Texte 5 - Concours Blast to the future

Voix-off Veronica : Le plus ironique dans tout ça, c’est que toute cette histoire a commencé alors que je me trouvais dans un magasin de meubles. Mais si, rappelez-vous : c’était il y a à peine une semaine, Piz et moi étions venus déposer notre liste de mariage dans notre magasin de déco préféré ! C’est là, sur les téléviseurs témoins, que j’ai appris que l’héritier Echolls était accusé de meurtre … encore une fois !

Au loin, le bruit d’une porte qui claque. Tapie dans l’obscurité, Veronica se fige.

Voix off Veronica : Bref, on pourrait trouver ça tout à fait désopilant que cette histoire se termine dans un placard. Mais moi, figurez-vous que je ne trouve pas ça drôle d’être cachée dans l’armoire de cuisine d’Echolls alors qu’un type armé fouille la maison…

Nouveau bruit de porte qui claque, plus fort et plus proche. Veronica écarquille les yeux et déglutit.

Voix-off Veronica : Pas drôle du tout même ! Mais qui est ce type ? Et que fait-il ici ? Il n’avait aucun moyen de savoir que je me trouverais là pourtant, si ? A moins que Logan n’ait été assez idiot pour révéler à quelqu’un notre rendez-vous nocturne…

Bam ! La porte du placard juste à côté d’elle s’ouvre, révélant à la pâle lueur du croissant de lune une paire de chaussures masculines noires. Veronica cesse de respirer. Au bout de quelques secondes interminables, les chaussures disparaissent … sans nul doute pour venir se placer devant la porte de placard suivante. Celle derrière laquelle se dissimule Veronica, le souffle court, le cœur battant la chamade. Des phares l’éblouissent un instant à travers la fenêtre face à elle. Tel un électrochoc, ceux-ci la sortent de sa torpeur.

Voix-off Veronica : Allez, bouge-toi Mars ! Trouve quelque chose, n’importe quoi ! Tu t’es déjà sortie de situations bien plus tordues alors que tu étais au lycée, qu’est-ce que tu attends pour passer en mode MacGyver ?

Elle inspecte ce qui se trouve autour d’elle : bassine, éponge, essuie-tout… Elle lève les yeux au ciel, désespérée, et, s’emparant d’un des objets, attend fébrilement l’inéluctable, tendue, concentrée. Mais rien ne se passe. Veronica entrouvre la bouche, à la recherche d’un peu d’air.

Une minute… Deux minutes…

La porte du placard s’ouvre enfin, avec circonspection. Détendant son corps avec l’agilité d’un félin, elle bondit à l’extérieur, les yeux fermés, priant pour que l’effet de surprise fasse son œuvre et que l’homme ne tire pas. Les bras tendus, elle appuie sur son « arme » et…

- Ahhhh ! Non mais ça va pas la tête ?

Veronica entrouvre un œil, son « arme » toujours tendue face à elle.

- Merde mais ça brûle ce truc !

Eberlué, le regard de Veronica passe du récipient de liquide vaisselle qu’elle tient toujours à bout de bras à Logan qui se rince abondamment les yeux sous le jet du robinet. Son esprit est vide, choqué. Logan cesse enfin de se rincer les yeux et, essuyant son visage à l’aide d’une serviette éponge, lui demande :

- Je pourrais savoir ce qui te prend ? Tu t’es soudain découvert une vocation d’ ImPaic Woman ? Et qu’est-ce que tu combats exactement : la vermine ? Pas très flatteur pour mon égo tout ça…

Souriant de sa propre plaisanterie, Logan ôte le linge de son visage et découvre Veronica, les bras toujours tendus … mais cette fois un revolver au poing. Aux pieds de la jeune femme git le sac à mains dans lequel elle a récupéré son arme.

- Oh, oh… Doucement, on se calme ! s’exclame Logan en levant les mains au ciel. Est-ce que quelqu’un pourrait me dire ce qui se passe dans cette maison à la fin ?

- A toi de me le dire… murmure la jeune femme, le menton carré, toujours sous le choc. Pourquoi fouillais-tu ta maison avec une arme ?

- Fouiller ma… Avec… Quoi ?

- Ne fais pas l’innocent.

- Veronica… commence Logan, très doucement. Je n’ai pas la moindre idée de ce dont tu parles, je viens à peine d’arriver.

En disant cela, il fait un petit pas vers elle, tranquillement.

- Quand je suis arrivé la porte d’entrée était ouverte, j’ai trouvé ça bizarre. J’ai vérifié que tu avais pris la clé sous le pot de fleurs comme prévu et en effet elle n’était plus là…

Il fait doucement un deuxième pas vers elle.

- Je suis entré et j’ai jeté un œil sur le salon. Il n’y avait personne, tout était à sa place. Je suis passé dans la cuisine et c’est là que j’ai vu les placards ouverts.

Troisième pas. En tendant le bras, il pourrait presque toucher le bout du canon.

- Alors j’ai ouvert le placard suivant et là une espèce de lionne m’a sauté dessus, sauf qu’elle avait une bouteille de liquide vaisselle en guise de crocs et que ses griffes étaient manucurées en bonne New Yorkaise qu’elle est !

Malgré elle, Veronica esquisse un sourire. Mais, l’instinct de survie refaisant surface, elle recule d’un pas. Logan, qui a subrepticement baissé les bras, les relève. Fronçant les sourcils, il tente de comprendre :

- Arrête-moi si je me trompe, mais si je remets toutes les pièces du puzzle en place il semblerait qu’un homme armé se soit introduit chez moi pour te menacer et tu crois que c’est moi ?

Veronica acquiesce et Logan se décompose. Sans demander la permission, il baisse lentement les bras le long du corps, comme si une chape de plomb venait de lui tomber sur les épaules.

- Comment peux-tu croire une chose pareille ? murmure-t-il d'une voix à peine audible. Après tout ce que nous avons traversé ? J’ai l’impression d’être à nouveau au lycée et de me prendre le lapin du siècle sur le bateau de mon père parce que tu crois que c’est moi qui t’ai…

Il n’achève pas, comme si les mots étaient encore trop douloureux pour être prononcés à haute voix. Pour Veronica, c’est une véritable gifle. Sans s’en rendre compte, elle baisse son arme d’un cran.

- Quand comprendras-tu que ton bonheur et ta sécurité sont les deux choses qui comptent le plus pour moi ? demande le jeune homme, blessé. Pourquoi t’ai-je laissée partir, pourquoi n’ai-je pas donné signe de vie ces neuf dernières années ? Parce que je suis dangereux...

Avec un rictus, il ajoute :

- La preuve ce soir s’il en était besoin… Mais en tout cas une chose est sure : je ne suis pas un tueur Veronica.

Pour la jeune femme, c’est comme si l’arme au bout de son bras pesait soudain une tonne. Elle la laisse bruyamment choir sur le sol. Ni Logan ni elle ne bougent. Tous deux observent le revolver entre eux, tel un gouffre infranchissable. Dans le brouillard, les yeux de Veronica se posent enfin sur les pieds du jeune homme. Il porte des baskets grises. Le voile se lève : en voyant la voiture de Logan arriver, l’inconnu a dû prendre la fuite. En réalité, sans le savoir, Logan l’a sauvée. Encore une fois. ..

Elle relève la tête. Il l’observe en silence.

- On va arrêter là, finit-il par dire. Je te remercie pour ton aide mais… J’ai déjà perdu une femme dans cette maison, je n’ai pas envie d’en perdre une deuxième. Merci pour ton aide. Vraiment. Je te souhaite une belle vie, tu la mérites. Passe le bonjour à Piz.

Et, tournant les talons, il quitte la pièce. Il est déjà sur le seuil de la porte, la clé de sa décapotable à la main, lorsque Veronica sort de la cuisine.

- Attends…

Il fait demi-tour, reglisse la clé dans sa poche, autant pour s’occuper que pour se donner une prestance. Que va-t-elle dire ? Les adieux ne sont pas son fort, qu’a-t-elle à rajouter ?

- Ne pars pas…