410 fans | Vote

4.01 - ANGEL DUST - RESUME

Date : 12 octobre 2007

Voir les photos de l'épisode

Résumé :

Les vacances estivales touchent à leur fin et une nouvelle vie débute sur Mars.

La famille
Keith, après le scandale de la falsification de preuves, n'a pas été
élu shérif et a perdu sa licence de détective privé. Il lui a donc
fallu trouver une nouvelle activité professionnelle : ce sera
professeur de criminologie à Hearst, remplaçant ainsi le Dr Landry.
Quid de Mars Investigations ? Pas de panique ! Veronica, revenue de
son stage au FBI, reprend l'affaire familiale en parallèle à ses
études. D'ailleurs, sa première affaire se présente vite : Shona Cho
vient l'engager afin d'enquêter sur la mort de son frère Hamilton et
de la petite amie de ce dernier : Emma. Ceux-ci seraient morts d'une
overdose, ce que dément Shona : elle est persuadée que son frère ne se
droguait pas.

L'enquête
Veronica commence par se renseigner sur les compétences du médecin
légiste ayant autopsié le mort : il est au-dessus de tout soupçon.
Elle se procure alors par effraction le dossier universitaire
d'Hamilton. L'occasion pour elle d'entendre une conversation
téléphonique grotesque entre la nouvelle doyenne, Evelyn Foster, et
son conjoint. Grâce au dossier scolaire, elle apprend que les
résultats d'Hamilton avaient chuté lors de sa deuxième année, sauf en
latin. Elle se rapproche donc du professeur de latin qui la renvoie
vers un ami d'Hamilton. Celui-ci apprend enfin à Veronica que Hamilton
et Emma se droguaient bel et bien. Ce qui aurait fait basculer
Hamilton dans la drogue serait le poids la culpabilité. De quoi ? Nul
ne le sait… Lorsque Shona apprend la vérité, elle demande à Veronica
de poursuivre son enquête afin de découvrir la raison de cette
culpabilité. Veronica accepte, se remémorant sa rencontre avec
Hamilton au lycée : elle avait découvert qu'il harcelait une camarade
afin de prendre sa place de meilleur élève et d'obtenir ainsi la
bourse Kane. Néanmoins, le jeune garçon avait touché la petite blonde.

L'amitié
En allant chercher Wallace à l'aéroport, Veronica fait la connaissance
d'un jeune homme ténébreux qui se moque d'elle.
Et la déconfiture continue : Wallace, de retour d'Afrique, est
métamorphosé : le jeune homme rieur s'est endurci au contact de la
guerre. Il fait une remarque blessante à Veronica qui en est
bouleversée.
Raison de plus pour elle de se rapprocher de Mac, avec qui elle
partagera désormais un appartement. Une bouffée d'oxygène pour Mac :
durant l'été, elle s'est séparée de Max et Parker est définitivement
retournée à Denver.
Logan et Dick qui emménagent de leur côté dans un superbe loft. Dick
est très excité : il a un « super secret »…

Les amours
Veronica et Logan ne sont toujours pas donné de nouvelles depuis la
bagarre à la cafétéria entre Logan et Gory.
Veronica et Piz se sont fâchés durant l'été et durant leurs
retrouvailles. Néanmoins, Veronica fait le premier pas et lui
téléphone. Le couple reprend, mais son avenir semble juché d'embûches.

 
Ecrit par estel6317 

4.01 - ANGEL DUST

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

>> Vous pourrez réagir sur ce forum à la fin de votre lecture.

Bonne lecture!


*   *   *



Veronica sortit de sa chambre, un énorme carton dans les mains. Les biceps bandés, la mâchoire serrée, elle marcha à grands pas mal assurés jusqu’à la porte à côté de laquelle elle déposa lourdement le carton. Le paquet rejoignit ainsi une vingtaine de condisciples. Keith regardait faire sa fille en souriant.

"Un coup de main chérie ?"

Veronica remonta les bras, poings serrés vers le haut, afin de montrer ses muscles.

"Qu’est-ce que tu crois papa ? Petits mais costauds !"

Keith sourit et reprit sur un ton de fausse compassion :

"Je pensais juste que, au bout de vingt-cinq cartons, tu allais commencer à fatiguer…"

L’air triomphant, Veronica se saisit de son sac d’où elle sortit un objet qu’elle brandit fièrement à la manière d’une épée.

"Un Mars, et ça repart !"

Elle déballa avidement la barre chocolatée qu’elle mordit à pleines dents, sous les yeux amusés de son père qui conclut leur petite comédie:

"Bon, as-tu bientôt fini ? Je vais finir par croire que tu as la garde-robe de Paris Hilton."

Veronica esquissa une grimace.

"J’aurais préféré que tu me compares à Pretty Woman mais bon…
- Tu veux que je compare ma petite fille chérie à une prostituée ?
- On dit « escort ». Et ne prends pas ces airs de bourgeois…."

Elle s’interrompit et tapa dans ses mains, telle une enfant excitée.

"Au fait ! Inutile d’aller dévaliser les magasins pour la rentrée : je me suis chargée de tout !"

Elle courut dans sa chambre à pas chassés d’où elle revint de la même manière, cette fois-ci munie d’un petit carton ouvert. Elle le déposa sur le bar de la cuisine et en sortit le contenu objet par objet, avec un petit commentaire pour chacun d’eux:

" Un stylo noir pour prendre des notes… Un stylo rouge pour mettre des notes… Un crayon à papier pour les brouillons avec, bien entendu, la gomme et le taille-crayon sans qui, je le rappelle, le crayon à papier n’est rien ! Mais surtout…"

Elle mit les mains dans le carton et en sortit un objet, petit à petit, par à-coups, un sourire coquin aux lèvres.

"Ta ta ! La fameuse trousse Mickey ! Détail sans lequel il te manquerait la petite pointe de fantaisie indispensable à tout professeur charismatique qui se respecte !
- Je croyais que pour être un professeur charismatique il fallait afficher un meurtre sur son CV ?"

Veronica mima un coup reçu en plein cœur.

"Ouch ! Touchée !"

Elle fit mine de s’effondrer sur le sol tandis que son père riait de bon cœur. Veronica se releva, salua son public et s’assit sur un tabouret. Keith ouvrit la trousse dans laquelle il déposa les précieuses fournitures, puis il embrassa sa fille sur la tempe.

"Merci chérie."

Veronica lui rendit son sourire, avec ce regard si particulier, si lumineux et plein d’amour qu’elle ne pose que sur son père. Celui-ci reprit:

"Bien, muni de ces indispensables munitions, il ne me reste plus qu’à aller découvrir mon nouveau bureau ! Tu es sure que tu n’as pas besoin d’un homme, d’un vrai, pour t’aider ?
- Non merci, j’ai presque fini."

Cependant, Keith ne bougea pas. Du bout des doigts, il écarta une des mèches blondes de sa fille qui lui barrait le front et murmura:

"Le temps est passé si vite… Voilà mon bébé qui s’envole déjà du nid."

Veronica sourit tendrement et masqua son trouble par une pointe d’humour:

"Mais Papa Oiseau a fait du bon boulot avec Petit Oiseau Blanc, il est désormais capable de voler de ses propres ailes ! Allez, file ! Et prends garde à ne pas croiser la nouvelle doyenne dans les couloirs : à ce qu’il parait, c’est une vraie peau de vache !"

Keith secoua la tête, s’empara de sa veste dans laquelle il fourra la trousse et sortit. A travers la poche de sa veste, on voyait deux énormes oreilles de Mickey dépasser.

Qui eut cru que mon père retournerait à la fac un jour ? Il est loin le temps de l’étudiant aux cheveux longs ; bienvenue au professeur à la calvitie précoce ! C’est vrai qu’avec le docteur Landry en prison pour les quelques dizaines d’années à venir, mon père  n’a eu qu’à sauter sur l’occasion et à déposer sa candidature. Retenue immédiatement, bien entendu. Quoi de mieux qu’un détective privé avec une expérience de shérif ? Et attention, pas n’importe quel shérif : l'homme qui a tout de même accusé Aaron Echolls du meurtre de l’héritière Kane ! Mais si, vous savez bien, Les dessous d’Hollywood repassent régulièrement le reportage… Explosion de l’audience garantie.

Le visage de Veronica s’assombrit.

Et puis, il fallait bien que mon père, ce héros, gagne son pain. Après le scandale de la falsification de preuves, il a non seulement perdu les élections mais sa licence de détective privé lui a également été retirée.

Le regard de la petite blonde se fit instantanément plus dur.

Quel est le lien entre une erreur faite par un shérif et son travail de détective privé ? Aucun, bien entendu. Mais il n’est pas difficile de deviner quel bras long voulant se venger se cache derrière tout ça…

La mâchoire crispée, Veronica se tordait les mains nerveusement lorsqu’elle sentit quelque chose effleurer son pantalon. Elle baissa instinctivement la tête et éclata de rire face au spectacle : Back Up était assis bien sagement à ses pieds, la laisse dans sa gueule, usant d’un regard de cocker pour amadouer sa maîtresse. Veronica lui embrassa la tête.

"Comme papa, je ne sais pas résister à ce regard-là…"



*   *   *


La matinée touchait à sa fin lorsque Veronica pénétra dans les bureaux de Mars Investigations. A peine entrée, elle s’assit sur le sofa et, avec émotion, déballa avec précaution sa nouvelle acquisition. Il s’agissait d’une plaque métallique à son nom. La tête légèrement penchée sur le côté, son sourire avait une pointe de mélancolie. Certes, elle reprenait officiellement l’affaire familiale en parallèle à ses études, mais à quel prix ? Son arrivée au trône avait signifié la mort du roi son père… Elle finit par secouer la tête, se raisonnant : son père, tel le phoenix, n’était-il pas rené de ses cendres ?

Il faudra que je pense à l’appeler « chevalier du zodiaque » !

Elle se leva et, après avoir retiré les protections adhésives, elle fixa la plaque sur la porte, à l’emplacement précis où figurait préalablement le nom de son père. Elle recula d’un pas pour voir l’effet produit. Un sourire illumina son visage. Elle était fière. Oui, fière que le Castle ne soit pas parvenu à tuer le seul espace à Neptune où on ne s’arrêtait pas aux apparences… Toute à sa contemplation, elle ne remarqua pas une présence derrière elle.

« Bonjour, pourrais-je parler à M. Mars s’il vous plaît ? »

Veronica se retourna, surprise.
En face d’elle, une asiatique âgée d’environ vingt-cinq ans. Les traits gracieux, les yeux en amande, les lèvres délicatement dessinées. Une abondante chevelure noire tombant en flots harmonieux sur un corps frêle. La jeune femme se tenait bien droite, les mains jointes devant son ventre.
L’effet de surprise passé, le visage de Veronica se fendit en un large sourire.

« Veronica Mars, lui dit-elle en lui tendant la main, je suis la fille de Keith Mars. Je viens de reprendre l’affaire familiale. »

La jeune femme la regarda, abasourdie.

« Vous ? Mais vous semblez…
- Si jeune, oui je sais, on me le dit tout le temps,
l’interrompit Veronica. Je me répète à chaque fois que, lorsque j’aurai quarante ans, je serai contente qu’on me rajeunisse ! »

La jeune femme sourit et se détendit.

« Shona Cho, articula-t-elle en serrant enfin la main de Veronica.
- Suivez-moi dans mon bureau, nous y serons plus à l’aise pour discuter de votre cas »

Veronica pénétra dans le bureau et invita sa cliente à s’asseoir d’un geste de la main, cordial et ferme à la fois.

« Je vous écoute, dit-elle en s’asseyant dans son fauteuil.
- Je viens vous voir au sujet de mon frère. »

Pitié, ne me dites pas qu’elle a peur qu’il la trompe…

« Il est mort »
souffla Shona.

Veronica ravala sa salive et se reprocha sa mauvaise pensée.

« Je suis sincèrement désolée.
- Je vous remercie. »


Shona conservait une attitude très droite, mélange subtil de force et de dignité.

« Son corps a été découvert la semaine dernière. Il a été retrouvé dans la chambre de sa petite amie, Emma. Elle était morte elle aussi. »

Veronica plissa les sourcils et interrogea doucement sa cliente :

« Melle Cho, ne pensez-vous pas que votre affaire relève plutôt du département du shérif ?
- Le shérif !
s’exclama Shona dans un petit rire nerveux. Le shérif Van Lowe ! Mais pourquoi ai-je voté pour lui aux dernières élections ? Ah oui, c’est vrai, parce que mon frère me l’avait conseillé. Grand bien nous en a pris ! »

Devant la perplexité de son interlocutrice, elle s’expliqua :

« Les corps de mon frère et de sa petite amie ont été retrouvés dans un nuage de drogue. Le shérif a demandé une autopsie, qui a conclu à une overdose. Mais c’est impossible ! »

Shona avait hurlé ces derniers mots. Si raisonnable depuis le début de l’entretien, une colère sans borne semblait soudain la posséder. Veronica fut stupéfaite par ce changement d’attitude et son interlocutrice s’en rendit compte. Elle reprit une contenance et continua calmement, comme si rien ne s’était passé :

« Mon frère ne se droguait pas. Il ne pouvait pas se droguer. Il détestait ce genre de produits : ni cigarette, ni alcool, alors de la drogue ! « Mens sana in corpore sano » disait-il. »

Elle se pencha sur le bureau de Veronica et lui dit d’un ton suppliant :

« Vous devez m’aider Melle Mars… Mes parents… Mes parents sont brisés. Ils nous ont élevés du mieux qu’ils ont pu. Nous sommes issus d’un milieu populaire voyez-vous, et mes parents avaient beaucoup misé sur notre réussite. Mon frère était un élève brillant, vraiment brillant. Il était leur fierté. Et aujourd’hui, mes parents se pensent responsables de sa mort. Trop de pression…Mais je sais que ce n’est pas ça ! Certes, il avait un lourd poids sur ses épaules, mais pas suffisamment pour le conduire à détruire sa vie! "

Elle marque une pause, essoufflée. Elle se redressa et conclut dignement :

«  Que mes parents aient au moins le bonheur de savoir que leur enfant n’est pas mort par leur faute. Qu’ils sachent au moins que leurs fils était un homme bien. Parce que Hamilton était un homme bien. »

Hamilton Cho…

Le visage de Veronica se défit. Bien sûr, pourquoi n’avait-elle pas fait le rapprochement plus tôt ? Après quelques secondes d’une réflexion rapide comme l’éclair, sa résolution était prise. Elle lui devait bien ça… Elle se leva et tendit la main à Shona.

« Je vais faire une enquête de routine, afin de vérifier que cette overdose est bel et bien une erreur d’autopsie »

Shona lui fit son plus beau sourire et lui serra frénétiquement la main. Son regard avait perdu de sa mélancolie, elle avait retrouvé ses yeux naturellement rieurs.

« Merci Melle Mars, merci… »

La belle asiatique se dirigea vers la porte et, avant de la franchir, sembla penser à un détail :

« Oh, votre prix est le mien bien entendu. L’argent n’est rien, seule la vérité compte »

Et elle sortit sans bruit. Veronica poussa un soupir et se lova dans son fauteuil.

Bon, comment je fais pour vérifier qu’une autopsie est exacte moi ? J’ai beau fouiller dans mes souvenirs de stage au FBI, rien de probant. Je ne vais tout de même pas devoir aller déterrer le mort pour refaire une analyse sanguine moi-même ! Bon, il ne me reste plus qu’à demander conseil à John Carpenter…

Elle prit son téléphone et composa un numéro.

« Allo papa ? Dis-moi, comment tu t’y prendrais toi pour vérifier qu’une autopsie a été correctement menée ? »

*   *   *


Générique



*   *   *


Au volant de son break, le visage à moitié caché par de grosses lunettes de soleil, Veronica écoutait « Time is running out » de Muse.

Un petit sourire en coin, elle battait la cadence à l’aide de son pied gauche et utilisait sa main droite afin de claquer des doigts. A l'arrivée des paroles, elle sentit monter en elle une force et une volonté farouches. Ses lèvres se mirent à remuer, mais aucun son n’en sortit. En revanche, sa tête se mit à balancer onduleusement de droite à gauche. Trop de choses à la fois, elle arrêta de claquer des doigts et se concentra sur le trajet. Sur le bord de l'autoroute, un panneau indiquait: "Los Angeles: 50 kilomètres".

Elle se sentait bien. Enfin le temps faisait son œuvre et dissipait les nuages : son père prenait son poste d’enseignant, Mars Investigations reprenait du service… Et elle allait chercher son ultime réconfort. Un nouveau panneau : « Lax Airport : 41 kilomètres »

Qu’est-ce qu’il avait pu lui manquer… Elle était si heureuse de le retrouver, de pouvoir enfin discuter avec lui des événements de la fin de l’année scolaire passée. Car après les péripéties liées au Château, elle avait dû rapidement rejoindre son stage au F.B.I. Elle n’avait même pas eu l’occasion de le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour elle… Et pourtant… Qu’aurait-elle fait sans lui ? Rien, comme toujours depuis qu’elle l’avait rencontré.

Entrée de la batterie… Cadence du rythme… Seulement se laisser porter par le son diabolique… Seulement se laisser pénétrer par la colère.

Avec cette vidéo, elle avait tout perdu, encore une fois. Encore une fois, elle était devenue la paria, la bête de foire pointée du doigt par ses camarades. L’année dernière, elle avait eu peur. Elle avait contourné l’obstacle. Mais il n’en était plus question. Elle se battrait. Encore une fois. Toujours. Mais pour l’instant elle attendait le bon moment… Le bon moment pour quoi ? Pour l’explosion.

Début du refrain, la voix de Veronica retentit, énergique, forte, vibrante. Elle leur montrerait qu’il en fallait davantage pour la briser. Elle leur montrerait chaque jour, chaque heure, chaque minute. Elle rentrerait à Hearst la tête haute. Elle avait changé ; elle avait mûri ; elle avait grandi, tout simplement.

Toute à ses pensées, Veronica n’avait pas remarqué la jauge d’essence baisser dangereusement. Un signal lumineux rappela à l’ordre la conductrice étourdie. Elle regarda sa montre : 14h35. Il lui restait presque une heure avant que l’avion n’atterrisse, elle avait le temps. Elle s’arrêta à la première station essence et coupa le moteur. Le silence reprit ses droits et la jeune femme quitta son véhicule pour faire le plein. Elle entra dans la station service où cinq personnes attendaient leur tour afin de payer. Elle se rangea docilement au bout de la file et attendit. Quelques secondes plus tard, son portable retentit. Elle sourit en découvrant le numéro et décrocha :

« Allo ?
- Héros à la rescousse !
s’enorgueillit une voix familière.
- Hiro ? Bof… Peter et Nathan sont plus sexy !
- Pardon ?
- Papa, il faudrait vraiment que tu développes ta culture télé… Il n’y a pas que les matchs de base-ball qui valent le coup tu sais !
- Peut-être que c’est toi qui devrais moins regarder les séries, j’ai l’impression que tu as un peu trop regardé « Bones »… Il y a plus intéressant que les autopsies dans la vie tu sais !
- Papa papa
, répondit la petite blonde avec un soupir désespéré. L’intérêt de « Bones », ce n’est pas les cadavres… C’est David Boreanaz !
- Dois-je comprendre que ma petite enquête sur l’autopsie d’Hamilton Cho ne t’intéresse pas ? »


Veronica ne répondit pas, piégée à son propre jeu.

« Ah ah… Je me disais bien aussi ! triompha Keith avant de reprendre son sérieux. Bien, j’ai réussi à me fournir le rapport d’autopsie. J’ai vérifié : tout est en règle, pas de falsification. J’ai donc enquêté sur le médecin légiste, le Dr Jekyll
- C’est une blague ?
l’interrompit Veronica.
- Non Miss Hyde, pas le moins du monde… Donc, je me suis renseigné sur le Dr Jekyll et c’est un docteur extrêmement renommé, réputé incorruptible. Et j'ai pu juger un certain nombre de fois, du temps que j'étais shérif, que la légende était justifiée. Je crois qu’il faut te rendre à l’évidence : Hamilton Cho et son amie sont bel et bien morts d’une overdose…
- Effectivement, il n’y a pas de doute possible. Mais sa sœur, Shona, était tellement … sure d’elle ! Je vais quand même pousser un peu plus loin l’enquête.
- Rien d’illégal bien sûr ?
- Bien sûr ! Papa, je dois te laisser, ça va être mon tour de payer.
- Aucun problème. Tu me raconteras tes retrouvailles ?
- Bien sûr ! A ce soir ! »

Veronica raccrocha et saisit son portefeuille. Soudain, elle fut bousculée par un jeune homme brun au charme ténébreux. Elle poussa un petit cri de surprise et fit tomber son portefeuille. Tandis qu’elle le ramassait, ainsi que la dizaine de pièces de monnaie disséminée dans le magasin, le jeune homme la dépassa et, grâce à un sourire charmeur, convainquit la caissière de le faire payer en premier. Le sang de Veronica ne fit qu’un tour et, tandis qu’il composait son code, elle lui agrippa le bras.

« Je ne vous dérange pas ? dit-elle en tentant de contenir sa colère et de rester un minimum courtoise.
- Eh bien à vrai dire, si, un peu… J’aurais besoin de mon bras afin de composer mon code vois-tu. Si tu pouvais patienter quelques instants avant d’arracher mes vêtements… »

Surprise et vexée, Veronica lâcha le jeune homme qui put composer son code. Elle poursuivit :

« Ca vous arrive souvent de profiter des jeunes filles innocentes ?
- Seulement des maladroites, parce que celles-là elles ne m’intéressent pas… »
dit-il en relevant la tête, un sourire narquois aux lèvres

Veronica rougit un peu mais tenta de masquer son trouble en ripostant :

« Oh, je vois… Vous êtes un Mac Cain !
- Pardon ?
- Vous savez bien : c’est ceux qui en parlent le moins… »


Le jeune homme récupéra sa carte et son ticket, puis se tourna vers Veronica. Il lui décrocha un sourire aussi ravageur qu’espiègle et, du bout de son index, il effleura le nez de la jeune fille.

« Mais qui te dit que je parlais de sexe ? »

Et il sortit de la station, laissant une Veronica rouge comme une pivoine.



*   *   *


« Et puis si tu m’avais vu en uniforme le premier jour ! s’exclama Veronica. Tu aurais éclaté de rire ! Imagine Samantha Spade avec 20 centimètres en moins et des couettes en plus ! Ben oui, je pensais pas qu’on allait porter l’uniforme durant le stage, alors autant te dire qu’à partir du lendemain ça a été chignon, et jusqu’à la fin de l’été ! J’en ai encore mal aux cheveux ! »

Sur le trajet du retour de l’aéroport, Veronica piaillait, excitée d’avoir retrouvé son partenaire. A côté d’elle, Wallace paraissait ailleurs. Il avait changé : ses cheveux étaient rasés très court et il portait une petite barbe proprement taillée. Les yeux rêveurs, il regardait le paysage défiler à toute allure à travers la vitre. Veronica avait bien noté le silence de son ami.

«  Fais pas ta tête Wallace, le taquina Veronica, j’ai même pas encore commencé à te parler de mes amours ! Là tu auras le droit de râler en disant qu’on a des conversations de filles ! »

Wallace ne réagissait toujours pas.

« Bon… » murmura Veronica en bougeant légèrement la tête, surprise et un peu déçue par le mutisme de son ami.

Néanmoins elle tenta une fois encore sa chance :

« Tu sais que tu devrais être un peu plus sympa avec ta BFF ? Parce que figure-toi que, lorsque je commencerai ma carrière, je gagnerai 55.000 dollars par an ! C’est pas génial ? »

Pour la première fois depuis le début du trajet, Wallace ouvrit la bouche :

« Oui, génial… Avec 55.000 dollars, tu pourrais payer une année de trithérapie à 150 africains malades du sida. Ou alors parrainer pendant un an 200 enfants afin de leur assurer santé et avenir. Et pourtant que vas-tu faire de cet argent Veronica ? T’acheter l’appareil photo dernier cri, c’est ça ? »

Veronica, bouche bée, tentait de rester concentrée sur la route. De telles paroles dans la bouche de Wallace, étaient … impossibles. Pourtant celui-ci reprit, d’une manière de plus en plus enflammée :

« J’ai vu des enfants mourir de faim en Ouganda V. Je les ai vus dans la rue, en train d’être enrôlés de force par le LRA. Et je les ai vus, dans nos centres, revenir meurtris, couverts de cicatrices, des membres en moins. Et tout ça ce n’est rien comparé à la misère psychologique de ces enfants. Certains n’ont que dix ans ! »

Il se calma un peu. Il tourna à nouveau la tête vers l’extérieur et conclut d’une voix glacée :

«  J’ai vu tout ça V… Alors excuse-moi si tes enfantillages ne m’intéressent pas. »

Les yeux de Veronica se remplirent de larmes. La boule au ventre, elle conserva le silence jusqu’à la fin du trajet.



*   *   *


Toute l’après-midi, Veronica eut la sensation d’avoir reçu un coup de poignard dans le ventre. Elle avait baissé sa garde en retrouvant cet être cher. Tel Judas, il l'avait trahie au moment où elle s'y attendait le moins. Finie l’impression de contrôle et de force ; la voilà qui doutait, crispée, bouleversée. A dire vrai, ce qui la tourmentait le plus ce n’était pas les paroles de Wallace. Non, c’était ses paroles à elle. Elle se sentait tellement ridicule.

A quoi s’attendait-elle ? Wallace, en côtoyant la mort, avait donné un sens au mot « vie ». Et elle de quoi parlait-elle ? De dollars, d’uniforme et de couettes ?
Elle tapotait son bureau du bout de son crayon, se reprochant encore et toujours sa bêtise. Elle n’avait qu’une hâte : reprendre l’enquête sur Hamilton Cho pour se changer les idées.

Enfin sa montre indiqua 21 heures. Elle s’empara de deux trousseaux de clés et reprit sa voiture en direction de Hearst. A cette heure si tardive, le parking était presque désert.

Trêve scolaire mais pas de vacances pour le blues, ni pour les enquêtes… L’année scolaire n’a même pas encore commencé que me voilà à nouveau à risquer mon inscrïption universitaire… Bravo Veronica, bravo !

Elle sortit de son SUV et prit le chemin du campus. Elle tenta de marcher tranquillement pour ne pas éveiller l’attention, mais cette précaution se révéla inutile : elle ne croisa personne. La lumière crépusculaire créait un jeu d’ombres et de lumières inattendu, rendant le campus désert presque inquiétant. Oppressée, Veronica ne pouvait s'empêcher d'accélerer le pas au moindre bruit, au moindre bruissement d'ailes. Elle fut donc soulagée lorsqu’elle parvint enfin devant les bureaux de l’université. Elle sortit un jeu de clés et pénétra l’une d’entre elles dans la serrure. La porte s’ouvrit.

Pitié, que Weevil ne soit pas chargé de l’intendance ce soir… S’il apprend que j’ai fait un double de son jeu de clés du campus, je crois qu’il ne sera franchement pas content que je l’aie doublé… Il aime tellement que je vienne quémander son aide !

Elle se faufila dans les couloirs plongés dans la pénombre. A pas feutrés, elle arriva enfin devant une porte. Sur celle-ci était indiquée : Evelyn Foster, doyenne.

Elle a pris possession des lieux… Aurait-elle déjà pris la peine de faire changer la serrure ?

Mais la porte céda.

Mrs F. ne sait pas encore ce dont les étudiants de Hearst sont capables…

Après avoir jeté un coup d’œil aux alentours, elle pénétra dans le bureau. Elle passa devant la table de travail et marqua un temps d'arrêt. C’est donc ici qu’il avait été retrouvé… Elle essaya d’imaginer la scène, mais finit par secouer la tête afin de chasser ces obscures pensées. Elle se dirigea vers la pièce adjacente et plus précisément vers le casier contenant les dossiers d’élèves. Elle ouvrit le tiroir « C » et prit possession du dossier scolaire d’Hamilton Cho.

Presque aussi facile qu’au lycée… Sauf qu’à l’époque, Wallace et moi étions inséparables.

Son regard s’obscurcit. Elle claqua le tiroir et se dirigea vers la porte. Alors qu’elle avait la main sur la poignée, elle entendit des talons claquer dans le couloir et une voix résonner. Palpitations. Veronica eut un mouvement de recul et retourna précipitamment dans la salle des dossiers. La porte s’ouvrit et la lumière apparut. Veronica ne put s’empêcher de regarder discrètement par la porte.
Elle ne l’imaginait pas comme ça.
La nouvelle doyenne était une belle femme rousse, mince et élancée. Elle avait une cinquantaine d’années et portait avec une élégance naturelle un tailleur noir et un chemisier blanc.
Lorsque la porte s'ouvrit, Mrs Foster, au téléphone, fronça les sourcils et expliqua aussitôt l’objet de son mécontentement à son interlocuteur :

«  Ca commence mal… Les femmes de ménage ont déjà oublié de refermer la porte après leur passage. Il va falloir que je mette les choses au clair avec le personnel, et rapidement. »

Effectivement, sa réputation de peau de vache semble lui aller comme un gant…

La doyenne ferma la porte et se dirigea vers son bureau. Elle ouvrit son cartable et commença à y ranger des dossiers.

« Bref, de quoi parlions-nous ? Ah oui, du week-end passé… Je voulais encore te remercier mon lapin, ce fut un des plus beaux moments de ma vie… »

Veronica se retint d’éclater de rire en entendant le petit nom d’amour qu’avait trouvé la doyenne à son compagnon.

« Et merci encore pour les fleurs que tu m’as faites livrer hier, elles sont splendides ! Je suis juste un peu déçue que tu n’aies pas écrit le mot toi-même mais bon… »

La doyenne se pencha vers un bouquet de roses rouges posé sur le rebord de la fenêtre pour en humer le parfum. Elle écoutait avec un petit sourire la réponse de son interlocuteur. Enfin elle reprit :

« Mais je sais bien, ne t’inquiète pas pour ça ! Bon eh bien je te fais des milliers de bisous mon gros lapinou d’amour et à demain ! » conclut la doyenne avant de reposer le téléphone avec tendresse et émotion.

Cette fois-ci, Veronica crut exploser de rire face au ridicule de la situation. Elle plaça les mains devant sa bouche et réussit ainsi à se contenir le temps que la doyenne ferme son cartable et sorte de la pièce. Lorsque le silence eut repris ses droits, Veronica put retirer les mains de sa bouche et laisser libre cours à son rire. Apaisée, elle prit le chemin de la sortie mais fut attiré par le bouquet de roses. Elle en huma à son tour le doux parfum et remarqua la carte. Sur celle-ci était noté : « Pour ma petite caille… Ton gros lapin » Veronica éclata à nouveau de rire.

Une caille et un lapin… Il faut que j’appelle le comité d’éthique, ces croisements ne me semblent guère légaux !

Mais son sourire s’effaça progressivement.

Je ferais mieux de me taire… Car, même si elles viennent de Bugs Bunny, elle au moins en reçoit des roses…

Elle caressa tristement un pétale de rose du bout des doigts.



*   *   *


Le clair de lune perçait à travers les rideaux fermés de la chambre de Veronica. En pyjama, allongée sur son lit, elle lisait le dossier scolaire d’Hamilton Cho.

Hamilton Cho… Lycéen brillant, étudiant exemplaire. Des A à tous ses partiels de première année… Alors comment expliquer la cascade de C et de D en deuxième année ? Une seule explication logique : la drogue. Ca collerait assez bien avec les remarques de ses professeurs : succession de phases d’indolence et d’agressivité. Sauf en latin : toujours des A, appréciations dithyrambiques de la part de son professeur, Mary Noddle… Il va falloir que je creuse cette piste. Car pour l’instant, tout ce que j’ai découvert risque de ne pas plaire à ma cliente…

Toute à ses pensées, Veronica eut un sursaut lorsque son téléphone se mit à sonner. Elle s’assit pour le récupérer sur la table de chevet, et sourit en découvrant le nom de son interlocutrice. Elle décrocha :

« Salut Monica ! » plaisanta la jeune détective.

A l’autre bout du fil, Mac sourit et enchaîna :

« Salut Rachel ! J’espère que je ne te dérange pas en plein défilé de mode ?
- Non, j’étais en plein câlin avec Brad, mais bon… Il attendra !

- Eh ! Dois-je te rappeler que tu es divorcée et qu’il s’est remarié avec Angelina Jolie ?
- Et alors ? Il m’a bien trompée avec elle, pourquoi ne la tromperait-il pas avec moi ?
- Parce que tu as de moins gros seins ?
- Peut-être, mais les miens sont vrais ! »


Les deux jeunes filles rirent de bon cœur et, reprenant son calme la première, Mac questionna plus sérieusement son amie :

« Alors, prête pour le déménagement après-demain ?
- Presque général Mac Arthur ! Plus que quelques broutilles à emballer, mais à la dernière minute : couette, ordinateur, brosse à dents…
- Petites culottes ?
la coupa Mac.
- Non ça c’est bon, je mettrai la même pendant trois jours ! »

Nouvelle crise de rire entre les deux jeunes filles. L’été les avait extrêmement rapprochées. Wallace absent et injoignable, c’est Mac qui était devenue la confidente de Veronica au téléphone, les soirs où le stage avait été laborieux. Et c’est Veronica que Mac avait appelée les soirs où elle se sentait seule: Parker était définitevement retournée à Denver et l'été avait été fatidique au couple qu'elle formait avec Max. Elles s’étaient soutenues, créant ainsi une relation soudée ; elles espéraient désormais que leur collocation serait à l’image de leur amitié renouvelée : pleine de compréhension et d’humour.

« Bon, je ne t’appelle pas sans raison, tu t’en doutes bien… reprit Mac.
- Ah bon ? C’est plutôt mon genre ça pourtant ! plaisanta Veronica.
- Arrête un peu, on va jamais y arriver ! Bon, je voulais savoir si tu avais réussi à trouver de gros bras pour le déménagement… Parce que bon, ton père et Max sont bien gentils, mais ça risque d’être un peu juste quatre personnes tout de même ! »

Le sourire de Veronica s’évanouit. Les hommes étaient définitivement un sujet compliqué ces derniers temps. Néanmoins elle cacha son trouble en reprenant tout de suite :

« Je sais… Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé. Mais je m’en occupe demain, promis.
- Ca marche. Tu me rappelles ?
- Oui. A demain !
- Bye »


Veronica raccrocha et, à l'aide sa télécommande, mit en marche sa chaîne hi-fi.« My old Friend » d’Emilie Simon se mit à résonner dans la chambre.
Veronica s’allongea à nouveau sur son lit, sur le ventre cette fois, les mains en dessous de la tête.

Trouver des gros bras… Facile à dire ! Mis à part mon père, quels hommes peuplent ma vie ? Wallace tout d’abord. Mais comment le rappeler après notre discussion de ce matin ? “My old friend, my old friend, you hurted me. It's funny cause in my mind I didn't see it coming from you” Donc Wallace, aux oubliettes pour le moment. Qui d’autre?

Le visage de Veronica s’assombrit un peu plus.

Logan… Il est certes endurant... Et gros bras, aussi… A moins qu’ils n’aient fondu pendant l’été. Car voilà deux mois que je ne l’ai pas revu. Pas depuis qu’il a cassé la figure de Gory à la cafétéria. J’ai composé une bonne dizaine de fois son numéro pendant l’été. Et à chaque fois j’ai raccroché. Qu’aurais-je bien pu lui dire ? Et puis lui non plus n’a pas donné signe de vie. Visiblement, il a pris au sérieux ma déclaration…

Cette déclaration, elle ne pourrait jamais l’oublier. Elle ne s’en serait pas cru capable. Et pourtant, elle l’avait fait, ce jour-là, dans la suite du Neptune Grand Hotel :

« Tu es sorti de ma vie. Pour toujours »

Veronica poussa un petit soupir.

Donc Logan, aux oubliettes. Qui d’autre ?

Le visage de la jeune détective s’assombrit encore un peu plus.

Piz ? Pas de nouvelles non plus. Enfin, pas depuis mon retour de stage.

Elle plongea à nouveau dans ses souvenirs…

Elle se revit une semaine plus tôt, à l’aéroport de Neptune. Elle récupérait son bagage sur le tapis tournant, tout en jetant des coups d’oeil à travers la baie vitrée, à la recherche du visage paternel qui lui avait tant manqué. Ayant récupéré sa valise, elle sortit et scruta à nouveau les parages. Toujours personne. Tout à coup, on lui tapota l’épaule. Elle se retourna en souriant. Piz était là, l’air gêné. Son sourire s’évanouit instantanément et Piz s’en rendit bien compte. Il haussa les sourcils et mit les mains dans les poches.

« Quel accueil ! » marmonna-t-il, mi-grincheux, mi-déçu.

Veronica lui adressa un petit sourire désolé et lui répondit doucement :

« Excuse-moi, je ne m’attendais pas à te voir, c’est tout.
- Ton père a eu un empêchement, il m’a demandé de venir te chercher »


Les deux jeunes gens étaient très gênés, ils regardaient ailleurs. Enfin, Veronica s’approcha de Piz pour l’embrasser mais, au même moment, je jeune homme qui ne s’était pas rendu compte de la démarche de la jeune fille, se pencha vers le sac, si bien qu’elle n’embrassa que sa tignasse brune. Piz se releva, surpris. Un silence s’installa.

« C’est ce qui s’appelle un acte manqué, finit par chuchoter Piz. Normal pour un été manqué… »

Il se saisit du sac et s’éloigna de Veronica, dépourvue.

Veronica sortit de sa rêverie. Elle était toujours allongée sur le ventre. Bercée par la musique mélancolique, elle ferma les yeux et s’endormit.



*   *   *


Veronica avait mal dormi. Sa nuit avait été peuplée du même rêve : de gros bras la poursuivaient et la frappaient. Ce cauchemar l’avait réveillée toutes les heures, si bien qu’à sept heures elle avait décidé de se lever et avait pris une douche brûlante pour se changer les idées. Elle avait passé une heure dans la salle de bain, s’occupant d’elle-même afin de se sentir bien. Elle s’était maquillée et avait choisi ses vêtements avec soin. Des vêtements qui lui rappelaient un jour particulier, un jour où elle s’était sentie vivante… Un jean. Un tee-shirt rouge. Une veste noire, certes un peu chaude pour la saison, mais qu’importait… Elle avait égaré l’écharpe, mais elle avait conservé les autres vestiges de cette journée comme des reliques.  Ces vêtements, elle ne les avait jamais remis. Mais aujourd’hui, pour une raison inconnue, elle avait besoin d’un contact tactile qui la rassurerait…

Il était donc à peine huit heures du matin qu’elle sonnait déjà au 154, Hemingway Street.

Une chance qu’il n’y ait qu’une seule famille Noddle résidant à Neptune…

Une femme finit par ouvrir la porte. Ses cheveux châtains retenus par un chignon strict, elle portait une robe noire droite.

Rigueur est le maître mot

« Bonjour Mrs Noddle, je me présente : Veronica Mars. Je suis détective privé. »

Et elle lui tendit une carte de visite. Mrs Noddle l’attrapa, les sourcils froncés, et la parcourut des yeux.

« Vous êtes…
- Un peu jeune pour être détective, oui je sais"
l’interrompit Veronica.

Cette remarque commence à m’agacer. Combien d’années encore vais-je devoir la supporter ? Vivement mes premières rides !

Mrs Noddle se raidit.

« J’allais dire « la fille de Keith Mars » mademoiselle… » répondit sèchement le professeur.

Veronica, décontenancée et gênée, acquiesça. Mrs Noddle reprit :

« J’ai eu l’occasion de rencontrer votre père hier à l’université. Un homme charmant.
- Je vous remercie. Comme vous le savez donc sans doute, j’ai repris l’affaire familiale et j’aurais besoin de vous poser quelques questions sur un de vos élèves : Hamilton Cho. »

Le visage sévère de Mrs Noddle s’adoucit à l’entente de ce nom familier… Elle avala sa salive avant de répondre.

« Oui, j’ai appris ce qui était arrivé à ce pauvre garçon. Il était pourtant si gentil… Jamais je ne l’aurais pensé capable de se droguer… »

Voilà qui va dans le sens de ma cliente.

« Pourtant, les autres professeurs d’Hamilton Cho ne semblaient guère l’apprécier. Vous n’avez donc jamais eu de problème avec lui ?
- Non, jamais. C’était un étudiant modèle. Assidu et passionné par ma matière, le latin. »


Veronica fit une petite moue, assez perdue par cette image d’enfant parfait qui faisait pour la première fois son apparition dans le jeu. A son air contrarié, Mrs Noddle reprit :

« Je ne peux malheureusement pas vous en dire davantage. Je n’entretiens pas de rapport avec mes élèves en dehors des heures de classe. Mais si je peux vous aider en quoique ce soit, n’hésitez pas !
- Merci Mrs Noddle…
- Je vous en prie. »


Veronica fit demi-tour et Mrs Noddle referma la porte. Veronica entra dans sa voiture et, alors qu’elle allait démarrer, Mrs Noddle s’approcha d’elle en courant. Elle brandissait un bout de papier.

« Melle Mars, attendez ! »

Elle arriva au niveau de la voiture et, essoufflée, elle tendit le papier à Veronica.

« Je viens de me rappeler qu’Hamilton était très proche d’un autre élève en cours. Je vous ai noté son nom. Peut-être aura-t-il des informations intéressantes à vous dévoiler ? »

Veronica s’empara du papier et adressa un sourire reconnaissant au professeur qui lui avait semblé si austère au premier abord.

« Merci Mrs Noddle, je ne doute pas que cette information me sera très utile. »

Mrs Noddle hocha la tête et retourna chez elle, légère. Veronica sourit et déplia le papier. Elle prit son téléphone portable et composa un numéro.

« Bonjour, pourrais-je avoir l’adresse de Peter Taminy s’il vous plaît ? »



*   *   *


L’histoire se répète… Me voici à nouveau face à une porte qui me livrera peut-être la clé pour résoudre l’affaire Cho…

Rien ne bougeait cependant. Veronica frappa à nouveau. Toujours pas de réaction. Elle hésita à faire demi-tour, mais tenta une dernière fois sa chance. Cette fois-ci, du bruit se fit entendre dans l’appartement et elle entendit un vague « J’arrive » à travers la porte. Une minute plus tard, un jeune homme blond vénitien vint lui ouvrir. Torse nu, il portait un bermuda noir passé à la va-vite. Il se frottait les yeux. Veronica l’avait sans aucun doute réveillé.

Décidemment, le passé me poursuit aujourd’hui…

« Peter Taminy ?
- Oui
, grogna le séduisant jeune homme mal réveillé.
- J’aimerais te poser quelques questions. J’ai été engagée par Shona Cho pour enquêter sur la mort de son frère, Hamilton. »

Le jeune homme arrêta de se frotter les yeux, ébahi.

« Ham est mort ? »

Oh oh… Bravo Veronica. Visiblement, tu devais être très fatiguée le jour où on t’a appris à annoncer un décès cet été…

« Entre »

Le jeune homme laissa passer la jeune fille qui pénétra dans le studio. Un véritable capharnaüm. Peter retira quelques vêtements traînant sur le lit et invita Veronica à s’y asseoir d’un geste de la main. Elle faillit refuser, et finalement s’exécuta. Un jour de stage où elle était visiblement mieux réveillée, on lui avait appris qu’il ne valait mieux pas provoquer les témoins…

« Je fais du café. Tu en veux une tasse ?
- Merci. »


Le jeune homme se dirigea vers la cuisine américaine et, tout en faisant chauffer de l’eau, interrogea Veronica :

« Comment est-il mort ?
- Apparemment, d’une overdose.
- Il fallait s’en douter. »


Veronica entrouvrit la bouche de surprise.

« Comment ça ?
- T’es pas au courant ? Ca faisait des mois qu’Ham se droguait. C’est d’ailleurs comme ça qu’il avait rencontré sa copine, Emma. Ils avaient le même dealer. »

L’eau bouillait. Peter la versa dans deux grandes tasses et y versa quelques grains de café soluble. Il tendit l’une d’elles à Veronica.

« Désolé, j’ai pas de cafetière.
- Ca ira très bien. »


Il s’assit sur le lit et Veronica recula un peu. Elle posa la tasse bouillante par terre et fit part de ses interrogations au jeune homme :

« Mais je ne comprends pas… Pendant toute mon enquête, j’ai eu l’impression d’entendre parler de deux personnes différentes. Sa sœur et Mrs Noddle parlent de lui comme d’un ange. Toi et ses autres professeurs comme du diable...
- Peut-être parce que le diable n’est ni plus ni moins qu’un ange déchu ?
sourit Peter. Plus sérieusement, Ham était un garçon très bien, un « ange » comme tu dis. Mais les derniers mois, il délirait, il répétait sans cesse qu’il « culpabilisait ». A cause de quoi ? Je n’en sais rien… Toujours est-il qu’il a fini par se droguer. Il devait sans doute trouver une certaine forme de réconfort dans l’Angel Dust… »

Veronica fronça les sourcils et Peter s’expliqua :

« Tu ne connais pas ? C’est un album de Faith No More… Ca veut dire « poussière d’ange »… La drogue quoi.
- Oh… Décidemment, les anges me poursuivent aujourd’hui !
- Même Cupidon ?
risqua Peter, avec un petit sourire à la fois explicite et gêné.
- Surtout Cupidon, répondit Veronica, encore plus embarrassée que lui.
- De toute façon, je n’aime pas les anges… répliqua en souriant Peter, visiblement pas du genre rancunier.
- Moi non plus, rit Veronica, soulagée par la réaction du jeune homme.
- Nous sommes donc « ejusdem generis » ! conclut Peter, dont le sourire s’effaça aussitôt. Ham répétait constamment cette citation. C’est de Cicéron.
- Qu’est-ce que ça… »


Mais Veronica fut interrompue par la sonnerie de son téléphone.

« Excuse-moi un instant. »

Elle décrocha.

« Bonjour Melle Cho.
- « Melle Cho » ? Shona, je préfère. Nous avons le même âge, on ne pourrait pas se tutoyer ?
- Si tu veux Shona. Justement, j’allais t’appeler. Tu pourrais passer à l’agence, j’ai du nouveau.
- Bien sûr ! Mais dans une demi-heure maximum, j’ai un rendez-vous ensuite.
- J’y serai. A tout de suite »


Elle raccrocha et s’adressa à Peter.

« Désolée, je dois y aller.
- Je savais que j’aurais dû investir dans une cafetière… »




*   *   *


A peine quinze minutes plus tard, Veronica pénétrait dans les locaux de Mars Investigations. Elle jeta négligemment son sac sur le canapé et alla droit dans la pièce adjacente. Elle alluma son ordinateur.

Quelques minutes de répit, ce n’est pas du luxe… Et puis il vaut mieux que je me calme avant d’annoncer à Shona qu’elle va débourser 500 dollars pour rien, puisque son frère est bel et bien mort d’une overdose.

Elle ouvrit sa messagerie et découvrit avec plaisir que le mail qu’elle attendait depuis des jours lui était enfin parvenu : Wendy, une collègue du FBI, lui envoyait les photos des soirées passées entre stagiaires l’été passé. Veronica téléchargea le fichier et commença à parcourir les clichés, avec un sourire heureux et mélancolique à la fois. Toutes ces photos lui rappelaient de merveilleux moments, mais les êtres qu’elles immortalisaient lui manquaient cruellement. Veronica n’était pas du genre à s’attacher rapidement ; mais le huis clos du stage avait vite lié les stagiaires entre eux. Soudain, une photo attira son attention. Elle les présentait, elle et Piz, l’un à côté de l’autre lors d’une des premières soirées estivales. Ils avaient tous deux les bras croisés et s’évitaient du regard.

Voici une photo que je désirerais oublier… Tout comme ce week-end-là en général… Le seul où Piz soit venu me rendre visite en Virginie…

Les souvenirs remontèrent…

Ce jour-là, Piz était arrivé en avion de Neptune. Veronica leur avait réservé une chambre d’hôtel, simplement coquette mais peu coûteuse. Elle n’avait pas eu le choix : il était interdit de recevoir dans le dortoir des stagiaires. A peine arrivés dans la chambre, Piz avait jeté son sac et, le sourire aux lèvres, avait enlacé Veronica. Elle s’était raidie, mais le jeune homme n’y avait pas prêté garde et avait commencé à l’embrasser. Sur la bouche, d’abord. Puis dans le cou. Ses lèvres commençaient à descendre dangereusement, et, n’y tenant plus, elle l’avait tout à coup repoussé.

« Je ne peux pas. Excuse-moi… »

Surpris, Piz avait néanmoins tâché d’être compréhensif et avait demandé :

« Pourquoi ?
- C’est difficile à expliquer… Notre premier câlin a été… Tellement… »


Elle avait hésité sur les mots. Comment exprimer ce qu’elle ressentait sans le blesser ? Elle s’était finalement décidée :

« Tellement… Source de problèmes… Tu sais, avec le Castle, tout ça… »

Elle avait dû mal choisir ses mots car Piz avait été blessé.

« Et donc ? Que dois-je comprendre ? avait-il demandé. Que désormais notre occupation principale sera de se regarder dans le blanc des yeux ?
- Je n’ai pas dit ça… J’ai juste besoin d’un peu de temps.
- Veronica, ne leur fais pas le plaisir de les laisser te contrôler. Tu dois oublier…
- Mais comment veux-tu que j’oublie Piz ?
s’était-elle emportée. Je dois sans arrêt contrôler mes arrières, je ne suis et ne serai jamais plus en sécurité ! J’avais passé un marché avec eux et ils ne l’ont pas respecté : ils ont vendu mon père le jour de l’élection, et il a perdu son poste… Ils ont envoyé un virus sur mon ordinateur, et j’ai perdu toutes les vidéos compromettantes sur le disque dur externe ! Ils ont même été jusqu’à voler la liste que j’avais donnée à Nish et ils l’ont menacée ! Du coup, même si je lui donnais la mienne, elle ne la publierait pas… Ma liste Piz, c’est la seule chose qui leur fasse encore assez peur pour me laisser tranquille… Mais pour combien de temps encore ? Je ne peux pas oublier Piz, je ne peux pas ! Je songe à cette vidéo chaque jour, chaque heure… Alors comment oublier ?
- Et comment te sentir bien dans mes bras hein ?
ironisa-t-il. Peut-être que tu devrais changer de partenaire… Peut-être que celui-là ne te rappellerait pas de si mauvais souvenirs… »

Ces mots l’avaient blessée, elle était partie en claquant la porte. Elle l’avait rappelé dans la soirée, pour savoir s’il voulait venir à la soirée entre stagiaires. Il était venu, certes. Mais n’avait pas décroché un sourire de la soirée, la mettant mal à l’aise au possible…

Veronica revint peu à peu au monde réel… Et, pour la première fois depuis l’été, elle vit les choses sous un angle nouveau.

Comment puis-je blâmer Piz ? Tout ce qu’il désirait, c’était être avec moi… Et moi, qu’est-ce que je voulais ce jour-là ? Le punir ? Mais le punir de quoi ? Il n’y est pour rien, il est victime de la situation lui aussi… Qu’est-ce que tu veux Veronica ? Mais qu’est-ce que tu veux ?

Elle regarda intensément l’écran. Finalement, elle se leva et retira sa veste, définitivement trop chaude pour la saison. Puis elle alla chercher son sac et en sortit son portable. Le cœur palpitant, elle composa un numéro et tomba sur une messagerie.

« Bonjour… Je sais que je n’ai pas donné beaucoup de nouvelles ces derniers temps, mais je voudrais rattraper ça… J’emménage demain avec Mac. Si tu veux nous aider, je t’attendrai chez moi à huit heures. Il y aura des bières à volonté ! J’espère à demain… »

Elle raccrocha, le souffle un peu court. Ces quelques phrases lui avaient coûté, elle n’était pas du genre à faire le premier pas. Mais là…

« Bonjour Veronica ! »

Veronica se retourna, surprise.

« Oh ! Bonjour Shona, tu m’as fait peur !
- Excuse-moi. Alors, tu as du nouveau ?
- Suis-moi s’il te plaît… »


Après que les deux jeunes filles se soient confortablement assises dans le bureau, Veronica prit une grande inspiration et commença :

« Bien. Mon enquête a porté ses fruits Shona, mais les conclusions risquent de te déplaire. L’autopsie s'est révélée exacte : Hamilton est bel et bien mort d’une overdose. Il se droguait depuis plusieurs mois… »

Le visage de Shona se déconfit, mais elle ne répondit rien. Veronica lui relata alors précisément le déroulement de l’enquête, finissant par son entrevue avec Peter Taminy. Lorsqu’elle eut terminé, Shona resta silencieuse un moment. Le regard dans le vide, elle réfléchissait. Enfin, elle fit part à Veronica de l’objet de ses méditations :

« Je te crois. Ton enquête est sans faille, et tous les signes étaient là, j’étais juste trop aveugle pour les percevoir. Mais ce que je ne comprends pas, c’est ce qui a bien pu pousser Hamilton à se droguer. Quelle est cette chose qui le faisait se sentir si coupable, au point de sacrifier son avenir ?
- Je ne sais pas Shona…
- Alors découvre-le Veronica. J’ai un peu d’argent de côté, je paierai. Mais tu dois découvrir ce qu’il a fait. J’ai besoin de connaître la vérité. »


Elle se tut un instant, bouleversée. Puis elle reprit :

« J’ai l’impression de ne pas avoir connu mon frère, d’avoir vécu aux côtés d’un inconnu pendant toutes ces années… Hamilton était mon cadet de seulement deux ans, nous étions extrêmement proches. Pourquoi ne s’est-il pas confié à moi ? Pourquoi ? Je dois savoir… »

Voilà des mots que j’ai prononcés plus d’une fois… La tâche s’annonce rude, mais ai-je le choix ?

« Je vais continuer mon enquête Shona. Mais ça risque de prendre un peu de temps… Je t’appelle dès que j’en sais plus. »

Shona adressa un sourire reconnaissant à Veronica. Elle ne pouvait plus parler. Elle se contenta donc de hocher la tête et sortit. Veronica pencha la tête en arrière sous le poids de l’émotion.

Vous ne trouvez pas ça ironique vous que ma première véritable affaire en tant que détective privé me renvoie à mes années de lycée, là où tout a commencé ?

Elle se revit dans le salon des Kane, trois ans plus tôt. Elle était assise sur un canapé, à côté d’Hamilton et de son père, Jo. La semaine qui avait précédé, elle avait aidé une 09’ers prétentieuse, Sabrina Fuller, à découvrir qui la harcelait et l’empêchait ainsi de réviser. Et Sabrina aussi était là, sur le canapé d’en face, assise près de sa mère. De l’autre côté se trouvaient Jake, Céleste et Mr Clemmons. Jim, le père d’Hamilton avait pris la parole le premier :

« Mon fils n’a jamais eu de vraie chance. Je ne lui ai pas donné les mêmes avantages que ceux avec qui il est en compétition.
- Vous voulez nous faire croire qu’engager un détective pour harceler ma fille est acceptable sous prétexte que nous avons de l’argent ?
s’était agacée la mère de Sabrina.
- Mais mon fils n’a rien à voir là-dedans ! Il a travaillé très dur et je crois qu’il mérite vraiment…
- Ecoutez
, les avait interrompus Jake Kane, je trouve ça déplorable, mais étant données les circonstances, et en partant du principe qu’Hamilton et Sabrina finiront l’année à égalité, nous sommes d’accord pour partager la bourse en deux cette année. Si bien sûr c’est acceptable pour chacun de vous…

Elle se souviendrait toujours du regard qu’avait eu Hamilton à ce moment-là : plein d’espoir…

« Non, avait tranché la mère de Sabrina. L’honneur d’être la meilleure élève revient à ma fille et la bourse également.
- Mrs Fuller, s’il vous plaît
, avait supplié le père d’Hamilton.
- Il y a un accord que j’accepte de passer, avait alors annoncé la mère de Sabrina. Ce jeune homme ne va plus participer à la compétition, et on n’entamera pas de poursuite.
- Mrs Fuller, est-ce là la seule solution que vous envisagez ?
avait alors demandé Mr Clemmons, assez outré. Ne pourrait-on pas…
- Non, je me retire
, l’avait coupé Hamilton avant de se lever. C’est comme ça…
- Hamilton
, s’était écrié son père, non non ! »

Elle n’avait pas pu s’empêcher d’intervenir. Tout cela était tellement injuste… Et elle en était la responsable. Elle s’était levée et lui avait déclaré :

“ Hamilton, c’est ridicule. Elles ne peuvent pas te forcer à te retirer.
- Pourtant elles l’ont fait… »


Veronica reprit ses esprits et releva la tête.

Ce jour-là, Hamilton a perdu toute chance de vivre ses années estudiantines de manière aisée… Et pourtant il s’en est sorti. Cet élève brillant a décroché une autre bourse, certes moins importante, mais une bourse quand même… Mais au revoir Oxford, bonjour Hearst. Il a fallu rester chez papa maman pour avoir de quoi manger… Dont beaucoup de pizzas... Mais au fait !

Veronica se redressa et se dirigea vers le coffre-fort de l’agence.

Un étudiant brillant… Voilà qui aurait pu intéresser le Castle, d'autant plus que Jake Kane le connaissait ! Si jamais il faisait partie du Castle, peut-être leur aura-t-il dit ses plus vilains secrets ?

Elle composa le code et sortit le précieux document de son écrin. Elle fureta la liste alphabétique et s’arrêta à la lettre « C ». Puis à la lettre "H". Elle poussa un soupir de déception.

Pas de Hamilton Cho parmi les membres du Castle… Ca aurait été trop simple, bien entendu Veronica… Non, vraiment, cette nouvelle affaire s’annonce ardue…



*   *   *


Le lendemain matin, Veronica se leva aux aurores. La veille au soir, son père lui avait annoncé qu’il ne pourrait finalement pas l’aider à emménager, la doyenne ayant précipitamment avancé la prérentrée des professeurs d’une journée.

Certainement une dégustation de civet organisée à la dernière minute…

Elle avait donc dû se lever plus tôt pour remplacer le déménageur lui faisant défaut.

D’autant plus que Gros Bras n’a pas donné de nouvelle depuis mon appel…

Après s’être préparée et avoir pris son petit-déjeuner, elle s’était attelée à l’empaquetage des derniers colis : ordinateur, couette, brosse à dents, petites culottes… A huit heures, elle avait enfin terminé. Enfin le croyait-elle… Car en allant dans la salle de bains, elle tomba sur les vêtements qu’elle avait mis la veille, ces reliques d’antan dans lesquelles elle s’était sentie si bien… Elle s’en empara et les contempla en silence un moment, jusqu’à ce que Back Up se mette à aboyer. Quelques secondes plus tard, on frappa à la porte. Veronica donna une petite tape amicale à la brave bête et ouvrit légèrement. Lorsqu’elle aperçut qui la demandait, un sourire illumina son visage et elle ouvrit grand la porte.

« J’espérais que ce serait toi… »

Piz, les mains dans les poches, fut ému par le sourire de Veronica, mais tenta de le cacher.

« Tu m’as demandé un coup de main, je suis là. Même si je ne te sers que de déménageur, c’est déjà ça… »

Le sourire de Veronica se crispa un peu mais elle se ressaisit aussitôt. Elle s’approcha timidement de Piz, les mains dans les poches elle aussi, et le regarda droit dans les yeux.

« Tu ne me sers à rien du tout, finit-elle par chuchoter. C’était juste une bonne occasion pour te revoir… »

Piz eut un petit sourire tendre. Veronica poursuivit :

« Est-ce que tu accepterais que je fasse autre chose que te regarder dans le blanc des yeux ? »

Le sourire de Piz se fendit un peu plus et il baissa la tête une seconde pour cacher le rouge qui lui montait aux joues. Si on lui avait dit ça la veille au matin…
Alors Veronica sortit les mains de ses poches et, les lui passant délicatement autour du cou, elle s’approcha de lui et l’embrassa doucement. Piz retira à son tour les mains de ses poches et enlaça Veronica par la taille. Leur baiser fut un mélange de fougue et de tendresse, c’était un baiser de retrouvailles incertain, tel leur avenir. Lorsque enfin leurs lèvres se séparèrent, ils restèrent encore front contre front quelques instants. Finalement Veronica releva la tête et plaisanta :

« Ce qui ne t’empêche pas de m’aider à porter les cartons jusqu’à la voiture ! »

Piz sourit et, saisissant un carton à côté de la porte d’entrée, prit la direction de la sortie. Il passa devant Veronica et lui fit des papouilles dans le cou. Elle gloussa et rougit un peu. Elle le regarda droit dans les yeux mais son sourire s’évanouit soudain. L’arcade du jeune homme était lacérée par une cicatrice relativement profonde. Piz remarqua la surprise de Veronica et l'interrogea :

« Tu ne l’avais pas encore vue ? C’est un peu normal : lorsque je suis venu en Virginie, mon œil était encore tuméfié, et à l’aéroport on ne s’est pas vraiment regardé dans les yeux… C’est un souvenir des "conséquences" de la vidéo. Tu vois, moi aussi ça me marquera à vie… »

Il sourit et l’embrassa tendrement sur la joue. Pas une pointe de méchanceté dans sa voix, il avait tout simplement énoncé une vérité… Cela toucha Veronica qui le suivit du regard quelques instants, puis retourna dans la salle de bain. Elle empoigna les vêtements de la veille et, les regardant une dernière fois, les jeta dans la poubelle.

Toi, aux oubliettes…



*   *   *


Les rayons du soleil commençaient à peine à réchauffer les membres refroidis des Gros Bras. Aux alentours de neuf heures, quelque part dans le quartier des 09’ers, une dizaine de déménageurs transportait des cartons depuis deux énormes camions jusqu’à l’intérieur d’un loft refait à neuf. Ils se dépêchaient, sous les cris et menaces d’une architecte excentrique qui vociférait des ordres en remuant les bras dans tous les sens. Face au spectacle, Logan était allongé sur une des deux chaises longues recouvertes d’un linge bleu marine. Armé d’un couteau, il découpait une pomme qu’il dégustait morceau par morceau, tout en souriant face au divertissement que lui offrait sa décoratrice d’intérieur personnelle. Soudain, Dick fit son apparition. Surexcité, il s’assit sur la deuxième chaise longue. Il riait tout seul, visiblement bien content de sa nuit. Logan, sans prendre la peine de tourner la tête en sa direction, lui fit remarquer :

« Je te ferais signaler qu’on avait rendez-vous à huit heures…
- Pour quoi faire ? Dingo a l’air de très bien s’occuper de tout…
répondit Dick en désignant la décoratrice en train de s’époumoner contre un déménageur chargé d’une énorme sculpture sur le dos et qui ne marchait pas suffisamment vite à son goût.
- On ne sait jamais.
- Hé ! « La vie est trop courte », t’as oublié ? Et je peux te dire que ça valait la peine d’arriver en retard ! »


Il ne tenait plus en place, visiblement très fier de ce qu’il allait annoncer. Néanmoins, Logan ne répondit rien. Cela agaça passablement Dick, n’étant pas parvenu à créer l’impatience escomptée. Enfin, il se pencha vers Logan et lui annonça sur le ton de la confidence :

« J’ai un secret. Un super secret… »




*   *   *


Au même moment, dans un quartier nettement moins huppé de Neptune, sur le bord de plage, deux voitures longeaient la marina. L’une d’entre elles venait du nord, l’autre du sud. Elles finirent par atteindre en même temps une coquette petite maison bleue et blanche dont les rideaux du premier étage étaient fermés. Sur le mur à côté de la porte d'entrée était accrochée une pancarte : « Appartement à louer ». Les deux voitures s’arrêtèrent l’une en face de l’autre et leurs passagers respectifs en sortirent : Veronica et Piz d’un côté, Mac et son petit frère de l’autre. De loin, Mac cria à sa nouvelle colocataire :

« Wouah ! Quel synchronisme !
- C'est beau hein?
» répondit Veronica en riant.

Garçons et filles prirent chacun un carton dans leur coffre et se rejoignirent devant le petit portillon. Il signalait le début de la résidence dans laquelle les deux jeunes femmes partageraient désormais un appartement. Veronica regardait Mac ; elle semblait visiblement contrariée, mais gardait le silence. Mac finit par lui demander :

« Quoi ?
- Eh bien je me demande quand tu vas enfin poser ce carton. Comment me porter à l’intérieur de l'appartement sinon ?
- Eh ! Nous ne sommes pas mariées que je sache !
répondit Mac en riant.
- Ce n’est pas faute d’espérer pourtant… soupira Veronica. Mais de toute façon, je te le répète : pas de sexe avant le mariage !
- Vraiment ?
répondit Mac avec un clin d’œil et en désignant Piz.

Veronica lui tira la langue et, se tournant vers son petit-ami, conclut avec un petit soupir :

« Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter cette collocation ! »

Piz, Veronica et Mac rirent tandis que le petit frère de cette dernière, un énorme paquet dans les bras, rouspéta un peu :

« Dis donc les filles… Je suis pas une chochotte, mais c’est lourd !
- Pardon chochotte
, le taquina Mac en lui ébouriffant les cheveux, on y va ! »

Elle ouvrit le portillon et se dirigea vers la porte d’entrée qu’elle ouvrit. Le sourire au lèvre, elle pénétra à l'intérieur, suivie de près par son frère et Piz. Restée seule à l’extérieur, Veronica referma le portillon et se dirigea vers l'entrée. Elle observa la pancarte « Appartement à louer », qu'elle décrocha et regarda longuement. Petit à petit, un sourire radieux naquit sur ses lèvres rosées. Elle releva la tête et, observant les alentours, se laissa envahir par un sentiment de bien-être reposant. Une joie douce et profonde.

Une nouvelle vie commence…

Episode écrit par Hermione

Toutes les photos de l'épisode !


>> Vous pouvez réagir sur ce forum

Ecrit par lili59 
Activité récente
Actualités
L'intégrale de Veronica Mars disponible sur 6play

L'intégrale de Veronica Mars disponible sur 6play
La série Veronica Mars est disponible en intégralité sur 6play. Les 4 saisons sont sur la plateforme...

Véronica Mars dans le nouveau sondage du quartier Outer Banks

Véronica Mars dans le nouveau sondage du quartier Outer Banks
Et si les Pogues rencontraient Véronica et ses amis ? En ce mois de septembre, mois de la rentrée,...

Kristen Bell sera la vedette d'une nouvelle comédie Netflix

Kristen Bell sera la vedette d'une nouvelle comédie Netflix
Kristen Bell tiendra l'un des deux rôles principaux d'une nouvelle comédie à venir sur Netflix....

Le quartier Veronica Mars se pare de sa décoration d'automne

Le quartier Veronica Mars se pare de sa décoration d'automne
Pour fêter la reprise du quartier et l'arrivée de l'automne, Locksley nous a gentiment préparé un...

[Alternative Awards 2021] Veronica en enquêteur

[Alternative Awards 2021] Veronica en enquêteur
Encore une nomination pour Veronica dans les Alternative Awards ! Cette fois-ci, c'est dans la...

Newsletter

Les nouveautés des séries et de notre site une fois par mois dans ta boîte mail ?

Inscris-toi maintenant

HypnoRooms

mnoandco, 23.03.2024 à 14:31

Si ce n'est pas encore fait, quelques seraient appréciés côté "Préférences"

chrismaz66, 24.03.2024 à 17:40

Bonsoir, nouvelle PDM/Survivor Illustré chez Torchwood, dédié aux épisodes audios, venez voter, merci !

Locksley, 25.03.2024 à 20:10

Pas beaucoup de promo... Et si vous en profitiez pour commenter les news ou pour faire vivre les topics ? Bonne soirée sur la citadelle !

choup37, Avant-hier à 10:09

La bande-annonce de la nouvelle saison de Doctor Who est sortie! Nouvelle saison, nouveau docteur, nouvelle compagne, venez les découvrir

Sas1608, Hier à 18:25

Pour les 20 ans de la série, le quartier de Desperate Housewives change de design ! Venez voir ça !

Viens chatter !