4.11

Date : 14 mars 2008

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Lorsque le passé ressurgit trop brutalement, les meilleurs amis ne réagissent pas toujours de la même façon. Tandis que Logan fait appel à Veronica pour aider une "amie", Dick se tourne quant à lui vers un représentant de la gente masculine...

Chasse au trésor anniversaire 20.04.2010:

Waouh, vous m'épatez! Allez, j'essaie de vous coincer avec cette énigme:

Elle est d'amour,
C'est une tomate,
Ou une friandise,
On y tombe parfois suite à une émotion forte,
Qualifie souvent un être niais ou crédule.

Trouvez la réponse et rendez-vous à la fiche du personnage associé à cet objet. Mais attention, cette fois-ci il faudra ouvrir grand vos yeux et fouiller la fiche de fond en comble pour trouver où se trouve l'ultime énigme!

Note de l'équipe: dans cet épisode, vous trouverez les dialogues en italique et les voix-off en gras.

>> Vous pourrez réagir sur ce topic à la fin de votre lecture.

Bonne lecture!

* * *

Assis sur le canapé, face à la table basse du salon, Logan analysait des documents avec sérieux. Dick n'étant pas là, c'était à lui de s'en charger. Mais il était plus de dix-huit heures et il ne s'était toujours pas résigné.
Perdu dans la contemplation des multiples papiers qu'il avait étalés devant lui, il se redressa sur le sofa et soupira bruyamment. Décidé à en finir au plus vite, il ferma les yeux et tendit le doigt au hasard.

"Indien", dit-il à voix haute en penchant brièvement la tête sur le coté.

Le résultat parut le satisfaire et il s'empara alors de son téléphone pour passer commande. Il s’apprêtait à composer le numéro, lorsque la sonnette de l’entrée retentit.
Logan fronça les sourcils puis lança le téléphone sur le sofa pour se diriger dans le hall.
Lorsqu'il ouvrit enfin la porte, il ne vit d'abord personne. Mais un léger grattement de gorge lui fit rapidement baisser les yeux sur une jeune fille aux traits visiblement tirés.

"Heather?" manqua-t-il de s'étouffer.

* * *


Générique.


* * *

Sad Song – Au Revoir Simone

Sous la lumière tamisée du loft, assis sur le canapé du salon, Logan regardait Heather avec inquiétude. Bien qu'il ne tînt pas à la montrer, il ne pouvait guère cacher son appréhension car l'air de la jeune fille le tracassait.

"Comment tu as eu mon adresse?" demanda-t-il dans un premier temps pour ne pas la brusquer.

Heather eut un rictus amer et se souvint…

Debout dans le hall du Neptune Grand Hotel, elle venait d'essuyer un refus catégorique de la réceptionniste. Malgré bien des tentatives, celle-ci n'avait pas consenti à lui donner la nouvelle adresse de Logan. Dans un dernier espoir, elle avait alors essayé de passer un ultime coup de fil. Mais, comme depuis plusieurs heures, le numéro l'avait encore immédiatement renvoyée sur le répondeur. De rage, Heather avait violemment lancé son cellulaire par terre, le brisant ainsi en moult morceaux.
Attiré par le bruit, Dick, qui entrait justement au Neptune Grand, s'était approché d'elle avec son flegme légendaire.

"Là forcément, il va bien moins marcher."

Lorsque Heather avait levé les yeux sur le grand blond et son traditionnel sourire charmeur, elle avait aussitôt compris qu'il ne l'avait pas reconnue. Comment l'aurait-il pu d'ailleurs? La seule fois où ils avaient été en contact, sa sœur et lui l'avaient soigneusement laissée au soin du bon copain dépressif.
Certes elle avait un peu grandi depuis l'année précédente mais de là à la draguer…

"Arrête ton cirque, Dick!" avait-elle râlé en voyant clair dans son petit jeu.

Surpris, il avait froncé les sourcils.

"On se connaît? s'était-il alors enquis en tiquant. Ton visage me dit vaguement quelque chose…
- Ca fait plaisir, avait-elle soufflé en retour. Je dois être la seule belle-sœur que t'aies eue et tu n'es pas capable de t'en souvenir. Une chose est sûre, elle n'aurait pas pu choisir pire mari.
- Hey! Ca y est, je vois! s'était soudain exclamé Dick en lui décrochant un clin d'œil. La petite sœur de Melinda. Comment elle va?"

Heather avait alors soupiré et entrepris de ramasser les bouts de plastique qui jonchaient le sol.

"Ne m'en veux surtout pas, ex beau-frère, avait-elle alors ironisé, mais si je suis venue ce n'est pas pour te faire la conversation."

Les débris dans la main, elle s'était redressée pour lui adresser son regard le plus sincère.

"J'ai besoin de voir Logan…
- Celui-là, je te jure ! s'était alors marré Dick en secouant la tête. Ecoute petite, je me doutais bien qu'il t'avait tapé dans l'œil à l'époque mais il faudra repasser. Plus tard... Quand tu n'auras plus besoin de rembourrer ton soutien-gorge par exemple!"

Bouche bée, Heather l'avait regardé continuer son chemin jusqu'à la réception sans pouvoir répondre quoique ce soit.
Elle avait finalement serré les dents et remis son sac sur son épaule avant d'emprunter la porte tournante pour sortir de l'hôtel tandis que Dick récupérait le courrier qu'il n'avait pas encore faire suivre et taquinait la fameuse réceptionniste. Comme à son habitude.

Après s'être arrêtée quelques secondes devant l'impressionnante façade du Neptune Grand, elle s'était rendue à la cabine téléphonique qui se trouvait sur le trottoir d'en face. Mais encore une fois, le répondeur lui avait renvoyé cette voix insupportablement joviale à l'oreille. Elle avait alors raccroché et fixé du regard le téléphone quelques secondes. Puis, dans un accès de rage, elle s'était subitement ressaisie du combiné pour le raccrocher brutalement plusieurs fois sous le regard médusé de Dick qui venait de sortir.

"Ok. Je ne suis pas expert, c'est vrai, mais t'as l'air d'avoir un sérieux problème.  
- J'ai besoin de voir Logan!" avait alors hurlé Heather en se retournant, sans plus pouvoir se contrôler.

Après un brusque mouvement de recul, les yeux grand ouverts, Dick l'avait dévisagée quelques secondes. Remarquant les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, il avait finalement fini par lui indiquer l'adresse de son loft.

"Il est à l'appart' en ce moment, avait-il ajouté avec méfiance compte tenu de l'état dans lequel elle se trouvait. Vas-y avant que je ne rentre. Je ne tiens pas à savoir ce que tu veux lui dire … ou faire."

Logan sourit à la dernière remarque que lui avait rapportée Heather.

"Je sais que tu m'avais promis qu'on resterait en contact et que c'était plus par politesse qu'autre chose, reprit l'adolescente après l'avoir informé sur ce qu'il voulait savoir, mais je ne sais vraiment plus à qui en parler…"

Un silence s'abattit sur l'appartement.

"Melinda a disparu depuis deux jours", se décida-t-elle enfin à révéler, terrorisée.

Sur le coup, Logan ne sut que répondre et observa le silence quelques secondes en se passant la main dans les cheveux. Puis, après réflexion, il se décida à reprendre la parole.  

"Relativise, Heather. Ce n'est pas la première fois que ça lui arrive. Quand on s'est rencontré, elle partait pour se marier à Las Vegas. Peut-être que cette fois elle a opté pour Atlantic City. Il parait qu'on peut s'y marier aussi."

Le trait d'humour du jeune homme ne parut pas amuser la jeune fille. Sans réponse, elle laissa tomber sa tête contre le dossier du canapé et renifla discrètement.

"Ok, reprit Logan avec sérieux. Qu'est-ce qui te fait dire que cette fois c'est différent?
- D'habitude, elle m'appelle au moins une fois pour me dire de ne pas m'inquiéter. Et elle revient après deux jours. Cette fois, elle ne m'a donné aucun signe de vie. Même pas un texto."

Devant l'anxiété de sa visiteuse, Logan se mordilla la lèvre inférieure un instant puis l'attira à lui pour la consoler.

"On va trouver une solution", lui murmura-t-il en fixant son téléphone des yeux.

* * *

Décidemment, il s’amuse comme un petit fou…

En effet la température de l’eau encore relativement tiède ne semblait pas altérer l’allégresse de Back-Up : courir après la balle que Veronica lançait malicieusement dans l’océan rouge sang semblait être une source intarissable de plaisir. Le manège durait déjà depuis une dizaine de minutes lorsque Veronica jeta un œil à sa montre: 18h20

« Allez, il est temps de rentrer maintenant ! »

Back-Up, la balle dans la gueule, s’immobilisa et dévisagea sa maîtresse.

« Arrête ton cinéma, ça ne marche pas ! »

Le molosse posa son jouet par terre et se laissa choir sur le sable blanc. Il posa la tête sur les pattes avant, le regard plus suppliant que jamais. Veronica hocha la tête.

« Tu es insupportable…Encore cinq minutes, et on rentre ! »

Le pit-bull se redressa immédiatement, l’œil brillant, la queue frétillante, et poussa un jappement de contentement. Veronica éclata de rire et envoya la balle le plus loin qu’elle le pouvait. Back-Up se précipita tandis que sa maîtresse se massait douloureusement le bras.

Ouch, ça fait mal ! Peut-être pas autant que de se prendre une balle dans l’épaule mais quand même…

Le portable de la petite blonde retentit et, avec un sourire, elle décrocha sans hésiter.

« Quand on parle du loup !
- Du loup ? Tu plaisantes, je suis un véritable agneau !
- De l’agneau tu n’as que le silence, Hannibal !
- J’ai toujours su que je te fascinais Clarice… Ce qui d’ailleurs m’arrange, car j’ai justement besoin d’une stagiaire au FBI !
- Ex stagiaire. »

Veronica relança la balle à Back-Up. Sa curiosité avait été piquée au vif : dans quelle panade Logan Echolls s’était-il encore fourré ?

« Bon, et quelle partie de ton anatomie s’est retrouvée sur le Net cette fois-ci ?
- Fais attention Ronnie, tu tends le bâton pour te faire battre… »

Veronica se mordit les lèvres mais Logan reprit :

« Passons. En l’occurrence, je t’appelle pour aider une ... »

Il hésita avant de conclure :

« … amie. »

Veronica, surprise, s’immobilisa.

« Amie ou… petite amie ? »

A l’autre bout du combiné, Logan tourna la tête vers Heather et sourit.

« Petite amie, on peut dire ça comme ça oui. »

Veronica relança la balle à Back-Up, plus fort qu’elle ne l’avait encore jamais fait.

« Il s’agit de Heather, poursuivit Logan face au silence de Veronica. Tu l’as déjà croisée dans l’ascenseur du NGH avec moi. Elle portait un de tes tee-shirts, tu t’en souviens ?
- Parce que tu… »

Mais soudain le souvenir surgit des méandres de sa mémoire.

« Oh… Heather! se récria Veronica.
- Heather. »

La jeune fille toussota.

« Oui et donc, que puis-je faire pour cette charmante enfant?
- Tu devrais venir, elle t’expliquera elle-même.
- Je serai là dans une demi-heure environ.
- Parfait. »

Back-Up ramenait justement la balle lorsque Veronica raccrocha.

Allez Veronica : de la fermeté cette fois, mais tout en douceur. Nom de code de l’opération : « main de fer dans un gant de velours »…

Elle referma le jouet dans son poing et annonça d’une voix inflexible :

« Bon, maintenant il faut vraiment qu’on rentre »

Back-Up l’observa quelques secondes, visiblement fâché. Enfin il finit par s’ébrouer, trempant sa maîtresse de la tête aux pieds. La bouche ouverte, les mains en l’air, Veronica réprima le cri qui montait dans sa gorge. De toute façon, ça n’aurait servi à rien : le coquin cavalait déjà en direction de l’appartement. La jeune fille prit une profonde inspiration pour se calmer et récupéra son portable.

« Allo Logan ? Je risque d’avoir un peu de retard finalement… »

* * *

Au même moment, à Hearst, un grand blond avec deux chaussures noires faisait les cent pas devant un amphithéâtre. Quoique son regard rivé sur la porte fût parfois attiré par le postérieur galbé d’une jolie étudiante, il semblait bel et bien tendu et soucieux. Enfin la porte s’ouvrit, dégurgitant son flot d’étudiants. Le grand blond se précipita et, se haussant sur la pointe des pieds, chercha quelqu’un du regard dans la salle.

« Tu sais, le cours de danse classique ce n’est pas ici Dick »

La plante des pieds du jeune homme retrouva l’écorce terrestre illico et il tourna la tête pour découvrir l’origine de la voix moqueuse.

« Kenny…
- Tu te souviens de moi ? Quel honneur ! se gaussa l’assistant du cours de criminologie.
- Comment oublier l’organisateur du concours où votre meilleur ami a failli se faire tuer ? ironisa Dick
- Si seulement ça avait marché, soupira Kenny en levant les yeux au ciel, visiblement désolé et contrarié. Il faudra que je donne des cours de tir à Veronica avant la prochaine tentative.
- Et depuis quand voulez-vous donner des leçons particulières à ma fille Kenny ? »

Les deux interlocuteurs firent volte-face : Keith Mars, souriant, fermait la salle de criminologie à clef.

          

« C’était une plaisanterie Mr Mars. Je taquinais seulement un peu Dick qui cherchait quelqu’un désespérément.
- Qui, Susan ? plaisanta le professeur.
- Heu, non… En fait c’est vous que je cherchais Mr Mars » souffla Dick, visiblement gêné.

Kenny se tourna vers Keith. L’un et l’autre échangèrent un regard surpris.

« Peu importe qui ce jeune homme recherchait… En revanche, j’aimerais beaucoup savoir qui est cette Susan, Keith ? »

Cette fois, la voix était féminine : Evelyn Foster, visiblement réjouie de son entrée fracassante, s’immisça dans la petite bande masculine. Keith lui sourit et répliqua, lui aussi sur le ton de la plaisanterie :

« Oh, une vieille fille qui a préféré troquer le doux prénom de « Veronica » par un nom de scène en sept lettres… Le chiffre du diable !
- Oh celle-là ! Rassure-toi chéri, elle n’est pas à l’affiche du film de ce soir, répliqua la doyenne. A ce propos, je venais te confirmer que j’avais réussi à obtenir des places pour l’avant-première de demain soir. Tu passeras me prendre à dix-neuf heures ? »

Kenny détourna la tête à la recherche d’un regard de Dick qui lui signalerait qu’il était tout aussi gêné par la situation qu’il ne l’était lui-même. Mais l’étudiant blond, sourcils froncés, semblait trop absorbé par le comptage de ses doigts pour avoir prêté l’oreille au petit échange.

« Dix-neuf heures, c’est entendu.
- A demain chéri. »

Evelyn avança dans le couloir mais fut arrêtée par un cri de joie. C’était Dick, s’écriant :

« Madonna ! »

La doyenne fronça les sourcils.

« C’est de Madonna que vous parliez, c’est ça ? Le nom de scène en sept lettres… Madonna ! »

Demi-tour dédaigneux d’Evelyn, soupir de Kenny, petit rire de Keith.

« Mr Mars, j’ai un rendez-vous très important mais voulez-vous que je le reporte afin de vous aider pour le « cas Dick » ? demanda Kenny, mi-sérieux mi-ironique. Je crois que nous ne serions pas trop de deux pour faire entrer quelque chose dans cette cervelle…
- Non, ça ira Kenny. Rompez ! »

L’assistant sourit et s’éloigna. Le visage de Keith devint alors grave  et, empoignant le bras de Dick, le poussa à le suivre dans les couloirs.

« Je croyais que nous devions être discrets ? Heureusement pour toi que je suis bon acteur…
- Oui mais ça fait déjà cinq jours et vous ne m’avez pas encore donné de nouvelle.
- Dick, je te rappelle que je n’exerce plus et que c’est uniquement par courtoisie que j’ai accepté d’enquêter pour toi. Même si tu ne le mérites pas toujours, gentleman... »

Dick eut un sourire en coin au souvenir de la petite scène au restaurant quelques semaines plus tôt.

« Mr Mars, je vous suis très reconnaissant mais il faut que je sache, et vite. Mon père sort de prison dimanche et j’ai vraiment besoin de savoir s’il est clean ou pas désormais.
- Oui, eh bien je te répète que je fais ce que je peux Dick »

Cette fois, le ton de la voix était plus ferme. Dick sentit qu’il avait été trop loin. Il baissa la tête, un peu embarrassé.

« Je suis désolé. Mais vous comprenez, j’ai déjà été trop déçu… Mon père… Beaver… Je veux pas que ça recommence. »

Il releva la tête, une étrange lueur au fond des yeux :

« Mais peut-être qu’il a vraiment changé cette fois, peut-être que je pourrais quand même avoir une sorte de… De … famille. Vous savez, entre Logan et Charlie ça roule, enfin ils viennent de se disputer en l’occurrence mais c’est sûr, ça va passer. On sent qu’ils sont proches et j’aimerais avoir… J’aimerais avoir « ça ». »

Keith poussa un soupir et secoua la tête.

« Je comprends tout à fait Dick, mais j’aimerais que tu prennes conscience du peu de marge de manœuvre que j'ai. Je te rappelle que j'ai été rayé de la liste des P.I. et que si on apprend que j’enquête à nouveau, je pourrais avoir des problèmes… Je dois être prudent, et patient. Mais si tu es pressé, demande à Veronica elle…
- Non, pas Veronica ! se récria Dick. Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas qu’elle soit mêlée à tout ça, ce sont mes affaires.
- Très bien, mais dans ce cas-là arrête de me harceler, je peux t’assurer que je fais mon possible. Je te recontacte si j’ai du nouveau. »

Keith lâcha le bras de Dick et continua sa route seul. Au détour d’un couloir, il s’arrêta et jeta un coup d’œil au jeune homme, toujours planté là où il l’avait laissé. Penaud, il regardait ses deux chaussures noires. Keith balança la tête de droite à gauche, un sourire proche du rictus au bord des lèvres.

« Presque aussi doué que Back-Up pour m’amadouer… »

* * *

Il faisait nuit lorsque Veronica se gara en bas de l'immeuble. Après avoir coupé le moteur de sa vieille Mustang, elle sortit du véhicule en refermant sa veste sur elle. Elle traversa la rue qui la séparait de l'entrée en petites foulées et s'introduisit aussitôt dans l'ascenseur.

J'ai toujours trouvé drôle cette manie que les gens riches ont de se trouver là où les ascenseurs sont les plus hauts. Est-ce que le nombre d'étages traduirait le pouvoir d'un homme?

Jetant un coup d'œil distrait à la cabine et à son immense glace, Veronica tapotait son doigt sur la barre contre laquelle elle s'appuyait. La petite musique d'ambiance ressemblait étrangement à celle qu'on lui collait dans les oreilles chaque fois qu'elle appelait le service des immatriculations.

On ne peut forcément pas avoir le pouvoir … et le bon goût.

Arrivée à destination, elle se dirigea vers le palier de l'appartement de Logan avant de cogner son poing contre la porte en une mélodie cadencée.  
Il ne fallut que quelques secondes au jeune homme pour venir lui ouvrir. Sa rapidité traduisant son impatience.

"J'espère que tu as commandé à manger parce que je meurs de faim", lança-t-elle en pénétrant dans l'appartement sans attendre d'y être invitée.

Logan, devancé, fit signe d'entrer à un courant d'air. Il referma alors la porte tandis que Veronica lâchait déjà son sac au pied du mur.

"C'est marrant, lança-t-elle en continuant son chemin. J'étais pourtant persuadée que Kevin Hill était noir…"

Alors qu'il empruntait seulement le hall d'entrée, Veronica, elle, était déjà dans le salon.

"Et Mary Poppins, une femme… Je suis à peu près sûr d'avoir passé en revue toutes les remarques que tu pourrais me faire.
- Tu me connais si bien!" ironisa-t-elle en forçant son sourire.  

Voyant Heather perdue au milieu de leur conversation, Veronica fit le tour de la table basse pour s'asseoir à côté d'elle.

"J'imagine que tu es la "petite amie". Il n'a jamais été très doué pour les compliments", lui expliqua-t-elle en faisant mine de baisser d'un ton.

Logan, amusé, jeta un œil par la vitre en enfouissant ses mains dans ses poches.

"On n'a jamais été officiellement présentées, continua-t-elle en tendant sa main droite à l'adolescente. Enchantée."

La jeune fille répondit à son geste avec un peu moins d'entrain que la petite blonde. Elle n'avait pas le cœur à plaisanter.

"Il paraît que tu as besoin d'aide…"

Veronica se défit de sa veste et la tendit à Logan sans même le regarder. Le jeune homme, surpris, ouvrit la bouche mais resta sans voix. Il s'empara finalement du vêtement à contrecœur et le lança sur un fauteuil avant de se laisser tomber sur un autre.

"Ma sœur a disparu. Je n'ai plus de nouvelles et je n'arrive pas à la joindre.
- Depuis combien de temps?
- C'est le troisième jour. Ecoute, je sais que ce que tu as entendu sur elle ne joue pas en sa faveur…
- C'est sûr qu'épouser Dick, la coupa Veronica en grimaçant, ne serait-ce que le temps d'un week-end, c'est un fardeau qui vous suit toute votre vie."

Logan réprima les propos de la détective par un regard, lui intimant ainsi de ne pas en rajouter.

"Non mais faut être franc", lui répondit-elle alors en levant ses deux paumes de mains au ciel.

Logan abandonna l'idée de la raisonner et détourna la tête en se massant le cou.

"Qu'en disent tes parents?
- Je n'en ai plus", se contenta de répondre Heather en posant un regard froid sur la table.

Veronica sentit immédiatement le malaise et leva les yeux sur Logan qui, lui, couvait l'adolescente d'un regard compatissant. Elle en apprendrait mieux plus tard.

"Ok, reprit-elle alors plus calmement, on va aller voir la police. Il faut de toute façon commencer par signaler sa disparition si le délai de quarante-huit heures est atteint."

Alors que Veronica était sur le point de se lever, l'adolescente l'interrompit.

"Je l'ai déjà fait. Je suis passée au bureau du shérif cet après-midi.
- Alors ils vont commencer les recherches, la rassura l'enquêtrice avec un sourire amical.
- Cet idiot de Van Lowe n'a pas eu l'air de penser la même chose", répliqua Heather en baissant la tête.

A l'annonce du nom du shérif, Veronica s'était redressée. Elle dévisageait maintenant la jeune fille.

Que nous a encore trouvé ce cher shérif pour nous divertir cette semaine?

Face à son silence, Heather explicita ses propos.

"Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, que c'était "assez fréquent chez les grandes sœurs majeures et qu'elles revenaient toujours lorsqu'elles avaient vidé leur portefeuille". Il a aussi dit que s'il se mettait à rechercher toutes  les femmes en quête de grands frissons, les détectives n'auraient plus de quoi vivre."

Veronica soupira en fermant brièvement les yeux. Comment Vinnie pouvait-il répondre ça à une enfant morte d'inquiétude?

"Mais c'est quoi son problème exactement? grogna-t-elle entre ses dents et en crispant ses doigts.  
- On va la retrouver, Heather."

Les coudes appuyés sur ses genoux, c'était au tour de Logan de tenter de rassurer la jeune fille pendant que Veronica montait en pression.

"Je ne comprends pas, avoua Heather perdue, est-ce que la police n'est pas censée rechercher les gens qui disparaissent?
- Si, répondit-il après un rictus. Mais seulement lorsqu'elle est compétente."

Il se leva de son fauteuil et se dirigea vers la cuisine. Il se souvenait subitement de toutes les fois où il avait eu affaire à la police: la disparition de sa mère, la mort de Lilly et mêmes ses propres inculpations. Rien ne s'était jamais passé facilement.

"Je vais la rechercher, Heather", finit par dire Veronica.

Fouillant dans son sac, elle en ressortit son petit calepin qu'elle ouvrit sur une nouvelle page vierge. Armée de son stylo, elle reprit:
"Je vais avoir besoin que tu me donnes ton adresse, tes clés d'appartement et quelques renseignements."

En réponse, Heather lui sourit timidement, soulagée qu'on prenne enfin sa crainte au sérieux. Après avoir soufflé quelques secondes, Logan réapparut avec un verre d'eau qu'il tendit à l'enfant.
Veronica commença son interrogatoire.

* * *

Lullaby – Matt Costa et Jack Johnson


      Devant la table du salon recouverte de boîtes en cartons vides marquées d'un idéogramme indien, Logan et Heather regardaient la télévision dans la pénombre. Sans un mot. L'adolescente tenait ses genoux serrés sous son menton et ne bougeait pas d'un cil comme si la tension la maintenait en éveil. Elle semblait crispée tandis que Logan s'était avachi à l'autre bout du canapé. Il lui jetait quelques regards du coin de l'œil de temps à autre, un peu préoccupé par son silence et son air malheureux. Les péripéties de Zach Braff et Natalie Portman dans Garden State ne semblaient suffire à la dérider. Peut-être aurait-il dû opter pour une autre comédie?
Ne trouvant rien à dire à la jeune fille pour la rassurer, il soupira en silence et reporta son attention sur le film.

Malgré l'ordre qu'il s'était intérieurement donné de ne plus se préoccuper d'elle avant la fin du film, il tourna à nouveau imperceptiblement la tête dans sa direction. C'était plus fort que lui, il s'inquiétait pour elle car, se rappelant ce qu'elle l'avait aidé à traverser un an plus tôt, c'était un juste retour des choses. Sans compter qu'il savait ce que c'était que de se retrouver soudainement sans famille et il souhaitait pouvoir l'aider mais ne trouvait jamais quoi dire ou faire pour bien agir.
Cependant, un petit sourire apparut sur le visage de Logan. Toujours dans la même position, elle s'était finalement endormie. A la différence près que ses mains gisaient maintenant sur ses pieds joints. Il coupa alors la télévision et se leva du sofa. Il s'éloigna quelques secondes pour revenir avec une couverture qu'il posa sur l'accoudoir. En faisant attention de ne pas la réveiller, il glissa ses mains sous son corps et la souleva pour la mener jusqu'à sa chambre. Il la posa doucement sur un bord du matelas et la recouvrit de l'autre moitié du dessus-de-lit. Sans un bruit, il referma enfin la porte et se rendit à nouveau dans le salon. Il déplia la couverture et s'allongea sur le canapé. Rassuré qu'elle se soit un peu décontractée, il s'endormit à son tour.


Il était tard lorsque Veronica rentra chez elle. Mac était déjà couchée mais Back Up l'attendait. Fidèle à sa maîtresse, le chien était resté assis sur le canapé, droit comme un piquet. Elle le soupçonnait d'être resté ainsi depuis son départ. Quand elle ouvrit la porte, elle vit ses oreilles se dresser et il descendit en trombe de son perchoir pour l'accueillir. Elle prit le temps de le caresser quelques instants puis se dirigea d'un pas lourd vers sa chambre. La journée avait été longue et la nuit allait être courte.

* * *

Le lendemain matin, dans un appartement vide, comme c'était souvent le cas depuis quelques mois maintenant, Keith mangeait son petit-déjeuner en prenant des notes. Sur le bloc de papier qui se trouvait à côté de son bol de café, il rayait des noms et des numéros de téléphone au fur et à mesure qu'il raccrochait le combiné. Il n'en restait plus qu'un sur sa liste.

"Dernière chance", murmura-t-il pour lui-même en se saisissant à nouveau du téléphone sans fil.

Après avoir composé le numéro qu'il venait de lire sur la feuille jaune, il se racla la gorge en portant l'appareil à son oreille et se mit à tapoter sa petite cuillère contre la table.
Il avait perdu bon nombre de ses contacts depuis qu'il avait, en quelque sorte, changé de branche. Certains lui avaient tourné le dos et il avait simplement perdu les autres de vue avec le temps. Ce qui ne lui facilitait pas la tâche. Il aurait pu faire appel à Cliff une fois de plus, mais n'agissant plus officiellement comme détective, il ne tenait pas à le compromettre. Il fallait donc que tout reste officieux.
On décrocha à l'autre bout du fil.

"Allo Simon? Keith Mars", accueillit-il son interlocuteur avec chaleur.

* * *

A quelques petits kilomètres de là, une autre Mars s'activait. Après avoir avalé un rapide café, elle s'était aussitôt rendu à Mars Investigations.
Assise derrière son bureau, elle consultait les notes qu'elle avait prises la veille pour organiser ses recherches. Elle commença par se diriger sur Privateyez.

Que caches-tu dans tes placards, Melinda?

Si elle avait bien appris quelques choses durant toutes ces années, c'était que personne n'était innocent et que tout le monde cachait quelque chose.
Après quelques clics, la page dédiée à la jeune femme s'ouvrit. Des contraventions, des impayés. Elle avait apparemment la fâcheuse manie de toujours prendre du retard dans ses règlements.

Rien de bien grave à première vue. Rien qui ne justifie un enlèvement ou une fuite en tous cas.

Se mordillant la lèvre inférieure, Veronica réfléchit un instant. Puis elle se saisit du numéro à douze chiffres qui était répertorié parmi les informations que lui donnait le site Internet et, par quelques manières détournées, l'utilisa pour visiter ses relevés de compte. Soudain, ses yeux devinrent ronds comme des balles de golf.

Huit mille dollars de découvert? Ca fait une sacrée somme… Pas étonnant que les chèques soient si difficiles à remplir en fin de mois.

La jeune détective lâcha sa souris et se laissa tomber contre le dossier du fauteuil. Son expérience lui criait qu'elle tenait là le motif de cette disparition. Restait à comprendre le pourquoi et le comment de toute cette histoire.  
Pensant à Heather qui demeurait sans doute dans l'ignorance de ces problèmes pécuniaires, sa bouche se tordit en une grimace compatissante. Leur vie ne devait pas être simple au quotidien.

* * *

Une petite heure après son dernier coup de téléphone, Keith se rendit à la prison du comté. Il passa la première porte grillagée et se dirigea vers le bureau d'accueil. Il connaissait le chemin par cœur depuis le temps.

"Qui venez-vous voir? demanda un agent, aussi aimable que la porte d'entrée.
- Richard Casablancas", répondit Keith avec un sourire chaleureux.

L'homme en uniforme sortit une liasse de feuilles fixée sur un support en métal et le fit claquer sur le comptoir.

"Ecrivez vos nom et prénom et signez là!"

Comme il lui tournait déjà le dos pour s'affairer ailleurs, Keith prit son temps pour feuilleter le document et prendre connaissance de ce qui l'intéressait. Aucune visite ce mois-ci autre que celle de son avocat.
Il remplit alors les renseignements qu'on lui demandait et rendit le tout à l'agent.

"Troizième bloc à droite. Vous avez vingt minutes", lui répondit ce dernier sans même le regarder.

* * *

Le trousseau de clés d'Heather à la main, Veronica patientait sur le palier de l'appartement de Melinda. Elle venait de sonner mais, comme prévu, personne ne semblait être là. Avec prudence, elle enfila alors la clé dans la serrure et ouvrit la porte. Elle tendit l'oreille quelques secondes afin d'être sûre de ne déranger personne. Ne constatant aucun bruit, elle pénétra enfin dans l'habitation et entama son tour du propriétaire.

On dirait bien que Dick lui a donné quelques conseils en matière de rangement…

De la vaisselle sale gisait encore dans l'évier et des vêtements traînaient un peu partout dans le salon. Décidée à fouiller la chambre de la disparue en premier, elle se mit en quête de la pièce. Elle ouvrit une première porte et tomba sur la salle de bain. Elle poursuivit alors son chemin et passa la tête dans une autre. Veronica resta scotchée un instant. Elle venait subitement de rentrer dans un monde parallèle. Intriguée, elle ouvrit la porte en grand et cligna des yeux. La chambre, qui devait être celle d'Heather si elle en croyait les posters et les peluches qui trônaient sur le lit, était impeccablement rangée. Le lit était plié au carré, ses cahiers et livres rangés et alignés. Rien ne dépassait. Veronica resta immobile au milieu de la pièce. Abasourdie, il fallait qu'elle gratte sous la surface. Elle s'avança alors et ouvrit la penderie. Elle tira le cordon qui pendait devant ses yeux et fut subjuguée lorsque la lumière apparut. Tout était classé par genre, couleur et saison. Un vrai rayon de magasin. Heather était réellement particulière!
Avec petit sourire d'amusement, elle referma le placard et se rendit dans la chambre de Melinda. Le contraste était violent. Mais malgré le capharnaüm, elle mena son enquête et trouva un ordinateur portable ainsi qu'un agenda qu'elle récupéra. Elle termina enfin son investigation dans les pièces principales. Après un passage obligé par la poubelle, elle découvrit, sur le bar de la cuisine, une corbeille remplie de papiers en tous genres. Elle y jeta un œil et en sortit un relevé de compte et une fiche de paie.
Melinda travaillait donc dans un bar…

* * *

Keith était assis depuis une poignée de minutes quand Richard Casablancas apparut, combinaison orange et menottes aux poignets. Le prisonnier parut étonné d'avoir de la visite, qui plus est de la part de l'ancien shérif de Neptune.

"Pour une surprise! lança-t-il après s'être assis sur la chaise métallique qui lui était destinée.
- Monsieur Casablancas, le salua simplement Keith.
- Que me vaut l'honneur?
- Je me suis dit qu'un peu de compagnie vous ferait plaisir. Il paraît que les avocats n'ont pas d'humour.
- En revanche, moi, il va m'en falloir beaucoup pour arriver à rire de la situation. Figurez-vous qu'en prison aussi on lit les journaux. Comment se fait-il que vous soyez libre alors que je croupis derrière les barreaux, Monsieur Mars?"



Keith ne répondit rien à ses insinuations et en revint au sujet qui l'amenait.

"Je viens pour vous parler de votre fils.
- Richard Jr.?" s'enquit-il, surpris.

L'ex shérif se garda bien de lui rappeler qu'il ne pouvait s'agir que de lui et poursuivit.

"Il s'inquiète…"

* * *

Buffalo Bar. C'était ce qu'indiquait l'enseigne lumineuse qui clignotait sur la façade de l'établissement. Lorsqu'elle poussa la porte du bar, Veronica fut saisie par l'odeur acre de cigarettes mêlée à celle de l'alcool. Souvenir d'années de consommation. Compte tenu de l'heure, les lieux étaient déserts. Seul un barman s'affairait derrière le zinc. Elle s'avança vers lui et grimpa sur un tabouret.
En entendant du bruit derrière lui, l'homme arrêta son inventaire et se retourna. Il sourit et plissa les yeux de malice.  

"Ce n'est pas un peu tôt pour boire?
- Il n'est jamais trop tôt pour commencer, répondit Veronica en lui rendant son sourire.
- Je vais être obligé de te demander une carte d'identité…
- Petit flatteur!"

Pour toute réponse, Veronica sortit sa carte de détective privée et lui la tendit.

Ce n'est pas parce que tu es mignon que ça va te dispenser de répondre à mes questions.

Le barman tenta tant bien que mal de réprimer son sourire. Il semblait amusé par la situation.
Veronica haussa les épaules, faussement désolée, poursuivant ainsi le petit jeu auquel ils avaient commencé à se livrer.  

"Oui… c'est généralement l'effet que je produis.  
- Tu viens de briser des années de technique de séduction, la réprimanda-t-il. J'espère que tu t'en veux!
- Tu n'imagines pas à quel point", dit-elle en secouant la tête de désolation.  

L'hameçon avalé, elle n'avait plus qu'à ferrer le poisson. Elle allait maintenant pouvoir l'interroger à volonté sur sa collègue Melinda.  

* * *

"Veronica, on est samedi. Et il n'y a que toi pour te lever si tôt un jour pareil!"

A la cuisine, Mac avalait ses céréales, les yeux encore à moitié fermés par le sommeil.

"Qu'est-ce que tu faisais dehors avant midi?"

De l'autre côté du bar, assise sur le canapé, Veronica tentait d'allumer l'ordinateur qu'elle avait pris le soin de récupérer chez Melinda et Heather.

"Mais la même chose que chaque nuit, Minus. Je tentais de conquérir le monde." *

Intriguée, Mac se leva de sa chaise et parcourut les quelques mètres qui la séparaient de sa colocataire, en traînant les pieds, bol et cuillère entre les mains.

"Qu'est-ce que tu mijotes encore?
- Je n'arrive pas à trouver le mot de passe…" répondit Veronica sans lever le nez de l'écran.

Mac ricana.

"Et c'est qui Minus maintenant?!"

La petite brune abandonna aussitôt ses céréales sur un bord de la table basse et se laissa tomber à côté de son amie. D'un coup de fesse, elle la poussa afin de se trouver face au pc.
Tandis que Mac pianotait déjà sur le clavier, Veronica se leva, un sourire vainqueur aux lèvres, et se mit à chantonner.

"Cortex le génie, minus l'abruti,
Leur obsession profonde
C'est conquérir le monde…"

Mac redressa la tête et la fusilla du regard. Elle venait encore de se faire avoir.

* * *

Veronica contemplait effarée le spectacle qui s’offrait à elle. Depuis sa dernière visite, la table du salon avait disparue sous les emballages de nourriture, les boîtiers de jeux vidéo et autres DVD.
Après lui avoir ouvert la porte Logan avait repris la position exacte qu’il avait lorsqu’elle l’avait quitté la veille. Avachi au milieu des manettes de consoles, il terminait son petit déjeuner.

« Fais comme chez toi » tenta-t-il d’articuler la bouche pleine.

Veronica plissa le nez et s’approchant de lui, saisit la boite en carton qui gisait à côté du jeune homme. Elle haussa un sourcil en déchiffrant l’inscription.

« Captain Crunch? Tu n’es pas un peu vieux pour ça Logan ?
- Je m’adapte à mes invités ! » lança-t-il en désignant d’un mouvement de tête Heather qui venait de pénétrer dans la pièce.

« Hé c’est pas vrai ! Il m’a dit qu’il les avait acheté pour le jeu en cadeau » s’offusqua l’adolescente.

Logan sourit d’un air angélique à Veronica.

« Qu’est-ce que tu veux ? J’ai gardé mon âme d’enfant » tenta-t-il de se défendre.

Puis se tournant vers Heather

« On t’as jamais dit que c’était mal de cafter ? »

La jeune fille lui tira la langue en s’affalant à ses côtés.

« Mentir c’est mieux ? »

Veronica sourit amusée par la joute verbale des deux  enfants.

Le bruit fracassant de la porte d’entrée annonça l’arrivée de Dick. En pénétrant dans le salon, il jeta un coup d’œil aux personnes présentes, et haussant un sourcil, s’adressa à Logan.

« Eh ben, je te laisse à peine une soirée et je te retrouve avec ton ex et une fille ayant à peine atteint l’âge de la puberté! Je savais pas que t’étais aussi désespéré que ça » s’exclama-t-il. Fallait me le dire si tu voulais que je te trouve une camarade de jeu… » ajouta-t-il en secouant la tête l’air faussement peiné pour son ami.

Veronica et Heather se regardèrent, exaspérées par l’attitude du surfeur. Logan soupira et décida d’ignorer son colocataire.

« OK, j’ai compris ! Ma présence dérange. Je vais vous laisser vous amuser. »

Faisant volte face, il se dirigea de son pas nonchalant vers sa chambre. Logan se replongea dans la lecture de sa boîte de céréales, tandis que Heather allumait la télé.

« Nan Dick attends ! »

Relevant la tête simultanément, Logan et Heather se tournèrent vers Veronica, étonnés de voir la détective réclamer la présence de Dick. Le grand blond lui-même paraissait surpris qu’elle semble faire attention à sa présence.

Elle les regarda à tour de rôle et haussa les épaules.

« Ben oui ! s’exclama-t-elle. Il peut peut-être nous aider à avoir des renseignements sur Melinda. »

Logan ne put retenir un rictus.

« Qu’est-ce que tu veux qu’il t’apprennes? Sauf peut-être ses mensurations… Il a passé 48 heures avec elle ! Ok je te l’accorde c’est plus que la moyenne, mais je suis sûr qu’il est incapable de se souvenir de son nom de famille, pourtant il a dû le prononcer pendant la cérémonie ! »

« Je plaide les circonstances atténuantes ! déclara l’intéressé. Elle m’avait fait boire. Et tu sais que Dick ne résiste pas à une jolie fille quand il est sous l’effet de l’alcool, même si la demoiselle a des doigts de pieds monstrueux ! D’ailleurs j’espère pour elle que c’est pas de famille » murmura-t-il en louchant sur Heather.

« Dick ! » grondèrent Veronica et Logan d’une même voix.

Heather assise sur le canapé, ramena ses pieds sous elle.

Veronica se leva de l’accoudoir du canapé sur lequel elle s’était assise pour aller récupérer son sac qu’elle avait laissé un peu plus loin. Elle en retira une liasse de feuillets quel agita sous le visage de Dick.

« Voilà tout ce que j’ai pu trouver pour le moment  sur ta chère ex femme. Maintenant j’aurais besoin que quelques connexions se fassent là-haut pour que tu puisses m’en dire plus sur elle » expliqua-t-elle en lui tapotant le front à l’aide du paquet de feuilles.

« Par exemple saurais-tu m’expliquer pourquoi une étudiante travaillant dans un bar et n’ayant pas de grosses charges, a un découvert de 8000 euros ?
-Peut-être que son salaire de serveuse n’était pas suffisant pour financer ses voyages à Vegas ?
-Comment ça ses voyages ? s’étonna Veronica. Melinda est une habituée de la ville du pêché ?
-En tout cas c’est une habituée du pêché, si tu vois ce que je veux dire » répliqua Dick en clignant de l’œil, fier de sa trouvaille.

"Dick s’il te plait ! s’énerva Logan. Je te rappelle que sa petite sœur et dans la pièce, ajouta-t-il en baissant le ton.
-Je sais que Melinda…aime les garçons, lança Heather du fond de son canapé. D’ailleurs, si je peux me permettre, elle n’est pas toujours très regardante sur la marchandise…"

Logan dévisagea la jeune fille, mi choqué, mi amusé. Veronica ne put s’empêcher de pouffer.

« Je crois que c’est sa vengeance pour les pieds monstrueux »

Dick vexé de s’être fait remettre à sa place par une gamine de douze ans pris l’air renfrogné et changea de sujet.

« Ouais donc Melinda était une habituée de Vegas. C’est elle qui a eu l’idée d’y aller pour le week end. Sur la route elle disait qu’au Ceasar Palace, elle serait ma Cléopâtre. Mais je suis pas fan des vieux films, donc j’ai pas trop compris.
-Surprenant, railla Veronica. Et tu connais le motif de toutes ses escapades ?
-Parce qu’ils ont des supers chambres avec jacuzzi !

Veronica fronça les sourcils, faisant comprendre à Dick que ce n’était pas le moment de faire des blagues douteuses.

«Je sais pas moi ! Peut-être parce que le Montecito est plus près de Neptune que Monte Carlo.
-Tu veux dire qu’elle aimait jouer ?
-Je veux dire que j’ai jamais vu quelqu’un être autant excitée à l’idée de s’approcher d’une table de Black Jack. C’est pas compliqué le seul moment où elle a arrêté de jouer, c’est quand elle m’a entraîné dans la chapelle la plus proche…et pendant la nuit de noces bien sûr ! »

Veronica semblait réfléchir, puis elle se saisit de la pile de documents qu’elle avait sorti de son sac et en retira un feuillet. Elle poussa Logan pour se faire une place sur le canapé, et après avoir dégager un peu d’espace sur la table basse, elle déposa la feuille de papier devant elle et se plongea dans sa contemplation. Logan, Heather et Dick, intrigués se penchèrent vers elle pour chercher à savoir ce qu’elle allait découvrir.

Au bout de quelques minutes, elle releva brusquement la tête faisant ainsi sursauter les trois autres.

« Ca me fait mal de l’avouer, fit-elle l’air peiné. Mais Dick a raison. Elle grimaça. A en croire les mouvements de son compte, ta grande sœur est bien une flambeuse » affirma-t-elle.

Heather intriguée, attrapa le relevé de compte et chercha parmi les suites de chiffres, les informations que Veronica avait su en tirer.

« Comment tu peux affirmer ça à partir d’un banal relevé bancaire ?
-C’est simple, affirma la jeune détective. Regarde… Tu vois ces gros retrait? Un tous les mois environ. Ca pourrait  très bien être la mise de départ de Melinda, lorsqu’elle allait à Las Vegas. D’ailleurs est-ce que tu sais ce que faisais ta sœur le 6 janvier? » demanda-t-elle à Heather après un bref coup d’œil au document.

Heather se concentra quelques instants et finit par répondre.

« J’en ai aucune idée. J’étais chez une copine ce week-end-là.
- Et le 23 février ?
- Tout ce que je sais, c’est qu’elle n’était pas à la maison. Je crois qu’elle a passé deux jours avec ses amis, je ne sais plus où.
- Elle aurait donc très bien pu aller dans le Nevada. Ces sommes seraient donc celles perdues dans les casinos de Vegas, ce qui expliquerait le découvert de 8 000 dollars. Pas étonnant qu’avec son salaire de serveuse, elle n’est pas pu renflouer son compte. Et que ses dettes se soient accumulées. »

Elle reprit le document des mains d'Heather et l’examina une nouvelle fois en fronçant les sourcils.

« Avec ce découvert, elle doit être interdite bancaire. Etant en difficulté financière, cela pourrait expliquer sa disparition. Reste à savoir quelles en sont les raisons exactes. »

* * *

« Tu veux boire quelque chose ? » demanda Logan tout en ouvrant le frigidaire.

A peine avait-t-il jeté un coup d’œil à l’intérieur de celui-ci qu’il se mordit les lèvres, regrettant d’avoir posé cette question. Des bières, blondes, brunes, blanches, il y avait de tout, Dick étant aussi hétéroclite pour les bières que pour les femmes. Mais rien d’autre à proposer.

Heureusement, la voix féminine répondit que non.

Logan sourit… Sauvé par le gong, il avait déjà imaginé les réponses sarcastiques de son invitée.
Il se décapsula une canette et en prit une au hasard pour Dick et retourna dans le salon

Veronica l’y attendait, débout, les mains dans les poches. Elle observait d’un œil désabusé Dick se livrer une bataille titanesque face à une jeune ado : bondissant du canapé, agrippé à sa manette, il ponctuait chaque coup d’un mime ou d’un cri.

Logan posa la bière pour Dick sur la table devant lui et se retourna vers la jeune femme.

«Depuis que tu es passée ce matin, tu n’as rien de nouveau ... à part … ton hypothèse ?, dit-il en jetant un coup d’œil gêné à Heather concentrée sur sa partie acharnée avec Dick
- Non mais ses mouvements bancaires sont certainement la meilleure chance que nous ayons. A part si nous avons à faire face à Al Capone en personne, ce qui je te le rappelle est impossible …nous devrions facilement remonter la piste et avoir un voire plusieurs noms.
- Je dois t’appeler Eliot tout de suite ou attendre que tu me donnes une preuve ? ironisa Logan
- Heureusement que Brian de Palma fait de bonnes adaptations cinématographiques", répondit Veronica en lui faisant un clin d’œil

Il allait rétorquer quand Dick l’interpella:

« Eh mais c’est quoi cette bière que tu m’as apportée ? Une blonde ? Tu sais bien que c’est toi l’amateur de blondes !" dit-il en jetant un regard en coin à Veronica qui leva les yeux au ciel.

Logan baissa la tête, un demi-sourire aux lèvres avant de répondre:

« On est plus au NGH , si le room service te convient pas, tu le fais toi même ! »

Dick mit sur pause en soufflant aussi fort qu’il put, se leva en maugréant contre le petit personnel et se traîna de son pas nonchalant vers la cuisine.

« Ca veut dire quoi “ejusdem generis”? demanda Heather en regardant l’écran de la télévision où s’affichait au-dessus des deux combattants un blason marqué de cette inscription.
- "Les gens justes", répondit Veronica machinalement
- Ah ca y est Mademoiselle je-sais-tout est enfin prise en flagrant délit ! railla Dick revenant s’installer sur le canapé. Ca veut dire "de la même espèce" », dit-il d’une voix suffisante en jetant un coup d’œil vers Veronica qui haussa les épaules, absorbée par son échange avec Logan sur la thèse de l’enlèvement.

Dick se pencha alors à l’oreille d’Heather:

« Je suis sûr de moi, j’ai passé ma nuit à chercher des soluces sur internet sur ce jeu et c’est la seule chose de j’ai trouvée… 1 – 0 pour le grand blond!
- Tu as passé ta nuit à chercher des solutions sans avoir commencé le jeu… Mais le jeu est sorti hier, qu’espérais-tu trouver ? répéta Heather, interloquée .
- On est bon ou pas », répondit Dick en ré-appuyant sur la bouton play de sa manette.

* * *

Appuyée contre le chambranle, une bouteille d'eau à la main, Veronica semblait réfléchir. Elle ouvrait et refermait le bouchon depuis cinq bonnes minutes maintenant dans l'espoir de trouver une solution. Son esprit tentait de recouper les informations qu'elle avait glanées ci et là sur la disparition de Melinda.
Soudain, elle vissa fermement le bouchon et quitta ce qui lui servait de cuisine pour traverser le hall de Mars Investigations et rejoindre son bureau en bois.
Elle se racla la gorge et décrocha le téléphone pour composer le numéro des Télécoms.

"Bonjour, Inga du bureau du shérif à l'appareil, dit Veronica en imitant la secrétaire à la perfection. Nous ouvrons une enquête et souhaiterions recevoir les relevés téléphoniques de Melinda Button. Son numéro est le 555.0411."

Veronica patienta quelques secondes.

"Non, je vais vous donner un autre numéro de fax, celui-ci est en panne."

Elle donna alors son numéro et raccrocha après avoir remercié le technicien.
Contente d'elle, elle soupira d'aise et contempla béatement les carreaux de lumière rouges sur le plafond. Elle allait maintenant pouvoir remonter jusqu'à celui qui contactait Melinda aussi souvent.

Ce que tu es douée, Veronica! Si un jour les choses tournent mal, il sera toujours temps de te recycler…


Lorsqu'il sortit de sa voiture, muni d'une mallette en cuir marron, Keith défroissa son costume noir, redressa ses lunettes et s'assura que ses cheveux n'étaient pas hirsutes. En réalisant son dernier geste, il rit en pensant à la remarque que lui aurait faite sa fille si elle l'avait vu agir ainsi.
Amusé, il regarda de chaque côté avant de traverser l'une des rues bordées de palmiers de Los Angeles. Il entra ensuite dans une banque et se dirigea vers une guichetière.

"Bonjour, chantonna-t-il avec un sourire enjôleur. Je suis Wilfrid Robarts. Le nouveau conseiller financier de Mr Casablancas.

Il posa sa mallette sur le rebord en marbre anthracite et l'ouvrit pour un sortir des feuilles.

"J'ai ici un document signé de la main de mon client m'autorisant à faire certaines actions boursières."

Sans se départir de sourire plein de charme, il lui tendit une dizaine de feuilles agrafées. L'employée jeta un coup d'œil aux deux signatures apposées en bas de page.

"J'aimerais avoir un résumé des derniers mouvements bancaires effectués sur ses comptes ces cinq derniers mois avant de procédés aux changements.
-Bien sûr Monsieur Robarts", s'entendit répondre la jeune femme.

Elle tapota alors rapidement sur son ordinateur les données bancaires de Richard Casablancas et fit aussitôt sortir un document imprimé qu'elle tendit à Keith.

"Je vous remercie, lui dit-il en récupérant les faux papiers. Si vous le permettez, je vais aller étudier les données dans le petit salon."

Il adressa un petit signe de tête reconnaissant à la guichetière qui ne se formalisa pas de la procédure et partit s'asseoir sur les énormes fauteuils en cuir mis à la disposition des clients.
C'était désormais le moment décisif. Celui que Dick redoutait tant.

"Roulement de tambour", marmonna-t-il entre ses dents.  


Une sonnerie de téléphone et trois bips plus tard, une feuille sortait lentement du fax. Veronica sauta immédiatement sur ses deux pieds pour se lever de son fauteuil et alla récupérer le document tant attendu en tapant frénétiquement dans ses mains.

Les petites joies de la vie. Il n'y a rien de mieux!

Quand le papier fut terminé d'imprimer, elle le retira de la machine et retourna à son bureau. Elle attrapa un stabilo et le décapuchonna triomphalement.

A nous deux!

Elle étudia alors attentivement la multitude de numéros de téléphone qui noircissait la page blanche en quête d'un numéro répété.
Elle ne mit d'ailleurs pas longtemps à le trouver. Melinda avait appelé ou reçu un appel presque quotidiennement d'un même numéro. De sa main droite, elle ouvrit son calepin à la bonne page et compara les chiffres avec le numéro de portable d'Heather. Ca ne collait pas. Elle entreprit alors d'entourer la référence à l'aide de son stylo chaque fois qu'elle se présentait et passa ainsi du fluo sur la quasi intégralité de la feuille.  
Elle rouvrit ensuite son ordinateur et entra les sept chiffres dans son logiciel de recherche.

Tony Emerson. Qui diable es-tu? Et que veux-tu à Melinda au point de l'appeler tous les jours?

* * *

Oxford Circus - Massive Attack


« Eh vlan, prends-toi ça dans les dents !
- Ne te réjouis pas si vite Heather, quand je t’aurais arraché la colonne vertébrale tu ne feras plus autant la maligne… Tiens, regarde ! »

L’homme souleva la petite fille et la propulsa par terre. Elle retomba lourdement et resta K.O. quelques instants. Il en profita pour lui donner quatre coups de pied dans l’abdomen.

« OK, stop ! » hurla Heather en appuyant sur la touche « pause » de la console.

Elle se tourna vers Logan et le réprimanda :

« Non mais t’as pas honte de faire ça à une petite fille ?
- Je t’avais bien dit de choisir un personnage baraqué ! rétorqua Logan en souriant.
- En tout cas t’as progressé depuis l’année dernière !
- Une copine m’a donné des cours, expliqua-t-il. Bon on reprend ? »

         

Il appuya aussitôt sur la touche « play » mais, beau joueur, laissa le personnage féminin se relever. Immédiatement elle fit un kick au gros dur, qui non seulement esquiva l’attaque mais en plus attrapa le pied de son adversaire qu’il tordit de toutes ses forces.

« Mais arrête ! » hurla Heather.

Rien à faire, le massacre continuait. Heather, impuissante, voyait le petit camembert représentant ses forces diminuer à une allure inquiétante. Elle jeta un coup d’œil en coin à Logan et, saisie d’une illumination, sourit. Elle reporta son attention sur l’écran et, mine de rien, demanda :

« La fille qui t’a donné des cours, ce ne serait pas Veronica ? »

Sur le coup de la surprise, Logan ne parvint à éviter le coup de poing que la guerrière adonna à son gros dur. Il lança un regard noir à Heather mais reporta aussitôt son attention sur le jeu :

« Non, ce n’est pas elle.
- Ah bon, vous n’étiez plus en contact ? » demanda Heather de son ton le plus angélique.

Son personnage trancha le bras gauche de son opposant grâce à sa corde à sauter en diamant.

« Si si, maugréa Logan.
- Et vous vous voyez souvent ? »

L’homme baraqué reçut une rafale de billes de plomb dans la jambe droite. Il s’écroula.

« Oui, pas mal, grommela Logan.
- Ah ! Vous êtes à nouveau ensemble alors ! »

Game Over : la fillette venait d’envoyer sa poupée meurtrière arracher une partie très sensible de l’anatomie du gros dur…

« J’ai gagné ! s’extasia Heather.
- Sans honneur, grogna Logan. Tu as détourné mon attention.
- Pas du tout, c’est de la stratégie monsieur ! Même à douze ans, on sait que le point sensible des garçons se situe entre les jambes ! Je me trompe ? »

Logan poussa un soupir et, lâchant la manette, s’affala dans le canapé. Heather l’observa un instant en silence. Elle posa la manette à son tour et s’installa confortablement à côté de lui, les bras entourant ses genoux recroquevillés.

« Tu n’as pas répondu à ma question…
- Oui, soupira Logan. Tu as raison, c’est en général leur point faible… Mais si tu veux plus de détails, tu te renseigneras plutôt auprès de Melinda lorsqu’elle sera de retour.
- Je ne parlais pas de cette question-là, banane !
- Eh ! Banane toi-même ! riposta Logan.
- Tu vois, tu essaies encore de détourner le sujet de conversation !
- Pas du tout.
- Si.
- Non.
- Alors réponds : est-ce que vous êtes à nouveau ensemble Veronica et toi ?
- Non. »

Le silence fut aussi long et lourd que la réponse n’avait été rapide et tranchée. La tension était palpable. Logan concentrait obstinément son regard sur l’écran de la télévision, affichant toujours « Game Over », tandis que Heather l’examinait attentivement. Son corps tout entier trahissait sa raideur : regard noir, mâchoire crispée, poings serrés. Néanmoins, l’effet d’ensemble n’exprimait pas d’agressivité. Juste… Mais quoi au juste ? Du haut de ses douze ans, Heather ne savait pas quoi exactement, même si elle avait une sorte de pressentiment. Une question lui brûlait la langue, mais oserait-elle la formuler ? Le silence se prolongeant, la petite fille finit par fixer le bout de ses chaussettes et demanda :

« Mais tu l’aimes toujours n’est-ce-pas ? »

Logan ne répondit pas.

* * *

Debout devant l’imprimante, Veronica attendait impatiemment que le chariot encreur finisse son va-et-vient.

C’est pas avec ce genre d’enquête non rémunérée que je vais pouvoir me payer l’imprimante à jet d’encre de mes rêves…

La dernière ligne venait à peine d’apparaître quand Veronica s’empara des feuillets.

Merci Mac ! Grâce à toi et ton système d’archives informatisées, en seulement quelques clics, j’ai pu retrouver la trace de Tony Emerson. Cinq années d’enquêtes regroupées au même endroit et accessibles grâce à un simple clic et un merveilleux moteur de recherches par mot clé. Que demande le peuple ?

La détective s’installa à son bureau et examina les informations dont elle disposait.

Tony Emerson, dites-moi pourquoi vous apparaissez dans les dossiers de Mars Investigations ? Et ce à plusieurs reprises…

Les sourcils froncés elle cherchait l’élément qui lui permettrait de faire le lien entre Melinda, son addiction au jeu et ce mystérieux Emerson. Soudain son visage s’éclaira d’un sourire et, lâchant la liasse de feuilles, elle se mit à tapoter frénétiquement sur son clavier.

«558 Stanford Street », lut-elle à voix haute en même temps qu’elle s’emparait du combiné de téléphone.

« Logan, c’est Veronica. J’ai du nouveau. Retrouve-moi au 558 Stanford Street dans 45min. Je t’expliquerai là bas.
…
Heather ? Quoi Heather ?
…
T’as qu’à la laisser avec Dick. Ce ne sera qu’un juste retour des choses.
…
Logan ?
…
Ne fais rien tant que je ne suis pas arrivée. »

S’emparant de son sac et sa veste laissés sur le canapé, elle sortit précipitamment de l’agence.

Quelques minutes plus tard quand elle pénétra dans son ancien appartement, Veronica fut surprise de voir son père en compagnie de Kenny. Le professeur et son assistant étaient assis de part et d’autre du plan de travail; un tas de feuilles d’une taille conséquente les séparait.

« Ma fille ici ! Un samedi après-midi, quelle surprise!
- Bonjour à toi aussi papa !

Veronica salua Kenny d’un signe de tête et continua à l’attention de Keith:

Et ne joue pas au père délaissé par son ingrate progéniture qui ne lui rend visite que pour lui soutirer de l’argent ou des services. C’est pas comme si je ne donnais pas signe de vie.
-Tu connais mon côté mélodramatique ma chérie ! Elle dit que j’ai tendance à toujours exagérer, ajouta-t-il pour Kenny. C’est tout moi n’est-ce pas ? Alors que me vaut le plaisir de ta visite?»

Le visage de la petite blonde se tordit en une grimace. Baissant la tête, elle finit par avouer :

« J’ai besoin de récupérer Back Up…
- Ah ! s’exclama Keith d’un ton théâtral. Vous voyez mon cher Kenny que j’ai la chance d’avoir une fille qui me rend des visites systématiquement désintéressées. Enquête potentiellement dangereuse ou il te manquait simplement ?
- Enquête. Mais mon vieux père me manquait, le taquina-t-elle.
- Tu as besoin de l’aide de ton vieux père ?
-Tu oublies ton rendez-vous avec la doyenne. Et Logan m’accompagne.
- Logan ? s’étonna Keith en haussant les sourcils. C’est pas le comportement impulsif de ce garçon qui va me persuader que tu es en sécurité…
- Je peux aider si vous voulez, intervint alors Kenny. Je ferais barrage de mon corps quand ils commenceront à se taper dessus. Nous avons fini de corriger ces copies, dit-il en désignant la paperasse devant lui. Je n’ai rien d’autre à faire. »

Keith se tourna vers sa fille et l’interrogea du regard.

« C’est ok, lâcha-t-elle dans un soupir.
-Tu trouveras le molosse dans la salle de bain, il roupille sur le tapis de douche. »

Veronica se dirigea vers le fond de l’appartement et passa devant la salle de bain pour continuer vers son ancienne chambre. D’un des tiroirs de son bureau, elle sortit une boîte en carton dont elle retira une carte plastifiée qu’elle glissa dans la poche arrière de son jean. En repassant dans le couloir, elle émit un sifflement aigu et Back Up la suivit jusqu’à l’entrée.

Se hissant sur la pointe des pieds, elle embrassa son père sur le front, puis sortit. Kenny et Backup à sa suite.


Eels- Mr Es beautiful blues



Devant le 558 Stanford Street, Logan donnait des coups de pieds dans le vent. Il regarda pour la quatrième fois sa montre : 18h12. Veronica avait près d’un quart d’heure de retard et il n’en pouvait plus d’attendre sans savoir.
Le bruit d’un moteur lui fit relever la tête. En voyant la Ford Mustang noire s’engager dans la rue, il se détendit un peu. Mais quand Kenny sortit du côté passager, les poings de Logan se crispèrent au fond de ses poches.

« Qu’est-ce qu’il fait là ?
- On va dire que mon père n’a pas trop confiance en tes talents de garde du corps, lui expliqua-t-elle.
- Et qu’est-ce qu’on fait là?
- On est devant chez Tony Emerson, petit usurier de la ville de Neptune. Un grand ami de Melinda à en croire ses relevés téléphoniques.
- Il aurait un rapport avec sa disparition ?
- C’est ce qu’on va bientôt découvrir ! s’exclama-t-elle. Mais je vous préviens… C’est moi qui parle !
- Elle est toujours comme ça ? » demanda Kenny.

Logan laissant échapper un soupir, acquiesça.

« C’est bon vous avez fini de vous plaindre ? On peut y aller ? »

Les deux hommes répondirent par l’affirmative. Tel Zorro affublé de ses deux Bernardo, Veronica s’élança alors vers la maison.

Elle pressa trois fois la sonnette. Au bout de quelques minutes le cliquetis d’une chaîne se fit entendre. La porte s’ouvrit sur un homme d’une trentaine d’années plutôt chétif. Sa chemise ouverte sur un marcel blanc laissait apparaître la médaille religieuse qu’il portait autour du cou.

« Oui ? »

Veronica sortit la carte de sa poche arrière et la lui présenta.

« Agents Alec, Trager et Mars. FBI. Nous avons quelques questions à vous poser à propos de Melinda Button.
-Connais pas » répondit-il.

Backup se mit à grogner.

« Vous êtes sûr monsieur Emerson ? Car cette jeune femme a disparu et nous avons des informations prouvant que vous avez été en contact avec elle à plusieurs reprises la semaine précédant sa disparition. »

Tony Emerson jeta un regard empreint de nervosité au chien qui n’avait cessé de montrer les dents pendant que Veronica débitait son texte.

« Maintenant que vous le dites, je connais bien une Melinda, mais je ne connais pas son nom de famille. Et je n’ai rien à voir avec sa disparition. »

Perdant patience, Logan attrapa Emerson par le col et le plaqua contre le mur. Back Up se mit alors à aboyer.

« Maintenant tu vas arrêter de te foutre de nous et nous dire ce que tu sais ! s’emporta-t-il.
- Mais je ne sais rien. S’il vous plait arrêtez-le, peina à articuler Emerson, la gorge enserrée par la main de Logan.
- Je suis désolée, mais quand il est dans cet état, je ne le contrôle pas. Et lui non plus, fit Veronica en désignant Back Up.
- Moi la dernière fois que j’ai essayé, j’ai fini avec un bras dans le plâtre. Mais c’était rien à côté du type qu’il « interrogeait », surenchérit Kenny en mimant des guillemets.
- OK ! OK ! Je vais parler. La fille me devait de l’argent. Et comme elle ne payait pas, j’ai voulu lui faire un peu peur. Rien de méchant.
- Où elle est ?
- Dans un hangar sur les docks ! Le E122 ! »

Logan relâcha la petite frappe et épousseta sa chemise.

« Tu vois quand tu veux. »

Ayant obtenu les informations qu’ils étaient venues chercher, Veronica, Logan et Kenny repartirent en direction de la voiture, laissant un Tony Emerson hébété sur le seuil de sa maison.

« Rapide et efficace ! s’exclama la détective.
-Tu peux me remercier pour ça[, se vanta Logan.
-Oui pour une fois. Je te l’accorde, la méthode Rocky a été efficace.
- Dis-moi Veronica, les interrompit Kenny. Qu’est-ce que tu lui as montré pour lui faire croire qu’on était vraiment du FBI ?
-Juste le seul souvenir que j’ai rapporté de mon stage : ma carte du self avec une jolie photo de moi et l’inscrïption FBI écrit en gros."

Sur ces mots elle s’engouffra dans la Mustang, le sourire aux lèvres.

* * *

« 3 – 0 ! Encore gagné ! Alors Dick, qui est LA meilleure ? »

Dick regardait ses pieds, agacé… Se faire battre passe encore … mais par une gamine, haute comme trois pommes, à peine formée, cela dépassait l’entendement !

« Tu parles, je t’ai laissée gagner oui !
- Ah oui et alors la canette que tu viens d’écrabouiller dans ta main c’est pour le recyclage des ordures ménagères, c’est ça ?"

Dick regarda sa main droite dans laquelle restait ce qui avait été une canette. Il leva les yeux au ciel et se laissa tomber dans le canapé.

« Bon tu sais jouer au poker ? Tu as de quoi suivre ?" demanda Dick en fixant Heather dans les yeux.

Devant le regard ébahi de Heather, Dick soupira…

« Je comprends mieux pourquoi certains se font payer pour garder des enfants, c’est mortel !!! »

Un silence pesant s’installa entre les deux joueurs. Heather s’assit gênée à coté de Dick, se demandant ce qu’elle pouvait répondre à cela.

« Toc toc toc »

« Merci mon Dieu ! De l’animation ! Le livreur de pizza !  railla Dick en ouvrant la porte.
- Bonjour Dick , je peux te voir ?
- Monsieur Mars ? Euh ... oui … je m’attendais pas à vous voir… Mais de toute façon, j’ai pas mieux à faire, dit-il en jetant un coup d’œil à Heather.
- C’est ça ton animation, Dick... Je comprends mieux pourquoi ça a pas collé avec ma sœur", le nargua l’adolescente.

Devant le regard furibond de Dick et de Keith, la petite se renfrogna, les bras croisés dans le fauteuil.

« Vous avez enquêté pour moi ?" questionna t-il, surpris.

Keith secoua la tête, consterné…

"Moi ? Enquêter ? Je n’en ai plus le droit... Mais j’ai une âme de Père Noël, alors quand un petit garçon triste me demande d’exaucer un vœu, je fais mon possible pour l’aider…"

Heather pouffa derrière Dick. Le regard noir de Dick la stoppa dans son élan.

« Ok je vais voir si Logan a amélioré ses goûts musicaux », dit-elle en se dirigeant vers la chambre du jeune homme.

« Je reprends, poursuivit Keith. Es-tu sûr de vouloir la vérité. On peut très bien vivre dans l’ignorance, tu sais…
- Oui pour une fois que je suis décidé à en sortir…
- Très bien Dick... Ecoute, je vais pas y aller par quatre chemins… Ton père n’a pas renoncé à tous ses revenus… Je n’ai pas tout démantelé mais ce qui est sûr, c’est qu’il a des revenus importants qui tombent sur un compte numéroté. C’est compliqué, il y a plusieurs mouvements et sa banquière est impliquée. Il est possible qu’ils soient liés personnellement."

Dick baissa la tête. Il était partagé entre la déception et le soulagement de connaître la vérité. Keith lui posa la main sur l’épaule, solidaire devant la tristesse du jeune homme.

« Je suis désolé…
- Non c’est mieux ainsi, répondit Dick, la voix la plus neutre possible malgré la déception. Je vous dois quelque chose ? poursuivit-il.
- Pour quoi ? Pour avoir rapporté des rumeurs?" répondit Keith en faisant un clin d’œil

Dick lui sourit, reconnaissant.

Soudain, la porte s’ouvrit sur une tornade blonde.

« Heather ! » s’écria la jeune femme.

L’adolescente sortit de la chambre de Logan et se jeta dans les bras de sa sœur

"Melinda ! J'ai eu tellement peur ! "
- Moi aussi, Heather, moi aussi, j'ai eu peur ... Merci ... Tu vas pouvoir être fière de moi, je vais me conduire comme une adulte maintenant",murmura-t'elle dans les cheveux de sa soeur, qu'elle étreignait de toutes ses forces.

Veronica passa la porte à la suite de Logan et de Melinda et s’arrêta net en apercevant son père.

« Papa ??? Mais que fais-tu ici ? s’exclama-t-elle, surprise.
- Ah ma chérie, je suis content de voir que tu te portes bien ! Bon les enfants, j’ai un rendez-vous galant qui m’attend, je ne m’attarde donc pas ! Soyez sages ! »

Keith s’avança vers sa fille, l’embrassa sur le front, lui mit l’index sur la bouche et adressa un clin d’œil à Dick.

* * *

Il fallut quelques heures à Melinda pour se remettre de ses émotions. Une bonne douche et quelques litres de café plus tard, elle se tenait sur le seuil de la porte.

« C’est bon, tu es prête Heather ? s’impatienta-t-elle.
- Oui oui, encore une minute ! cria une voix depuis la chambre de Logan. T’as qu’à descendre, je te rejoins !
- Je t’accompagne, proposa Dick.
- Tu as peur que je me perde peut-être ? » attaqua Melinda en sortant.

Elle avait définitivement retrouvé son sens de la répartie.

« Tu sais ce qu’on dit des femmes et de leur sens de l’orientation… »

Le reste de la conversation se perdit dans le labyrinthe des couloirs. Aussitôt, Heather passa la tête à travers la porte de la chambre et inspecta les alentours.

« C’est bon, ils sont partis ? demanda-t-elle à Logan.
- Partis oui, par contre je ne te garantis pas qu’ils arriveront à la voiture en un seul et même morceau. »

Heather poussa un soupir et s’approcha de Logan.

« J’ai bien cru qu’ils ne s’en iraient jamais !
- Pourquoi, tu voulais arracher mes vêtements en privé ?
- Logan, je te l’ai déjà dit l’année dernière : je suis trop jeune pour toi ! » rigola Heather.

Soudainement gênée, elle se pinça les lèvres et sortit un C.D. de derrière son dos.

« C’est pour toi, déclara-t-elle en le tendant à Logan.
- Pour moi ? s’étonna celui-ci en saisissant le disque. Waouh !
- Je sais, c’est pas grand-chose, juste une chanson que j’ai téléchargée, mais j’ai pas beaucoup d’argent de poche alors… En tout cas, c’est ma façon de te dire merci. »

Logan la regarda un instant avec tendresse avant de répondre :

« Je t’en prie. C’est Veronica qui a tout fait.
- Oui mais c’est toi qui l’as appelée. Je sais pas ce que j’aurais fait sans ton aide… Melinda, elle… Elle aurait pu…
- N’y pense plus Heather. Ta sœur va bien.
- Oui, mais ça aurait pu mal finir… »

L’adolescente remua sa bouche dans tous les sens, comme pour trouver les mots adéquats.

« Tu sais, peut-être que ton frère aussi est en danger, dit-elle enfin. Tu pourrais t’en vouloir si tu ne faisais pas appel à quelqu’un qui pourrait t’aider. Si tu vois de qui je veux parler…
- Je crois que je vois très bien. »

Heather ramassa son sac posé par terre et l’agrippa à son épaule.

« Je préfère que tu restes là. Les adieux larmoyants, c’est bon pour les fillettes…
- Pourquoi, tu vas pleurer ?
- Pff, comme si ! »

Logan sourit et, saisissant le bras de la jeune fille, il l’amena à lui pour l’enlacer. Une rapide étreinte, teintée de tendresse et de pudeur. Enfin Heather fit volte-face et disparut dans l’embrasure de la porte, qui se referma derrière elle. Logan resta immobile quelques instants.

« Au fait, tu es mieux sans ton bouc ! » entendit-il depuis le couloir.

Le jeune homme sourit en hochant la tête. Son regard se posa sur le CD et il se dirigea vers la chaîne hi-fi dans laquelle il le plaça. Quelques secondes plus tard, les premières notes de la chanson retentissaient.

 Nick Lachey - What's Left Of Me

Il la reconnut tout de suite. Son visage se défit aussi vite que son sourire s’évanouit. Il hésita à éteindre la platine mais s’installa finalement dans le canapé. Le regard vide et insondable, il écouta le morceau qu’Heather avait dédicacé à Veronica de sa part, un an plus tôt.

* * *

Veronica s’assit devant son ordinateur éteint. Elle attrapa un crayon et le tapota sur son bureau, machinalement. Songeuse, elle fixa un long moment son écran noir avant de réaliser qu’elle n’avait pas encore allumé le pc.

La journée avait été riche en évènements : Melinda, son père qui lui faisait des cachotteries chez Dick et Logan, Logan… Logan qui l’avait surprise ces derniers jours… Logan…

Veronica! Ressaisis-toi! Oui Logan a su faire preuve de maturité et oui il a changé… Mais il reste Logan Echolls malgré tout. Allez arrête de faire ta groupie et concentre-toi sur la mort d’Hamilton... Tu l’a promis à Shona.

Elle faisait défiler les différents éléments des dossiers qu’elle avait suivis dernièrement sans y prêter grande attention lorsque son regard fut happé une photo. La photo du mot qu’avait laissé Neil avant sa mort.

« ejusdem generis »

Elle fixa cette phrase sans savoir ce qu’elle attendait ni ce qui l’intriguait. Elle se tapa soudain le front de la main et attrapa son téléphone pour ouvrir le message de Charlie. Elle fronça les sourcils.

« "De la même espèce" ou "Les gens justes" ? » murmura-t-elle.

Nerveusement, Veronica tapa la citation latine sur son moteur de recherches. Une seule réponse s’afficha : elle ouvrit le lien vers le site officiel du jeu qui absorbait Dick quelques heures auparavant.

Bizarre… Que Charlie, l’expert en latin, se soit trompé … et que Dick ait pu m’aider à traduire cette citation !

           

Pensive, elle mit son i-pod et rechercha le titre qu’elle avait envie d’écouter. Les premières notes de "What’s left of me" résonnèrent enfin. Veronica s’allongea sur son lit, fixant le plafond. Perdue dans ses pensées, elle fredonnait…

Elle n’entendit pas son téléphone sonner .

« Allo Veronica, c’est Logan. Peux-tu me rappeler dès que tu as mon message s’il te plait. Je... Je voudrais te parler de Charlie. Ma petite amie m’a fait prendre conscience que je devais peut-être m’inquiéter. Je  n’arrive plus à le joindre... Je suis inquiet. Rappelle-moi »

Episode écrit par Arwen, Braveheart, Hermione et Vertigo.

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