour tout vous dire, professeur, lorsque j'ai appris son arrestation, j'avais déjà fait une demande de transfert et elle avait été acceptée. Lorsqu'en août j'ai appris que c'était vous qui repreniez les rennes, j'étais encore plus impatient.
Kenny se fit alors plus insistant :
- Vous savez qu'avec votre bouquin sur l'assassinat de Lily Kane, vous êtes connu dans tout le pays, en tous cas dans mon domaine. Les fans d'Aaron Echolls vous accusent d'être le plus grand manipulateur de tous les temps.
- Je suppose que je dois prendre ça comme un compliment...
- Oui,
lui assura son assistant.

- Et pourquoi un transfert vers l'Ouest alors ? reprit Keith.
- J'avais besoin de quitter mes proches, de m'éloigner. J'ai perdu ma petite amie dans un accident de voiture y’a un an . Mon meilleur ami conduisait.
Keith le regarda, un éclair de tristesse passa dans les yeux verts du jeune homme.
Il enchaîna :
- Pour ma part, je suis ravi de vous avoir comme collaborateur. Vous êtes très efficace et vos capacités sont bien au-dessus de ce que vous croyez, lui dit-il en lui tapant sur l'épaule pour tenter de le réconforter.

Kenny sourit, gêné, et avala une gorgée de son café chaud. Son attention fut attirée par le bruit d’une voiture sur le parking derrière eux, fait exceptionnel en ce week-end de Noël ou peu d’âmes erraient.

Kenny vit alors Charlie sortir de la voiture. Le jeune homme avait fait la une des journaux people la semaine où avait été blessé Logan, son visage était connu de toute la ville.

Kenny indiqua le nouveau venu à son mentor :

- Vous avez vu? Que vient faire Charlie Stone ici?
- Certainement pas chercher les devoirs de son frère!
ironisa Keith
- Oui, ce ne sont pas les 5O% du sang Echolls coulant dans ses veines qui l'amène sur le campus, s'amusa Kenny.
Keith réprima un sourire, il savait trop bien de quoi son assistant voulait parler, mais il reprit :
- Qu'est-ce que vous faites pour les fêtes ?

*****

Veronica, entourée de ses amis, se rendit à nouveau au casino. Durant l’après-midi, elle avait eu le temps de consulter les plannings et avait demandé au Directeur d’effectuer quelques ajustements pour cette soirée.

Ainsi, les planètes sont bien alignées. Je n’ai plus qu’à gratter quelques étoiles cachées, et peut-être décocherai-je la lune, qui sait ?

Les amis avaient les yeux pétillants d'excitation, hypnotisés par la roulette: la boule allait-elle s’arrêter sur le 17 noir? Ils en étaient là de leur réflexion lorsque Maria se présenta à son tour au comptoir. Vêtue d’un manteau rouge bordé de paillettes qui scintillaient à la lumière, elle éblouit les quelques personnes présentes. Elle le confia au chargé de vestiaire et présenta sa carte d’identité à Rufus, l’homme avec qui Veronica avait discuté la veille. Enfin, elle se présenta à la caisse où elle échangea son argent contre des jetons. En attendant que le change se fasse, elle discuta avec le caissier qui apprit ainsi que c’était la première fois qu’elle jouait au casino. Une rupture d’approvisionnement de jetons la fit patienter encore un peu, mais elle parvint finalement à la salle des machines à sous.

Elle mit quelques piécettes dans les machines à sous, ainsi que l’aurait fait la dilettante qu’elle incarnait, puis se dirigea nonchalamment vers la table de poker. Veronica l’y rejoignit quelques minutes plus tard et, comme deux parfaites étrangères, elles engagèrent une partie à laquelle se joignirent d’autres joueurs.

 

Veronica, alors qu’elle se trouvait dans une situation délicate, sortit discrètement un Roi. Elle avait auparavant pris soin d’observer la position des caméras, mais c’était sans compter les vigiles ! Deux d’entre eux la prièrent discrètement de les suivre, et c’est entourée de deux véritables gorilles qu’elle quitta la salle, sous le regard moqueur de Dick. Logan, lui, se contenta de la suivre du regard. Veronica fit un clin d'oeil discret à son attention, et elle eut le temps de voir qu’il se détendait.

Au bureau de surveillance, Rufus la reconnut immédiatement.
- Ainsi donc, hier, vous étiez sérieuse, murmura-t-il. S’adressant aux vigiles, il leur demanda s’ils ne pouvaient fermer les yeux sur son cas. Ils furent catégoriques :

- Je l’ai surprise en train de littéralement sortir une carte de sa manche. Je crois bien qu’elle a trop regardé de mauvais films policiers! Si à son âge, on ne la remet pas dans le droit chemin… s’esclaffa l’un d’eux. Le second quitta le hall, jugeant probablement que la jeune femme ne risquait pas de pouvoir échapper à la solide poigne de son collègue.

Veronica toisa ce dernier et dit calmement.
- Tout ceci est une erreur. Je veux voir le Directeur.
- Et le Maire aussi ?
- Le Maire, je m’en moque, mais le Shérif, pourquoi pas, effectivement… Je veux voir le Directeur,
réitéra Veronica, butée.

Les deux hommes se regardèrent, indécis mais le vigile s’inclina. Il y eut un bref échange au téléphone, puis :
- Vous êtes attendue, Mademoiselle…
- Mars. Veronica Mars.
Puis, se libérant de la poigne du vigile : Cette main a failli me tuer !
- Rufus, vous venez avec nous !
Le vigile s'était adressé à son collègue d'un ton qui n'admettait pas de réplique. Rufus les suivit donc jusque chez le Directeur.

*****

Confortablement installée dans l’un des fauteuils face au Directeur, Veronica observait la pièce comme si elle s’apprêtait à en refaire la décoration. Lorsque le Directeur prononça son nom, elle planta son regard dans ses yeux, et lui demanda des preuves.
- Des preuves ?
- Oui. Des preuves. Des preuves comme une caméra, par exemple.
- Effectivement, pourquoi pas ? Rufus, voulez-vous bien nous montrer les vidéos, s’il vous plaît ?


Le chargé de surveillance pâlit et bafouilla :
- C’est que… Monsieur… Il… Il n’y en avait aucune… braquée sur la table de poker.

Il déglutit à grand-peine. Le Directeur arqua l’un de ses sourcils.
- Comment ça ? Vous savez bien que c’est une obligation, n’est-ce pas ?
- C'est-à-dire que… euh… Mais…
L’employé aurait visiblement aimé être ailleurs. Soudain, il glapit. C’est elle, Monsieur le Directeur! Elle est venue me voir, hier, en disant qu’elle voulait tricher pour redonner un peu de piment à sa vie de joueuse. Ce n’est pas la première fois qu’elle vient. Elle a dû repérer les lieux. Elle était avec plusieurs amis.

Veronica, pendant ce temps, regardait angéliquement le plafond. Elle demanda, d'une voix compatissante:

- Puis-je vous aider, Rufus ? J’ai une explication qui tient un peu mieux la route que la voleuse qui serait allée à confesse la veille sur le lieu où elle comptait précisément commettre un larcin.

Comme il ne répondait pas, elle prit une profonde inspiration et commença son récit.
- Il était une fois une bande d’escrocs ! De petits escrocs, hein ! Dans la bande, il y en a au moins un aux caméras, l’autre à la caisse, et le dernier, le croupier, dans la salle. Leurs cibles ? Ceux qui n’ont pas d’expérience au casino, ou ceux qui n’ont pas de compte dans l’établissement. Lorsque au moins ces trois personnes sont ensemble, vous pouvez être certains qu’alors, il y aura des faux jetons à la table de poker.

Veronica s’interrompit à ce moment-là et regarda le directeur.

- Vous ne me demandez pas pourquoi de faux jetons ? Ah !... Je suis un peu déçue… Veronica fit une petite moue, puis reprit. Bon ! Donc, pourquoi de faux jetons ?... Mais parce que comme ça, ça n’affectait pas les comptes du Casino, pardi !... Eh oui ! Imaginez : vous créez un circuit parallèle de jetons, si personne n’est au courant, l’argent va dans votre propre poche. Ingénieux, à vrai dire !... Simple et efficace !
- Comment cela?
demanda le vigile, intrigué.
- Vous voulez lui expliquer, Rufus?

Ce dernier ne répondant pas, Veronica s'adressa au vigile:

- Je vous l'ai dit. Ils vendent des jetons supplémentaires, des jetons trafiqués: une rayure, une marque de stylo, qu'importe! il faut qu'elle leur permettent de les repérer facilement et les sortir du circuit. C'est sur ces ventes de jetons illégaux qu'ils se font de l'argent. Vous comprenez?

En remarquant les sourcils froncés du vigile, Veronica soupira:

- On va faire un petit peu de maths, vous voulez bien?

Le vigile acquiesça, Veronica poursuivit:

- Vous savez que le caissier a deux caisses: une caisse de dollars et une caisse de jetons pour le poker?

Le vigile fit signe qu'il suivait toujours l'explication. Veronica, ainsi encouragée, continua son petit exposé:

- Admettons que la caisse soit pleine, c'est à dire cent jetons. Si vous n'en vendez pas, vous devez avoir zéro dollars dans votre  caisse.

Veronica fit une nouvelle pause, mais le vigile l'encouragea à continuer. Elle nota du coin de l'oeil que le Directeur semblait enfin avoir compris.

- Maintenant, s'il vous reste 90 jetons, ça veut dire que vous n'en avez vendu que dix, donc combien devez-vous avoir dans votre caisse?
- Dix dollars!
répondit triomphalement le Directeur. Veronica sourit.
- Et voilà! Tout ceci n'est qu'une grande équation! Il faut que les deux côtés soient équilibrés. Ils devaient certainement être doués en arithmétique!

Veronica semblait admirative. Elle frappa amicalement dans le dos de Rufus.
- Maintenant, ce que je ne comprends pas, c’est comment mon client s’est retrouvé mêlé à vos affaires, et comment vous avez réussi à le faire accuser. C’était jeudi soir, vous devez vous en souvenir, non ?… Vous voulez bien nous raconter, s’il vous plaît?


Tête basse, le nouvel ex-chargé de surveillance s’exécuta, alors que Veronica regagnait sa place :
- Ce soir-là, il y a eu tricherie.
- Vous voulez dire… une tricherie non organisée ?
ironisa Veronica.
- Sur l’une des tables, il y a eu du grabuge, et les joueurs en sont pratiquement venus aux mains, car c’était apparemment de petits joueurs, et les sommes étaient conséquentes pour chacun d’eux… Bref ! ça a créé un remue-ménage, d’autant plus que Grinn n’a pas trouvé mieux que de remarquer à voix haute que certains jetons étaient faux.
- Grinn ?
- Tom Grinn, l’un des croupiers. Normalement, il ne devait pas être là, ce soir-là, mais Gary était malade et ne nous a pas prévenus.
- Gary?... Le croupier complice, c'est ça?
- Oui. Enfin bref! Ca a tout de suite ajouté à la confusion. La procédure veut que, dans ces cas-là, le caissier recompte l’argent sous contrôle d’un membre administratif… Il n’a eu que le temps de se débarrasser de l’argent… Mais il s’est trompé dans les sommes, et il a fallu expliquer pourquoi il manquait des sommes. Donc Gary s’est souvenu de l’homme au manteau jaune, et comme l’homme avec lequel il est entré était encore dans la salle, il l’a désigné. C’était d’autant plus facile que je l’avais surveillé sur la vidéo, et il ne faisait que gagner.
- Oui, effectivement ! pourquoi se gêner ?
- Encore une chose, Rufus: pourquoi aviez-vous besoin d'un croupier dans le coup? Ca me paraît être beaucoup de risques pour peu de choses, non?


Le jeune homme la regarda:

- Vous ne croyez pas que voir des jetons faussés trop souvent, ça n'aurait pas mis la puce à l'oreille des employés? On a fait les meilleures imitations qu'on pouvait, mais certains comme Grinn ont l'oeil. Quand il remarquait des faux jetons, c'était simplement d'anciens "clients" à nous qui n'avaient pas refait le change à leur sortie.


Veronica inclina la tête, en signe de compréhension, puis se dirigea vers la sortie.

- Si ça ne vous ennuie pas, je voudrais continuer de profiter de ce merveilleux casino. Vous me trouverez à l’étage quand le Shérif Bosco arrivera. J’imagine que, de toute manière, vos caméras fonctionneront, cette fois-ci.

Ne leur laissant pas le temps de répondre, elle se rendit à la salle de jeux, y rejoignit ses amis et, en passant, fit un signe de connivence à Maria. Celle-ci quitta alors la salle, sous l’œil intrigué de Wallace, qui avait suivi la scène.

- Bon ! les amis ! Ce n’est pas le tout ça, mais résoudre des enquêtes au Casino sans jouer, c’est dommage, quand même !... Je n’ai plus un sou en poche !... Dick ! Mon ami Dick, au nom de notre vieille amitié, peux-tu me prêter de l’argent ?
- Pourquoi devrais-je te payer alors que nous n’avons encore jamais rien fait ensemble ?
- Peut-être parce que tu t’es imposé à nous !
- Logan aussi !
- Dois-je vraiment te rappeler que c'est grace à moi que tu n'es pas accusé de harcèlement sexuel?


Dick obtempéra, en grommelant. Ravie, Veronica courut échanger son argent contre des jetons, et partit s’installer à une table de poker, où elle joua face au tableau du Cirque. Elle y gagna une somme conséquente.

- Vous devriez arrêter pendant que vous gagnez encore !

Veronica dédia un de ses plus beaux sourires à la personne qui lui faisait fasse. Il s’agissait de Tom Grinn : il faisait partie des personnes qu’elle désirait revoir et dont elle avait demandé la présence au Directeur.

- Vous êtes encore là ce soir?
- Oui. Je suis arrivé il y a peu. Mon collègue a un entretien en ce moment avec notre Directeur, et j'ai été appelé.


Veronica sourit en pensant à "l'entretien" que devait en ce moment-même passer le collègue.

- Mais vous savez, c'est vrai, ce que j'ai dit tout à l'heure. Vous devriez arrêter pendant que vous êtes encore en veine
- C’est dommage que vous n’ayez pas dit ça à mon ami là-bas !

Elle désigna Wallace du doigt. L’homme suivit la direction indiquée et reconnut son client de la veille.

- Oui, je me souviens, vous étiez ensemble, hier ! Il perdait à la roulette, puis au poker, c’est bien ça ?

Veronica acquiesça. L’homme, songeur, confia à Veronica :
- Il présentait tous les signes d’un accroc du jeu, vous savez ?
- Comment cela ?


Veronica écarquillait les yeux.
- Il était enfiévré. Je ne sais pas à quoi il destinait son argent, mais il était fébrile. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il ne se maitrisait plus, mais... Il jouait et rejouait, alors je lui ai conseillé d’arrêter un petit peu.

Diego de Las Vegas existerait vraiment ?

Le croupier s’aperçut de la surprise de Veronica. Il jeta un œil inquiet autour de lui, puis lui tendit une carte. Veronica s’en empara, et lut : Adictel Worldwibe Gambling prevention. Perdue, elle interrogea le croupier du regard.

- Je fais partie d’une association qui aide les dépendants aux jeux de toute sorte. Récemment, l’association a compris qu’il fallait être dans le saint du saint, et elle envoie quelques volontaires travailler pour un Casino. Nous distribuons quelques cartes quand nous sentons qu’un des joueurs connaît des difficultés…
- Les Casino vous laissent faire ?
demanda Veronica, dépassée.
- Pas vraiment, mais même si nous nous faisons prendre, le pire qui puisse nous arriver est de perdre un poste auquel nous ne tenons pas.

Veronica regarda l’homme qui lui faisait face avec respect. Se mettre au service des autres était un acte qu’elle admirait.

- Bonne fin de soirée, Tom.

*****

Sa partie de poker terminée, Veronica se dirigea vers ses cinq amis, assis sur une banquette, le long du mur. Sans surprise Logan et Dick s'étaient fait servir des cocktails alcoolisés.

J'ai du mal à l'admettre, mais si ces deux-là n'étaient pas venus, le week-end n'aurait pas été pareil.

En atteignant la banquette, Veronica invita les jeunes gens à quitter l'hôtel et le casino.

- De toute façon, je pense que le casino va devoir faire face à une perte relativement importante de personnel, leur avoua-t-elle.
- Veronica Mars a été plus maligne qu'eux, lui rétorqua Logan.

Ils passèrent au vestiaire et Dick en profita pour commander une limousine pour les amener à l'aéroport.

A la sortie du casino, Veronica se dirigea vers Maria, qui les attendait depuis un petit moment. Elle l'attrapa par l'épaule et avec dextérité, plongea ses mains dans les poches de son manteau rouge pour en sortir des billets de banque.

- C'est nouveau, ça! Un manteau qui fabrique de l'argent ! plaisanta Logan.
- En quelque sorte!... Ou peut-être le résultat de la connexion de quelques neurones féminins, suite à mon oeil de Lynx, va savoir!  
- Vas-y Fantômette! Explique-nous. Celle-ci, fière d'elle, ne se fit pas prier:

- Le supposé complice de mon client portait une parka jaune criard. D'une part, je savais que mon client n'avait pas de complice, et d'autre part, tout ce que j'ai pu constater, c'est que ce manteau attirait vraiment l'oeil! Or, quand je me suis cachée dans le vestiaire, j'ai remarqué que les premiers manteaux étaient les plus clairs...

Veronica prit le verre d'eau que lui tendait Mac et la remercia du regard. Aorès avoir bu quelques gorgées, elle reprit:

-  J'ai supposé que lorsque Kaplan a été accusé de tricherie, les malfrats ont pris peur et ont placé les billets dans les poches du premier manteau venu. Or, plus les manteaux sont clairs ou attirent le regard dans le noir, plus il est facile de repérer les poches!!! finit-elle en montrant le manteau de Maria.

Maria sourit, commençant à comprendre:
- C'est pour ça que tu m'as demandé de mettre mon manteau rouge à strass? Comme ça, il attirait l'oeil plus facilement!
- Exactement!
- Mais comment ont-ils fait? Aucun client n'est revenu en se demandant ce que faisait cet argent dans ses poches?
- Je suppose que les poches de manteau ne sont qu'un dépôt, et qu'ils reprennent cet argent sitôt l'alerte passée... Mais ce soir, je crois bien qu'ils n'ont pas eu le temps.


Veronica sourit à la ronde, puis regroupa les billets dont elle fit une liasse serrée.

- Alors Wallace voici un cadeau de Noël en avance, pour Invisible Children dit Veronica en se retournant vers son ami. Et cette somme-ci, gagnée légalement, cette fois, est également pour toi.
- Merci beaucoup V.

Si Wallace était ému, Veronica ne l'était pas moins. Elle le serra dans ses bras. Dick s'interposa alors:

- Hey, c'est mon fric ça. T'as oublié qui a payé les jetons, Veronica. Vous perdez je ne vous demande rien, mais si vous gagnez, c'est pour Tonton Dick.
- Vraiment ? Et qu'est-ce que 456$ vont faire comme trou à ton fond de pension ? s'indigna Mac. Est-ce que tu sais au moins tout ce que Wallace peut faire avec cette somme ? Tu t'en fiches, comme d'habitude? Tout ce qui t'intéresse c'est ta petite personne, continua-t-elle.

Dick recula. Tous avaient les yeux braqués sur lui. Wallace tenait encore la liasse de billets. Mac s'avança d'un pas, le regard insistant. Il capitula.
- Après tout, il fait trop chaud en Afrique pour le Père Noël!

Logan lui sourit.
La limousine arriva dans la minute suivante et tout le monde s'engouffra à l'intérieur.

*****

A la descente de l’avion, les six amis se séparèrent en deux groupes habituels : Logan et Dick d’un côté, Veronica, ses colocataires et Wallace, de l’autre. Tout ce joyeux monde se souhaita de belles fêtes, et Logan se dirigea avec son ami vers le parking souterrain où l’attendait son SUV. Il paya le voiturier qui avait gardienné la voiture tout le week-end.
Au moment de prendre le volant, le jeune 09'er vérifia sa messagerie puis prit la route en direction de Neptune.

The Bravery: Honest Mistake

Dick dansait sur la musique des rockers avec son ipod branché sur l’allume-cigare de la voiture. Logan baissa le son.

- Hey ! Encore une gonzesse qui se sent seule pour le réveillon ? réagit Dick au changement de volume. Décidemment tu veux toutes les attirer. D’ailleurs la jolie Maria avec son manteau rouge, j’aurais bien voulu qu’elle m'en montre un peu plus, dit-il, d’un ton rêveur.
- Non, c’était Charlie… Tu dînes avec nous ? répondit Logan
- Et où tu veux que j’aille mon pote ? Il cuisine ton frangin ? Débrouille-toi pour le garder en vie, lui! Il aurait dû venir depuis bien longtemps !
- Ouep, il est sympa,
affirma Logan. Mais je crois qu’il a quelque chose à m’annoncer.
- Ok ! De toute façon, quoi que vous fassiez tous les deux, moi je boufferai !


Dick remonta le son du haut-parleur, Logan appuya sur la pédale de l’accélérateur pour arriver au plus vite.
Il se gara devant le loft. Tous les deux se dirigèrent vers l’immeuble où un spectacle grandiose les attendait. Toute la façade avait été décorée par des guirlandes lumineuses et des personnages tout aussi festifs les uns que les autres. Au sol on voyait un traîneau avec un mannequin de Père Noël avec ses rennes.
Le haut standing des beaux quartiers de Neptune avait encore frappé. Le propriétaire des lieux n'y était pas allé de mains mortes.

Logan se souvint de tous ces Noël où ses parents, encore vivants à cette époque, lui faisaient le coup de la neige en Californie et des choristes à la porte de la maison. Les deux amis entrèrent sous le patio du loft, et à peine avaient-ils eu le temps de pénétrer dans la pièce que Charlie se tenait devant eux, avec un tablier de fête de Noël à tête de cerf. Derrière lui, une odeur très alléchante embaumait toute la pièce, Charlie avait fait un chevreuil à la sauce aux airelles. Logan se douta que son frère avait lu dans un magazine people que c’était le Noël traditionnel chez les Echolls.

Les deux arrivants se débarrassèrent de leurs manteaux et sacs, et tous les trois s’assirent pour prendre un apéritif bien mérité.

Charlie annonça alors :
- J’ai une bonne nouvelle ! Je reste à Neptune. J’ai réussi à obtenir une place d'enseignant. Ils veulent que je remplace une collègue enceinte.

Logan sourit à cette nouvelle.

******

La porte arrière de la voiture s'ouvrit, une jambe puis un sac de voyage posé par terre, la deuxième jambe : Wallace sortit en faisant promettre aux autres occupants de la voiture de ne pas déranger le Père Noël dans sa livraison de cadeaux ce soir.
Les filles éclatèrent de rire et répondirent en chœur:

- Promis ! Joyeux Noël Wallace !

Il ferma la portière et tourna les talons en direction de la courte allée qui menait à sa maison.

Derrière lui la voiture démarra et fila à toute allure au bout de la rue pour tourner à gauche en direction de la marina.

La nuit était douce, le ciel étoilé, Wallace leva les yeux et se dit que le week-end se finirait sûrement bien. Il avait réussi à obtenir de l'argent pour continuer à aider Invisible Children et comble de l'ironie cet argent venait de Dick ! Demain matin il appellerait Jason et lui annoncerait la bonne nouvelle.
Que c'était bon de se sentir le Père Noël cette fois-ci !

Il s'approcha de la maison, sortit les clés de la poche de sa veste de sport et les fit tourner dans la serrure. Dans la maison s'élevaient déjà des voix annonçant une ambiance familiale festive. Sa mère et son frère devait être en train de finir les préparatifs.

Franck Sinatra
chantait I’ll be home for Christmas

Wallace ouvrit la porte et retrouva avec bonheur Alicia et Darell.

*****

Après avoir déposé Wallace, Veronica et Mac, un peu plus libres de s'exprimer s'adressèrent à Maria :

- Alors qu'as-tu décidé ? Tu restes ? Tu pars ?

Maria répondit avec un mouvement d'agacement de la main :

- Les filles, s'il vous plait! C'est la nuit de Noël. Ne peut-on pas éviter de parler des choses qui fâchent ? Ce soir je souhaiterais profiter du peu de temps qu'il me reste à passer à Neptune. Qui sait ..., répondit-t-elle un peu triste.

Veronica répondit :

- Alors tu passes les fêtes de Noël chez les Mars !
- Non ! en fait j'avais autre chose en tête. Tu peux me déposer chez Weevil ? Je pense que j'ai une petite chose à régler.
- D'accord, mais pas de sang ! La nuit de Noël doit rester parfaite. Tu n'as pas le droit de gâcher ça ...
- Non ne t’en fais pas ! J’ai bien compris que c’est à Halloween que les monstres sont de sortie !


Mac plaisanta :

- Ah je vois tu veux lui faire le coup de la surprise en tenue sexy sur le pas de sa porte. Sûr il va aimer ce Noël-ci, notre motard. Tu rentres à l'appart' te changer ?
dit-elle en lui faisant un clin d'oeil.

*****

Après avoir déposé les bagages et fait un brin de toilette, Veronica servit de chauffeur pour ses deux colocataires.

Elle dirigea la voiture vers le quartier des Mexicains qu’elle connaissait bien. Elle aussi était déjà allée chez Weevil. Mais si pour elle c’était pour des raisons professionnelles, pour Maria il semblait que c’était pour d'autres motivations.

Lorsque Maria frappa à la porte de la petite maison de Weevil, son corps fut parcouru d’un frisson. Elle s’interrogea alors sur la réaction que Weevil aurait. Elle se dit qu’elle avait vraiment été idiote de s’habiller comme cela et qu’elle aurait mieux fait d’accepter la première proposition de Veronica.

A peine avait-elle pensé à tout ça, la porte s’ouvrit et Weevil se tenait debout devant elle. Il avait les mains noires, pleines de cambouis. Il était tout en sueur, torse-nu. Weevil avait décidé de s’offrir pour Noël, une séance de mécanique sur un carburateur récupéré dans une casse. Après avoir mis un CD de chant traditionnel pour célébrer à sa manière la fête de la Nativité, il s’était mis au travail. Il avait chaud tout à son travail et comme d’habitude en bon bricoleur, il n’avait pas hésité à se salir les mains.

A cette vue, Maria se dit qu’elle avait bien fait d’écouter son instinct : elle ressentait vraiment quelque chose pour cet homme.



- Mère Noël ? Quelle surprise je ne vous attendais pas si tôt ! Que m’apportez-vous dans votre hotte ?, s'exclama Weevil en ouvrant la porte.
- Très drôle, W !
- Qu’est-ce que tu veux ? T’excuser peut-être ?,
reprit-il plus sérieusement
- S’il te plait !  C’est Noël, ne nous disputons pas. J’ai quelque chose à te dire.confia-t-elle en pénétrant dans l'entrée.

Weevil laissa alors Maria rentrer et referma derrière elle.

*****

Veronica déposa Mac chez elle et accepta un verre de vin chaud de Mr et Mrs MacKenzie, puis appela son père :

- Coucou ! Je suis de retour! Je suis en route pour la maison. Je sais il est 21h30 et la rediffusion de Groucho Marx a déjà commencé, la dinde est froide, tu dois être tout rouge et Backup a besoin de sortir.
- Chérie, ne t’inquiète pas, ne te presse pas. La dinde est au chaud, je ne regarde pas la télé, Backup est sorti et je suis en de bonnes mains. Nous t’attendons.


Veronica referma le clapet de son téléphone et accéléra sur la grande route du centre ville. Elle passa à proximité d’une  épicerie, s’y arrêta et s’y procura de quoi faire du lait de poule pour trois.

Puisque apparemment nous ne serons pas seuls, à défaut d’arriver en retard, au moins j’aurais quelque chose à offrir. Veronica, imagine tu vas passer Noël avec la doyenne de ton université! Voilà bien un point qui ne va pas redorer ton blason auprès de tes petits camarades.

Veronica gara la Mustang à côté de la voiture de son père, attrapa le sac de l’épicerie, son sac de voyage et se dirigea vers son appartement. En montant les marches, elle vit Mr et Mrs McClusky rentrer eux aussi chez eux, les bras chargés de cadeaux pour leurs petits enfants. Elle leur souhaita un joyeux Noël et monta les escaliers à toute vitesse.

Arrivée à la porte, elle sortit les clés de son sac à main, frappa trois coups pour annoncer le début de spectacle puis entreprit d’ouvrir la porte.
La première chose qu’elle vit fut la table dressée pour trois, une bouteille de vin entamée. Veronica s’avança un peu plus, se débarrassa de son sac de voyage, posa le sac de l’épicerie sur la table.

Perry Como : Home for the Holidays

Elle se retourna et vit son père assis dans un fauteuil, l’album de famille posé sur ses genoux. Il avait un teint un peu rouge comme s’il avait couru.

- Bonsoir Pa' ! Que la nuit de Noël te soit douce. Par contre je tiens à te signaler que si tu as ramené ma doyenne à la maison pour le réveillon, je veux bien faire un effort. Mais tu aurais pu me prévenir quand même. Je sais que je n’habite plus là, mais…

- … Chérie, assieds-toi, j’ai quelque chose à te dire ...
Keith la coupa.

Veronica sentit une présence derrière elle, dans le couloir. Elle leva les yeux sur le cadre au-dessus de canapé et vit dedans le reflet de quelqu’un qu’elle n’avait pas vu depuis très longtemps.

- Bonsoir Veronica
- Maman ?


A SUIVRE ....

Episode écrit par Bloody Mary et Black Mamba

 

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Ecrit par estel6317 
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choup37, 18.04.2024 à 08:49

5 participants prennent part actuellement à la chasse aux gobelins sur doctor who, y aura-t-il un sixième?

chrismaz66, 18.04.2024 à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

Viens chatter !