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4.08 - Everybody's Changing

Date : 01 février 2008

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Les vacances ne sont pas de tout repos pour notre détective : une nouvelle mort suspecte éveille la curiosité de Veronica. Elle se rendra vite compte qu'encore une fois, il ne faut pas toujours céder aux interprétations les plus évidentes. De fausses pistes en mauvais jugements, Veronica renoue avec son passé.

Ecrit par estel6317 

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

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Bonne lecture!





Veronica, bouche bée, restait immobile.

"Tu es très jolie..." articula Lianne, avec une certaine maladresse.

Veronica se tourna vers son père, cherchant à accrocher son regard. Elle se demandait si elle n'allait pas se réveiller d'une minute à l'autre. Percevant sa détresse, Keith s'approcha d'elle et passa un bras apaisant et protecteur autour de ses épaules. Il prit une voix qui se voulait rassurante.

"Ta mère est arrivée la semaine dernière à Neptune. Elle est venue pour te parler"

Veronica, abasourdie, ne répondit rien et se contenta d'aller s'asseoir sur l'éternel fauteuil rayé. Un silence pesant s'installa.
Keith invita Lianne à s’asseoir sur le canapé, tandis qu'il s'accoudait au bar de la cuisine. Elle s'installa à côté de sa fille, son malaise était perceptible.

"Veronica, je sais que je débarque à l'improviste, je comprends ta surprise...

- En effet, tu as très mal choisi ton moment ! la coupa Veronica d'une voix ferme, alors viens-en au fait.
-Veronica ! lâcha Keith, en élevant la voix plus qu'il ne l'aurait voulu.
- Quoi ?" répondit-elle sur le même ton.


Son air surpris avait fait place à un regard dur et froid. Ses poings étaient serrés, comme pour canaliser la colère qui la rongeait.

" Ce n'est rien Keith, elle a vraiment le droit d'être en colère."

Lianne prit une grande inspiration et s'éclaircit la gorge.

"Je suis venue pour m'excuser, commença-t-elle maladroitement. Je sais c’est tardif… mais il m’a fallu un certain temps pour réaliser dans quelle situation je me trouvais… Pour réaliser que je ne pouvais pas m’en sortir seule. J’aurais dû faire cette démarche depuis longtemps... Mais je ne m'en sentais pas le courage, pas avant d'être assez forte. M'excuser auprès des personnes à qui j'ai fait du mal fait partie de ma thérapie. Je me suis enfin prise en main et je vais beaucoup mieux maintenant…"

A ces mots, elle releva la tête vers Veronica, cherchant un encouragement, si minime soit-il, pour continuer. Elle ne trouva qu'un grand vide dans les yeux de sa fille, ce qui renforça son malaise.

" A cause de l’alcool j’ai perdu tous les gens qui m’étaient chers. C’est ce qui m’a poussée à me réinscrire en cure, il y a maintenant un an et demi. Je me suis également engagée auprès des Alcooliques Anonymes, tu sais ? " finit-elle d'une voix tremblante.

Veronica contemplait le sol, fixement. Keith hésitait à intervenir, sans savoir lui-même comment réagir à ces aveux.

"Veronica, je t'en prie, dis quelque chose !" supplia Lianne, au bord des larmes.

La jeune fille resta silencieuse quelques secondes de plus, puis releva brusquement la tête.

" Alors quoi, tu débarques ici, sans prévenir, tu t'excuses et on doit tout oublier ? Les mensonges, l'alcool ... le vol ! lâcha-t-elle avec une pointe d'amertume.
- Non, bien sûr que non, je savais que ce serait dur et je m'y suis peut-être mal prise mais...
- Ça, tu peux le dire, comme cadeau de Noël, on a vu mieux... La prochaine fois, fais simple, envoie un chèque !"
ne put-elle s'empêcher d'ajouter.

Keith lui lança un regard réprobateur. Il ne pouvait pas en vouloir à sa fille d'être en colère mais il n'avait encore jamais vu une telle dureté dans ses yeux.
Une larme coula des paupières fermées de Lianne, elle releva doucement la tête.

" J'ai mis longtemps à me décider à venir, je peux comprendre que tu aies aussi besoin de temps pour accepter tout ça. Je te laisse mon numéro, appelle-moi si tu veux me parler, à n'importe quelle heure" finit-elle dans un murmure en posant un morceau de papier plié sur la table basse.

Keith la raccompagna jusqu'à la porte, tandis que Veronica se refugiait dans sa chambre.

"Il se peut très bien qu’elle ne s’y fasse pas, n’est-ce pas ?
– Elle a changé Lianne.
– Je l’ai quittée adolescente et c’est une adulte désormais…
– Oui.
– Je suis vraiment désolée pour tout ça… Mais merci de m’avoir permis de m’expliquer.
- Tout le monde a le droit à une seconde chance.
- Veronica te dirait probablement que j'ai épuisé mon stock de jokers... Bonsoir Keith."


Une fois la porte refermée, Keith se dirigea vers la chambre de sa fille. Celle-ci était allongée sur son lit et scrutait le plafond.

"Ça va aller chérie ? demanda Keith en s’installant à côté de sa fille.
- Bien sûr… répondit Veronica sans enthousiasme, après quelques secondes. Je crois quand même que j’aurais préféré un poney pour Noël. Franchement depuis le temps que je le demande, j’en connais un au pôle nord qui devrait s’activer. Vilain, vilain, Père Noël ! " essaya-t-elle de plaisanter en se redressant pour s’asseoir à côté de son père.

Elle posa la tête sur son épaule, les yeux dans le vague.

" La dinde refroidit à toute vitesse, lança Keith, avec un petit sourire.
- J'ai pas vraiment faim...
- Allez chérie, c'est Noël, ça ne se boycotte pas ! Et puis, j'ai peut-être quelque chose qui te changera les idées..."


Il courut dans la salle et revint avec le DVD de The Big Lebowski dans les mains.

"TADAAAA !" dit-il magistralement.

Veronica se leva, un sourire encore teinté de tristesse sur les lèvres, et suivit son père dans le salon.

La magie de Noël, tu parles d’un mythe… A moins que le Père Noël ne se soit décidé à m’envoyer la mère sobre et présente que j’ai tant attendue ? Si c’est ça, le vieux bonhomme en pyjama rouge a un sérieux traineau de retard !

*****

Requiem For A Dream Soundtrack - Lux Aeterna

Tard dans la nuit, un jeune homme sortit précipitamment d’une petite épicerie de quartier, renversant un présentoir de prospectus sur son passage.

« Hé ! Mais fais attention petit ! » lui fit remarquer le gérant.

Le jeune homme ne se retourna pas, son visage était couvert d’ecchymoses. Il traversa la rue et tourna à gauche tout en essuyant le filet de sang qui coulait de ses lèvres.

Il regarda furtivement autour de lui, la rue était déserte. Une pluie fine commençait à tomber.

La lumière artificielle d’un réverbère vacilla. Il se retourna et, un bref instant, crut voir une ombre. Son pas s’accélera.
Il jetait des coups d’œil par-dessus son épaule. Rien, il n’y avait rien, juste un chat fouillant les ordures, probablement à la recherche de son repas.

Il s’engouffra dans une petite ruelle peu éclairée.

Des cartons jonchaient le sol, trempés par la pluie qui s’écoulait lentement dans le caniveau. Une odeur âcre d’urine pénétra ses narines, il pressa encore le pas.

Un bruit au loin le fit sursauter. Un frisson le parcourut. Il se retourna, il n’aurait pas dû, il le savait. Il connaissait les conséquences. Mais il était fier, il avait réussi à tenir bon. Il était entré mais était ressorti tout de suite, il savait trop ce que cela impliquait. Les sacrifices qu’il avait déjà faits étaient trop importants et dorénavant il n’était plus si seul.

Il marchait droit devant lui. La pluie devint battante, il monta un peu plus haut la fermeture de son blouson.

Un bâtiment quelque peu délabré se dressa devant lui.

Il fouilla dans la poche de son jean et en ressortit un trousseau de clés.
Il monta les quelques marches le séparant du seuil. Il se retourna et observa encore une fois la rue. Il était seul. Il regarda sa montre, le verre était brisé, il soupira… Elle affichait 22h30.

Quelque chose attira son regard, les battements de son cœur se firent plus soutenus.
Il cherchait la serrure, la clé ne rentrait pas. Il commença à paniquer. Il reprit son souffle, et inséra à nouveau la clé…

La porte s’ouvrit lourdement.

Malgré ses blessures, il grimpa rapidement les deux étages qui le séparaient de son appartement.

Arrivé sur le palier du deuxième étage, le jeune homme appuya sur le commutateur. Il avança en direction de son appartement, ses clés à la main.

Il marqua un temps d’arrêt. Une bouteille avait été déposée sur le seuil de sa porte. Il regarda autour de lui, toutes les portes étaient closes. Seul subsistait le bruit de la télévision des voisins.

Il prit le flacon avec une grande précaution et tourna la clé dans la serrure.
La porte s’ouvrit… Sur la sonnette, on pouvait lire « Josh Whitman ».

Dans le noir, il chercha à tâtons l’interrupteur et alluma.

La pièce, bien que modeste, était assez spacieuse. Sur la gauche, une petite cuisine côtoyait le salon où trônait un canapé en velours noir, quelque peu défraîchi.
Sur la droite, un petit couloir menait à la salle de bain et à la chambre.

Il déposa la bouteille sur le comptoir et recula de quelques pas pour l’observer.

Ses yeux brillaient d’une expression étrange, presque irréelle. La tentation était grande.
Certes il avait réussi à se contrôler, à refouler cette pulsion destructrice mais après ce qui venait de se passer…

« Juste un verre, et ça me calmera » dit-il à voix basse.

Il était si nerveux, il savait tellement de chose…

Il soupira, essayant de se raisonner, il devait lutter.

Il se dirigea alors vers le canapé et fouilla son blouson à la recherche de son portable. Il s’assit et fit défiler son répertoire. Une fois le nom trouvé, il valida. Le numéro se composa.

Sa jambe droite s’agitait d’elle-même, tapant du pied sur le lino.

Pour unique réponse, il obtint un répondeur. Il raccrocha, la tension était telle qu’il envoya son portable s’écraser contre le mur lui faisant face.

Il prit sa tête entre ses mains, ses pensées se bousculaient.

« Après tout, songea t-il, un verre… Un tout petit verre… Qui le verra ? Juste un et je vide cette satanée bouteille dans l’évier. Ce serait un crime de ne pas y goûter. »

Il se leva, et se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit plusieurs placards avec frénésie. Il prit un verre et le posa à côté de la bouteille.

Il fit les cent pas, pesant le pour et le contre, ressassant les compromis déjà réalisés…

Si elle avait décroché, il n’aurait plus eu de doute sur ce qu’il devait faire…

Il s’approcha de la fenêtre et contempla l’extérieur. Les lumières de la ville scintillaient.

Son image se reflétant dans la vitre, il put remarquer que ses mains s’étaient mises à trembler.

Il essaya de se calmer…Il n’arrivait plus à raisonner… Elle était là, face à lui… Il devait boire, c’était la seule issue, il en était certain.

Josh prit la bouteille avec une délicatesse folle. Ses doigts parcoururent les formes du flacon, comme s’il caressait le corps d’une femme, avec une infinie douceur. Le verre était froid, il effleura l’étiquette et remonta précautionneusement jusqu’au bouchon.

Il le dévissa progressivement et versa le liquide brun dans son verre.


GENERIQUE


Keith était accroupi au sol, la tête plongée dans le placard de l'évier. Veronica ouvrit la porte de sa chambre à la volée, en pyjama et les cheveux ébouriffés.
Elle se dirigea instinctivement vers le frigo,  le regard encore dans le vague, mais la scène qui apparut sous ses yeux la fit sortir de sa torpeur. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

« Hé Papa ! dit-elle d'une voix forte. Viens voir, il y a Bob le bricoleur dans la cuisine ! »

Un petit bruit métallique se fit entendre, suivi immédiatement d'un juron incompréhensible. Keith sortit la tête du placard pour y placer un seau a l'intérieur, l'eau ruisselait de toutes parts. Son regard noir égaya sa fille que l'épisode avait définitivement réveillée.

« Je te l'ai déjà dit, n'est pas Tony Micelli qui veut !
  - Je me voyais plus dans la peau de Mc Gyver...
  - Quand vas-tu te décider à appeler un plombier ?
  - Pourquoi dépenser de l'argent inutilement ?
  - Maintenant que tu n'as plus à entretenir ta fille, tu as largement de quoi t'éviter ce genre de travail. Je peux t'en recommender un si tu veux, il n'est pas cher.
  - J'appellerai Weevil moi-même si j'en ai besoin... Maintenant, laisse ton vieux père te montrer ses talents cachés ! »


Sur ces mots, il plongea de nouveau la tête dans le placard, reposant le seau près de lui. Alors que Veronica s'emparait d'un bol et d'une cuillère, on toqua à la porte.

« Veronica, tu peux ouvrir s'il-te-plaît ? »
dit Keith, d'une voix étouffée.

Veronica posa ses ustensiles sur la table et s'approcha à pas lents de la porte.

La dernière visite surprise ? Mauvais souvenir ! Faites que cette fois, ce soit Johnny Deep qui vienne me souhaiter un Joyeux Noël !

Elle ouvrit la porte d'un coup sec et poussa un soupir de soulagement en découvrant le visiteur.

« Mais ne serait-ce pas mon mangeur de dinde préféré ? »

Wallace se tenait devant elle. Elle fit mine de chercher quelque chose sur le jeune homme, les sourcils froncés.

« Où sont les croissants ? » finit-elle par demander avec un sourire moqueur.

Devant la pâleur du visage de son ami, elle changea de ton, soudain inquiète sans vraiment savoir pourquoi.

« Qu'est-ce qui se passe, Wallace ?
- Un autre étudiant de Hearst a été retrouvé mort ce matin. »




Veronica l'invita à rentrer, bouche bée. Wallace s'assit sur un tabouret et posa ses mains tremblantes sur la table.

“ Raconte-moi tout. lui intima-t-elle gentiment, posant une main réconfortante sur son épaule.
- Il s’appelait Josh Whitman, il faisait partie de l’équipe de basket de Hearst et le week-end, on avait l’habitude de faire quelques paniers avec d’autres membres de l’équipe. On devait se retrouver demain, c’est pour ça que j’ai été prévenu. C’était un gars sympa, mais pas vraiment bavard sur sa vie privée.
- Qu’est-ce que tu sais d’autre ?
- C’est son meilleur ami, Ken, qui l’a retrouvé mort, il avait les clés de son appartement. La police est en train de l’interroger d’après ce que m’a dit Ralph au téléphone.
- C’est la procédure normale, il est le premier suspect, à supposer que la mort soit d’origine criminelle,
dit Veronica, pensivement.
- On n'en sait encore rien..."

A ses mot, il leva les yeux vers sa meilleur amie.

" Tu veux que je mène ma propre enquête là-dessus ?”

Le regard de Wallace était plus qu’éloquent.

" Tu peux compter sur moi, reprit-elle.En attendant, rentre chez toi, profite de la dinde, je t'appelle dés que j'ai du nouveau.

*****

Le cabriolet noir entra à toute vitesse dans un parking grouillant de voitures de police aux gyrofards aveuglants. Veronica claqua sa portière et se dirigea vers le tristement célèbre ruban jaune "crime scene do not cross". Arrivée à hauteur de la zone de sécurité, elle ne put s'empêcher de sourire.

Devant la caméra, quelle surprise ! Puisque le shérif Van Low est occupé à donner son meilleur profil, voyons un peu ce qui se passe de ce côté-là.

Elle voyait des agents sortir de l'immeuble, des sachets contenant des objets en main. Elle essaya de mémoriser les pièces à conviction au fur et à mesure que les policiers les rangeaient dans des caisses. Après avoir gratifié la journaliste qui venait de l'interroger d'un sourire enjôleur qu'il avait accompagné d'un clin d'oeil, Vinnie se planta devant elle, lui barrant ainsi l'accès visuel à la voiture de police qu'elle regardait avec minutie.

" Mademoiselle Mars ! Que faites-vous ici ? Ce n'est pas un endroit pour les jeunes filles, lui dit-il sur un ton protecteur.
- Ha Vinnie... Pourquoi suis-je là ? Question intéressante ! se contenta-t-elle de répondre en se penchant sur la droite pour regarder la voiture à nouveau. Mais c'est vous le shérif, les énigmes, ça vous connaît !
- Si tu veux mon avis, les ados ont toujours un goût douteux pour l'hémoglobine et les histoires morbides. Encore une fan de Marilyn Manson, hein ? C'est désespérant !
soupira le shérif. Mais au fait, on ne t'a jamais dit qu'on regarde une personne quand on lui parle ? Vraiment, toute une éducation à refaire. dit-il en se décalant un peu plus sur sa droite.
- Bien ! Après cette petite conversation des plus sympathiques, passons aux choses sérieuses : quelle est la nature de la mort ?
- J'aimerais tellement pouvoir te le dire... non, je plaisante ! Il faudra attendre la conférence de presse pour en savoir plus, comme tout le monde, Veronica.
- Allons Vinnie, vous savez que je peux vous aider, je suis détective."


Elle marqua une pause, feignant de réfléchir en posant un doigt au coin de ses lèvres.

"Je vous laisserai même dire à la télé que vous avez tout trouvé tout seul, avouez que je suis conciliante ! dit-elle avec un sourire moqueur.
- Très drôle jeune fille. Allez, retourne jouer au cluedo pendant que le shérif résout son enquête. Et si c'est le colonel Moutarde, je te le dirai d'accord ? SACKS !"

L'adjoint du shérif accourut.

"Oui chef ! Ha, bonjour Veronica.
- Où sont les agents chargés de surveiller le périmètre ?
- Ben, ils sont là, shérif,
répliqua Sacks en pointant du doigt trois hommes en uniforme en train de discuter.
- Alors s'ils sont en service, comment se fait-il que Miss je-fourre-mon-nez-partout soit devant moi à cet instant ?
- Elle est en-dehors de la zone, monsieur.
- Et alors ? Fais-moi le plaisir de raccompagner mademoiselle Mars à sa voiture ! On est sur une scène de crime, pas un parc des expositions !
- Heu, oui chef ! "
bégaya Sacks tandis qu'il prenait Veronica par le bras.

Négocier avec Vinnie Van Low... A quoi t'attendais-tu Veronica ? J'en viens à me demander si Lamb ne me manquerait pas un peu !

Ils n'avaient fait que quelques pas quand Veronica stoppa net et se retourna vers le shérif.

" Si vous pataugez Vinnie, surtout n'hésitez pas à faire appel à mes services, ce ne serait pas la première fois que je vous sauve la mise... Et puis, je vous ferez une réduction !" s'époumonna-t-elle pour être sûre qu'il l'ait entendue.

En captant les petits rires étouffés et le "Au travail !" menaçant de Van Low, elle se décida à suivre Sacks qui souriait malgré lui.

*****

Right Said Fred - I'm Too Sexy 2007

Dick, Logan et Charlie avaient pris place à la terrasse d’un bar sur Ocean Beach.
Même si le soleil n’était pas des plus chauds en cette période de Noël, l’air était doux, une petite brise émanait de l’océan.

"J’ai vraiment très soif ! s'exclama Dick.
- C’est de courir après un 4x4 qui te met dans cet état ? demanda Logan.
- Très amusant. Pourquoi tu ne t’es pas arrêté avant ?"

Charlie tentait de se retenir de rire, mettant discrètement une main devant sa bouche. Cependant ses yeux se plissaient, il n’était pas sûr de pouvoir se contenir.
Logan regarda Charlie, tout sourire, puis Dick; il essaya de reprendre un air sérieux et déclara :

"Je suis désolé, je ne t’avais pas vu. Tu ne dois ton salut qu’à Charlie."

Dick observait les deux frères, assez incertain de leur réponse.

"Logan, ton frère ça va ? Parce qu’on dirait qu’il a un problème, questionna Dick.
- Non… Non Dick, il est un peu fatigué, c’est tout. Et puis, il fait un peu chaud pour lui ici."

Charlie était rouge à présent, se contenant autant que possible.

"Remarque, en costume, sur une plage… Je t’aurais bien filé un short mais bon… C’est pas vraiment ta taille…" dit simplement Dick, ne comprenant pas grand chose à la situation.

Une serveuse s’avança à leur table.

"Bonjour, dit-elle gaiement, qu’est-ce que vous prendrez ?"

Dick la regarda de la tête aux pieds, il s’attarda sur le petit badge en plastique placé près de sa poitrine.

"Hé bien Caitlin, dit-il, puisque vous le demandez je vous prendrai bien sûr…
- Dick !
le reprit Logan, néanmoins le sourire aux lèvres.
- Je vois, la famille Echolls était plus joyeuse tout à l’heure quand ils me faisaient galoper derrière eux !" souffla le blond, exaspéré.

La serveuse le dévisagea, passablement irritée.

"Ok, ok, une bière alors…
- Pour moi
, dit Charlie, ce sera un soda.
- Pour moi aussi,
renchérit Logan.
- Entendu pour les sodas, dit la serveuse en souriant à Logan et Charlie, mais le blondinet à l’humour débordant doit savoir que nous ne servons pas d’alcool, et encore moins à un mineur ! Donc à moins que vous ne preniez un soda ?
- Pour toi ma jolie, c’est entendu."


Il pencha la tête pour la voir s’éloigner.

"Attendez elle a dit mineur, c’est ça, j’ai bien entendu ?"

Charlie et Logan rirent de bon cœur face à un Dick complètement enfoncé au fond de sa chaise, bougonnant.

"Ces Caitlin, vraiment toutes les mêmes ! dit-il en soufflant.
- Allez Dick ne fais pas cette tête, ce soir c’est « la » soirée entre mecs ! Au programme : poker, cigares… dit Logan avec un air satisfait.
- Et les bières, oh mon dieu, je n’ai pas acheté les bières. Si on n’a pas de bière, ça ne sera pas une bonne soirée !"

Il prit sa tête entre ses mains et finalement se la cogna lentement sur la table.

"Stupide, stupide Dick !
- Il est toujours comme ça ?
demanda Charlie, avec un sourire moqueur.
- Là il n’est que moyennement enthousiaste, si tu veux tout savoir !
- Et pour les bières ?
- Dick, je dois faire le plein, on en achètera à ce moment là",
répondit Logan pour clore la conversation.

*****

Une heure plus tard, ils descendaient tous les trois à une station service.
Dick était très enjoué.

"Vous allez voir les gars, cette soirée entre mecs, ça va être une tuerie ! dit-il en passant ses bras autour de leur cou.
- Tu n’as pas quelque chose à faire ? Comme acheter des bières ? demanda Logan.
- J’y cours Monseigneur."

Il fit une révérence devant la pompe et s’éloigna en direction de la petite boutique.
Mais ce qu’il aperçut le fit s’arrêter net.

"Dick, qu’est-ce que tu fais encore ?" l’interrogea Logan.

Il leur fit signe de s’approcher.

"Quoi encore?
- Regarde !"
dit Dick en indiquant le parking situé à une dizaine de mètres.

Un petit groupe de personnes était en train de discuter. Logan resta muet. Charlie, intrigué, se retourna pour suivre le regard de son frère.




"Tu la connais ? demanda Charlie sans détourner son regard.
- C’est la mère de Veronica, répondit-il d’une voix calme, le sourire ayant disparu de son visage.
- On dirait que le clan Mars est à nouveau réuni, non ? ironisa Dick.
- Et tu la regardes comme ça parce que… lança Charlie sur ton interrogateur.
- Parce que je ne sais pas si Veronica sait qu’elle est de retour à Neptune.
- Si c’est sa mère, il y a des chances qu’elle ait été la première à le savoir, tu ne crois pas ?
rétorqua Charlie.
- Je n’en suis pas si sûr... répondit Logan évasif.
- Bon bah moi je m’occupe des bières pendant que vous nourrissez la bête, à chaque homme sa mission !" dit Dick en riant.

Le surfeur blond s’éloigna, laissant Charlie et Logan en tête à tête.

"Qu'est-ce qui t'arrive Logan ?
- De quoi tu parles ?
- Tu vois cette femme et je ne sais pas, tout à coup, tu ne dis plus rien."


Logan avait les mains dans les poches, il fixait tour à tour le sol et Lianne. Elle ne le remarqua pas, trop absorbée par sa conversation.
Il ouvrit le réservoir et déposa le pistolet. Il pressa fermement. La pompe se mit en marche, produisant un ronronnement.

" Qu’est-ce qui te trotte dans la tête ? tenta à nouveau Charlie.
- C’est probablement ridicule…
- Dis toujours !
- Non, mais... Je ne sais pas si je dois en parler à Veronica
, déclara Logan.
- Juste ça ? rétorqua Charlie.
- C’est déjà assez compliqué comme ça."

Il retira le pistolet et le replaça sur la pompe.

" Arriver tout guilleret, et lui dire : "ta mère est en ville", je ne suis pas sûr qu’elle me saute dans les bras.
- Tu veux un conseil ?
proposa Charlie.
- Essaie toujours."

Charlie lui faisait face.

" Parle-lui, je suis sûr qu’elle ne te mangera pas.
- Ca se voit que tu ne connais pas Veronica !"


Dick les coupa, un pack de bières dans chaque main :

« Alors il est fait ce plein ?
- Oui,
lança Logan, on y va.
- T’oublierais pas de payer par hasard ? demanda Dick.
- J’y vais…"

*****

Animals-Nickelback

La voiture de Veronica se gara lentement sur le parking de l'immeuble de Josh. L'endroit, envahi par la police le matin-même, était maintenant désert. La jeune fille, toute de noir vêtue et une casquette sur la tête, scrutait les environs. La faible lueur des réverbères donnait aux environs une apparence lugubre.

Que faire quand un shérif incompétent vous empêche d'atteindre votre but ? Vous contournez l'obstacle !

Veronica descendit de la voiture en réajustant sa casquette. Alors qu'elle approchait de l'entrée, elle fourra une main dans sa poche et en sortit un petit bout de papier sur lequel on pouvait lire des chiffres.

Rien de plus facile que de pénétrer dans un immeuble quand on vous en donne le code... Ce n'est pas très héroïque mais au moins, on ne se salit pas les mains.

« Sésame, ouvre-toi ! » dit-elle en composant le code.

A son grand désarroi, le petit “bip” strident qu’elle attendait pour rentrer ne vint pas. Les sourcils froncés, elle se dirigea de nouveau vers le boitier et recomposa le code, avec plus d’attention. Là encore, ce fut sans succès.

Je n'avais pas prévu de plan B à mon plan B... Shérif Van Low, depuis quand prenez-vous de telles précautions ?

Elle devinait aisément que le shérif avait fait remplacer le code pour éviter l’intrusion de toute personne n’habitant pas l’immeuble. Après quelques secondes de réflexion, un petit sourire naquit aux coins de ses lèvres. La jeune détective contourna le bâtiment pour en inspecter la façade arrière. Elle sortit sa lampe torche et soupira de soulagement quand une échelle rétractable apparut dans le faisceau lumineux. Elle s’en approcha et, après avoir pris une grande inspiration, sauta pour l’atteindre, sans succès. Après avoir répété l’opération plusieurs fois, elle s’appuya contre le mur pour reprendre son souffle, tout en regardant l’échelle qui semblait la narguer.

Pourquoi Sydney Bristow n'a jamais ce genre de problème, elle ?

Un bras musclé s'étendit alors au-dessus de sa tête et attrapa l'échelle sans peine. Sursautant sous l'effet de la surprise, Veronica fit volte-face.

" Gogo gadget au bras, ma chère Watson !" lança Kenny avec un petit sourire satisfait.

Avec un léger grincement, l’échelle descendit. Elle se retourna.

" Toi ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? dit-elle agacée.
- Ton papa ne t’a jamais dit qu’il fallait manger de la soupe ? Je ne voudrais pas être obligé de toujours jouer les chevaliers servants.  
- Arrête ou je risque de mourir de rire
, lui répondit-elle avec une certaine froideur. Et tu n’as pas répondu à ma question, qu’est-ce que tu fais ici ?
- La même chose que toi, j’enquête Miss Marple…"


Tous les assistants de criminologie seraient donc des enquêteurs parasites ? D'abord Tim, maintenant Kenny !

" Pourquoi ?
- Si je te demande pourquoi tu enquêtes, tu vas me répondre ?
- Tout à fait, pour mon meilleur ami
, répondit Veronica en gardant son aplomb.
- Ce n’est pas que je n’aime pas nos conversations au clair de lune mais l’échelle étant maintenant à ta portée- il sourit à sa propre remarque- rien ne t’empêche de gravir les sommets !
- Passe le premier, ordonna-t-elle.
- Honneur aux dames.
- Où est le piège ?
- Il n’y en a aucun,
dit-il. Enfin... J’avoue que l’angle aura sûrement beaucoup d’intérêt…
- Par pitié !
- Je plaisantais, tu n’es pas une fille très marrante…
soupira Kenny.
- Je ne suis pas venue pour rigoler figure-toi !
- Grimpe, je n’ai pas envie de coucher là. "


Veronica saisit la rampe avec fermeté et entreprit son ascension, les lèvres plissées par la contrariété.

*****




Un petit bruit net vint rompre le silence qui régnait dans l'appartement. La porte s'ouvrit sur les deux visiteurs nocturnes. La lune jetait une lumière bleuâtre sur le sol blanc. Veronica remonta l'interrupteur et la pièce s'illumina. D'un regard circulaire, la jeune détective repéra son terrain de jeu. Kenny, beaucoup moins scrupuleux, la bouscula pour aller s'agenouiller devant la tache de sang qui s'était répandue près de la table basse.

"Ne touche à rien ! lança instinctivement l'ex stagiaire du FBI.
- Tu me prends vraiment pour un débutant, hein ? répondit le jeune homme en sortant une paire de gants en latex de son sac. Tu en auras sûrement besoin, toi aussi", ajouta-t-il en lui tendant une autre paire.

Veronica étouffa un fou-rire et lui répondit :
" Tu as trop regardé Les Experts!"

Néammoins, elle s'empara de la paire de gants et les enfila, se reprochant son manque de précautions.

Elle alla directement à la cuisine. Sur le bar, une trace sèche était visible, elle avait la forme d'un cul de bouteille.

On s'est offert un petit verre ? Peut-être attendais-tu de la visite, Josh.

Les sourcils froncés et les lèvres plissées, elle s'approcha du frigo.

D'où vient cette habitude de prendre son frigo pour un agenda ?

Elle parcourut les diverses cartes de visite et post-its indiquant des rendez-vous qui y étaient aimantés. Un petit bout de papier était au centre, il portait un numéro, suivi d'une inscrïption et d'un nom : " 202 633-1000 Je serai toujours là pour toi. Lili "

Bonjour la petite amie de Josh ! Un petit coup de fil m'en apprendra sûrement beaucoup.

Après avoir enregistré le numéro dans son téléphone, elle se dirigea vers la chambre. La pièce était exigüe mais le locataire avait su en faire un endroit simple et raffiné. L'attention de Veronica se fixa sur les photos qui décoraient la pièce.

Kenny, resté au salon, était toujours concentré sur la tache de sang. Il gratta la moquette pour recueillir une petite poussière de sang séché qu’il emprisonna dans un petit sachet en plastique et se dirigea ensuite vers la cuisine, inspectant à son tour la trace de la bouteille. Il ouvrit les placards un à un, cherchant le moindre détail insolite qui pourrait le mettre sur la voie. Ne trouvant rien, il rejoignit Veronica dans la chambre. Celle-ci ouvrait les tiroirs de la table de chevet, inspectant leur contenu.

"Qu'est-ce que tu espères trouver là-dedans ? questionna Kenny, la faisant encore une fois sursauter.
- Une piste...
- Et tu crois que deux stylos et un bouquin t'en apprendront plus sur ce qui s’est passé ?
ironisa-t-il.
- Hé bien, je peux te dire que Josh faisait ses courses à l'épicerie Kellers et qu'il était membre du club d'échecs de Neptune, donc je sais à qui je peux poser mes questions maintenant, répliqua-t-elle, tenant un stylo dans chaque main. Je peux aussi te dire qu'il était un grand amateur de philosophie et que l'un de ses auteurs préférés était Karl Marx.
- Intéressant... et alors ?
- Alors...".


Veronica ne finit pas sa phrase. Entre surprise et horreur, elle contemplait la photo qui servait de marque-page.

"Alors Mars, ne fait pas durer le suspense !
- Heu, alors c’est tout !
se reprit-elle en refermant le livre brutalement, après avoir pris la photo. J'ai tout ce qu'il me faut, je crois que je vais y aller."

La jeune femme quitta la pièce tête basse.

"A bientôt pour de nouvelles aventures !" dit Kenny pour lui-même.

Une fois dans sa voiture, Veronica ressortit la photo pour l'examiner. Elle montrait Josh et une femme blonde qui entourait ses épaules de son bras. Elle attrapa son portable ainsi qu'un bout de papier plié en quatre, qu'elle avait négligemment jeté dans sa boite à gants. Elle scruta l'un et l'autre et son visage blêmit.

Maman, quel rapport peux-tu avoir avec un étudiant de Hearst retrouvé mort ?

*****

Les yeux encore ensommeillés, Veronica poussa la porte de Mars Investigation. La première chose qu'elle fit, après avoir posé son sac, fut de se ruer sur la machine à café. Puis, une tasse fumante entre les mains, elle alla s'asseoir à son bureau. Son regard se fixa sur le presse-papier. Elle sursauta en entendant la porte du bureau s'ouvrir à la volée. En face d'elle se tenait un Keith tout sourire. Le regard vide de sa fille n'entama pas sa bonne humeur.

" On se calme, je viens en paix... Et ces délicieux croissants français sont mon drapeau blanc !"

Il brandit une poche en papier, très fier de lui.

"Alors, je peux rentrer en toute sécurité ?
- Bien sûr,
se contenta de répondre la détective, ce qui décontenança son père.
- Quelque chose ne va pas chérie ? Tu as l'air contrariée.
- Le mot est faible..."






Elle s'enfonça un peu plus dans son siège.

" Raconte-moi, tu bloques sur une affaire ? s'enquit son père.
- On peut dire ça. Tu as entendu parler de l'étudiant de Hearst qui a été retrouvé mort dans son appartement hier ?
- Celui dont Wallace t'a parlé ? C'est passé aux informations hier, j'en discuté avec...
- Maman est impliquée !
le coupa Veronica.
- Qu'entends-tu par "impliquée" ?
- J'ai fait ma petite enquête et j'ai retrouvé une photo de la victime avec maman, ainsi que son numéro de téléphone sur le frigo. A en croire ce qu'elle avait écrit sur sa carte, ils étaient très proches.
- Et le frigo est venu te faire sa déposition lui-même, c'est sympa de sa part !
plaisanta Keith.
- Papa, tu sais très bien que face à la lenteur du shérif à faire son rapport, prendre les devants est la seule solution.
- D’un point de vue légal, je ne crois pas que ce soit exact.
- Papa !
lança Veronica, d'un ton las.
- Je fais mon travail de père, c’est tout. Bon, “très proches”, c'est à dire ?
- C’est à dire : "Je serais toujours là pour toi, signé Lili"... Je me demande dans quelle histoire elle s'est encore embarquée !
dit-elle en mettant ses deux coudes sur le bureau pour y poser sa tête.
- Ne juge pas trop vite, Veronica, rien n'indique qu'elle ait un rapport avec la mort de ce garçon.
- Avoue que c’est louche, elle revient à Neptune et quelques jours plus tard, un étudiant qu'elle semble bien connaître est retrouvé mort chez lui, c'est une sacrée coïncidence quand même !"


Le père et la fille se fixaient, tous deux plongés dans leurs réflexions.

" La seule façon de le savoir est de l'interroger ! déclara simplement Keith, en regardant sa fille avec bienveillance.
- Je crois que je préfère encore que Vinnie s'en charge !
- Veronica ! Si tu veux être un aussi bon détective que ton cher père, tu dois faire face à cette situation. Tu dois traiter ta mère avec objectivité, ne la condamne pas d'avance.
- Tu as raison... Tu ne voudrais pas t'en charger par hasard ?
demanda Veronica d'une petite voix, en penchant la tête sur le côté pour faire flancher son père.
- J'ai raccroché les gants chérie, maintenant c'est ton tour... Il ne peut y avoir qu'un détective Mars dans cette ville ! déclara Keith, en essayant d'imiter la voix de Clint Eastwood.
- C'est vrai... soupira-t-elle, un léger sourire retrouvant ses lèvres.
- Là je reconnais ma fille !
- En parlant de ça, pourquoi est-ce qu’hier soir, j’ai dû partager la scène de crime avec ton assistant, me ferais-tu surveiller ? Parce que si c’est oui, mon cher, vous remettez en cause votre objectivité.
- Kenny ? Je n’ai rien à voir là-dedans mais il mène peut-être son enquête, lui aussi. Je lui en toucherai un mot mais entre nous, ça ne m’étonnerait pas qu’il fasse ça pour essayer de m’impressionner, je crois que je suis une sorte de gourou pour lui.
- Fais attention alors, je suis sûre qu’il est du genre fanatique prêt à remplacer le maître ! Et puis, tu es MON héro, pas le sien !
dit Veronica d’une voix boudeuse.
- N’en fais pas trop quand même ! Allez, que la force soit avec toi !" s'écria Keith, en levant un poing victorieux.

Sur ces mots, il déposa un baiser sur le front de sa fille et tourna les talons.

" Hé papa ! l'interpella Veronica, J'ai peut-être encore besoin de faire mes preuves dans le métier mais niveau café, je te bats à plate couture !"

Keith fit mine d'avoir reçu un coup en plein coeur, puis il quitta la pièce.

*****

Interroger ma mère en toute objectivité… « Coucou maman, je passais dans le coin alors… Au fait, j’ai trouvé ton numéro et ta photo chez un étudiant retrouvé mort, tu as une idée de comment cela a pu se produire ? » Peut-être un peu trop direct pour le coup. Inutile d’envisager cet entretien tant que je n’en saurais pas plus sur Josh et sur les circonstances de sa mort. Commençons donc par le commencement : Ken. Je suis sûre que l’équipier de Wallace m’en apprendre plus sur Josh.

Veronica rassembla à la hâte les quelques affaires qui lui étaient indispensables : bloc-note, crayon, téléphone portable et appareil photo. Elle s'élança vers la sortie en fourrant le tout dans son sac. Le choc fut aussi brutal qu'inattendu.

"Aïe ! Bon sang V, une tentative ne t'a pas suffi, qu'est-ce que tu as contre mon épaule ? râla Logan en se frottant la clavicule.
- Qu'est-ce que tu fais là Logan ? soupira Veronica pour masquer sa vexation.
- On peut entrer une minute ? J'aimerais te parler.
- Je suis sur une affaire et c'est plutôt urgent donc tu as deux minutes, je t'écoute,
déclara-t-elle en croisant les bras.
- Hé bien, comment dire... commença-t-il maladroitement en passant une main dans ses cheveux, ça va sûrement te faire un choc mais je pense que tu dois le savoir...
- Logan, je suis pressée alors va à l'essentiel.
- Toujours aussi aimable pendant la "mauvaise période",
ne put s'empêcher de plaisanter le surfeur, en marquant les guillemets avec ses doigts et en affichant ce sourire arrogant dont il avait le secret.
- Logan ! le menaça Veronica.
- Ta mère est en ville," déclara alors le jeune homme à toute vitesse, comme pour que ce soit moins douloureux.

Devant le manque de réaction de la détective, Logan fronça les sourcils.

" Tu as entendu ce que j'ai dit V ?
- Ma mère est revenue ? Quel scoop !
ironisa-t-elle. Merci, mais je suis déjà au courant.
- Comment tu le prends ?
demanda Logan en plongeant son regard dans celui de la jeune fille.
- J’ai sauté au plafond et on est allé boire un verre pour fêter ça! La prochaine fois, joins-toi à nous, ce sera sympa! rétorqua la blonde, pleine d’amertume. Sur ce, si tu veux bien me laisser passer, j’ai un rendez-vous.”

Logan s'effaça pour lui céder le passage. Son visage reflétait la surprise et une tristesse non dissimulée pour une fois, il paraissait désarçonné. Veronica se dirigea vers la sortie puis, se ravisant, elle fit volte face. Son ex petit ami n'avait pas bougé.

"J'apprécie que tu ais voulu me prévenir," bredouilla-t-elle rapidement, avant de s'eclipser.

Le jeune homme esquissa alors un léger sourire, ayant saisi le “merci” qui se cachait derrière cette phrase, et il n’en demandait pas plus.

*****

Veronica pénétra dans Hearst. Elle devait prendre l’aile ouest pour accéder à la chambre 221, celle de Ken Candnaun, principal témoin de cette affaire.

Allez Veronica, tact et objectivité !

Banquet - Bloc Party

Elle s’arrêta et frappa à la porte.
N’ayant aucune réponse, elle allait partir quand la porte s’entrouvrit.

« Oui, c’est pourquoi ? demanda un jeune homme brun, mal coiffé et vêtu seulement d’un caleçon.
- Visiblement je t’ai réveillé ?
- Oui"
dit-il en baillant.

Veronica sortit sa plaque.

« C’est donc toi, Veronica, Wallace m’a dit que tu passerais. Tu peux attendre une minute, juste le temps que j’enfile quelque chose de plus décent et fasse un peu de rangement ?
- Aucun problème",
lui répondit-elle.

Quelques secondes plus tard, la porte s’entrouvrit.

« Entre et assieds-toi où tu trouves un peu de place, lui dit-il.
- Merci.
- Si tu es là, c’est pour Josh, n’est-ce pas ?
- Oui, j’aimerais te poser quelques questions.
- Je t’écoute.
- Vous vous connaissiez depuis longtemps ?
- On s’est retrouvé en première année dans la même chambre. On a sympathisé… Le plus marrant c’est qu’on suivait le même cursus, donc c’était assez cool.
- Et les études ? Ça se passait bien pour lui ?
- Josh était brillant. Moi, j’ai pu intégrer ce cursus grâce à une bourse sportive. D’ailleurs, pour les examens, il prenait toujours le temps de m’expliquer. Certaines fois, au détriment de ses propres révisions. Quand je le lui faisais remarquer, il souriait en me disant que je ne devais pas m’inquiéter.
- L’élève et l’ami parfait en somme,
dit Veronica.
- Pas vraiment parfait, tu sais. Josh avait changé depuis quelques temps.
- Changé ? Comment ça ?
- Ca faisait trois ans qu’on se connaissait mais depuis quelques mois, il n’était plus le même, il s’était totalement renfermé sur lui-même. La preuve, je suis toujours dans cette chambre et lui a préféré vivre en dehors du campus, dans cet immeuble sordide. »


Veronica notait assidûment sur son bloc-note tout ce qu’il lui racontait.

" Et tu sais pourquoi ? demanda-t-elle.
- Non, pas vraiment. Il y a bien une fois où il a tenu des propos très étranges mais…
- Mais quoi ?
l’incita-t-elle à continuer.
- Il avait bu. Quand je suis arrivé à son appartement ce soir-là, il était complètement ivre.
- Tu peux m’en dire davantage ?
quémanda Veronica.
- Il n’y a pas grand-chose à dire, tout a commencé par cet appel… :

- Allo ?
- Ken… Ca va pas.
- Josh… C’est toi ?
- Je ne me sens pas bien.
- Qu’est-ce que tu as ?


- Qu’est-ce que tu as fait ? demanda Veronica.
- Je suis allé chez lui. Et sincèrement, je ne m’attendais pas à ça…:

Ken frappait plusieurs fois contre la porte.

« Josh, Josh! Ouvre, c’est Ken. »

La porte s'entrouvrit. Josh apparut, visiblement mal en point…

« Pourquoi tu fais ça ? Regarde dans quel état tu es !
- Tu ne sais rien… Mais si… Tu ne peux pas comprendre…
- Alors explique-moi !
vociférait Ken.
- Je ne peux rien dire… Je suis le seul responsable… Oh mon dieu ! »

« Et alors ? demanda Veronica.
- Alors ? Il a été malade toute la nuit.
- C’était la première fois que tu le voyais comme ça ?
- Non, il avait pris une très mauvaise habitude.
- L’alcool ?
questionna-t-elle.
- Oui, il était complètement dépendant. C’est pour ça que quelques temps après, je l’ai accompagné aux Alcooliques Anonymes. Je ne lui ai pas laissé le choix. Pour ce que ça lui aura apporté…

Ken était visiblement très touché.

"C’est toi qui as découvert son corps, n’est-ce pas ?
- Oui, il devait passer Noël chez moi. Et à 20h : rien, aucune nouvelle. J’ai essayé de lui téléphoner, il n’a jamais répondu. Alors je suis allé chez lui. J’ai fait un tel remue-ménage qu’un voisin est sorti pour me dire de me calmer.
- Comment es-tu entré ?
demanda Veronica.
- Avec ma clé.
- Tu avais une clé ?
- Oui, après cet incident, on s’est dit que c’était peut-être mieux, c’était en quelque sorte une sécurité. Et je l’ai trouvé près de cet horrible canapé, gisant sur le sol, le crâne en sang.
J’ai cru que j’allais vomir. Je me suis approché. Ses yeux étaient ouverts. J’ai eu peur… J’ai pris mon portable et j’ai appelé le bureau du shérif.

- Il n’y a rien qui t’ait paru étrange ? insista-t-elle.
- Il y avait du sang sur le coin de la table basse et cette bouteille sur le comptoir… Du scotch… J’ai pensé qu’il n’avait pas pu résister et je lui en ai voulu…
- Pourquoi ?
- Parce qu’il aurait pu m’appeler… Il aurait dû! Je serais venu… J’aurais pu l’aider, tu comprends… »


Sa voix tremblait.

« Tu n’es pas responsable de sa mort. Peu de personnes auraient fait tout ceci, ça je peux te le garantir.
- Je sais…
- Ecoute, je ne vais pas te déranger plus longtemps, si quelque chose te revient,
dit-elle en se levant, contacte-moi. »

Elle lui tendit une petite carte.

« Merci », dit-il en reniflant.

Elle sortit, refermant la porte derrière elle. Bien qu’elle ait pu obtenir un certain nombre d’informations, elle éprouvait de la compassion pour Ken. Après tout, elle avait essayé, tout comme lui, de sauver quelqu’un de l’alcool.
Elle secoua la tête, essayant de chasser sa mère de ses pensées.
Elle prit son bloc et raya le nom de Ken. Maintenant, elle devait se rendre dans une petite épicerie.

*****

Veronica descendit de voiture et traversa la rue. Il était approximativement 13h30 quand elle pénétra dans une petite épicerie de quartier.
Un homme d’une quarantaine d’années était assis derrière un comptoir, très occupé à contempler avec avidité la page centralede Playboy. On aurait pu distinguer un petit filet de bave à la commissure des lèvres.
Il ne fit même pas attention à elle. Elle fit le tour de la modeste boutique et se planta devant lui une bouteille d’eau à la main.

« Ca fait un dollar », dit-il sans même la regarder.

Elle fit glisser un billet accompagné de sa plaque de PI sur le comptoir.
Il releva la tête.

« Pour faire court, dit-elle, j’enquête sur la mort de Josh Whitman.
- Qui ça ?
répondit-il.
- Josh Whitman, le jeune homme retrouvé mort dans son appartement à deux pas d’ici.
- Et vous voulez m’interroger ?
- Quelle perspicacité ! »


Il posa son magasine.

« Vous ressemblez à la fille de la page 24, vous savez ?
- Je ne vais pas chercher à savoir… Pouvez-vous me dire qui travaillait ici ce soir là ? »


Il se mit droit comme un I et gonfla la poitrine.

« C’était moi, Kurt Wagner.
- Auriez-vous la gentillesse de me raconter ce qui s’est passé, Kurt ?
- Tout dépend ce que j’y gagne,
dit-il avec un sourire vicieux.
- La satisfaction de faire avancer une enquête, lui répondit-elle.
- Ok, j’ai compris. Mais dis-moi, t’es pas un peu jeune pour faire ce boulot ?
- Non ! Et la prochaine fois, j’amènerai le chien, ça fera plus série B. J’aimerais juste que vous me racontiez ce qui s’est  passé ce soir-là et après, je vous laisse tranquille.
- J’ai déjà tout dit au shérif, mais bon je vais faire une exception pour tes jolis yeux,
déclara –t-il.
- Merci.
- Donc ce soir-là,
commença-t-il, je ne devais pas travailler mais Mark, l’autre type qui fait les nuits, était malade. J’ai donc pris son poste. C’était une soirée plutôt calme. Mais vers 22h – 22h30, quelqu’un est entré, ce qui m’a réveillé.

Il désigna la cloche au dessus de la porte.

"Au départ, je n’ai pas bien fait attention à lui, j’ai cru que c’était encore un gamin qui voulait acheter des bières pour frimer devant les copains.
- Et ce n’était pas le cas ?
- Non, il est resté cinq bonnes minutes à contempler la vitrine là-bas,
dit-il en indiquant le fond du magasin. Je lui ai demandé s’il avait besoin de quelque chose en particulier. C’est à ce moment-là que j’ai vu les ecchymoses et la lèvre en sang. Il avait dû sacrément se battre pour être dans un état pareil ! Toujours est-il que, quand je lui ai demandé s’il avait besoin d’aide, il est sorti comme une furie, renversant ce présentoir sur son passage.
- Il a dit quelque chose ?
- Rien ! Aussi muet qu’une tombe, mais une chose est sûre : soit il était complètement cinglé, soit il s’est tapé un mauvais trip.
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
demanda-t-elle.
- Je l’ai observé quand il a traversé la rue, il n’arrêtait pas de regarder derrière lui. On aurait dit qu’il avait peur que quelqu’un ne le suive.
- Et les caméras dans l’épicerie ?
- Le patron les a juste mises pour dissuader les petits voleurs. Elles ne fonctionnent même pas.
- Dommage,
soupira t-elle.
- Il y aurait peut-être…
- Quoi ?
- On a bien Mannie…
- Qui est ce Mannie ?
- C’est un SDF qui traîne tout le temps dans le coin. Avec un peu de chance, il pourra vous en apprendre davantage. »


Veronica n’avait cessé d’écrire.

« Et où puis-je trouver Mannie ?
- Dans la rue… Vous le reconnaîtrez facilement, il a toujours un drôle de pardessus à carreaux.
- Le plus simple est que je vous donne ma carte. Comme ça, vous pourrez me téléphoner si vous voyez Mannie dans le secteur ?
- Entendu, je vous contacte.
- Merci»,
dit-elle en refermant la porte.

« Encore une énigme pour Mystère et compagnie! » pensa-t-elle, en regagnant sa voiture.

Il doit passer Noël avec Ken mais ne se présente pas, aucun appel. Il rentre dans une épicerie, reste à contempler les bouteilles d’alcool et puis s’en va. D’autre part, Ken m’a dit qu’il avait vu une bouteille de scotch chez lui, comment se l’est-il procuré ? Tous les alcooliques ont une réserve, ça c’est certain, mais… Qu’est-ce qui a pu le pousser à rechuter? Et pourquoi avait-il le numéro de ma mère ?


*****

Si maman connaissait Josh, il devrait bien y avoir plus de pistes à suivre qu’une carte postale sur un frigo…

Elle pénétra dans les locaux de la police avec cette nonchalance habituelle, comme si elle accédait à un royaume conquis depuis bien longtemps. Elle salua un certain nombre d’hommes en uniforme et se dirigea vers un joli brun ténébreux, s’affairant à changer la cartouche d’une imprimante.

« Attention, dit-elle, parfois il peut arriver qu’on se retrouve avec des doigts en moins. Il parait que c’est vraiment difficile pour passer les menottes.
- Veronica ! Quel plaisir de te voir, même si je me doute que tu n’es pas ici dans un but totalement désintéressé ?
- Leo, tu devrais faire plus confiance au charme des gréco italiens
, répondit-elle en souriant.
- Je sais, c’est d’ailleurs là-dessus que je mise pour séduire les filles. Mais ta visite n’a rien à voir avec mon charme, n’est-ce pas ?
- Effectivement…
- Besoin d’un service j’imagine ?
- Oui.
- La dernière fois que je t’ai rendu un service, j’ai perdu mon job.
- Je sais… Mais cette fois, c’est juste pour avoir la liste d’appel d’un portable… Crois-tu que cela soit possible ?"
demanda-t-elle.

Elle fit sa petite moue, penchant la tête sur le côté.

«Ok, t’as gagné. C’est pour une affaire ?
- Secret… Mais oui, j’enquête sur la mort de Josh Whitman."


Elle lui tendit un morceau de papier sur lequel était griffonné un numéro.

"Je vois… Et ce numéro c’est celui de ce garçon j’imagine?
- Oui, je voudrais connaître les derniers numéros composés.
- Voyons ça..."


Il se mit derrière son écran et pianota sur le clavier.

" Veronica, j’ai ce que tu veux, seulement…"

Il semblait hésiter.

"Seulement quoi, Leo ?
- Le dernier appel passé était adressé au 202 633-1000."


Ce numéro lui semblait vaguement familier.

« C’est celui de ma mère, n’est-ce pas ?
- Oui,
lui répondit Leo.
- Bizarrement, je l’avais pressenti… Et c’était à quelle heure ?
- 22h52. »


Elle nota l’information.

«Je peux te demander encore une chose ?
- Essaie toujours.
- Tu peux me dire combien d’appels étaient adressés à ma mère ?
- Sur l’ensemble des deux dernières semaines, pas moins d’une trentaine d’appels.
- Merci,
dit-elle, tu es un ange. »

Elle s’apprêtait à partir.

« Et tu n’oublies rien ?
- Quoi ?
demanda-t-elle.
- Je n’ai pas droit à une petite rétribution ?
- Leo, tu devrais savoir que les négociations se font avant d’obtenir les informations, pas après",
répondit-elle en souriant.

Il lui sourit et secoua la tête.

« Tu es vraiment incroyable Veronica.
- C’est ce qu’on di
t, répondit-elle en se dirigeant vers la sortie.
- Je m’en souviendrai ne t’inquiètes pas ! répondit-il.
- Je sais", dit-elle avec un clin d’œil avant de disparaître.

Il se rassit à son bureau, le sourire toujours aux lèvres.

Van Lowe rentrait.

« D’Amato, pourquoi ce sourire idiot ?
- Rien Shérif… Absolument rien…
- Alors, au boulot! Je ne vous paie pas pour rien ! »


*****

Veronica se gara devant un hôtel situé au bord de l’océan, le « Sandpiper Hotel ».
Elle pénétra dans l’hôtel et s’avança jusqu’à la réception.

« Bonjour, mademoiselle, en quoi puis-je vous aider ?
- Pouvez-vous prévenir la chambre 203 de ma visite, s’il vous plaît ?
- Qui dois-je annoncer ?
- Veronica Mars,
répondit-elle »

Le réceptionniste prit le téléphone.

" Madame, une jeune fille est à la réception… Très bien. Elle souhaiterait que vous la retrouviez dans sa chambre.
- Merci"
, dit Veronica en se dirigeant vers les ascenseurs.

Arrivée devant la chambre 203, elle hésita quelques secondes et frappa.

Lianne Mars ouvrit la porte.

« Bonjour Veronica.
- Bonjour.
- Je t’en prie. »

Lianne ouvrit en grand la porte, laissant entrer sa fille. Veronica n’était pas à son aise. Elle ne voulait pas d’une discussion mère/fille, juste des réponses à certaines questions.

« Ecoute maman, je ne suis pas là dans un but désintéressé. J’ai besoin que tu répondes à certaines questions.
- Je veux bien essayer, chérie. Je suis assez forte maintenant pour faire face à ce que j’étais à l’époque.
- Ce n’est pas vraiment ce à quoi je pensais.
- Oh…"


Visiblement Lianne ne s’attendait pas à cette réponse.

" Si je suis ici, c’est pour savoir si tu connaissais un jeune homme du nom de Whitman…Josh Withman", dit-elle.

Lianne resta muette quelques secondes et se résolut à parler.

«Oui, je le connaissais depuis quelques temps. Si tu es là, c’est probablement pour une enquête.
- Effectivement, donc tu ne nies pas le connaître ?
- Bien sûr que non.
- Quelle était la nature de ta relation avec lui ? Un ami de soirées arrosées ? Ou tous les deux, vous adhériez juste au même fan club, les adorateurs d’alcool ?
- Veronica tu es injuste !
- Non maman, mais maintenant je sais que tu es la dernière personne qu’il a tenté de joindre avant de mourir ! Je te connais suffisamment pour savoir que tout ce que tu peux dire n’est pas toujours la vérité. »


Lianne se leva, visiblement très touchée par les propos de sa fille.

« Veronica, je n’ai pas toujours fait les bons choix, je le sais.
- Oui mais la liste est longue et je n’ai pas vraiment le temps pour ça.
- Je suis désolée, vraiment désolée… J’ai besoin d’un petit remontant… »


Veronica était outrée de voir Lianne se pencher dans le petit réfrigérateur.

« Non Veronica, ce n’est pas ce que tu crois, dit-elle en ressortant deux sodas, c’est juste que j’ai besoin de reprendre un peu mes esprits. Tiens", fit-elle en lui tendant une canette.

Lianne se rassit face à sa fille.

« Tu veux que je te parle de Josh, c’est ça ?
- Oui, pour l’instant c’est la seule chose qui m’importe.
- Ces dernières années n’ont pas été faciles pour moi. J’ai pas mal déménagé, mon problème d’alcool se faisait toujours plus important. J’ai pris conscience de mon état, un jour, où trop ivre pour rentrer chez moi, je me suis endormie dans la rue. Lorsque j’ai repris mes esprits, je me suis rendue compte de ce que j’étais devenue… Et ça a été comme un choc ! Je suis rentrée chez moi, j’ai téléphoné à de nombreux établissements proposant une cure de désintoxication pour les personnes comme moi. J’ai pris mes affaires et je suis partie.
- Viens-en au fait Maman.
- Veronica, si tu veux savoir comment je connais Josh, il faut que tu me laisses continuer.
- Je t’écoute.
- Donc je suis arrivée dans cet établissement avec ma valise et l’espoir de changer. Au début ça a été assez difficile et puis petit à petit avec le médecin, les réunions des AA qui se passaient au sein de l’établissement, j’ai recommencé une nouvelle vie. C’est en août dernier que j’ai rencontré Josh, il avait été amené de force par ses parents. Il était totalement renfermé, il ne parlait à personne et ne se mêlait pas vraiment au groupe dans les différentes activités.
- Et ?
- Et très peu de temps après, on m’a nommée comme sa marraine.
- C’est-à-dire ?
- Il y a une règle. Comme ça faisait six mois que j’étais sobre, je pouvais aider une autre personne dans cette démarche.
- Et vous avez sympathisé ?
- Au départ ce fut assez difficile et finalement oui. Il a quitté la cure pour reprendre les cours à Neptune. Il me téléphonait assez souvent, juste pour prendre des nouvelles, ou pour l’aider à ne pas recommencer à boire.
- Il était tenté ?
- Oui, il a appris que sa mère était atteinte d’un cancer foudroyant et qu’il n’y avait aucune rémission possible. Elle est décédée peu de temps après. Ça a été un vrai choc. C’est aussi par cet incident que j’ai pris la décision de revenir à Neptune.
- Tu as donc été chez lui ?
- Oui plusieurs fois depuis mon retour, boire un café, discuter. Je sais qu’il devait passer les fêtes de Noël avec un ami.
- Et pourquoi il n’est pas rentré chez lui ?
- Son père… Il lui reproche la mort de sa mère…
- Tu crois qu’il aurait pu replonger à cause de ça ?
- Tu me poses la même question que le shérif.
- Quoi, Vinnie Van Lowe est venu ici, pour t’interroger ?
- Oui. Il a dû procéder de la même façon que toi, les appels.
- Et la carte que j’ai trouvée sur le frigo avec « Je serai toujours là pour toi », probablement après le décès de sa mère ?
- Oui.
- Ses amis étaient au courant pour sa mère ?
- Non, il ne l’a dit à personne.
- Quand tu es allé chez lui, tu as remarqué quelque chose de bizarre ?
- Non pas vraiment, le quartier n’est pas des plus favorisés mais c’était assez calme.
- Je crois que je vais y aller.
- Tu ne veux pas rester un peu plus longtemps ?
- J’ai beaucoup de choses à faire tu sais,
rangeant son bloc.
- Ton enquête… C’est fou comme tu ressembles à ton père.
- Les chiens ne font pas des chats, tu sais, dit Veronica. Tiens, ma carte, si tu te souviens d’autre chose.
- Je sais,
dit Lianne.
- Quoi ?
- Il y a bien ce voisin dont Josh se plaignait souvent.
- Tu connais son nom ?
- Non, mais il habite dans le même immeuble, au-dessus je crois.
- Josh avait un problème avec lui ?
- Ce type était toujours en train de l’observer. Il lui a fait aussi plusieurs remarques : musique ou télé trop fortes, de claquer les portes… Enfin un peu cinglé quoi.
- Merci mais cette fois je…
- Oui, bien sûr. Au revoir.
- Bye"
répondit-elle s’en se retourner.





Maman pourquoi faut-il que tu veuilles aider des inconnus, alors que quand ta propore famille est dans le besoin tu lui tournes le dos ?

*****

Veronica venait de déposer son sac sur le siège passager, quand son téléphone sonna.

" Allo ? Oui je me souviens de vous, ça ne fait pas si longtemps. Mannie est devant l’épicerie. Entendu j’arrive !" répondit-elle.

Veronica descendit de voiture. Kurt Wagner l’attendait tout sourire devant l’épicerie. Il s’était même changé pour l’occasion, arborant une chemise aux couleurs, tout droit sortie d’un épisode de Magnum. Veronica se prêta à croire qu’Higgins pouvait sortir de derrière une poubelle.

" Vous voyez, dit-il à Veronica. Il est là," désignant un SDF, à une dizaine de mètres d’eux.

Manny était assis par terre, seul, entre les poubelles, un sac près de lui. Les cheveux noirs et hirsutes, une barbe entremêlée. Il était vêtu d’un pantalon noir, déchiré aux genoux, d’un pull et de ce pardessus dont avait fait allusion Kurt. Pour déterminer la couleur d’origine, il aurait fallu demander au fabricant. La chose qui interpella le plus Veronica fut ses chaussures, une paire de Nike, peu abîmée. Elle secoua la tête.

" Merci," dit-elle à Kurt.

Elle s’éloignait doucement en direction du SDF; se sentant suivie, elle se retourna.

" Vous avez un problème ? demanda Veronica.
- Euh non… pas spécialement.
- Alors pourquoi vous me suivez ?
- Je vois,
dit-il d’un air penaud, vous n’avez pas besoin de moi.
- Ne craignez rien,
dit-elle avec un sourire complaisant.
- Bon, ben je retourne dans ma boutique…
- Oui, mais merci."


Il esquissa un sourire, fit un petit signe à Veronica et rentra dans l’épicerie.

Pitié, j’ai vraiment une tête à attirer tous les cinglés ou ce n’est que pure coïncidence ? Mémo : réfléchir à la question, à tête reposée ou demander conseil à une amie.

Elle s’approcha du SDF, elle n’était qu’à quelques pas de lui quand il s’adressa à elle.

" Je te vois depuis t’à l’heure avec l’autre là, le débile du machin à discuter."

Veronica lui faisait face, elle se pencha pour être à sa hauteur. Malgré l’odeur âcre qu’il dégageait, elle se devait de faire face en toute situation.

" Je m’appelle Veronica Mars.
- Tant mieux pour toi !
lui répondit-il. Tu pourrais être Miss America que ça ne ferait pas grand-chose de plus. Et pis d’abord, qu’est-ce que tu veux ?
- Je vois,
dit-elle, se redressant.
- En plus, je ne t’ai pas dit que tu pouvais parler !
- Alors pourquoi me demander ce que je veux ? Si je ne peux pas parler, je ne peux pas répondre…"


Elle était dressée devant lui, un demi-sourire au coin des lèvres. Elle fit la moue, réfléchissant à toutes les options qui se dressaient à elle.

" Essaie pas de m’entourlouper. Je les connais les filles comme toi."

Il la pointait du doigt.

"Je sais ce que sont les filles comme toi, des petites capricieuses…
- Si moi je suis capricieuse, faites-moi penser à vous présenter Madison Sinclair…
- M’en fiche !
répondit-il en s’essuyant le nez dans la manche de son pardessus.

Il se mit à fouiller dans la besace qui était à côté de lui. Il en tira une bouteille de vin bon marché, à demi vide.

Il ne manquait plus que ça !

Il la déboucha. Une odeur vinaigrée pénétra les narines de Veronica. Elle fit la grimace.

" Je ne t’en propose pas, c’est pas pour les fillettes."

Il lui sourit. Il ne lui restait que cinq ou six dents.
Elle esquissa un sourire tant bien que mal. Et tenta de reprendre ce qu’elle avait commencé.

" Comme je vous le disais, il y a cinq minutes, je m’appelle Veronica Mars et je suis détective privée.
- T'es pas un peu p’tite pour faire ce job? A mon époque…
- Oui eh bien, on n’est plus à votre époque, dit-elle visiblement agacée. Alors là j’ai besoin de réponses, donc soit vous me les donnez gentiment moyennant une petite rétribution, soit un petit appel au bureau du shérif pour signaler une personne en état d’ébriété sur la chaussée. Vous choisissez quoi ?
- T’es pas bien grande, mais t’as du répondant pour une nénette ! Alors c’est quoi que tu veux savoir ? Ma mémoire fonctionne toujours mieux avec un peu d’aide. "


Veronica fouilla son sac et sortit un billet de vingt dollars.

Aux grands maux les grands remèdes !

Elle l’agita sous son nez.

" Et là ? demanda-t-elle.
- Ben on ne sait jamais, je ne suis plus si jeune, ma mémoire peut encore me jouer des tours."

Elle se mordit la langue, pour s’empêcher de parler trop vite.

" Et là ?
- Je crois que c’est possible. "


Il tendit la main pour prendre l’argent quand…

"Oh, non, avant vous répondez à mes questions.
- T’es dure en affaire… Mais vas-y… Blondie, pose-les ces questions avant que Mannie ne change d’avis."


Faudrait aussi que je vous présente Dick, lui aussi parle de lui à la troisième personne.

"C’est très simple, Mannie, il y a deux jours un garçon est mort. Il est entré dans cette épicerie assez tard dans la nuit, couvert de sang et d’ecchymoses. Alors je veux savoir si vous l’avez vu ce soir là.
- J’ai bien vu quelqu’un, enfin je crois.
- Mannie, vous aviez bu ?
- Comment veux-tu que je survive sinon, j’ai que ça…
- Alors ?
- Y a bien ce môme qu’a déboulé comme un cinglé, y criait des « y me suivent, aidez-moi » et blablabla...
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
l’interrogea-t-elle.
- Ce qui s’est passé ? Le môme, il a renversé ma bouteille alors je lui ai donné ce qu’il méritait… C’était du whisky, c’était pas de la piquette comme celle-là, dit-il en désignant sa bouteille.
- Vous l’avez frappé ? s’horrifia-t-elle.
- Tu crois que ça se passe comment ici ? Y a de gentils petits anges qui nous aident ? Et des petits lutins qui nous apportent à manger ? C’est pas ça la vie ma belle, on a rien, l’Etat s’en fout ! C’est quand même pas moi qui l’a tué ?
- Rien que ça ?
- Ben il a pas demandé son reste, le gosse, il a détalé comme un lapin…
dit-il en riant. Alors je les ai gagnés mes cinquante dollars ?"

Veronica lui tendit le billet à contre cœur tout en sachant très bien à quoi il serait utilisé.
Mannie le fourra dans sa poche avec avidité, ce soir l’alcool jaillirait probablement à flots.

Veronica regagna la mustang. Elle remarqua Kurt derrière la vitre, il lui fit signe.
Elle fit un sourire forcé, et s’enfonça dans son siège pour faire le point.

Encore un suspect qui s’évapore… Je dois impérativement voir ce voisin, c’est ma seule chance.

*****

La jeune fille se gara une fois de plus sur le parking du petit immeuble. Elle marcha jusqu’à l’entrée et s’arrêta devant l’interphone. Sans hésiter, elle appuya sur le bouton qui était relié à l’appartement 31, sa mère lui ayant dit que le voisin avec qui Josh avait des problèmes habitait au-dessus de lui. Après plusieurs tentatives et aucune réponse, elle pressa le bouton de l’appartement 32.

« Oui ?
- Bonjour, je suis Veronica Mars, détective privée. J’enquête sur la mort de Josh Whitman. Auriez-vous quelques minutes à me consacrer ?
- Bien sûr, montez »
dit une voix masculine.

L’instant d’après, un petit « bip » strident annonçait le déblocage de la porte.
Quand elle arriva au 32, un homme d’une trentaine d’années l’attendait sur le pas de sa porte.

« C’est vous la détective privée ? » demanda-t-il, l’air surpris.

Pour toute réponse, Veronica sortit sa plaque, c’était son meilleur argument.

« Paul Mattews, lui sourit l’homme en lui tendant la main.
- Veronica Mars, répondit la détective en acceptant la poignée de main.
- Alors comme ça, vous enquêtez sur la mort du gamin d’en dessous ? Vous voulez dire que ce serait un meurtre ?
- Les circonstances du décès ne sont pas encore établies alors je me renseigne. Avez-vous vu ou entendu quelque chose de suspect ce soir-là ?
- Je ne connaissais pas vraiment ce garçon, il était plutôt discret. Je me rappelle qu’il est rentré tard, c’était dans ses habitudes. Je le sais parce que nous nous croisions souvent dans l’escalier aux alentours de vingt trois heures. Je suis moi-même ce qu’on peut appeler un couche-tard alors je l’entendais souvent ouvrir la porte de son appartement.
- Et vous l’avez donc croisé avant-hier.
- Non ! Pour une fois, je suis rentré tôt mais comme je vous l’ai dit, j’ai entendu les clés tourner dans la porte. Ensuite, je me suis couché donc impossible de vous en dire plus.
- C’est déjà bien merci."

Elle allait partir quand elle se ravisa.

"Dites-moi, vous connaissez bien votre voisin, monsieur… Rudy Cooper ?
demanda-t-elle après avoir jeté un œil sur la sonnette de l’appartement 31.
- Cooper ? C’est un homme assez aigri mais il n’est pas méchant.
- J’ai entendu dire que Josh Whitman et lui ne s’entendaient pas vraiment.
- Rudy Cooper est, comment dire… Une commère. Depuis qu’il a pris sa retraite et vendu son garage automobile, il est du genre à épier les moindres faits et gestes des locataires. Si votre voiture est mal garée ou que vous avez posez vos poubelles au mauvais endroit, vous pouvez être sûr que vous aurez de ses nouvelles ! Le problème avec Josh Whitman, c’est qu’il habitait juste en dessous de l’appartement de Rudy, du coup, celui-ci lui menait la vie dure ! Je l'imagine bien l'oreille collée au sol pour entendre ce qu'il se passe en-dessous !
- Je ne vous dérange pas plus,
dit Veronica en lui tendant de nouveau la main.
- Mais vous devriez vous adresser à Rudy, je suis sûr que j’ai entendu du bruit chez lui, au moment où le gamin est mort, à tous les coups, il aura noté quelque chose là-dessus.
- Je vous remercie monsieur Mattews, votre témoignage m’est d’une grande aide. »


L'homme se contenta de hocher la tête en souriant avant de refermer la porte derrière lui.

Bon, la diplomatie, c’est bien joli mais pour l’instant, l’enquête est au point mort ! Concentre-toi V, tu as sûrement laissé passer quelque chose.

*****

Veronica poussa un soupir de soulagement en ouvrant la porte de son appartement. Elle laissa tomber son sac sur le sol avec lassitude et se dirigea droit vers le canapé dans lequel elle s’affala. Mac la rejoignit quelques secondes plus tard en lui tendant un bol rempli de chips à la moutarde.

« Ce soir, c’est plateau télé ! déclara la brune avec un enthousiasme un peu forcé.
- Maria n’est pas là ? s’enquit Veronica en piochant dans le bol.
- Elle est chez Weevil.
- Je comprends mieux ton envie subite de chips ! Il va bien falloir que tu apprennes à cuisiner si Maria nous quitte ! »
plaisanta la détective tandis que sa colocataire attrapait la télécommande.

L’écran noir laissa apparaître une pub pour des sodas.

« Alors, comment avance ton enquête ?
- Comment sais-tu que je suis sur une enquête ?
- Et bien, tu n’es pas rentrée depuis deux jours sans donner de nouvelles, tu présentes des signes de fatigue évidents et… J’ai vu Wallace hier,
finit par avouer Mac. Comment as-tu pris le retour de ta mère ?
- Je ne m’y attendais pas du tout alors…"


Elle stoppa net et tourna son visage vers son amie.

"Hé attends un peu, je n’ai jamais dit à Wallace que j’avais revu ma mère! Mac?
- Bon d’accord, j’ai croisé Logan aussi,
dit la pro de l’informatique en rougissant.
- Tu sais Mac, tu compromets grandement la notion de partage de confidences entre copines ! Je n’ai plus rien à te raconter maintenant ! »

Elles rigolèrent et leur intérêt se reporta sur les informations locales. La tête de Vincent Van Low apparut à l’écran.

« Tiens, mais c’est Remington Steele !
- Si tu essaies de me refiler le rôle de Laura Holt, je t’étrangle ! »
s’exclama V.

Quand l’immeuble délabré qu’elle avait visité la veille fit son apparition dans le petit rectangle, Veronica se concentra sur ce que disait la journaliste.

« C’est ici même que Josh Whitman, un jeune homme de vingt et un ans, a été retrouvé mort à son domicile il y a deux jours. Bien que la police de Neptune ait été entièrement mobilisée, les circonstances du décès de la victime n’ont pas encore été dévoilées. Shérif Van Low, auriez-vous de plus amples informations à nous communiquer ?
- Bonsoir Samantha. En effet, je suis désormais en mesure de vous en dire plus. En m’appuyant sur les premières observations des légistes ainsi que sur mon enquête approfondie, je peux d’ores et déjà vous affirmer que la mort de Josh Whitman n’est pas d’origine criminelle."

A ces mots, Veronica ne put s’empêcher de secouer la tête.

"Mon enquête approfondie", quelle mascarade !

"Je dirais même plus, c’est un tragique accident. Au cours de l’enquête, nous avons appris que la victime était alcoolique et les médecins légistes ont décelé des traces d’alcool dans le sang de monsieur Whitman. Une bouteille de scotch entamée ayant été retrouvée chez lui, la conclusion s’impose d’elle-même. On peut donc aisément penser que c’est l’alcool qui est à l’origine de sa chute et l’impact de son crâne avec la table basse a, sans nul doute possible, entraîné une mort instantanée.
- Je vous remercie pour ces précisions, shérif.
- Mais c’est tout naturel, »
répondit ce dernier avec son habituel sourire figé.

Veronica restait muette.

« On dirait bien que ton enquête est bouclée, constata Mac.
- Je n’en suis pas si sûre…
- Mais tu as entendu Vinnie !
- J’ai pour habitude de ne pas prendre les discours de Vinnie au sérieux, tu sais ! Tout ça ne colle pas : d’après les personnes que j’ai interrogées, Josh était paniqué mais pas ivre.
- Et la bouteille de scotch retrouvée chez lui ?
- Le garçon qui l'a trouvé mort m'a parlé de cette bouteille, elle était à peine entamée. Et l’épicier qui l’a vu le soir de sa mort m’a dit qu’il était entré et s’était dirigé vers les bouteilles d’alcool mais qu’il n’avait finalement rien acheté. C’est pas vraiment l’attitude d’un alcoolique ça !
- Tu as une idée de ce qui aurait pu provoquer sa chute dans ce cas ?
- Non… Mais l’un de ses voisins m’a assuré avoir entendu du bruit dans les escaliers à l’heure où la police a estimé la mort de Josh, j’ai du mal à croire que Vinnie ait occulté cet élément… Quoiqu’en même temps, on parle de Vincent Van Low là !
se ravisa Veronica.
- Qu’est ce que tu comptes faire ?demanda alors Mac.
- Me procurer ce rapport d’autopsie dans un premier temps, je ne crois vraiment pas à la théorie de l’ivresse.
- Ne me dis pas que tu comptes sur la coopération de notre cher shérif ? Depuis le temps, je pensais que tu avais compris qu’il ne t’a pas à la bonne !
- Tu crois qu’un petit café et un beignet sauraient l’amadouer ?
- Non, il n’y a vraiment qu’avec toi que ça marche le coup du café ! »
s’esclaffa mac.

V lui donna un petit coup de coude dans les côtes, ce qui fit rire sa colocataire de plus belle.

*****

Le lendemain matin, la jeune détective se présenta au bureau du shérif; elle fut reçue par Sacks.

« Bonjour Veronica, qu’est-ce qui t’ammène ? demanda l’adjoint.
- Mais comme d’habitude mon cher Sacks, je viens voler au secours du shérif.
- Il est sorti.
- Ca tombe bien, c'est à toi que je voulais parler. Je me disais que, peut-être, tu pourrais me laisser jeter un coup d'oeil au rapport d'autopsie sur la mort de Josh Whitman, juste histoire de vérifier une intuition.
- Tu sais que je n'ai pas le droit de faire ça.
- Allez Sacks, qui le saura ? Et puis, si mon intuition se révèle bonne, je te refile le tuyau et c'est toi qui finis le travail ! Tout le monde y gagne !
susurra la détective.
- Je ne sais pas trop, Veronica... hésita Sacks, alléché par l'idée.
- Miss Mars, quel déplaisir ! s’exclama Vinnie avec un sourire hypocrite, alors qu'il entrait dans les locaux.
- Déplaisir partagé !
- Que me vaut l’honneur de ta visite ? Si c’est encore pour me proposer ton aide, j’ai le regret de t’annoncer que l’enquête est bouclée. Il faut regarder les informations, ma petite demoiselle.
- C’est justement pour ça que je viens ! Le reportage d’hier ! Non vraiment, quel professionnalisme, quel charisme, on dirait que vous avez fait ça toute votre vie ! »
dit Veronica en suivant le shérif qui s'éloignait vers son bureau.

Revenant de la salle des preuves, Leo aperçut sa blondinette préférée toquer à la porte du bureau du shérif.

« Hé Sacks, que fait-elle ici ? demanda Leo en pointant Veronica du menton.
- Ben, tu la connais, elle vient fouiner... Aujourd'hui, elle voulait un rapport d'autopsie, rien que ça... » soupira Sacks en replongeant dans ses papiers.

Leo attrapa le journal qui traînait sur le bureau de l'adjoint du shérif et s'éloigna en souriant.

« Cette interview a vraiment piqué ma curiosité, vous savez comment je suis ! dit la détective avec un petit sourire mutin. J’aurais aimé savoir combien de grammes d’alcool avaient été retrouvés dans le sang de Josh Whitman ?
- Et tu écris pour...
l'interrogea-t-il. Parce que, à moins que tu ne rédiges un article sur ma brillante enquête, je crains ne pouvoir te renseigner.
- Allez shérif, donnez-moi cette petite info et je disparais.
- Si seulement c’était possible !
se prit à rêver Van Lowe.
- Vinnie, l’enquête est bouclée, qu’est-ce que ça peut bien faire ?
- Ce que ça peut faire, c’est que la petite fouineuse que tu es commence à me taper sur le système ! »


Tout en disant ces mots, le shérif ne s’était pas aperçu que la porte s’était ouverte sur une femme qui le regardait maintenant en fronçant les sourcils.

« Vinnie, je ne t’ai pas appris à parler aux jeunes femmes de cette façon voyons ! gronda la femme d’une soixantaine d’années en se précipitant pour refaire le nœud de cravate du shérif.
- Il faut toujours écouter sa maman Vinnie ! dit Veronica, triomphale.
- Maman, ça fait partie de mon boulot de refreiner les pulsions morbides de toutes ces jeunes filles en mal d’aventure. Veronica, je ne te retiens pas, tu connais la sortie. »

La jeune détective quitta le bureau en jurant intérieurement. C’est alors qu’elle aperçut Leo à son bureau, un café à la main.

« Bonjour monsieur l’agent !
- Bonjour mademoiselle !
répondit Leo en rentrant dans le jeu de la blonde. Que puis-je pour vous ? Une plainte pour incompétence du shérif ?
- Ne me tente pas ! J’ai plutôt un énième petit service à te demander."


Elle feignit d’être navrée.

"Fais attention V, tu deviens de plus en plus prévisible, souffla le jeune homme.
- C’est pour le bien de la communauté.
- Je t’écoute.
- Pourrais-tu m’avoir une copie du rapport d’autopsie de l’affaire Whitman ?
- Je n’ai pas vraiment accès à ce genre de documents, tu sais ?
- Je t’en serais éternellement redevable !
supplia Veronica, les mains jointes.
- L’éternité ne m’intéresse pas… En revanche, un dîner en tête à tête pourrait faire pencher la balance…
- Marché conclu !
» décréta la jeune fille, en tendant sa main à Leo.

Celui-ci la saisit en dévoilant un sourire radieux.

Veronica sortit du bâtiment et se dirigea vers sa voiture. Un détail attira tout de suite son attention : une enveloppe marron avait été glissée par la fenêtre entrouverte et trônait sur son siège. Elle ouvrit la porte et s’empara du document. En décachetant l’enveloppe, elle découvrit le rapport d’autopsie qu’elle était venue chercher. Elle se retourna vers les bureaux de police et découvrit Leo à l’entrée, il lui souriait de toutes ses dents. Lui rendant son sourire, Veronica remonta dans sa mustang et démarra.

*****

Les bras chargés de courses, Veronica gravit les trois marches qui la séparaient du perron. Mac lui ouvrit la porte.

« Tu es de retour avant midi et en plus, tu as fait les courses ? Rendez-moi ma meilleure amie, espèce d’alien !
- Prends un sac au lieu de dire des bêtises ! »


Les filles déballèrent les courses en rigolant puis s'installèrent dans le salon.

« Devine qui j’ai vu au bureau du shérif ?
- Vinnie ?
- Quel scoop ! Non, je parlais de Léo !
- Léo ? Le policier sexy dont j’ai tant entendu parler ?"


La voix de Mac monta d'une octave.

"Ce type n’est donc pas une légende !
- Lui-même !
répondit Veronica en souriant.
- Un policier sexy vous dites ? Vous aurez vraiment tout tenté pour me faire rester n’est-ce pas ? les interrompit Maria, en descendant sa dernière valise.
- J’aurais cru que les bad boys étaient plus ton style, la taquina Veronica. Alors ça y est, tu nous quittes ?
- Yale est une des meilleures universités de tout le pays, je serais folle de renoncer.
- Et comment le prend notre motard préféré ?
- Il comprend… Et puis, il viendra peut-être passer des vacances sur la côte est."


Maria avait beau y mettre du sien, elle avait du mal à croire à ce qu’elle disait.

" De ton côté, j’espère bien que tu reviendras nous narguer avec tes diplômes impressionnants! » s’exclama Veronica en ouvrant les bras en direction de son ex-colocataire.

Les jeunes filles se serrèrent rapidement dans les bras et Mac finit même par se prêter au jeu des embrassades.

« Tu manges avec nous avant de partir ? s’enquit Mac.
- En fait, Weevil passe me prendre. Il m'emmène à l'aéroport.
- Tu sais très bien que contre un latino musclé et tatoué, on ne fait pas le poids, ma petite Mac !
plaisanta Veronica.
- Jamais je n’aurais pensé dire ça mais… Vous allez tous vraiment me manquer, même Dick !" dit Maria l'air dépité.

Les trois filles partagèrent un dernier fou rire avant qu'un coup de klaxon ne retentisse.

"Prenez soin de vous." dit Maria avant de quitter l’appartement.


*****

Après le repas, Veronica s’installa en tailleur sur le canapé et se plongea dans la lecture du rapport d’autopsie.

Alors Josh, qu’est-ce qui t’as fait flancher ?

Elle parcourut les lignes d’explications, la barbarie du jargon scientifique l’en dissuada très vite. Elle préféra donc se reporter aux chiffres.

0,3 gramme d’alcool par litre de sang ! Bon d’accord Josh, tu n’étais pas avare sur la dose de whisky mais certainement pas de quoi tituber ! Encore une affaire rondement menée shérif Van Low.

Irritée, elle allait refermer le rapport quand un petit schéma attira son attention.

« Entaille de forme hexagonale sur l’arrière du crâne… A l’origine de l’hémorragie interne. Une forme hexagonale ? Mac ! cria-t-elle depuis le salon.
- Quoi ? lui répondit sa colocataire, occupée à surfer sur le net.
- Qu’est-ce qui peut avoir une forme hexagonale selon toi ?
- Heu, La France ?
tenta la brune sans grande conviction.
- Je crois que Dick a une très mauvaise influence sur toi, Q. Je te parlais d’un objet.
- Je suis dans l’informatique, pas la géométrie, je te rappelle !
lâcha Mac en se dirigeant vers la cuisine. Tu as remarqué que l’évier fuyait ? Il va falloir appeler super Weevil à la rescousse, plaisanta-t-elle.
- Weevil ? »

Ses yeux s’agrandirent. Elle se jeta sur le placard de l’entrée, duquel elle sortit la boîte à outils de fortune que son père lui avait confectionnée « en cas de besoin ». Elle en sortit une clé anglaise dont l’une des extrémités était de forme hexagonale.

« Mac, tu es un génie !
s’écria-t-elle.
- Merci de le reconnaître. » répondit Mac sans vraiment comprendre la réaction de son amie.

Veronica avait déjà passé sa veste et elle claqua la porte derrière elle.

*****

Veronica roulait à vive allure en direction de l’immeuble de Josh mais fut forcée de se garer à quelques centaines de mètres de son lieu de destination. La petite place qui entourait l’immeuble, d’habitude déserte, s’était transformée en une véritable fourmilière de journalistes et d’agent de police. A peine était-elle arrivée à hauteur du parking qu’elle vit le shérif sortir en compagnie d’un petit bonhomme grisonnant à l’air bougon. Ce dernier était menotté et criait comme un forcené :

"C’était un assassin, ils voulaient le mal, lui et les autres ! Il fallait l’arrêter !"

Sacks fermait la marche arborant un sac plastique dans lequel se trouvait une clé anglaise encore tâchée par le sang séché. Un feu d’artifice de flash crépita pendant quelques minutes. Dès que le coupable prit place dans une des voitures de police, les journalistes se ruèrent alors sur Vincent Van Low, pour son plus grand plaisir.

" Tu es venue admirer le shérif à l’œuvre toi aussi ?
- Tu te moques de moi Leo ? Vinnie était persuadé que c’était un accident !
- En fait c’est cet homme, Rudy Cooper, qui a tué ce pauvre garçon. A coup de clé anglaise ! Un vrai psychopathe !
- Où avez-vous retrouvez la clé anglaise ?
demanda Veronica, curieuse.
- On n’a même pas eu besoin de chercher, il nous l’a remise et a signé des aveux complets."

Leo raconta alors ce qu'il avait retenu de la déposition de Rudy Cooper :

Josh était à moitié courbé, une main l’aidant à s’appuyer contre le canapé, l’autre posée sur son estomac. Son visage était crispé de douleur, il ne voyait plus rien. Sa respiration se fit de plus en plus rapide, ainsi que les battements de son cœur; il n’entendit même pas la porte s’entrouvrir dans un grincement. Rudy Cooper se tenait maintenant derrière lui, une clé anglaise dans la main. Il avait toujours soupçonné son voisin du dessous de manigancer quelque chose : il rentrait toujours tard, parlait tout seul ou restait des heures au téléphone à mentionner des missions et des « objectifs atteints ». C’était le diable en personne, sous ses airs de parfait jeune homme.
Si depuis quelques mois, les appels avaient cessé, Rudy savait bien que ce n’était qu’un calme apparent, il préparait quelque chose, c’était sûr.
Ce soir-là, quand il entendit un bruit de fracas juste en dessous, il n’hésita pas une seconde, il fallait agir. Il s’avança donc vers le jeune homme qui articulait avec peine qu’on l’avait piégé. Ne tergiversant pas plus, il éleva son bras et abattit la clé anglaise sur son crâne. Josh se redressa vivement sous le choc mais perdit aussitôt l’équilibre. Sa tête heurta la table basse avant de retomber au sol lourdement. Rudy fixa sans émotion la tâche de sang qui se répandait petit à petit comme une auréole autour de la tête de la victime puis, il prit les clés sur le comptoir de la cuisine et referma la porte à clé derrière lui.


" C’est effrayant, lâcha Veronica d’un ton morne.
- Josh Whitman n’a pas eu de chance, cet homme est complètement fou : il a fait trois séjour en hôpital psychiatrique pour paranoïa dangereuse et on a trouvé cinq plaintes pour agression sur son casier judiciaire.
- Je voulais te remercier pour le rapport d’autopsie, j’étais à deux doigts de coiffer Vinnie au poteau.
- De rien, ce service n’était pas désintéressé de toute façon… Je passe te prendre demain soir à 19h30 ?
- Avec plaisir !"


Les deux jeunes gens échangèrent un sourire complice avant que Leo ne monte dans une voiture qui reprenait la route du bureau du shérif.

Profitant d’un moment de répis dans les interviews qui s’enchaînaient, Vincent Van Low ne put s’empêcher de venir triompher devant la détective.

" Tu vois fillette, le shérif fait son travail !
- Ne me faites pas rire Vinnie, vous aviez conclu à un accident alors pourquoi ce revirement de situation ?
- A toi, je peux te le dire : un informateur, voilà tout !
- Qui ?
- Il a préféré garder l’anonymat.
- C’est tellement plus facile effectivement. Et vous ne trouvez pas ça étrange qu’il ne veuille pas récolter le fruit de son œuvre ?
- Tant que le coupable a avoué, je me contrefiche des motivations de ce mystérieux informateur, vois-tu ! Jeune fille, tu as encore beaucoup de choses à apprendre…"


Sur ces mots, il tourna les talons pour rejoindre les journalistes, laissant une Veronica atterrée.

" Sherif Van Low, vous aviez pourtant conclu à un décès accidentel… Comment en êtes-vous arrivez à Monsieur Cooper ?
- C’était une enquête très délicate à mener et j’ai tout de suite soupçonné Rudy Cooper, de par ses antécédents et mon propre instinct, pour tout vous dire. N’ayant aucune preuve matérielle à sa charge, j’ai monté cette histoire d’accident de toutes pièces afin de ne pas éveiller ses soupçons. Je voulais aussi éviter qu’il ne se débarrasse de preuves comme l’arme du crime ou les clés de l’appartement de la victime. Grâce à ce stratagème, nous avons pu le coincer et l’obliger à nous faire ses aveux."


Tout au long de sa déclaration, il n’avait cessé de jetter des coups d’œil amusés vers Veronica. Celle-ci finit par quitter le parking, estomaquée.

Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Vinnie est peut-être le pire des shérifs que Neptune ait jamais eu, mais c’est un sacré acteur !

*****

Arrivée à un carrefour, Veronica sembla hésiter. Après quelques secondes, elle prit la direction de l’appartement de son père. Elle avait envie de lui raconter son enquête, comme au bon vieux temps. Quand elle ouvrit la porte, elle trouva le patriarche confortablement installé dans le canapé, le journal entre les mains.

« Tiens, l’oiseau rentre au nid ! dit Keith joyeusement.
- Tu ne regardes pas les informations ? Notre shérif est en direct ! s’exclama Veronica en feignant l’enthousiasme.
- Ce n’est pas exceptionnel, on le voit aussi souvent à la télé que la jolie blonde de la météo. »

Sa fille sourit à cette remarque et vint s’asseoir à côté de l’ancien shérif. Tout en se laissant tomber dans le canapé, elle poussa un énorme soupir.

« Quelque chose ne va pas chérie ?
- Je suis en pleine crise existentielle, Vinnie a résolu l’affaire Whitman avant moi !
- Alors ça, par contre, c’est exceptionnel.
- En fait, c’est plutôt un informateur anonyme qui m’a devancée, Vinnie n’a eu qu’à cueillir le coupable.
- Tu me rassures, j’ai cru un instant que Van Low était devenu efficace !
- Quand je pense à ce pauvre garçon, il n’a pas eu la moindre chance, son psychopathe de voisin l’a tué à coups de clé anglaise !
- Il est paranoïaque, c’est le genre de personne qui est totalement imprévisible.
- C’est en lisant le rapport d’autopsie que le puzzle s’est remis en place : il mentionnait une plaie de forme hexagonale et l’un des voisins de Josh Whitman m’avait dit que le locataire avec qui Josh ne s’entendait pas était mécanicien.
- Je suis très fier de toi, j’étais sûr que tu finirais par en arriver à Rudy Cooper. »
lança Keith.

Veronica sourit puis, réalisant ce que son père venait de dire, elle fronça les sourcils et se tourna vers lui.

«  Qu’est-ce que tu veux dire par « j’étais sûr que tu finirais par arriver à Rudy Cooper » ? Comment sais-tu qu’il est paranoïaque si tu n’as pas regardé les infos ?
- Et bien,
commença Keith en se grattant la tête, tu sais que Kenny menait sa propre enquête et comme je te l’ai dit, il m’apprécie…
- Il savait déjà ?"


Veronica était très contrariée.

"Depuis quand ?
- Il m’a appelé ce matin pour avoir confirmation sur ses soupçons. »

Veronica regardait dans le vide, la bouche entrouverte et les épaules tombantes, elle paraissait abattue.

« Cela ne remet pas en cause ton travail, chérie. Vous avez suivi des pistes différentes; par chance, il a tout de suite orienté ses recherches sur Rudy Cooper.
- Et il n’avait pas Maman dans sa liste de suspects…
- En parlant d’elle, je crois qu’il serait bon que tu lui parles. Comme tu l’as dit, elle était proche de ce garçon et elle aimerait sûrement avoir le fin mot de l’histoire.
- Je l’appellerai…
dit Veronica, évasive.
- Tu devrais aller la voir. »

Tout en prononçant cette phrase, Keith tendit le téléphone à sa fille.

« Je dois vraiment l’appeler maintenant ? »

Le regard de son père ne laissait aucun doute sur ce qu’il en pensait. Sortant son portable, elle chercha le numéro dans ses contacts et pianota sur les touches du téléphone. Les battements de son cœur s’accélérèrent, elle attendait avec anxiété que son interlocutrice décroche.

« Allo ?
- Maman, c’est moi… »
réussit enfin à articuler Veronica.

*****

La jeune fille gara sa voiture sur le parking d’un petit bistrot, à la sortie de la ville. Elle regarda sa montre. Celle-ci indiquait 10h35 : elle était en retard. Veronica avait mal dormi, la perspective de ce rendez-vous la stressait. Elle culpabilisait de n’avoir pas laissé le bénéfice du doute à sa mère, elle l’avait immédiatement soupçonnée d’être impliquée dans la mort de l’étudiant.

La présomption d’innocence ? Un concept que je n’ai pas encore tout à fait assimilé…

Elle se prit à penser à Logan. A lui non plus, elle n’avait pas su faire confiance, il le lui avait souvent reproché… Elle secoua la tête pour chasser ces idées et descendit de voiture.
Elle trouva sa mère assise dans le fond du bistrot, les yeux rivés sur la carte des menus. Veronica s’assit en face de sa mère, sans dire un mot. Lianne releva la tête mais n’entama pas la conversation non plus, se contentant de sourire. Ce silence presque religieux fut troublé par la venue d’une petite rouquine d’une vingtaine d’années.

" Bienvenue chez Joe, qu’est-ce que je vous sers ?
- Un café s’il vous plaît.
- Deux,
renchérit Lianne.
- Je vous amène ça tout de suite. "

Cette interruption parut décrisper la mère comme la fille.

" Ton appel m’a surprise… Je veux dire, agréablement surprise.
- Je ne sais pas si tu as vu qu’un homme avait été arrêté pour le meurtre de Josh, je me suis dit que tu aimerais peut-être en savoir plus.
- Ce garçon était si gentil, je ne comprends pas ce qui a pu pousser cet homme à le tuer.
- Son voisin, Rudy Cooper, était paranoïaque, il n’y a donc aucune logique à tout ça.
- Je n’ai cessé de penser à ce qui se serait passé si j’avais répondu à l’appel de Josh…
- Je ne pense pas que cela aurait changé grand-chose, tu n’y es pour rien… "


Veronica prit une grande inspiration.

"A ce propos, je voulais te dire…
- Tu as fait ton travail, c’est tout",  
la coupa Lianne en posant une main sur celle de sa fille.

Instinctivement, Veronica retira sa main. Un nouveau silence s’abattit pour quelques secondes.

" Je n’arrive pas à croire que tu sois devenue détective privé, finit par dire Lianne. C’est un métier dangereux !
- Pour l’instant, ça me sert à payer mes études."


Lianne baissa les yeux, n’assumant pas encore tout à fait les erreurs du passé.

" Mais je pense rester dans cette branche, la criminologie m’intéresse et j’ai fait un stage au FBI cet été qui m’a beaucoup plu."

Veronica était étonnée de se livrer si facilement à sa mère. C’était peut-être aussi le moyen d’éviter des sujets plus sensibles. A l’évidence, Lianne, elle, était décidée à crever l’abcès.

" Je n’ai pas tellement eu le temps de t’en parler mais j’ai rencontré quelqu’un et j’aimerais te le présenter."

Voyant que sa fille ne réagissait pas, Lianne continua.

" C’est un homme fabuleux, il m’a beaucoup aidée, avant et pendant ma cure. Je lui ai beaucoup parlé de toi et il aimerait te rencontrer.
- Je ne sais pas quoi dire…
- Je te laisse le temps d’y réfléchir mais ce serait peut-être l’occasion de passer des vacances en dehors de Neptune, qu’en dis-tu ?
- J’y réfléchirai,
se contenta de dire Veronica tout en rejetant mentalement cette option.
- Très bien. Ton père m’a dit qu’il avait aussi rencontré quelqu’un ?
- Oui.
- Il m’en a parlé comme d’une femme charmante, j’espère avoir l’occasion de faire sa connaissance."


Les deux blondes se quittèrent quelques minutes plus tard, Lianne semblait ravie de cette entrevue. Veronica, elle, bien qu’un peu apaisée, avait encore quelques réticences vis-à-vis de sa mère.

Ainsi donc, ma mère a vraiment l’intention de réintégrer la famille Mars… Le Père Noël n’a pas chaumé, il m’offre la parfaite petite famille recomposée ! Encore faudrait-il que j’en veuille.

*****

Dean Martin - That's Amore

Leo poussa la porte d'une petite pizzeria familiale, pour laisser entrer une Veronica très élégante. Celle-ci prêta une attention particulière à la lumière tamisée, aux tables aux nappes rouges et à la sérénade en fond sonore.

Si tu ne vas pas à Venise, Venise viendra à toi.

Un petit homme costaud au tablier d'une blancheur impeccable s'approcha d'eux.

" Bienvenue chez Tony ! lança-t-il joyeusement, avec un fort accent italien. Une table pour deux ?
- J'ai réservé au nom de D’Amato.
- Si ! Suivez-moi !"


Il les installa dans un coin de la salle et, après leur avoir donné un menu à chacun, disparut en cuisine.

" L’endroit te plaît ? demanda Leo, dont les yeux brillaient à la lueur des bougies disposées sur la table.
- Oui, c’est tout à fait l’idée que je me faisais d’un restaurant vénitien.
- C’est la seule pizzéria de Neptune où je me sente chez moi,
rigola le jeune homme.
- Je n’étais jamais venue, pourtant, je suis sûre d’avoir déjà entendu parler de cet endroit et cette musique...
- Je te conseille la Venezsia, c’est leur spécialité !
- Alors je te fais confiance",
déclara Veronica en refermant le menu d’un geste vif.

Le couple passa la soirée à rire, se rappelant leur rencontre ou la soirée années 80. Veronica ne put s’empêcher de s’excuser une nouvelle fois pour la façon dont elle s’était comportée mais Leo trouvait toujours le moyen de dédramatiser l’épisode par un trait d’humour dont il avait le secret. Les desserts qu’ils avaient commandés arrivèrent : Leo avait pris des profiteroles alors que Veronica s’était laissée tenter par un énorme banana split.

" Tu devrais faire attention à ta ligne, Mars ! Comment espères-tu me soutirer des informations sans l’aide de ce petit corps sexy ?
- Je sais être très persuasive, crois-moi. Et puis, il y a encore un peu de place dans cette robe !"
répliqua la détective en croquant dans la cerise qui trônait sur son dessert.

La petite clochette de la porte d’entrée tintinnabula, annonçant au chef un nouveau client. Leo perdit un peu de son sourire.

" Nous avons de la visite !" dit-il en pointant l’entrée du doigt.

Veronica tourna la tête et, à la vue du visiteur, ouvrit la bouche en signe de surprise. Celui-ci, en revanche ne réprima pas son plaisir en la voyant et, après avoir commandé une pizza, s’approcha du couple.

- Si j’avais su que vous étiez là, je me serais joint à vous, en souvenir du bon vieux temps ! Comment ça va Leo ?
- Très bien Logan, et toi ? Tu es plus vêtu que la dernière fois que je t’ai vu ! Et tu as abandonné les lunettes noires façon Blues Brothers !
- Je me suis toujours demandé ce que tu lui trouvais V. Mais je comprends mieux maintenant : ce type est hilarant !
dit Logan en se tournant vers Veronica, un sourire arrogant toujours fixé à ses lèvres. Alors, tu exploites toujours les jeunes agents de police sans défense? A ce que je vois, on ne perd pas les bonnes vieilles habitudes, hein ?"

A ces mots, il lui fit un petit clin d’œil, ce qui eut le don d’énerver la jeune fille.

" Disons que j’essaie de m’adresser aux personnes les plus fiables. Et quand en plus, elles sont charmantes et m’invitent au restaurant, je ne résiste pas !
- Donc, si je suis ton raisonnement, je t’ai donné une information fiable l’autre jour, non ? Quand est-ce que je passe te prendre ? Je connais un chinois fabuleux !"


Veronica essaya de paraître contrariée mais Logan était toujours très fort à ce petit jeu et sa remarque avait encore une fois fait mouche. Fier de son petit effet, il les salua.

" Bonne soirée. Leo, c’était presque un plaisir de te revoir. V, cette robe te va comme un gant, ce n’est pas celle que tu portais la dernière fois qu’on a dîné ensemble ? Je confonds peut-être…"

A ces mots, il tourna les talons, récupéra sa pizza et sortit du restaurant.

" Décidemment, ta vie sentimentale est un éternel recommencement, Mars !" plaisanta Leo.

Veronica fit une petite grimace et se contenta d’engloutir une cuillère de glace.

*****

Dans l'obscurité, un écran d'ordinateur brillait. Seul une ombre qui se reflétait sur le mur, trahissait la présence d'une personne. La souris se déplaça sur l'écran pour cliquer sur une icône en forme d'enveloppe. Une page presque blanche apparut alors.

Episode écrit par Milady of Winter et Poison Ivy

 

Toutes les photos de l'épisode ici



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Ecrit par estel6317 
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