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4.10 - Milukman talks

Date : 29 février 2008

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Un nouveau drame entache la réputation de Hearst: un lien quelconque avec l'affaire Hamilton? Veronica mène l'enquête...
De son côté, Logan est contraint de faire profil bas et appelle une autre détective à la rescousse pour régler un problème épineux.

Ecrit par babou31 

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

>> Vous pourrez réagir sur ce forum à la fin de votre lecture.

Bonne lecture!

 



Sexy Backs de J. Timberlake



Assis au fond de l’amphithéâtre, Logan faisait tourner un stylo entre ses doigts. Concentré sur le mouvement circulaire qu’il impulsait à l’objet, il ne prêtait aucune attention au professeur qui s’époumonait afin de maintenir le calme dans son cours.
Il attrapa d’un geste vif le crayon dans sa main et regarda sa montre . Un sourire se dessina sur ses lèvres.

« N’oubliez pas que les examens approchent ! On n’a rien sans ri… »

La phrase du tout jeune remplaçant mourut dans les voix des étudiants heureux que la journée finisse enfin.
Il se leva, glissa son stylo dans la poche arrière de son jean et se faufila à travers les élèves vers la sortie.

« Un simple Bic pour un tel fessier. J’aurais cru qu’il fallait au moins un Montblanc pour le cul du fils du plus célèbre meurtrier de Neptune  »

Logan se retourna vivement et se retrouva nez à nez avec un étudiant goguenard qu’il ne connaissait pas.

"Pardon ?
grinça Logan entre les dents.
- Combien vaut ton cul de 09ers, Echolls ? Grâce aux exploits de ton père et pas que devant la caméra de professionnels, ça doit casquer !"

Logan attrapa le jeune homme par le col de sa chemise, le regard haineux.
"Répète !
- A combien est évalué …"

Logan serra plus fort le col de son adversaire qui pour autant ne faiblit pas:

"Un cul …
- Logan ! Lâche-le ! »


Une main connue venait de se poser sur son bras. Logan se retourna vers Wallace qui lui montra le professeur. Celui-ci les observait en prenant son téléphone.

« Quoi qu’il ait dit, ça vaut pas le coup d’avoir des ennuis avec la sécurité… Tu sais ce qu’on dit du crapaud et de la blanche colombe… »

Logan relâcha à contre cœur son emprise, il se retourna et passa sans un mot devant Wallace. Celui-ci observa interrogatif l’étudiant reajustant son col, un rictus moqueur aux lèvres. Il haussa les épaules et rattrapa Logan en petites foulées.

« Attends ! Qu’est ce qui s’est passé ?»

Logan le regarda durement et s’arrêta net dans le couloir:

"Ce mec m’a insulté ! Je ne laisserai personne me comparer à mon père, ce pervers…"

Un groupe de jeunes filles gloussa derrière eux. Wallace se retourna et leur adressa un sourire charmeur.

« Je me demande combien valent de si jolies fesses ?» murmura l’une d’elles à sa voisine.

Logan s’interrompit.

« Tu as entendu ? »
- Quoi ?
- Elles ont demandé combien valaient mes fesses!
- Ah non ! Combien valaient CES jolies fesses ,
rectifia Wallace, c’est de celles d’un sportif dont elles  parlaient, dit-il en se retournant vers les jeunes filles en faisant un clin d’œil.
- Non je crois pas, c’est déjà ce que m’a demandé cet idiot. Ca peut pas être une coïncidence…"

Il se tut un instant

"Tu sais où est Mac ? demanda-t-il soudainement

- Hein ? Tu veux montrer tes fesses à Mac ? s’exclama Wallace.

Logan leva les yeux au ciel. Wallace sourit.

"Ok, elle doit encore être au service informatique, elle a un travail de fou en ce moment… Suis-moi"

Mais sans se faire prier, Logan précéda d’un pas vif Wallace éberlué .

***


Installée devant son ordinateur, Mac tapota nerveusement sur le clavier. Le site  «Grade my ass » s’ouvrit… Sa bouche s’arrondit sous la stupeur. De nouveau, elle s’activa , les pages défilaient rapidement. Logan et Wallace, debout derrière elle, l’obsevaient effarés mais n’osaient l’interrompre .

« Tu vois, le site est passé en actif… Mais c’est pas cela le plus suprenant… Regarde... On dirait que c’est toi qui perçois les bénéfices ! commenta-t-elle?
- Moi ? s’étrangla Logan
- Oui toi ! confirma Mac
- Mais c’est impossible, je n’ai rien fait… On avait décidé de laisser tomber finalement! Et puis y’a des fesses de mecs aussi ! C’est pas moi ça…"

Wallace pouffa.

"Enfin pas toi … C’est toi qui le dis… Des fesses identifiées Logan Echolls sont disponibles quand même."

Au même moment Veronica passa son nez à travers la porte du bureau de Mac

« Hey, me voilà ! »

Elle  s’avança vers eux quand un cri la figea sur place.

Un long cri strident… Suivi d’un silence de mort.

Après un court moment de stupéfaction, Veronica fit volte face et, sans un mot, se précipita hors de la pièce.

Au bout du couloir qu’elle venait de remonter, un attroupement se formait. Elle accélera le pas, des rumeurs arrivaient jusqu’à elle.

Chambre 310, 311, 312… La 313 disparaissait derrière un groupe de plus en plus imposant d’étudiants. Elle fendit la foule et découvrit le spectacle .

C'est pas possible... Un vrai Cluedo grandeur nature, cette année universitaire !

Derrière la porte grande ouverte de la 313, une jeune femme brune  était agenouillée, hébétée, les larmes ruisselant sur ses joues.

Elle serrait de toutes ses forces une main masculine, inerte.

Au prix d’encore quelques  efforts, Veronica réussit à s’extraire de l’attroupement et s’accroupit à coté de la jeune femme. Elle lui posa doucement la main sur l’épaule et de son autre main, attrapa le poignet à la recherche d’un peu d’espoir .
Mais elle devait se rendre à l’évidence : il n’y avait plus de pouls.

La jeune détective se redressa doucement et remarqua alors le boite de comprimés, vide, à coté du corps du jeune homme. Elle sortit discrètement son portable et la prit en photo.

Elle chercha des yeux le bureau et s’en approcha . Une feuille manuscrite y était posée. Elle entendit au loin une voix qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle fit rapidement quelques clichés de la lettre et des alentours et sortit de la chambre, juste au moment où Vinnie Van Low se frayait un chemin.

En retrait, elle l’entendit prononcer avec son assurance habituelle que la mort était due à un suicide. La foule se dispersait et Veronica continua d’observer le manège du Sherif, un spectacle à lui tout seul .

Si les circonstances étaient différentes, j'applaudirais des deux mains!

Une main posée sur son épaule la fit sursauter.
Les yeux brillants, Shona se tenait derrière elle.

« C’était un ami d’Hamilton » articula-t-elle difficilement.

***

Générique

***


La porte d’entrée claqua. Dick s’interrompit et vit surgir Logan, visiblement hors de lui. Connaissant le caractère facilement emporté de son ami, Dick n’y porta pas davantage d’attention et continua de converser avec son interlocuteur.

"Ah oui ! Ca c’est sûr que pour lui, c’est pas de cul !"

Sa conversation s’arrêta net. Logan venait de débrancher la base du combiné. Dick, ahuri, se leva du divan pour y retomber aussitôt, repoussé par Logan, qui ne se contenait plus.

"Je savais que tu étais un idiot de première, mais là, tu as battu des records !
- Si je savais de quoi tu parles, j’aurais peut-être une chance d’être fier…
- Ose me dire que t’as pas mis en ligne le site que j’ai lancé l’an dernier ?
- Quel site ?
demanda Dick, apparemment dépassé.
- Celui pour lequel il fallait noter des fesses."

Les yeux de Dick s’illuminèrent.

"Tu veux dire que cette fois, je peux mettre en ligne toutes les fesses de celles avec qui j’ai couché ? Attention, hein ! C’est du tout premier choix."

Voyant l’air menaçant de Logan, il l’arrêta d'un geste :

"Hey ! Attends, mec, je plaisante ! C’est vrai, j’en ai aussi eu quelques unes de seconde catégorie : il y a des soirs où j’étais trop bourré pour faire la différence entre Michael Jackson et Pamela Anderson.
- Dick, arrête tes conneries et enlève ces photos, je vais vraiment avoir des problèmes.
- Mais j’ai rien fait, moi ! Je t’aurais jamais laissé le crédit de ces belles petites prises."


Devant cet argument imparable venant de la bouche de Dick, Logan s’avoua vaincu. Fatigué, il se laissa tomber à ses côtés. Dick le regarda alors, une lueur amusée dans les yeux.

"En revanche, je connais quelqu’un qui pourrait ne pas être étrangère à cela.
- Qui ?"
le coupa vivement Logan.

C’est à ce moment-là que la porte de la chambre d’amis s’ouvrit.

"Dick, tu ne sais pas si Logan aurait encore des affaires de Veronica ? Nous faisons la même taille, toutes les deux."

Au son de cette voix, Logan retint son souffle, comme foudroyé sur place. Trina apparut alors dans son champ de vision. Elle lui sourit.

"Salut frangin ! Contente de te voir ! Tu vas m’aider !
- Qui as-tu encore perverti pour entrer ici ? Le gardien ? Le serrurier ?"


Trina fit la moue au souvenir qu’évoquait Logan. L’été précédent, elle était entrée dans la suite de Logan en flirtant avec Johnny, l’un des employés de l’hôtel, puisque le jeune homme lui avait refusé l’accès à sa suite.

"Oh ! Logan ! Tu ne vas pas m’en vouloir pour si peu ?"

Le jeune homme la regarda, interloqué :

"« Si peu » ? Je te rappelle que ça a créé toute une série de malentendus, qu’on n’a évité un procès en diffamation que parce que j’ai utilisé ma Gold et que nous avons rendu la suite."

Trina gémit :

"Mais je n’y peux rien, moi, si ce gars a cru qu’il était assez intéressant pour une actrice internationale !"

Logan tiqua :

"Le seul film étranger pour lequel tu aies tourné était australien, et tu y jouais une serveuse !
- Oui, mais la manière dont elle mettait sa poitrine en valeur pour débarrasser les miettes était très convaincante",
intervint Dick.

Trina lui sourit, flattée.

"Mais ce gars-là était vraiment bizarre, reprit-elle à l’adresse de son frère.
- Si par « bizarre », tu voulais dire « déçu, blessé, humilié » quand tu t’es plainte à la Direction qu’il te mettait la main aux fesses, alors il faudrait juste que tu t’achètes un dictionnaire ! Tu sais, le gros livre avec des images que tout le monde a dans sa maison ?
- Tout ce que je voulais, c’était rentrer chez toi,
fit Trina, enjôleuse.
- Pour cela, il existe un autre objet : une clé ! Et de toute manière, je ne voulais pas te voir.
- C’est bien pour ça que j’ai dû employer les grands moyens,
riposta Trina.
- La prochaine fois, je saurai comment m’y prendre avec toi", les interrompit Dick.

Trina le regarda, incertaine quant à l’attitude à adopter face à cette remarque.

"Puis-je au moins savoir ce que tu me veux, cette fois ? Papa t’a laissé une partie de son héritage, donc ce n’est pas pour l’argent, j’imagine.
- Oui et non, Logan, oui et non."


Elle enchaîna, sur un ton faussement réprobateur.

"Quand on met en ligne les fesses de sa sœur, il faut s’attendre à ce que celle-ci réclame des dommages et intérêts…
- Mais c’est pas moi ! Ce site est à moi mais je n’ai pas mis ces photos, et je ne l’ai jamais mis en ligne. C’était un devoir d’économie.
- Oh je t’en prie ! Tu avais tout le temps, cet été. Avec ta copine bizarre, celle qui a un nom de machine, je suis certaine que tu pouvais tout arranger. Puis comme ça, ça t’attirait des clients, avoir la grande Trina Echolls pour soi…"


Pour toute réponse, Logan prit sa veste et claqua la porte, sous le regard interloqué de Trina et Dick. Ce dernier haussa les épaules et se connecta sur le site qui faisait fureur sur le campus.

***


Un mouchoir à la main, Shona tamponnait le maquillage qui avait coulé sous ses yeux. Veronica assise en face d’elle dans le canapé de Mars Investigation attendait qu’elle se soit reprise. Cela faisait beaucoup de disparitions en peu de temps pour une même personne.
Le souvenir de Logan se blottissant dans ses bras quand il avait enfin accepté la mort de sa mère après celle de Lilly s’imposa à son esprit. Elle secoua la tête pour chasser ce souvenir et se concentra sur Shona.
La jeune asiatique lui fit un pale sourire.

« Je t’écoute Shona. Que peux-tu me dire sur Neil ? C’était un ami d’Hamilton c’est cela ? » demanda la jeune détective.

Shona acquiesça de la tête

« Ils se connaissaient depuis l’année dernière…Ils sont vite devenus inséparables. Mais Emma et lui ne s’appréciaient pas beaucoup. Hamilton passait beaucoup de temps avec lui et Emma se sentait délaissée. Surtout que pour la faire enrager, les garçons parlaient en latin ! Ils riaient beaucoup ensemble »

Son visage s’éclaira à la pensée de son frère heureux et plein de vie.

« Sais-tu si Neil avait des problèmes, des difficultés qui pourraient expliquer son geste … ou quoi que ce soit d’autre ? » questionna Veronica hésitante.

Shona marqua un temps de surprise.

« Non, je ne sais pas. Mais déjà que je ne comprends toujours pas comment j’ai pu ne rien voir pour mon propre frère alors pour …»  

Le nom de Neil mourut dans un sanglot étouffé, les larmes perlaient de nouveau sous ses yeux.

« Je suis désolée de t’obliger à te replonger dans ces souvenirs mais c’est important. Sais-tu comment ils s’étaient rencontrés ? S’ils avaient d’autres amis communs ?  poursuivit la petite blonde malgré tout.
- A Hearst, ils avaient quelques cours communs mais je n'en sais pas plus…, elle hésita, le plus simple serait que tu m’accompagnes à l’enterrement, non ? Je pourrais peut-être reconnaître un copain d’Emma ou de Ham’ »

Veronica lui sourit en posant la main sur son bras et acquiesça.

Comme dirait mon docteur Greg préféré, tous les chemins mènent au même mort 

***


Lorsque Veronica rentra chez elle, elle aperçut Mac dans le salon, les yeux rivés sur son écran. Elle n’avait même pas noté que Veronica était dans la même pièce.

Soit je suis devenue fantôme…

"Bouh…" fit la jeune détective.

Mac ne bougea pas d’un pouce.

… soit elle monte un site.

Veronica se pencha sur l’écran. Ce qu’elle y vit la surprit.

"Cindy Mackenzie, voyez-vous cela ! A quand les chippendales à la maison ?"

Mac leva enfin les yeux vers Veronica. Elle se dirigea vers la cuisine, suivie par son amie, intriguée.

"Logan sort d’ici. Il m’a montré le site que je lui avais fait pour son devoir d’éco l’an dernier.
- C’était ça, le site ?
- Oui, sauf que techniquement, il n’était pas en ligne, il n’était visible que de Logan et moi… Et il n’y avait pas tant de photos… En plus, à l’époque, Logan n’avait que des photos de filles.
- Donc,
conclut Veronica, soit il a changé de bord, soit il s’est mis à la parité…
- Le problème, là-dedans, c’est que ces photos sont publiées suite à un mail que Logan et moi aurions envoyé… Et en plus, ils se font de l’argent grâce à ça !
- Comment ça ?
demanda Veronica en se servant du jus de tomate.
- Ils mettent des photos gratuites, quelques unes, et ils cryptent toutes les autres. Pour voir les photos masquées, il faut payer. Ceci dit, c’est ingénieux, rien à redire !"

Mac s’assit à son tour. Veronica frappa soudain du poing sur la table.

"Mais je sais ce qu’on peut faire !" s’exclama-t-elle.

Mac sursauta et regarda son amie, attendant la suite.

"On va aller regarder ces photos !"
dit-elle, les yeux brillants.

Voyant la mine déconfite de Mac, la petite blonde la prit par la main et l’entraîna vers l’ordinateur en tentant de la convaincre.

"Eh quoi ! Nous sommes toutes deux célibataires ces temps-ci, toutes deux seules ce soir, et nous avons pour nous divertir un bel outil à notre disposition… voire même plusieurs", ajouta-t-elle en désignant l’écran.

Les yeux pétillants, Veronica plaça Mac devant l’ordinateur, s’installa à ses côtés, prit la souris et fit quelques sélections.

"Veronica ? Tu te rends compte que c’est du voyeurisme ?" sourit Mac en la rejoignant.

Pour toute réponse, Veronica lui rendit son sourire, s'empara d'un calepin, zooma sur quelques images et prit quelques notes. Mac l’observait, intriguée.

"Ben quoi ? Je commence mon enquête par le commencement ! Sur une échelle de 1 à 5, qu’est-ce qui fait la rareté de ces jeunes gens ?"

Mac se laissa choir sur son dossier, simulant le désespoir dans lequel la plongeait sa colocataire. Elle se redressa vivement lorsqu’elle vit les sourcils froncés de Veronica, les yeux rivés sur une photo.

"Quoi ? Il y a un défaut de fabrication ?"

Veronica se tourna vers elle, légèrement troublée.

"Ca! C’est Logan,"
affirma-t-elle en désignant de la souris une cicatrice située dans le creux des reins.

Veronica se souvint d’une nuit, deux étés plus tôt. Elle était aux côtés de Logan, dans la chambre du Neptune Grand Hotel. Logan lui parlait pour la première fois de la mort de son père, et avait décrété ce jour-là comme étant le plus heureux de son existence.

"J’aurais toujours des marques de ce salaud, avait-il dit… Il sera toujours en moi."

Veronica n’avait pas su quoi répondre. Elle s’était lentement coulée le long de son amant et avait déposé un baiser sur chacune de ses petites cicatrices. Il y en avait un certain nombre, notamment sur les endroits les plus sensibles du corps. Lorsqu’elle s’était arrêtée, Logan l’avait attirée vers lui.

Secouant la tête, Veronica revint à la réalité et se concentra à nouveau sur les photos. Elle éclata soudain de rire.

"Je n’avais pas vu qu’on pouvait noter les fesses !
- Dis-moi que tu ne vas pas le faire, gémit Mac. Dis-moi que je n’ai pas une coloc aussi déjantée ? Maria, où es-tu ???"


Veronica ne répondit rien. Ses yeux s’arrondirent, ce qui alarma Mac :

"Quoi ? Ne me dis pas que tu en reconnais d’autres ? Veronica ! Je lis les nouvelles de Gossip Girl, et tu es loin de cumuler le nombre de mecs qu’a eus Serena!"

Puis, regardant la photo :

"En plus, ce sont des fesses féminines !
- On ne peut plus féminines, me semble-t-il… Ce sont les miennes ! C’est une tache de naissance, ici."


Mac regarda Veronica.

"D’accord, tu es trop impliquée, cette fois-ci, se moqua-t-elle. Je prends l’enquête à mon compte !"

***




Dans l’appartement de Logan et Dick, Trina s’employait à raconter ses derniers films aux deux garçons. Logan écoutait d’une oreille distraite pendant que Dick semblait fasciné par la vie trépidante d’une actrice ayant enchaîné les rôles secondaires de films au succès confidentiel.
"Et dis-moi, demanda Dick, as-tu déjà joué avec Rocco ?
- Non, mais j’ai déjà joué avec Johnny Depp, un autre grand acteur…"

Logan leva les yeux au ciel, puis jeta un œil à sa montre, nerveux. Dick poursuivit sur sa lancée :

"Tu sais, si tu veux, je peux très bien faire la doublure de Rocco Siffredi !
- Si ton cerveau est inversement proportionnel à la taille de ton jouet, alors, je te crois !
lui lança Trina.
- Dick, laisse-la tranquille !" intervint Logan.

Il ne cherchait pas à protéger Trina, mais il voulait simplement éviter une énième scène trinesque. Il pressentait qu’avec sa sœur pouvaient se poser des problèmes dont il ne souhaitait pas voir la couleur. Dick protesta néanmoins :

"Quoi encore ? Je suis beau mec et Trina est une petite gazelle qui me met en émoi. Jusqu’ici, c’était ta sœur, ce qui en faisait en quelque sorte ma belle-sœur. Maintenant qu'on sait qui est son vrai père…"

Il laissa sa phrase en suspens, lorgnant sur le décolleté plongeant de Trina. Celle-ci le repoussa d’une main.

"N’oublie pas que la gazelle en question est devant toi, espèce d’impuissant !"

Elle le gifla. Dick porta la main à sa joue.

"Aïe ! Mais vous avez été élevés par la même personne, ça se sent !" conclut-il plaintivement.

C’est sur ces chamailleries que Charlie fit son entrée. Logan se leva vivement et lui adressa un grand sourire. Charlie fronça les sourcils en voyant Trina et se tendit imperceptiblement.

"Salut !"

Trina traversa le salon pour lui serrer la main. Elle sourit au nouveau venu :

"Je vous ai déjà vu quelque part, vous. Vous êtes acteur, non ?"

Devant la mine ahurie de Charlie, Trina ne se découragea pas.

"Présentateur d’une émission ? Vous avez fait de la télé réalité, peut-être."

Logan mit fin au supplice de Charlie :

"Trina, voici Charlie Stone, mon demi-frère. Charlie, je te présente celle avec qui nous n’avons aucun gène en commun, mais qui porte néanmoins le si beau nom de Echolls."

Trina expliqua d’un ton confidentiel :

"Dans le cinéma, porter le nom d’un acteur connu est un avantage.
- Même quand cet acteur est un pédophile meurtrier ?"
ironisa Logan.

Charlie interrompit Logan du regard et embrassa Trina. Il se tourna ensuite vers son frère :

"Je peux te parler en privé ?
- Bien sûr ! On va boire un café au Hard Rock ?"


Charlie acquiesça, et avant de passer la porte, il sourit à Trina :

"Ravi d’avoir fait ta connaissance, Trina !
- Le plaisir est pour moi. Tu es mignon, tu sais ? J’adorerais faire connaissance avec ma nouvelle famille."


Dick se renfrogna. Logan suivit son frère et ferma la porte en secouant la tête.

***

Les bras chargés de sacs en papier, Back up tirant sa laisse dans la direction opposée, Veronica tentait d’attraper les clés de l’appartement de son père. Agacée, elle n’arrivait à les atteindre alors que le contenu du premier sac tanguait dangereusement.  

« Une jeune fille en détresse ? Super Daddy est là !
- Papa, je suis contente de te voir!, s’écria Veronica
- Attends il faut que je mette ma tenue de super héros, dit-il en lui montrant sa veste en tweed.
- Papa !
- Attends, je verifie si j'ai bien retenu ma leçon ... j'essaie de me souvenir qui de Peter ou Nathan est le plus sexy ...
- Celui qui évitera les œufs brouillés sur le pallier ?
"

Keith mit sa main sous son menton.

« Hum... Ai-je ce super pouvoir ?  » réfléchit-il, à voix haute.

Devant le regard irrité de sa fille, il attrapa la poignée de la porte et la fit tourner. Back up s’échappa de l’emprise de Veronica et poussa la porte pour se jeter nonchalamment sur le vieux fauteuil en cuir.

« La porte n’était pas fermée, s’étonna Veronica, médusée, en suivant son père à l’intérieur.
- J’attendais de la visite … une personne que je ne voulais louper pour rien au monde, répondit son père en lui faisant un clin d’œil
- Je savais que l’amour rendait aveugle mais pas inconscient," soupira la jeune femme  en rangeant dans le frigidaire les œufs sauvés in extremis…

Keith sourit à sa fille de toutes ses dents. Veronica leva les yeux au ciel.
Il s’approcha d’elle et lui déposa un baiser sur la tempe.

« En parlant d’amour, enchaîna Keith, en ignorant le regard noir que lui jeta Veronica,amour filial, j’entends, où en es-tu avec ta mère ?
- J’espérais qu’elle m’ait légué un super pouvoir comme Claire mais je crois qu’il faut que je me fasse une raison, seul mon père est un héros.
- Veronica …., la tança son père
- Ok, ok, je n’ai qu’une mère, je le sais … c’est pour ça que j’ai son numéro là, dit-elle en lui montrant le répertoire de son portable tandis que Keith s’approcha pour vérifier le numéro.
- La confiance règne! s’exclama Veronica. C’est justement ce qu’il manquera toujours entre Maman et moi… Mais c’est ma mère malgré tout… »

Un sourire de satisfaction se dessina sur le visage de Keith.  Veronica le remarqua et secoua la tête.

« Tu es une vraie guimauve, Mars! ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
- Tsss, je suis un dur, moi! répondit Keith en bombant le torse.
- Papa ? Tu es au courant pour Neil Jackman ?
- J’ai appris cela, oui. Tu as découvert quelque chose?
- A part le corps et un mot sur son bureau ? Pour le moment, pas grand chose… Mais ça fait beaucoup de morts… On se croirait à Sunnydale!
- Je ne suis pas sûr d’avoir envie de vivre au dessus de la bouche de l’enfer et d’avoir Angel comme gendre !
- Papa !
- Excuse-moi ma chérie ! Tu as trouvé un point commun entre eux ? "Le manuel du parfait petit détective en herbe" te conseillerait de faire une liste des amis et des ennemis communs aux quatre personnes mortes…
"

Veronica se figea dans son rangement.

"Quoi, tu n’as pas lu "le manuel du parfait petit détective en herbe"?" la questionna Keith

Veronica lui mit la dernière boite de Chili con Carne à ranger dans les mains, l’embrassa sur la joue et avant qu’il n’ait pu réagir, elle n’était plus là.

***
If you were there, beware, Artic Monkeys


Veronica se précipita vers son placard et se mit à déballer ses paires de chaussure. Elle agrippa le couteau dans sa poche et glissa la lame dans l’interstice de la plinthe. Elle céda facilement laissant apparaître une petite cavité ; Veronica enfouit la main à l’intérieur, serrant les dents à l’idée d’y rencontrer une bestiole mais un sourire illumina son visage.

Elle sortit rapidement l’objet et le regarda quelques instants, agenouillée sous ses vêtements, au milieu de quelques chaussures dépareillées.

Celui par qui le malheur est arrivé…

Elle attrapa le listing dans la pochette transparente et le sortit prestement.
Toujours à même le sol, elle le parcourut. Son sourire s’effaça progressivement.

Elle se releva et s’assit confortablement à son bureau pour reparcourrir la liste dérobée chez Jake Kane une seconde fois, tout doucement, un crayon à la main.

Mais pas plus que la première fois, elle n’y trouva ce qu’elle cherchait. Ni Hamilton, ni son ami  Neil n’y figuraient.. Ni aucun des autres noms que Shona avait inscrits sur sa liste.

Elle se laissa aller sur le dossier de sa chaise en soupirant.

Fausse piste … encore. Papa pour mon anniversaire, offre moi un GPS spécial petite détective égarée.

Exaspérée, elle attrapa la souris et parcourut les photos qu’elle avait prises dans la chambre 313. Elle les balaya rapidement puis s’arrêta sur une photo qu’elle entreprit d’agrandir.

En plein écran, elle pouvait désormais lire les derniers mots de Neil Jackman.

Et voilà la loi de Murphy continue ! Cela pourrait tout aussi bien être du chinois !

Elle lança une impression qu’elle récupéra immédiatement.

“ejusdem generis”, lut-elle à voix haute.

Me voilà bien avancée! Je savais bien que l'espagnol ça ne servait à rien! Sauf quand on s'appelle Logan Echolls et que son loisir préféré est de mettre le feu à des motels mexicains..."

La photo à la main, elle sortit de sa chambre à la recherche de sa colocataire

“Mac? J’ai besoin d’une hot-line!
- Le temps d’attente est gratuit, deux minutes! lui répondit une voix dans le salon.
- C’est une urgence ! “ejusdem generis”, tu sais ce que ca veut dire?” demanda Veronica en entrant dans la pièce.

Mac la regarda dubitative.

“ Aucune idée! Tu peux me le convertir en bytes? éclata-t’elle de rire.

En fermant les yeux, Veronica s’affala dans le canapé, découragée.

“Eh, doucement, on dirait La patrouille des Eléphants ! T’aurais pas un peu grossi, toi?”

Veronica se retourna en sursautant au son de la voix si familière

“ Logan!
s’exclama-t-elle
Tu ne perds rien pour attendre! Que…”

Logan éclata de rire devant la mine déconfite et en même temps furieuse de Veronica.

“Avant que tu ne m’achèves, je tente de me racheter! Appelle Charlie, il y connaît rien en bytes mais en lettres classiques, il maîtrise

Alors que Veronica  allait se précipiter vers le téléphone, Logan la rattrapa par le poignet.

“Minute Papillon! Il est de sortie ce soir… Que veux-tu, il a lui aussi le charme légendaire des Echolls! Appelle-le demain, tu auras plus de chance d'avoir ta réponse."

Veronica se laissa de nouveau tomber de tout son poids dans le canapé.

"Et sinon, pourquoi es-tu venu vampiriser mon canapé ? le questionna Veronica.
- Toujours cette histoire de site Internet. Tu sais, maintenant que les femmes sont émancipées, elles peuvent faire des procès… C’est quand même une drôle d’époque, tout de même, pour nous, les hommes, soupira Logan.
- Si on n’était pas sans arrêt l’objet de dégénérés comme tes copains, vous iriez beaucoup mieux, et on arrêterait de vous chercher des histoires !
- Toutes ne sont pas comme ça… Charmantes, au fait, Mars, tes petites fesses de profil! Charmantes…"
la taquina Logan.

Veronica ne commenta pas et demanda qui portait plainte.

"Toutes des filles de riches, à croire qu’il n’y a que ça sur le site ! Ca va de Pomroy à la fille Manning, en passant par Eva Roddelick."

Veronica haussa un sourcil :

"Pomroy comme Shelly Pomroy ?
- Elle-même! Toujours aussi collante que la dernière fois que nous l’avions croisée au NGH.
- Le foyer des mauvaises fréquentations,
soupira ironiquement Veronica. Et que comptez-vous faire ?
- Eh bien! Avant que tu ne fasses ton entrée fracassante, Mac était en train de nous expliquer son plan pour démasquer le coupable."


Veronica se tourna vers sa colocataire qui s’éclaircit la voix.

"L’idée est simple. Pour que je puisse suivre un virement bancaire, il me faut connaître soit le débiteur, soit le crédité. Notre inconnu étant le crédité, il nous faut un débiteur.
- En l’occurrence, mon compte bancaire,
précisa Logan.
- Si Logan note les fesses présentes sur le site…
- Et nul doute qu’il le fera consciencieusement, en toute impartialité,
se moqua Veronica.
- Donc en faisant comme ça, je pourrai remonter la source en hackant le site de la banque de Logan."

Mac regarda Veronica, triomphante. Son amie lui décocha une bourrade affectueuse :

"Hey ! Il y a du Mars en toi !
- J’ai été à bonne école, il faut dire,
fit Mac, malicieuse. Et puis, va savoir ! J’ai entendu parler de la création d’une série dérivée d’Alias centrée sur Marshall !"

***


La pendule de la cuisine affichait 8H44. Veronica faisait les cents pas sur le carrelage, ne quittant pas l’horloge des yeux. La grande aiguille bougea d’un cran et s’arrêta enfin sur le 9.
8h45. Veronica appuya sur la touche verte du téléphone : le numéro qu’elle avait déjà entré presque une heure auparavant se composa.

« Allo, répondit une voix masculine énergique malgré l'heure matinale
- Bonjour Charlie, c’est Veronica, l’a… l’amie de Logan, hésita-t-elle un instant
- Ah oui … bonjour Veronica … il … il est arrivé quelque chose à mon frère? s’inquiéta-t-il
- Non du tout ! Il m’a juste conseillé de t’appeler ce matin ...
- Ah, il te conseille à 8h du matin... La pleine lune aurait-elle eu enfin un effet bénéfique sur les amours de mon frère ... ou devrais-je dire son grand amour?
- Non!
s'exclama Veronica rougissant malgré elle
- Ah ... ce sera pour le mois prochain alors!
- Charlie, je ne pense pas que la lune influence ton frère à part peut-être pour ses sorties de surf. Sérieusement, je suis bloquée sur une affaire et tu pourrais m’aider.
- Moi ?
- Oui. J’aurais besoin de connaître la signification de la citation latine suivante : ejusdem generis
"

Charlie se tut un instant, pensif.

« ejusdem generis, répéta-t-il
- Tu sais ce que cela veut dire? questionna Veronica
- Ecoute je préfererais vérifier et avant je dois d’abord régler une affaire en famille. Histoire de jalousie que je veux pas laisser traîner. Je peux te recontacter plus tard?
- Bien sûr", répondit Veronica faisant contre mauvaise fortune bon coeur.

Bon décidément, cette affaire est un test de patience… Si j’avais su que l'option à la mode c'était Latin!

Et dans un grand soupir, Veronica se dirigea vers la salle de bain, dépitée.

***


Quelques heures plus tard, Veronica avançait d’un pas ferme dans les couloirs de l’une des résidences universitaires de Hearst, suivie par Wallace, qui poussait des soupirs à fendre l’âme :

"Et rappelle-moi pourquoi je dois te suivre ? demanda plaintivement le jeune homme.
- Parce que tu connaissais Neil. Il fait de moins en moins bon d’habiter Neptune et de fréquenter cette université, tu as remarqué? Je vais interroger des personnes, et je te charge de repérer d’éventuels points communs avec la situation de Neil."

Ce disant, elle s’était arrêtée devant la chambre 313. Wallace, à ses côtés, remit en place quelques cheveux imaginaires. Veronica le regarda, amusée.

"Quoi ? C’est toujours ce que tu fais dans ces cas-là ! Je croyais que ça faisait partie du métier !" se défendit Wallace.

Pour toute réponse, Veronica glissa une mèche derrière son oreille et frappa à la porte en secouant la tête. Un jeune homme brun, de grande taille, ouvrit brusquement la porte. Veronica ne maîtrisa pas un mouvement de recul.

"Excusez-moi ! J’oublie toujours qu’une porte peut s’ouvrir sans emporter le chambranle avec soi. Tu es Veronica, c’est ça? Shona m’a prévenu, fit-il en s’effaçant pour les laisser entrer.
- Arthur, voici Wallace : c’est mon assistant."

Les deux hommes se serrèrent la main. Veronica sortit son bloc-notes.

"Je sais que la police a déjà dû te poser quelques questions, et crois-bien que je suis désolée de remuer de tels souvenirs, mais pourrais-tu me parler de ton colocataire, s’il te plaît ? Comment était-il, ces derniers jours ?"

Arthur inclina la tête, se recueillit quelques minutes, puis expliqua:

"Nous partagions la même chambre mais nous n’étions pas très proches. Du moins, rectifia-t-il, nous ne nous voyions pas très souvent. Lui, il était toujours à la bibliothèque ou en cours, et moi, je fais beaucoup de sport… Et je sors souvent."

Veronica prenait des notes au fur et à mesure, sans chercher à l’interrompre.

"Les derniers temps, il restait ici, vautré sur son lit. Sa copine passait le voir, lui proposait de sortir, mais rien n’y faisait… Moi, j’ai abandonné, ajouta-t-il en baissant la tête, semblant honteux de ce souvenir. J’aurais peut-être pas dû… La nuit, il était très agité. Il m’a réveillé plusieurs fois : il criait que ce n’était pas sa faute, qu’il n’avait rien fait, rien dit. Le matin, c’était comme si ses cauchemars n'avaient pas eu lieu. Je ne sais pas s'il faisait semblant de ne plus se souvenir ou s'il voulait que j'arrête de poser des questions."

Veronica et Wallace étaient suspendus à ses lèvres. Veronica réagit la première :

"Tu as une idée de la raison de ces rêves ?"

Arthur secoua négativement la tête.

"Non. Je pense que c’était lié à la mort de Hamilton. Comme il s’est suicidé et qu’ils étaient proches, j’imaginais que c’était lié... Mais quand même ! Ces rêves sont survenus bien après la mort de Hamilton.
- Tu sais, les gens ne réagissent pas tous de la même manière à un choc. Certains semblent aller bien au début, mais c’est après que ça se dégrade…"
intervint doucement Wallace.

Veronica et Arthur restèrent silencieux. La jeune femme mit la bandoulière de son sac sur son épaule, signifiant ainsi la fin de l’entretien. Elle remit une de ses cartes à Arthur, pour le cas où il se souviendrait de quelque chose d’autre, d’inhabituel.
Une fois sortis, Veronica raya le nom d’Arthur sur sa petite liste.

"Les autres sont à l’entraînement de football… Ca peut attendre demain!
- En tout cas,
la renseigna Wallace, il n’y a aucun lien que je puisse faire avec Neil."

Veronica haussa les épaules et se dirigea vers la cafétéria universitaire. Il avait fait froid toute la journée, et elle mourrait d’envie de boire un chocolat chaud.

Revenge, Ministry


En arrivant dans l’immense salle de restauration, elle ralentit le pas, intriguée par une file immense. Elle en fit le tour et poussa Wallace du coude. Mac était assise à une table dont elle avait fait un bureau. Son bloc-notes disposé devant elle, elle posait des questions aux filles qui lui faisaient face. Parmi ces dernières, Veronica reconnut Lizzie Manning.

Veronica sourit, comprenant de quoi il s’agissait : Mac interrogeait les filles qui avaient été identifiées sur le forum de Grade My Ass. Dick et une partie de la confrérie des Pi Sigs regardaient la partie anatomique mise en évidence sur le site.

"Mars, l’interpella Dick, pousse-toi de là! On a déjà tous vu tes petites fesses plates en action!"

Il tapa dans la main de ses amis, hilares. Veronica le foudroya du regard.

"Heureusement que les vidéos existent! Ca permet aux impuissants de soulever leur mollusque du rocher, au moins une fois dans l’année, pas vrai Dick ?" lança-t-elle suffisamment fort pour être entendue de tous.

Wallace, pendant ce temps, s’était inséré dans la file. Quand vint son tour, il prit un ton timide :

"Bonjour ! Je voudrais une petite brune, les yeux bleus, environ 1m65, calée en informatique, sachant emmener la souris droit au but."

Mac lui sourit :

"Hey ! Wallace is back ! C’est bon de t’entendre parler comme n’importe quel garçon au QI vanille fraise!
- Je te laisse chercher ma perle rare !"




Il rejoignit Veronica qui lui avait déjà commandé l’un de ses desserts favoris. Ils étaient tous deux aussi curieux l’un que l’autre de connaître les résultats de l’apprentie détective Mac. Celle-ci s’assit à leur table un long moment après, visiblement dépitée :

"Chou blanc, annonça-t-elle. Je sais tout de leurs soirées trépidantes, mais aucun point commun entre elles si ce n’est qu’elles adorent faire la fête, changer de copain comme moi de petite culotte… Quoi ? se défendit-elle en voyant le regard amusé de Wallace, je change tous les jours de petite culotte, moi, contrairement à ma colocataire, hein Veronica !... Enfin voilà, quoi ! Certaines d’entre elles semblent écumer les bars, d’autres les hôtels… Tout dépend de leurs relations, j’imagine... Bref ! Je pourrai maintenant faire mon devoir de marketing sur l’offre et la demande des lieux huppés comme le Neptune Grand Hôtel, acheva-t-elle, désabusée.
- Tu veux dire qu’elles ne sont plus vierges, ou elles n’y ont fait que des jobs d’été? demanda Veronica, goguenarde.
- Disons des jobs de tous les jours pour des 09ers, j’imagine", lui lança Mac, avec un clin d’œil appuyé.

Veronica ne fit aucun commentaire et plongea le nez dans son chocolat.

Wallace entoura alors de son bras les épaules de Mac et l’obligea à le suivre.

« Allez viens ici Junior, je vais t’offrir une petite douceur. Rien de tel qu’une bonne glace pour réconforter une détective en mal de clairvoyance.
- Hum, ça a du bon de ne pas être à la hauteur"
, lui répondit Mac en se passant la langue sur les lèvres.

Veronica suivit des yeux ses deux amis se chamaillant tel un vieux couple dans la queue devant le bar.
Le bruit d’une chaise tirée à coté d’elle la fit sursauter. Elle allait envoyer promener l’intrus quand elle aperçut Logan s’asseyant sur la chaise

« Bonjour, je peux ?
- Tu es déjà installé. Mais fais comme chez toi je t’en prie, Logan Echolls n’est-il pas le roi du monde? »
répondit-elle tendue

L’absence de réaction de Logan la surprit.

"Ca n’a pas l’air d’aller? lui demanda-t-elle
- Y’a eu mieux : je me suis pris la tête avec Charlie ce matin…
- Ah…
- Vas-y, demande ce que j’ai encore fait pour perdre la dernière famille qu’il me reste…
- Logan, ça doit pas être si grave que cela…
- On s’est pris la tête à cause de Trina… Les Echolls sont des êtres destructeurs, elle fait pas exception à la règle,
soupira Logan.
- Comme quoi c’est de l’acquis et pas de l’inné … rien n’est perdu alors…

Leur regard s’accrochèrent un instant.



Le retour de Mac disparaissant derrière une énorme coupe de chantilly interrompit leur tête à tête.  Veronica fit un léger sourire, un peu gênée et détourna la tête tandis que Logan trempa son index dans la crème.

"Bon j’ai obéi aux ordres du général Mackenzie, le virement a été fait… J’ai passé une heure à trouver mon identité d’emprunt et j’ai choisi James Crockett, adressant un petit clin d’œil à Veronica.
- Très bien",répondit Mac qui avait pris place à coté de lui et qui s’activait déjà sur son ordinateur.

Tandis que Logan regardait impressionné la dextérité déconcertante de la jeune hackeuse, Wallace s’appuya sur la chaise de Veronica et se pencha à son oreille.

« J’ai rêvé ou c’était la trêve dans la Guerre des  Rose?"

Veronica lui pinça le bras

« Aie ! Moi qui voulais te léguer mon badge de Peace and Love!
- Quoi, je n’ai fait que répondre à ta question »
, lui répondit-elle angélique.

Wallace secoua la tête en riant mais se stoppa net en apercevant Mac blêmir.

«Tu as trouvé quelque chose?, lui demanda Logan fébrilement
- Oui le poisson est ferré … et bien ferré … mais je vais en faire de la brandade menue, menue …, grinça Mac entre ses dents.
C’est Max! » finit-elle par lâcher devant ses amis éberlués.

****

La porte claqua contre le bureau. Max, surpris, releva vivement la tête. Mac était devant lui, hors d’elle. Calmement, il lui demanda ce qu’elle faisait dans sa chambre.

"Ajouter mes fesses à ta collection, j’imagine !
- Mac, je te rappelle que nous avons rompu, donc coucher ensemble me paraît hors de question… Surtout si c’est une partie à plusieurs
, acheva-t-il en voyant Veronica, Wallace et Logan apparaître dans l'embrasure de la porte.
- Ton ordinateur est allumé? Parfait!" fulmina Mac.

Max protesta, se leva de son lit pour tenter d’empêcher Mac d’approcher le clavier. Trop tard! La jeune femme était assise face à l’écran. Elle eut tôt fait de trouver le fichier du site Internet et le dossier image. Apparut alors tout un choix de fesses et de poitrines masculines ou féminines.

"Tu comptais te développer rapidement?"

Max, pour le moins embarrassé, ne répondit rien. Mac se leva et lui fit face :

"Mais quand vas-tu grandir un peu ? Je t’ai déjà dit que ce que tu faisais était du niveau des lycéens. En plus, c’est dégradant, humiliant pour celles et ceux qui se sont reconnus.
- J’avais besoin d’argent,
tenta Max.
- Et alors ? le coupa Mac, les jobs comme serveur, ça existe, non ?
- Tu fais autant d’argent aussi vite, toi, comme serveuse ?"

Mac s’abstint de répondre. Un silence s’installa, qu’elle finit par rompre.

"Pourquoi nous y avoir mêlés, Logan et moi ? Tu pouvais pas envoyer un mail à partir d’une boîte poubelle ?
- Logan, il a montré le site en amphi, donc il était logique qu’il en soit l’auteur. Quant à toi…"


Il planta son regard dans celui de Mac.

"J’ai ma fierté et je déteste être plaqué."

Mac ne se contint pas et le gifla. Ses yeux scintillaient de colère et de déception mêlées.

"Et ton complice, qui est-ce ?"

Tout le monde se tourna vers Veronica. Celle-ci s’avança vers Max, tout en posant une main réconfortante sur le bras de Mac.

"Comment ça ?
- Allons ! Max… Un pauvre type comme toi? Faire autant de photos sans trembler? Nooon… Tu as été poussé par quelqu’un! Quelqu’un du Neptune Grand Hôtel, par exemple",
ajouta-t-elle innocemment.

Mac la regarda, étonnée, mais ne dit rien, se contentant d’écouter Max, qui comprit qu’il valait mieux dire tout de suite la vérité :

"Johnny ! C’est lui qui a installé un système de caméras dans certaines chambres.
- Qui c'est, ce Johnny?
le coupa Mac.
- Le blond frisé qui travaille au Neptune Grand Hotel, celui qui est aussi avec moi en criminologie... répondit Veronica.

Songeuse, la petite blonde murmura:
- Ca faisait donc un moment qu’il s’amusait à ce jeu-là.
- Non, je ne crois pas… Notre association a commencé il y a peu.
- Ah oui?
ironisa Logan, qui avait suivi le fil de la pensée de Veronica.
Dis-moi, Mars, tu t’es trouvé un autre mec avec qui filmer tes exploits? Et je n’étais pas au courant ?
- Je crois plutôt que tu étais aux premières loges,
intervint Wallace…
Et donc, ça signifie que Johnny a commencé ses petits films il y a au moins un an et demi", compléta-t-il en regardant tour à tour Veronica et Logan.

Veronica sourit en coin, sans pour autant se tourner vers son ex.

"Johnny... Johnny… Johnny… Ce n'est vraiment pas un ange!... Ce type-là me porte sur les nerfs. Et je peux savoir comment vous vous êtes rencontrés ?
- Un soir, au Hard Rock Café. Tu venais juste de me plaquer
, fit Max, s’adressant à Mac.
Quant à Johnny, il avait manqué perdre son emploi à cause d’une nymphomane mythomane, et il cherchait un moyen de se venger. L’idée a fait son chemin. Il m’a parlé d’un système qu’il avait monté… Il l’a multiplié, afin d’avoir un grand choix de f… photos possibles, se reprit-il.
- Je crois que je connais la nymphomane en question", soupira Logan.

Un ange passa.

"Allez ! Viens Mac, dit Veronica, entraînant son amie à sa suite.

Lorsque la porte se fut refermée, Mac s’adossa au mur. Veronica lui passa le bras autour des épaules. Aucune parole n’était nécessaire. Ce fut Mac qui rompit le silence.

"Tu sais, j’ai quand même bien appris en te regardant faire! Il y a toujours un moment où tu te venges, pas vrai?"

Veronica acquiesça en souriant.

"C’est mon enquête! Il me reste plus qu’à trouver comment les faire payer."

Veronica gémit :

"Mais qu’est-ce que vous avez tous à vouloir me voler mon rôle?"

***
Shadow of the day , Linkin Park


Devant sa voiture, Veronica fouillait dans son sac à la recherche des ses clés. Son  téléphone  bippa... Elle le sortit vivement, attrapant ses clés par la même occasion et sourit à la lecture du numéro de l’émetteur.
Elle ouvrit le message et lut à voix basse son contenu : "les gens justes"

Charlie, tu es un ange tombé parmi nous pour notre plus grand bonheur… Mais me voilà bien avancée… Il me faudrait maintenant un traducteur de sens !

Perplexe, la jeune detective s'installa au volant et démarra.

Quelques instants plus tard, Veronica installée devant son bureau de Mars Investigation soupira.

Elle avait beau avoir cherché un lien entre le Castle et les deux morts suspectes d’Hamilton et de Neil ,elle n’en trouvait pas. Le rapport d’autopsie qu’elle s’était procurée et qu’elle avait sous les yeux confirmait la thèse de Vinnie : Neil s’était suicidé aux barbituriques après avoir pris une bonne dose d’alcool certainement pour se donner du courage.

Elle parcourut encore une fois la liste des connaissances des deux amis mais elle ne trouva pas plus que les autres fois un  point commun avec celle cachée dans le placard.

Il faut croire que même à Neptune, le hasard existe. Je dois développer un complexe de persécution… C’est grave, docteur ?

Elle regarda le téléphone avant de se décider à le décrocher et à composer le numéro de Shona.

« Shona, c’est Veronica. Ecoute je n’ai rien trouvé qui puisse contredire la thèse du suicide.
- Neil devait savoir quelque chose …
- Et il n’est plus là pour nous le dire. Je pense vraiment que Neil s’est suicidé. Il n’a pas dû supporter de ne pas voir la descente en enfer d’Hamilton. Tu sais ce que disent les statistiques : première cause de mortalité chez les jeunes à l’université.
- Et le mot en latin ?
- Un ami me l’a traduit. Il ne mène nulle part sauf à son amitié avec ton frère. Je suis désolée Shona… Je dois voir le monde en gris en permanence et je t’ai entraînée dans mon monde avec moi… »


Un silence se fit entendre au bout du fil. Le jeune femme blonde ferma les yeux.

« Je veux comprendre pour Hamilton, Veronica. S’il te plait, j’en ai besoin… finit par répondre dans un souffle Shona
- Je continue alors… »

Elle raccrocha lentement.

Un poids s’était abattu sur ses épaules et une grande lassitude l’envahissait.
Elle se leva doucement, remit son manteau et mit son i-pod  dans les oreilles. Elle chercha le morceau qui convenait à son humeur du moment et se mit à chantonner tout doucement en éteignant la lumière du bureau.

“The sun will set for you … and the shadow of the day will embrace the world in grey…”

***

Des bagages à ses pieds, Charlie tâtait, pensif, les poches de sa veste. Son portable sonna le rappelant à la réalité. Il ignora l’appel, prit sa valise et sa sacoche et referma la porte de son appartement sans se retourner.

***

Lorsque Veronica déposa les clés sur le guéridon, elle vit Mac face à son ordinateur, un sourire de satisfaction aux lèvres. Cette dernière se redressa et invita Veronica à s’asseoir sur le canapé. Elle installa l’ordinateur sur la table basse et fit jouer une vidéo.

Veronica éclata de rire et se laissa aller contre le dossier.
"Tu sais ce qui m’embête le plus, dans cette histoire ? demanda Mac.
- Non, dis-moi !
- J’étais à rien de vraiment dépasser le maître."


Veronica sourit.

***


Le lendemain, à la fin de son cours des processus sociaux de criminalité, elle rejoignit Johnny.

"Veronica, je suis désolé! J’aurais dû créditer chacune des images, tu aurais encore davantage gagné en popularité", plaisanta Johnny.

Veronica se contenta d’ouvrir son ordinateur.

"Tu vois les deux personnes là-haut ? Elles ne porteront pas plainte contre toi. Elles t’offrent même un cadeau."

Logan et Mac firent un petit signe moqueur. Veronica croisa alors le regard de Kenny. L'assistant ne perdait pas une miette de la scène qui se déroulait. Veronica haussa les épaules et mit en route la vidéo. A la vue de la publicité pour le viagra, dont il était la vedette, Johnny blêmit. Veronica, elle, exultait :

"Et tu nous avais caché ça, pauvre Johnny… Sais-tu comment on se libère de ses complexes ?"

Johnny retint son souffle. Veronica sourit.

"La thérapie par la parole ? Lacan ? Ca te dit quelque chose ? Non ? Tant pis…"

Ce disant, elle appuya sur le lien d'upload

"La promotion de la publicité est à nos frais !"

Elle referma son ordinateur, et avant de partir, lança sa dernière flèche.

"Pas besoin de retourner à l’hôtel ce soir. Je les ai prévenus de tes talents de réalisateur. Si tu veux passer acteur, sache que le club de cinéma cherche un acteur pour créer un film sur Aidan Shaw Tu devrais y aller, mais surtout, n’oublie pas ta pilule bleue pour le casting !"

Elle rejoignit alors Mac et Logan. Elle ignora superbement Kenny lorsqu'elle passa à côté de lui. Elle savait qu'il avait écouté toute la scène.
Songeur, il ne la quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse hors de son champ de vision.

Episode écrit par Black Mamba et Braveheart

Ecrit par babou31 
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