Texte 2 - Concours Blast to the future

En rentrant après une journée de travail, Logan était loin de se douter que sa vie allait encore une fois basculer en enfer. Il avait eu une longue journée et il était plus que ravi de rentrer chez lui. Enfin chez lui, c’était en réalité chez eux. Perdu dans ses pensées, Logan se remémorait sa rencontre avec celle qui partageait désormais sa vie depuis trois ans. Il avait rencontré Bonnie dans un club sélect de Californie à la suite d’une bonne journée de surf avec Dick.

Puisque Dick est et sera toujours Dick, il avait trouvé le moyen de draguer des filles lors de leur rendez-vous hebdomadaire de surf. L’une d’entre elles s’appelait Sharon et leur avait proposé de venir le soir même au Ladybird Club. Une de ses meilleures amies avait obtenu le contrat pour se produire sur la scène du Ladybird lors d’une des journées les plus rentables pour le club: le 4 juillet. En temps ordinaire, Logan fuyait toujours les plans plus ou moins foireux de Dick mais pour la soirée du jour de l’indépendance du pays … pourquoi pas, il n’avait rien de prévu et avait envie de s’amuser.

C’est ainsi qu’il avait rencontré l’amie de Sharon et chanteuse de la soirée: Bonnie DeVille.

Il avait tout de suite aimé sa voix et, il avait dû l’avouer, la soirée avec Dick, Sharon et sa bande d’amis avait été sympathique. Sympathique au point qu’il avait suivi tout le monde après la prestation de Bonnie pour un dernier verre et bien sûr, il avait fini la nuit avec Bonnie dans sa suite du Neptune Grand Hotel. Quand il s’était réveillé, Bonnie était déjà repartie et il avait trouvé ça mieux, ça lui avait évité une conversation gênante avec la fille; il pensait bien ne plus la revoir.

Mais les jours suivants, il s’était surpris plusieurs fois à penser à Bonnie et avait donc décidé de la rappeler pour la revoir. Après plusieurs rendez-vous, une vraie complicité s’était installée entre les deux et après plusieurs mois, ils avaient officialisé leur relation auprès de leurs amis.

Actuellement cela faisait trois ans qu’ils étaient ensemble. Néanmoins, il était difficile pour Logan de considérer ces trois années comme des années de joie et de bonheur intense.

Bonnie avait réussi à se faire un nom dans le milieu de la musique et Logan n’y était pas étranger. Il avait permis à Bonnie de rencontrer un fameux producteur de musique qu’il avait rencontré au lycée: Sean Friedrich. Après l’avoir entendu chanter, Sean avait misé gros sur Bonnie et avait sorti le grand jeu pour la faire connaitre du grand public: un album réalisé en un temps record et une forte exposition médiatique. Bonnie avait enchainé les participations aux talk shows, de celui de Jimmy Fallon en passant par celui d’Ellen DeGeneress et c’est ainsi qu’elle avait conquis le public. Le pari de Sean fut plus que réussi puisque l’album de Bonnie appelé simplement « Bonnie » avait atteint le sommet des ventes d’album, surpassant même la reine Beyoncé.

Depuis Sean et Bonnie étaient indissociables dans le milieu et même plus d’après ce qu’on pouvait lire dans la presse. Le dernier article en date titrait : « BONNIE DEVILLE SHOCKER UNFAITHFUL: Is there another man in pop star’s life? » et sa propre photo était opposée à celle de Sean.

Au début, Logan n’avait pas pris ces articles au sérieux, attribuant ces rumeurs à la célébrité de Bonnie et au fait que cela faisait vendre des journaux. Mais depuis quelques temps, Logan en venait vraiment à se demander la part de véracité dans ces propos. Il n’y avait plus vraiment la même alchimie entre Bonnie et lui, et plusieurs fois Bonnie avait annulé des rendez-vous amoureux pour sortir avec Sean, enfin pour des rendez-vous professionnels disait-elle, mais Logan y croyait de moins en moins. Et au fil du temps, ils étaient restés ensemble plus par habitude que par amour.

Ce soir-là, en rentrant chez lui, Logan s’attendait à trouver la maison vide puisque Bonnie participait à une soirée caritative qui lui permettrait un bon coup de pub avant la sortie de son troisième album. Il fut étonné de voir la décapotable de Bonnie dans l’allée au même endroit où elle se trouvait quand il avait pris sa propre voiture le matin même. Il se dit que Bonnie avait surement l’intention de faire une entrée remarquée lors de cette soirée et qu’elle arriverait probablement en retard, arborant fièrement une robe de soirée moulante mettant parfaitement en valeur sa silhouette élancée et une perruque colorée qui était un peu sa marque de fabrique.

En ouvrant la porte d’entrée, il sentit immédiatement que quelque chose n’allait pas. La maison était silencieuse, complètement et totalement silencieuse. En temps ordinaire, Bonnie était bruyante et elle faisait vivre la maison par ses chants. Elle chantait toujours à tue tête lorsqu’elle se préparait et dans les rares moment où ce n’était pas elle qui chantait, elle mettait un CD qui résonnait dans toutes les pièces, « La musique c’est la joie, c’est la vie! » répétait-elle toujours en entrainant Logan dans ses délires de concert improvisé.

Le silence était donc étranger à cette maison quand Bonnie s’y trouvait. Logan pensa que Sean était peut-être venu chercher Bonnie pour qu’ils aillent à la soirée ensemble, mais la vérité c’est qu’il n’y croyait pas.

Deux jours plus tôt en soirée, l’alcool aidant, Logan s’était un peu emporté tirant Bonnie plus fort que nécessaire pour la ramener jusqu’à leur limousine. Sur le chemin du retour, il lui avait demandé si elle préférait qu’ils se séparent, dans le cas contraire il voulait qu’elle arrête son petit jeu de séduction avec Sean car il ne voulait pas être le cocu le plus célèbre des Etats-Unis. Elle avait affirmé qu’il ne se passait rien avec Sean et qu’elle ne voulait pas le perdre. Elle avait promis de ne plus se montrer en public avec Sean pour un long moment. Imaginer que Sean soit passé prendre Bonnie pour aller au gala de charité serait donc contraire à son engagement à peine deux jours plus tôt.

Sur la table de la cuisine, le journal de la veille était toujours là, on pouvait le voir lui et Bonnie. Le petit esclandre qu’il avait provoqué à la soirée en trainant Bonnie par le bras, avait été filmé et photographié par de nombreuses personnes présentes et cela valait à Logan d’être soupçonné de maltraiter Bonnie et de la rendre malheureuse. Ce n’était pas bon pour son image perso!

En revoyant ce journal, Logan avait presque oublié le mystère Bonnie. Il monta à l’étage pour voir si Bonnie n’était pas malade et endormie dans leur chambre. C’était la seule chose qui l’aurait empêchée d’aller à ce gala et de ne pas allumer la chaine stéréo.

Plus il montait les marches, plus il sentit un malaise s’installer en lui. Quand il arriva à leur chambre, il la trouva vide mais plusieurs tenues de soirée étaient éparpillées par terre et la robe sélectionnée par Bonnie était étalée sur le lit, elle était noire et associée à une perruque noire bleutée, sobre pour une fois. Logan s’approcha du lit et c’est alors que quelque chose en périphérie de son champs de vision, lui fit tourner la tête: un bras pendait hors de la baignoire.

Pas n’importe quel bras, le bras de Bonnie! Il était convaincu que s’il passait l’encadrement de la porte menant à leur salle de bain privée et qu’il s’approchait suffisamment, il verrait le petit tatouage représentant un signe chinois que Bonnie s’était fait faire au niveau du poignet.

Logan fit deux pas et s’accrocha au chambranle de la porte, ce qu’il redoutait le plus depuis qu’il avait pénétré dans la maison s’était déjà produit et était là devant lui! Bonnie gisait en sous-vêtements dans l’immense baignoire à moitié remplie, les yeux exorbités et le fil du sèche-cheveux enroulé autour de son cou.

Il n’y avait aucun doute que la vie avait quitté son corps, néanmoins, Logan s’approcha, s’agenouilla à coté de Bonnie et déroula le fil du sèche-cheveux de son cou. Il prit ce poignet tatoué qui pendait, signe que Bonnie avait désespérément tenté de fuir cette baignoire et son agresseur. Il appliqua son index et son majeur à l’intérieur de celui-ci et chercha le moindre pouls … en vain.

La célèbre chanteuse, sa petite amie, celle qui partageait sa vie depuis trois ans, Bonnie DeVille était morte.

Il regardait ce corps, lui qui avait été si chaud était maintenant froid; ces yeux qui savaient se faire si doux et charmeurs, étaient à présent vitreux et inexpressifs; ces lèvres pulpeuses qu’il avait tant de fois embrassées, étaient dorénavant bleuies et tordues en une expression à la fois de douleur et de peur. Logan ne saurait dire depuis combien de temps il resta dans cette salle de bain à regarder Bonnie. Enfin, il détourna le regard, respira à fond, se releva et composa le numéro de la police locale pour signaler le crime.

En même temps qu’il passait son appel, Logan ne pouvait s’empêcher de penser à ce que la police allait penser: Bonnie avait été tuée chez eux, il avait mis ses empreintes partout sur le corps y compris sur l’arme du crime et surtout la dernière fois qu’ils avaient été vus en public tous les deux, il avait quelque peu maltraité Bonnie … beaucoup d’indices qui n’étaient pas faits pour le disculper.